Oh non chérie, je suis vraiment connard dans la vraie vie, renseigne toi tu verras...

Allez une petite dernière pour la route... J'hésite un peu. Bon allez William. T'es à l'aise là non ? Parce qu'à ta place je ne le serais pas trop tu vois. Bref, sinon j'aimerais savoir comment se porte ta conscience, oh et ton ego, ça va, il n'est pas trop meutri ? Candace, Dagga, ça fait beaucoup de déceptions non ?

Il est vrai que Raphaël avait quelques difficultés à se sentir apprécié, que ce soit par rapport à cette côte de popularité, ou au sein du village. Il ne parvenait pas réellement à se persuader qu'on pouvait lui trouver quelques qualités, et l'apprécier pour celles-ci. A ses yeux, il ne méritait pas la moindre affection. C'est en tout cas ce qu'on lui avait longtemps laissé penser. Sa mère l'avait privé de l'amour des autres, du sien en premier lieu, si bien qu'il avait bien vite cessé d'en attendre. Alors aujourd'hui, l'affection qu'on semblait lui porter le dépassait, oui. L'affection de Lulu, celle d'Elliot, d'Arès, de Candace, et maintenant celle que le public était susceptible de lui porter. Il était dépassé et il peinait véritablement à comprendre, tout bêtement, ce qu'on pouvait bien lui trouver. Lui, il se détestait. Pourtant, certains semblaient l'aimer. C'est là qu'il y avait comme un soucis de compréhension. Parce qu'il avait vécu trop longtemps avec la certitude qu'on ne l'apprécierait jamais pour ce qu'il était pour aujourd'hui se persuader que c'était possible. Comme tout le reste, il lui faudrait du temps pour s'y faire. Surtout que bon, une part de son esprit lui indiquait toujours que son père pouvait se cacher en n'importe qui, comme par exemple en Arès, dont les propos seraient alors particulièrement faussés. Pour autant, il ne voulait pas souffrir à cause de ça. Alors il prenait sur lui, très durement, pour ne plus y penser. Dans un sourire, il remercia Arès pour sa patience. Il prenait le temps de lui expliquer les choses, là où sa mère lui aurait depuis longtemps gueulé dessus pour les lui faire comprendre. Puis par la suite, une question un peu dérangeante fut posée à Elliot. Ils estimaient qu'elle pleurait beaucoup ? Elle était juste sensible, comme tout le monde. Et franchement, il serait mal placé pour lui reprocher de se laisser aller quelques fois à cette sensibilité. La réponse de la jeune femme ne tarda pas. Il en retrouva presque le sourire. Au moins, elle savait se défendre, ce qu'il aurait sans doute été incapable de faire à sa place. Qu'on la laisse tranquille. La question posée à Nicole fut quelques peu différente, et la réponse également. Plutôt amusante, celle-ci. Nicole était décidément une jeune femme très spéciale, mais loin d'être dérangeante. Même si une certaine blatte n'en dirait pas autant. « Ils ignorent ce que c'est d'être comme "nous" » articula-t-il finalement, à l'attention de la jeune femme, après avoir laissé passer quelques instants. Il faisait référence à la question de Connor - qui devenait un pluriel, pour la forme - et à cette sensibilité qu'il avait toujours partagé avec Elliot. La preuve, dès leur premier échange, ils s'étaient tous deux mis à pleurer. Ils étaient comme ça. Ils n'en étaient pas des acteurs pour autant. Plaise à qui voudra de le croire, cependant.

Je dois avouer que je n’écoutais pas vraiment ce qui se passait durant le prime, et donc, lorsque j’entendis Connor prononcer mon prénom, j’haussai les sourcils, me rendant compte qu’il me posait belle et bien une question. Et cette question concernait Candace… et Dagga, évidemment. Je ne suis pas vraiment étonné dans le fond. Je bois mon verre, prenant mon temps avant de répondre. « J’ai déjà été plus à l’aise dans la vie, t’as pas tord. » Je finis mon verre de gin avant de continuer. « Pas certain d’avoir envie de confier mes états d’âme devant tout le monde… Pour ce qui est de Candace, ça va, ça fait une semaine qu’on ne c’est pas parlé… faut en revenir à un moment. Et puis, je m’entend bien avec elle… est-ce un crime ? On a fait ce qu’on a fait, point. Faut arrêter de cherche de la merde là où y’en a pas… Je ne cours pas après les femmes mariés, ce n’est pas une passion. Alors tu n’as pas à t’inquiéter pour ta future femme, Connor. » J’hausse les épaules, la regardant avant de continuer. « Et puis, pour Dagga, elle avait un choix à faire et elle l’a fait. Je ne lui en veux pas pour son choix, je suis simplement étonné. Je crois qu’on a l’impression que je ne mérite pas ma place ici, ce qui est légitime. Et si je n’ai pas voulu parler des raisons qui m’ont amené à faire Fake Lover, croyez-moi, je ne suis pas ici pour rien. Et je ne suis pas prêt à affronter ce qui m’attend à l’extérieur. » Voilà, j’en ai trop dis, surement. Et là, c’est vrai que mon égo en prend un coup.

« Tu ne m'as jamais vu de mauvais poil, je te signale. » J’hésite à lui dire qu’elle ne doit pas se gêner, que je veux voir ça mais… à la réflexion je ne veux pas voir ça. « Et c’est très bien comme ça. » Je réponds à la place. Je suis pratiquement sur, cependant, qu’elle n’est pas à deux cent pour cent de bonne humeur et ça me saoule. Tant pis. « D'accord, un petit... Un agneau quoi ! » fit-elle en mimant le geste avec son index et son pouce, je souris. « Ouais, ça me semble tout de suite plus plausible ! » Fis-je en riant. « Je crois que les bleus nous le montrent... Tu t'es rien cassé en une semaine sans tes yeux, j'trouve ça admirable. » Ah ouais, cette histoire va me suivre hein. « La technique du ‘je mets mes bras en avant en guise de radar’ est assez efficace oui. Les mains en général quoi. » Le toucher et l’ouïe aussi forcément.

Et maintenant, après cette pause des plus mouvementée grâce aux questions… légèrement dures… de la part de mon chéri, nous allons continuer le jeu !

question quinze ∞ Quelles ouvertures ont en commun les poissons et les violons ?

Je suis sans doute un peu trop démonstratif, je suis sans doute trop jaloux aussi. Peu importe. Je ne dérange pas visiblement, manquerait plus que je dérange. Enfin bon c'était une question en l'air parce que même si la réponse avait été oui, je ne serais pas parti pour autant. Oh grand dieu non. Je finis mon verre trop rapidement à mon goût, mais l'avantage c'est que je peux le poser par terre. Je pose une question mais finalement j'aurais dû m'abstenir. Quelle garce. Quelle grosse garce qui s'amuse de la situation. Elle sait appuyer là où sa fait mal, et le pire c'est qu'elle en joue. Si je ne l'aimais pas autant, je pense que je serais partie. Je presse ma main un peu plus contre son épaule, légèrement plus. Je me tends, mais respire finalement. « Ouais, toi aussi tu m'as manqué William, t'étais passé où ? » Finalement à force de côtoyer une menteuse je deviens un pro en la matière. Candace caresse ma cuisse, j'ai l'impression qu'elle cherche à me rassurer et ça fonctionne très bien finalement. Par contre sa remarque suivante à la don de me faire sourire. Jusqu'où elle est prête à aller pour faire chier son monde elle ? Je lève les yeux au ciel. « Ce serait avec plaisir mais j'ai piscine cette semaine, une prochaine fois peut être. » Je réponds à William qui en va même à proposer un plan à trois. Et le pire c'est qu'il semble être sérieux. Je ne sais pas, mais en tout cas je vais le regarder différemment maintenant. Connor le connard intervient. Sa réputation le précède et je dois dire qu'elle est méritée. Mais je crois que j'aime sa franchise. Je l'écoute martyriser les jeunes femmes en détresse puis mon partenaire. J'écoute sa réponse et je ne peux pas m'empêcher de sourire. Les femmes mariés ne sont pas sa passion. « Quel honneur, je dois me sentir flatté que tu te consacre qu'à la mienne ? » Ma question est à la plaisanterie, parce que ça me saoule d'être sur la défensive. Et le jeu reprend, j'ai loupé la première question, merde.