callan

Il est vraiment tard. Je devrais surement aller dormir, aux côtés de mon compagnon. Joie. Non sérieusement, j’aurais réellement besoin qu’on m’explique pourquoi j’ai été jumelé avec Callan. Ça me fait chier, plus que je ne le voudrais. À la place je suis dehors, il fait froid, mais je m’en fous. Je joue du vieux Johnny Cash, mélancolique. Cette place commence à jouer sur mes nerfs. C’est comme dans la réalité, au début j’étais quelqu’un de joyeux, quelqu’un avec de l’entrain et de l’intérêt pour tout. Et avec les années je me suis endurcies, m’excluant de tout. Et je crois que je commence à agir de la même façon ici. J’aurais pu aller au prime dimanche dernier, même si j’avais été malade. J’aurais pu me forcer, mais j’avais préféré rester seul. Bref, de toute façon, je n’ai pas trop envie de rejoindre Callan. Je ne sais pas s’il est au courant que j’ai décidé de m’éloigner de sa femme, que j’en sois forcé ou non. J’étais pour essayé de tenir la promesse que je me suis fait, et ne pas agir en parfait connard. Je suis concentré sur la guitare, sur les accords qui résonne dans la nuit paisible. Je me sens décrocher, oubliant mes problèmes, oubliant aussi la raison exacte qui explique ce que je fous dans cette émission. Je termine la chanson, ouvre les yeux et vois Callan. Comme je suis chanceux. Pourquoi il ne dort pas dans notre lit, lui ? « Tu veux que je te joue une berceuse parce que t’arrives pas à dormir sans ta douce femme ? » Je souris, trop de confiance en moi. Je suis arrogant, je ne sais pas pourquoi. Je le regarde, le percevant du mieux que je peux malgré la noirceur. C’est con, je devrais faire un effort pour apprendre à le connaître, lui. Et puis, c’est fini avec Candace, on peut partir sur de nouvelles bases, non ? Je ne crois pas, pourtant ça vaut un effort de ma part. « Bon, vu qu’on ne dort pas, ni toi, ni moi, on pourrait peut-être faire quelque chose qu’on a pas fait depuis que nous sommes partenaire… C’est à dire, apprendre à se connaître. » Si ça, ce n’est pas un effort, je sais pas ce que c’est. Je suis bon, il ne devrait pas se méfier de moi.

Je ne parviens pas à dormir, pour une raison que j'ignore d'ailleurs. Je ne sais pas, je n'ai pas envie de dormir. Alors je me balade. Je ne sais pas quoi faire, je marche, je fume et j'erre en gros. Il n'y a personne, j'aurais dû m'en douter, il faut être fou pour se promener à cette heure de la nuit. La nuit est fraîche d'ailleurs. J'ai les mains dans les poches, elles sont glacés pour une fois. Je marche, les yeux rivés sur le sol pour me protéger du vent. Je ne suis pas très loin de la mairie, je m'apprête à me rendre dans la salle informatique, afin de passer le temps finalement. Sauf que de la musique résonne, curieux je me dirige vers celle-ci. Et finalement j'aurais dû m'abstenir parce que William joue de la guitare. Moins je le vois, mieux je me porte. Parce que je n'arrive pas à cesser de l'imaginer avec Candace, nus l'un contre l'autre et ça me donne la gerbe. Alors ouais j'évite. Mais pourtant j'avance vers lui, je ne sais pas trop pourquoi. Peut être parce que, j'ai décidé de faire des efforts. Pourtant dès qu'il me voit, il me sort une de ces phrases qui font que je le déteste profondément. Je soupire et lève les yeux. Mais au lieu de faire demi-tour, je m'assoies à côté de lui. « Non à vrai dire c'est ton odeur de mâle en rûte qui me manque, je n'arrive pas à trouver le sommeil sans toi à mes côtés. » Je rétorque légèrement sarcastique. Et puis je sors mes mains de mes poches. Je sors également mon paquet de cigarette et m'en fourre une dans la bouche, et l'allume. Il propose qu'on fasse connaissance. Je le regarde perplexe. « C'est vrai que ce que je sais de toi n'est pas du tout reluisant. Vas-y, fais moi changer d'avis à ton sujet. Je suis sûr que tu n'as pas toujours été un gros con... » Quant à moi, je lui dirais tout ce qu'il veut savoir. Ou presque, ouais, il n'a qu'à poser la question et je lui répondrais. C'est aussi simple que cela. Je tire sur ma cigarette et expulse la fumée.