Je ne connaitrais donc pas son ancien prénom ce soir, et quelque part je m'en portais bien. Cela se rapportait à une époque révolue de sa vie, à laquelle elle ne souhaitait plus être confrontée - bref, cela se concevait parfaitement qu'elle souhaite laisser derrière elle ce passé dont elle ne voulait plus. Et je ne voulais plus du mien non plus. Ma vie en Allemagne, ma mère... j'avais tiré un trait sur tout ça, car au fond je préférais vivre dans le présent et ne pas me soucier du passé. Et en parlant du présent, celui-ci n'avait rien de bien glorieux. Le mieux à faire, était de changer à nouveau de vie. Fallait que je me débarrasse de l'emprise de mon père, de ses magouilles, de son chantage. Je voulais vivre pour moi, comme je le voulais, sans dépendre de rien ni personne. Et Irène était sans doute celle qui pouvait le plus aisément comprendre tout ça ici. « Je ne suis pas très objective, mais on est bien mieux sans famille et je ne te conseillerais que vivement de changer de vie. Je sais de quoi je parle… » Dans la mesure où c'était ce que j'avais prévu de faire depuis un petit moment, je ne pouvais que suivre son conseil... qui était d'ailleurs loin de tomber dans l'oreille d'un sourd, qu'on se le dise. Elle avait considérablement changé de vie, et désormais c'était moi qui l'envisageait. L'occasion de remarquer qu'au fond, nous étions à peu près semblables elle et moi. « Ouai… ça fait bizarre quand même… » Ah mais carrément. J'étais d'ailleurs le premier à le reconnaitre. Mais bon, moi perso ça ne me dérangeait pas plus que ça de me savoir similaire à Irène. Quant à elle, et bien... « J’croyais être la personne la plus unique qui soit et maintenant, bah ça craint d’être pareil que toi… » Wow, c'était vraiment sympa ça. Cette grimace ne faisait qu'appuyer ses propos et son dégout,... jusqu'à ce que je ne vois apparaitre finalement un sourire. Ah ça va, elle se moquait de moi. Une fois encore. Tant mieux j'ai envie de dire. Au fond, ça ne l'irritait probablement pas tant que ça de se savoir assimilable à moi. « Ouais ouais... attention quand même, hein. Parait que le sable, c'est pas très digeste. » En gros cocotte, si tu souhaitais pas en avaler trois bons kilos, t'avais plutôt intérêt à m'épargner ton humour douteux. Quoi que le mien n'était pas bien mieux. Vous l'aurez compris, je me foutais d'elle moi aussi. Bon. « Hé ! T’entends ? J’crois qu’on m’appel ! Hein ? Je dois… rentrée ? D’accord, j’arrive. » Hum non, je n'entendais rien. À vrai je pensais surtout qu'elle voulait rentrer, simplement. Espérons tout de même que ça n'était pas ma compagnie qui l’inconfortait à ce point, hm. « Désolé, je dois y aller… » termina-t-elle alors, avant de partir en direction de ses vêtements restés sur le sable plus loin. Je restai là quelques instants, la regardant se rhabiller et partir. Puis j'entrepris d'aller chercher les miens à mon tour, avant de les revêtir et de la suivre, tranquillement. J'étais loin d'être pressé - il était tard, il faisait bon. Je préférais profiter de la nuit et du calme que me dépêcher de rentrer au plus vite au château. Cet échange m'aura en tout cas permis d'apprendre quelque chose : en décidant par moi-même de mettre de côté nos différents, on pouvait finalement parvenir à parler normalement, entre adultes, sans prise de tête aucune. Dire qu'une fois encore nous nous étions laissé tenter par une partie de jambes en l'air... la quatrième déjà. Est-ce que la voyais toujours comme un plan cul régulier ? Hm, difficile à dire. Je ne la voyais en tout cas plus comme un monstre, et c'était le principal.

Sujet terminé.