AJ

’ai une idée derrière la tête. C’est pas l’idée du siècle, simplement, je m’emmerde et j’ai envie de faire quelque chose. Genre, être coquette et me mettre du vernis à ongle. Je sais, c’est banale. Le problème c’est que je n’en ai pas qui m’appartient. Je pourrais toujours demander à la production, mais j’imagine qu’ils verraient cette demande comme étant un caprice de ma part. Avec le nombre de fille qu’il y a ici, il doit bien y en avoir une qui à un beau vernis à ongle rouge écarlate. Je me rend donc à la salle de bain, puis je fouille légèrement dans les affaires de certaines. Je sais, ce n’est pas bien de fouiller dans les affaires des autres. Mais je n’ai pas l’intention de voler, simplement emprunter. Et voilà, je met la main sur ce que je cherchais. Je ne sais pas à qui il appartient, je m’en fous. Je m’assois sur le comptoir de la salle de bain et commence à appliquer le rouge sur mes orteils. Et y’a une rousse qui débarque. C’est quoi déjà son prénom à elle... ? Ah oui, AJ. Je la regarde, puis reporte mon attention sur mes orteils pour ne pas en mettre partout. « C’est à toi ? Parce que je me suis permis de l’emprunter... » dis-je tout bas de façon lasse. « Ça fait rouge pute, j’aime ça. » ajoutais-je, sarcastique. Peut-être qu’elle va me prendre au sérieux, je ne la connais pas. Elle n’a peut-être aucun sens de l’humour, qui sait.

Je vais me chercher un élastique, pour mes cheveux, ils sont rebelles aujourd'hui, et ma frange n'est pas droite, je monte alors et j'entre dans la salle de bain et j'apperçois une blonde. Il me semble que c'est London, son prénom, mais je ne suis sûre de rien. « Oui, c'est le mien. » Je lui annonce en regardant le petti flacon de vernis, il me semble bien. « Sers-toi, je le mets jamais. » Je lui réponds en haussant les épaules, nonchalante. Je suis pas le genre de fille à criser parce que l'on a utilisé l'un de mes biens sans mon autorisation, j'suis pas matérielle comme fille. C'est clair. J'écoute sa réflechir, rouge pétasse. J'esquisse un rictus amusé. Je crois que justement, y a une partie de la maisonnée qui la prend pour une ... bref, on a compris. Pour ma part, je ne me suis pas encore fais d'idée sur cette blondie. « Ce n'est pas moi qui l'ai choisi. » Je lui dis, quand même. C'est mon colloc', bref, un mec, qui avant que je parte pour le jeu, m'avait acheté des vernis, pour que je fasse un peu plus féminine selon lui. Des foutaises franchement. Je l'observe galérer, les pieds, c'est l'horreur -enfin, personnellement- à vernir. Quand à moi, je vais m'asseoir à côté d'elle, et je m'applique du vernis noir, sur les mains, ça va, je crois que c'est encore dans mes compétences.