Les poussières du prime retombe lentement, doucement. Ezéquiel est partit. Pour de bon. Il ne serait plus dans mon ombre, à attendre le bon moment pour frapper. Je n’ai pas encore croisé la route de l’un des nominés, et ça aussi, c’est un soulagement. Je me sens déjà assez mal d’avoir du prendre ce genre de décisions, que je sais à peine comment réagir face à eux. Je ne pourrais même pas expliquer nos choix, s’il le fallait. Distraitement installée à la cuisine, où je tente de me préparer des gaufres, ce sont les pas qui brusquement s’arrête qui me font tourner la tête, alors que mon regard s’arrête sur Sive. Oh non. Automatiquement, je baisse le regard, mal à l’aise dans ces circonstances. Il semble que je ne sois pas la seule dans ce cas. « Je viens juste chercher du café. » prétexte-t-elle, alors qu’elle s’avance vers la machine. Je retourne mon attention sur mon gaufrier, mais mon regard divague parfois vers elle. Lui proposer de rester partager le petit déjeuner serait peut-être une idée… mais je me demande si elle accepterait. Déjà qu’elle ne semble pas très à l’aise de se retrouver en ma présence. Bon sens. Je me sens coupable de ces nominations. Terriblement. D’autant plus qu’elle ne figurait pas dans ma liste à moi de gens à nominés. J’aurais pu la sauver et je ne l’ai même pas fait. « Sive… » tentais-je une approche, en me retournant vers elle. « Je suis désolé. » Voilà, c’est dit. Et c'est le mieux que je puisse faire, dans ces circonstances.

Je me sens obligée de m’excuser, c’est plus fort que moi, j’ai toujours ce besoin viscéral de le faire, même lorsque je ne suis coupable de rien. Dans le cas présent, j’ai quand même une certaine responsabilité dans ce qui arrive à la jeune femme, mais je m’en veux. Mais il est impossible de retourner en ailleurs de changer ça. Il est beaucoup trop tard, désormais. « Je sais. » qu’elle marmonne, toujours en me tournant le dos. Je passe une main nerveusement dans mon cou, penchant un peu la tête sur le côté, cherchant à capter ne serait-ce qu’un peu de son attention. Elle se retourne finalement. « C'est pas grave. On n'a pas appris à se connaître en six semaines, on ne le fera sûrement pas, et la terre continuera à tourner. » Je n’étais pas d’accord avec ces propos, mais à peine eus-je le temps d’y songer, qu’elle repartait de plus belle avec ces propos. « Tout ça pour dire que... Je ne t'en veux pas. J'ai signé pour ça, t'as signé pour ça, on a tous signé pour ça, arrêtons la compétition du "qui parviendra à rester le plus intègre envers lui-même et les autres dans une émission de téléréalité ?" alors qu'on est tous des vendus. » Elle n’a pas tort, mais cela n’enlève en rien le sentiment de culpabilité qui m’envahit, et je penche la tête, mon regard rivé sur mes jolis petits pieds. Tiens, je remarque même que je n’ai pas mieux deux chaussettes pareilles… Bon sens, les nuits blanches, ça ne me fait pas. Je crois que j’étais distraite, ce matin, au moment de m’habiller après la douche. Bref. « Je voudrais bien apprendre à te connaître… je… je crois juste qu’on en a pas eu l’occasion. » me sentis-je obligé de lui mentionner, par rapport à sa première remarque. Si c’était le cas chez moi, cependant, je me doutais bien que ce n’était peut-être pas le cas chez elle. Pourquoi aurait-elle tenu ses propos, sinon ? « Et… je veux que tu saches… j’aimerais que tu restes dimanche. » Parce qu’à mes yeux, en comparaison avec les autres, je considérais qu’elle méritait sa place dans le nid. Sami l’avait-il mis dans en danger par question stratégique? Je l’ignorais. Mais à coup sûr, elle n’avait jamais figuré en tête de liste de mes propres nominés personnels. L’odeur de mes gaufres cuites à point se faisant sentir, je me retournais un moment vers le gaufrier, d’où je sors les délices pour les déposer dans une assiette. Je rajoute un peu de préparation et remets la machine en marche, avant de me retourner à nouveau vers la candidate. « Je… je fais des gaufres. Si tu en veux. » De toute façon, il y en aura trop pour moi, et je l’aurai proposé de toute façon au premier venu.