Je me balade, je flâne, à l'extérieur, je suis prise d'une certaine nostalgie je dois dire. Je qualifierai cela comme le mal du pays, j'ai envie de rentrer chez moi, en Israël, et pas en France, dans mon appartement minable de pauvre banlieue. Je m'éloigne du groupe pendant un moment, une cigarette en bouche, je la finis tranquillement. Je continue de marcher sans réellement destination quand je vois Nora près du lac. Je presse le pas pour arriver rapidement à sa hauteur, elle s'écrit. Je souris, où, je crois que je lui ai filé cette manie. Ce n'est pas ma faute, hein. « Passe le moi. » Je lui demande, autoritaire, puisse que c'est ainsi qu'elle m'a qualifié pendant le prime avant de m'asseoir à côté d'elle. Je lui prends le style des mains, délicatement tout de même, car on n'est jamais mieux servi que ma soi-même. Je lui attrappe le bras, que j'étends vers moi, puis dans le creux de son coude, je commence à dessiner un coeur, un de mes plus beaux coeurs. Je colorie vaguement, pour faire vite, puis je m'écarte de mon oeuvre. « Comment tu le trouves ? » Je lui demande avec un air faussement niais et heureux collé sur mon visage, je reste dans ce rôle deux secondes, avant de redevenir sérieuse. Je ne lui laisse même pas le temps de se prononcer que j'ouvre une nouvelle fois la bouche. « Pas besoin de répondre, tu es muette à cause de l'émotion, je sais, il est réussi. » Je réponds à sa place, en sourire moqueur en coin. Puis, j'attends une seconde, avant de la tatouer une nouvelle fois, j'écris sur sur l'intérieur de son poignet. J'en tirerai presque la langue de concentration là, je suis le trajet de l'une de ses veines, comme si c'était une des lignes du papier. J'écris 'gosse', elle ne va pas comprendre, mais c'est comme ça que je la surnomme mentalement.

Nora me parle, je la regarde surprise, quoi s'il te plait ? Aaah oui, j'étais sensée lui dire, je lui fais un vaste geste de la main pour lui dire qu'elle a raison, elle sera contente. Elle commente à voix basse ma rudesse, je vais faire comme si je n'avais rien entendu, hein. Je m'applique et je l'entends rire, ça me fait doucement sourire. Son rire est bizarrement communicatif, enfin, pour moi. Mon petit coeur lui a fait plaisir, c'est normal, puisse qu'il vient de moi, je lui réponds pas un sourire amusé. « On va dire ça, je ne veux pas ton briser ton petit coeur. » Je me moque gentiement. Elle s'interroge sur le gosse que j'ai pu lui imprimer sur la peau, ça me fait sourire. Je suis tentée de lui servir un sourire égnimatique et de ne pas répondre pour la laisser tranquillement se prendre la tête pour savoir ce que cela signifie, mais je ne suis pas comme cela, voyons ! « C'est comme ça que je te vois, moi. » Je lui annonce avec un sourire mutin en espérant qu'elle ne le prenne pas mal. Je pense que si je l'avais sorti à une autre personne que Nora, elle aurait pu mal le prendre, mais c'est Nora, elle est plutôt cool comme nana. Et puis c'est un honeur en fait, elle a le statut de 'ma gosse' ce qui implique plein de chose, dont sa protection. J'suis son garde du corps invisible en fait. Bref, revenons. Nora semble un brin enjouée et inspirée puisse qu'elle ose me retirer le stylo dans main. Elle pourrait pas demander, comme tu le monde, avec un s'il te plait aussi, ça sera cool. La politesse quoi. Hm hm. Elle m'ordonne de ne pas bouger, deux fois en plus, on sait jamais, je pourrai être complétement sourde ou débile. Ou les deux, qui sait. « A vos ordres, mon capitaine. » Je lui annonce avec une voix plein de sarcasmes comme je les aime. Elle chasse mes cheveux rebelles pour avoir un accès à mon cou, non, elle aurait pas pu choisir un endroit plus simple comme le pied ou les bras. Elle ne fait jamais les choses à moitié, c'est sûr. Je sens le style jouer avec ma peau, et avec une certaine concentration, j'essaie de deviner chacune des lettres qu'elle trace, pour reconstituer la phrase après. Je faisais cela quand j'étais petite, avec ma soeur, on s'écrivait sur le dos, et l'autre devait deviner ce que faisait l'autre. J'étais au top pour ça, faut dire. Je lui lance un regard interrogateur, pourquoi cette phrase ? « Useless aussi. » Je complète en levant les yeux au ciel. Je lui prends le stylo des mains, à moi. Chacune son tour. Je lui dégage son visage, et je commence mon art. Je commence juste en dessous de son oeil gauche, je lui écris Nora, dans ma langue maternelle, l'hébreu, c'est un joli: נורה. « Personne ne pourra t'oublier comme cela. » Je lui dis avec un sourire moqueur avant de finir mon art. Parce que je trouve que l'hébreu c'est de l'art. Je lui tends le stylo.