La nuit était déjà bien avancée, mais je ne dormais pour ainsi dire pas vraiment. Le cadran de ma montre luisait sous la pâle lumière de la lune, et l'heure m'indiquait qu'il était déjà tard.. même si c'était tôt pour certain. Un mouvement, un pied effleurant ma cheville alors qu'une jeune beauté se levait dans l'ombre pour ouvrir la porte, en douceur semble t-il. Grinçant légèrement, j'entendis bientôt les pas furtifs dans l'escalier et je me relevais, avec l'idée de m'amuser un peu. Toujours. Avançant de manière féline, je descendis les marches, m'appuyant au mur pour ne pas trop m'y appuyer, tout en suivant sa chevelure blonde, la seule réellement visible. Visiblement et à première vue, elle se rendait aux toilettes. Attrapant au passage, l'une des fausses plantes ornant le couloir, je me rapprochais d'elle, toujours souple et silencieux, avant de caresser sa joue de la plante, la tendant devant moi. Elle agita sa main et je souris en silence, avant de claquer brusquement ses fesses, la faisant sursauter et bien entendu, comme toutes femmes hurler.

L'attrapant par les épaules, j'ouvris la porte devant nous pour la fermer et plaquer ma bouche à la sienne. Ce n'était certes pas très futé car la peur pouvait en être intensifiée. Si au départ, c'était une réaction impulsive, au contact de sa bouche chaude et voleuse l'autre nuit, je ne pus m'empêcher de m'y attarder, glissant doucement et coupable, la langue sur ses lèvres pulpeuse avant de m'y presser, l'embrassant en douceur. Juste quelques secondes.... Relevant finalement la tête, je la regardais dans les yeux avant de souffler.

-Je ne m'attendais pas à te voir hurler.

Même si finalement.... l'idée avait eu plus que du bon... Bon, j'étais prêt également à arrêter sa main si l'envie lui prenait de me gifler.

Le lit était incroyablement confortable, la chambre était grande, spacieuse et superbe, la vue que la fenêtre de verre au plafond laissait voir était splendide, et pourtant, pourtant cela n’aidait pas Betty à bien dormir. Les draps étaient doux, son partenaire était silencieux, et l’envie de dormir était là, mais non, rien n’y faisait. Elle s’endormait facilement, mais chaque nuit c’était la même chose, elle se réveillait sans raison et elle ne savait plus quoi faire pour se rendormir. Cette nuit-là, elle ne chercha pas à réfléchir et se glissa hors du lit en silence, pieds nus et en petite nuisette. Elle ouvrit la porte dans le plus grand silence qui soit, puis descendit les escaliers et s’aventura dans le couloir. Elle sentit alors quelque chose sur sa joue, sans doute une fausse impression, et sans réelle conviction, elle poussa la « chose » de sa main, sans trop chercher à comprendre de quoi il s’agissait. Elle était un peu endormie en fait. Mais un claquement sur ses fesses la réveilla de plein fouet, la faisant pousser un cri de surprise et de douleur. C’est alors que tout se passa trop vite pour qu’elle réagisse vraiment, des mains l’attrapèrent et l’emmenèrent dans une petite pièce sombre et une bouche chaude et mielleuse vint se plaquer à la sienne sans qu’elle s’y attende. Sous l’effet de la surprise, elle se recula, mais le mur étant tellement proche qu’elle se retrouva coincé, tandis que l’inconnus passait alors sensuellement sa langue sur ses lèvres. Malgré l’obscurité de la pièce, Betty savait parfaitement qui c’était. Ce parfum, elle le connaissait pour passer ses nuits avec depuis son arrivée dans le jeu.. Alcéo. Était-il fou ? Il l’embrassait alors avec une certaine douceur qui étonna la jeune blonde, la déstabilisant complètement. Incapable de faire quoi que ce soit, elle ne réagit pas, ne répondant pas au baiser, mais n’y mettant pas vraiment fin non plus. Fautive ? Oui elle devait sûrement l’être, mais il était trop tard pour qu’elle comprenne quoi que ce soit à ce qu’il se passait. Finalement, il releva la tête, la laissant respirer, tandis que ses prunelles ne la quittaient plus. Ses paroles firent légèrement sourire la jeune femme, même si elle ne savait pas trop pourquoi. Elle le poussa un peu, cherchant l’interrupteur de ses mains, puis appuyant finalement dessus, elle ferma les yeux à cause de la luminosité trop forte d’un coup. Puis elle se reprit et plantant son regard dans celui d’Alcéo, elle le poussa encore, car il semblait qu’il s’était encore rapproché, ou alors c’était simplement la pièce qui était trop étroite pour deux personnes.. Le regardant avec incompréhension, les sourcils froncés, se mordant les lèvres, elle prit enfin la parole, avec toute fois une certaine douceur. « Qu’est-ce que tu fais Alcéo ? ..Qu’est-ce que tu cherche ? »

Je ne savais pas très bien ce qui m'avait pris, et je ne pouvais que la regarder plus impassible, les prunelles lointaines. Je n'étais certes pas un gentleman, mais cela n'avait pas dû lui plaire que je lui saute ainsi dessus pour l'embrasser sachant qu'elle m'avait dit de ne pas profiter d'elle. En même temps, ce n'était qu'un baiser. Certes, légèrement langoureux, mais ce n'était toujours que deux bouches s'étant rencontrées dans l'obscurité, sans qu'elle ne se débatte réellement. En même temps avec la surprise. Bref, je devais être plus fatigué que je ne le pensais pour réfléchir à des détails aussi insipides et inutiles. Ses mains s'écrasèrent sur moi pour me faire reculer, ce que je fis, m'adossant légèrement au mur tandis que la lumière inondait totalement la pièce. Fronçant les yeux, je les fermais quelques secondes avant de reprendre mes esprits. C'était violent après toutes ces heures d'obscurité. Clignant légèrement, je revins sur elle, avant de m'avancer légèrement pour ouvrir la porte et ainsi la laisser sans plus mot dire faire ce qu'elle était venu faire. Mais elle me poussa de nouveau et je la regardais incompréhensif, ayant déjà balayé de mon esprit ce que je venais de faire … ou pas. Ses sourcils en point d'interrogation me fit lever le mien, et je la fixais tandis qu'elle se mordillait nerveusement la lèvre. Il n'y avait plus qu'à attendre le pourquoi de ma nouvelle rencontre avec le mur. Sa question me déstabilisa légèrement car je n'étais en aucun cas conscient de chercher quelque chose. Ce n'était pas comme si je pouvais réfléchir à tous mes faits et gestes. Quant à après coup....

-Tu ne m'avais pas volé un baiser? Je fais de même.

Certes, ce n'était sans doute pas ma seule motivation puisque ça ne m'avait pas effleuré l'esprit. Mais quant je l'avais entendu hurler, la seule façon de la faire taire avait été à mes yeux celle ci. Puis elle me saoulait, je n'avais pas envie de chercher une explication.

-Ce n'était qu'un baiser.

Pour être tout à fait franc, elle avait la force d'un moineau. Si bien que je n'avais pas cherché à la bloquer même si j'aurais pu, ma rapidité ayant été façonné par la discipline que je pratiquais. Je la laissais s'énerver, posant les mains sur ma nuque, me contentant de la regarder sans l'écouter. Ce que pouvais dire les femmes dans ce genre de circonstance était toujours d'un ennuyeux sans nom. Je ne me donnais réellement pas la peine d'être attentif, seuls les éclats aigus de sa voix me faisant lever les sourcils de temps à autre. Son coup dans le mur me fit siffler admiratif tandis qu'elle ouvrait la porte à la volée pour sortir. La rattrapant par le poignt, je la tirais avant de la la soulever dans mes bras, me dirigeant vers la piscine. Elle allait sans doute être encore plus hystérique après, mais au moins elle aurait des raisons. Indifférent à ses coups ou éclats de voix, je la laissais tomber dans l'eau, son poids léger ne faisant qu'un léger plouf alors que je m'accroupissais sur le rebord, posant ma tête sur ma main.

-Tu as faillit trahir ton secret, fais tout de même attention.

Sortant une cigarette de mon paquet, totalement indifférent à sa colère incompréhensible, je finis par m'asseoir, la regardant pensif.

-C'est pas sain de s'énerver à ce point.

Je souris lentement, alors qu'il était probable qu'elle allait me détester maintenant. Tant pis, l'éclat de la colère la laissait admirablement jolie. Inspirant la fumée, je l'observais, légèrement moqueur, posant mon bras sur mon genoux légèrement relevé.

Je la regardais amusé, l'écoutant prononcer chacun de ses mots. Aucun sourire mais mes prunelles parlaient pour moi. Elle était totalement... comme dire.... contradictoire. Je n'étais pas venu ici pour me prouver quelque chose ou pour m'éloigner d'un copain ou d'une copine. J'étais effectivement venu pour m'amuser et non pour me faire emmerder. Penchant légèrement la tête, je soufflais dans l'air avant de hausser vaguement les épaules, étirant mes muscles. En effet, je ne savais pas car comme elle le disait, il n'y avait pas grand chose pour me toucher ou presque. Elle sortit de la piscine et me bouscula avant d'aller se sécher et je soupirais faiblement. Je n'allais pas la laisser tomber malade en pleine nuit. Me relevant en douceur, je m'approchais d'elle avant de pencher la tête, avisant son visage boudeur pour enfin sourire, avec un éclat de tendresse.

-Tu es mignonne ainsi.

Pinçant doucement sa joue, je lui retirais son haut sans explications ni arrières pensées pour une fois avant de la frictionner fortement. Frottant sa peau, je l'enroulais avant de la soulever dans mes bras.

-Arrête de bouder, je m'excuse. Ce n'est pas ma faute si tu m'attires plus que de raisons. Mais je ne tenterais plus rien.

Je la fis sauter dans mon bras, son jean trempé mouillé le bas de mon haut tandis que je regagnais la maison. La posant sur le plancher, je refermais la porte fenêtre, la bouclant avant de la fixer, trempée et ...craquante. On aurait dit une petite fille, c'était trop fort. Je me retins de rire tandis que je la fixais légèrement moqueur.

-Chocolat chaud?

Elle boudait. Oui, voilà, c’était ça. L’énervement était passé, place à BJ la gamine, boudeuse et naïve. Alcéo ne tarda pas à s’approcher d’elle, mais elle le vit faire et se recula un peu, sans succès. Elle leva la tête vers lui, faisant la moue, tandis qu’il souriait, tendre. Elle était trop têtue pour y faire attention, et elle ne répondit rien lorsqu’il lui dit qu’elle était mignonne. Bien sur qu’elle l’était. Mais pourquoi le disait-il ? Elle ne voulait pas qu’il le dise, non. Elle préférait encore qu’il se taise. Ou même qu’il joue de son sarcasme avec elle. Mais là, c’était un homme beaucoup plus attentionné et gentil auquel elle avait droit. Elle le laissait faire, gardant sa mine boudeuse, telle une réelle enfant qui reste sur sa position jusqu’au bout. Non je veux pas. Non me parle pas. Non je t’aime pas. Mais il était doux, et ça la touchait bien malgré elle. Après l’avoir un peu séché, il la souleva pour la prendre dans ses bras et elle l’aida, entourant même ses bras autour de son cou. Mais elle ne le regardait pas, elle ne voulait pas. Il s’excusa alors, et Betty en fut tellement surprise qu’elle posa ses petits yeux plein de curiosité sur son beau visage d’homme mature. Elle l’attirait ? Mais qu’est-ce qu’il racontait… Non, il cherchait juste encore à se jouer d’elle. Il cherchait constamment à jouer, il ne fallait pas qu’elle l’oublie. Ne préférant rien répondre sur le coup, elle se laissa porter jusqu’au salon, où il la déposa. Elle laissa son regard courir jusqu’à ses beaux yeux et, gardant toujours sa moue d’enfant, il lui proposa du chocolat chaud. Elle haussa les épaules, fronçant un peu les sourcils. Elle se mordit les lèvres tandis qu’elle se perdait dans son regard plein de profondeur. Son expression se transforma alors, passant de la petite fille à la jeune femme, le visage sérieux. « Si je t’attirais vraiment, tu aurais réellement tenter quelque chose Alcéo. Mais ce n’est pas le cas. Me suivre jusque dans un couloir, me faire peur et m’embrasser dans les toilettes pour me faire taire n’est pas une tentative, ou alors tu t’y prends très mal. Arrête de me raconter n’importe quoi, j’ai peut-être l’air naïve, mais je ne le suis pas tant que ça. »

Franchement c'était adorable. La petite fille au milieu du salon qui se déridait légèrement après avoir suivit et passait ses bras autour de mon cou. Non franchement je trouvais ça mignon bien que je détestais prononcer ce mot. Mais je devais bien connaître qu'il était le terme se rapprochant le plus de la réalité. La fixant amusé, je vis soudainement son visage se métamorphoser tandis qu'elle m'expliquait son point de vue. Je levais légèrement un sourcil, avant de hausser faiblement les épaules, pour finalement m'appuyer contre la porte fenêtre et de réfléchir. Ce n'était pas pour elle une tentative mais un jeu de ma part. Certes, lui fait peur, c'était une idée infantile qui était destinée à m'amuser. En revanche le baiser m'avait totalement échappé, et je n'avais toujours pas compris moi même pourquoi j'avais agis ainsi. Je préférais encore qu'elle croit au jeu qu'à la perte de contrôle momentanée. Du coup, je ne dis rien de plus mais je me mis à réfléchir à sa propre réaction. S'était-elle énervée parce qu'elle pensait que je jouais et qu'elle désirait plus? Était-ce présomptueux malgré que logique tout à coup? Sans sourire et simplement, je lui posais donc la question.

-Tu aurais préféré une tentative?

Fixant ses yeux, j'y regardais, car c'était eux qui m'apporterait réponse, bien plus que ses lèvres. Je savais que mes réactions ou ma manière d'être était totalement imprévisible, que me cerner était difficile. La destabilisais-je? Son comportement intriguant m'apparaîtrait dans tous les cas toujours plus claire qu'actuellement. Car même pour jouer, elle ne s'était pas privée l'autre soir, et même si tout n'était que rôle, elle en avait tout de même profité. Lui plaisais-je finalement légèrement? Lui faisais-je peur par mon tempérament insaisissable?