J'avais ressorti mon accoutrement de type lourd, distant et incompris. Bref, mon costume de parfait looser. Bah, au fond, l'avais-je seulement un jour quitté ? Et oui c'est un peu ce que j'étais au quotidien ça... Néanmoins au quotidien je n'étais pas constamment confronté à de pareilles situations, et fort heureusement d'ailleurs. Parce que là, adossé contre la parois de la douche, le regard fuyant et tremblotant de froid, j'en venais à me demander pourquoi est-ce que j'y avais rejoint Nicole tout en sachant pertinemment qu'une fois à l'intérieur, face à ma partenaire dévêtue, je serais une nouvelle fois pris de ces fameuses pulsions qu'il m'était bien difficile de refouler. Pourtant je n'avais pas le choix, car je n'étais pas un animal et, de plus, je refusais d'agir comme tel. Nicole m'avait posé une sorte d'ultimatum : le gel douche ou les explications. J'avais au final opté pour les deux, passant aux aveux tout en savonnant le dos et les épaules de ma partenaire. Après m'être excusé, je signifiai à la belle asiatique qu'elle me faisait de plus en plus d'effet. C'était vraiment gênant de le reconnaitre, vraiment vraiment. Je n'étais pas à l'aise avec tout ça mais si je ne le reconnaissais pas devant elle, ce matin, je risquais de l'énerver or ça, je préférais éviter voyez-vous. Nicole était impulsive, avait aussi un sacré tempérament comparée à moi. Il valait mieux faire preuve de toute l'honnêteté dont j'étais aujourd'hui capable sans quoi nos rapports pourraient se détériorer par la suite pour une simple question d’embarras, de timidité et de gêne. « Eeeeet … ? » ... et alors quoi, elle était pressée de connaitre la suite, que je poursuive ? Bah, c'est justement ce que je prévoyais de faire... Bien qu'une fois encore j'allais devoir prendre mon courage à deux mains car les propos qui suivraient ne seraient pas débités avec la plus grande facilité du monde, loin de là. Mais Nicole devait savoir et moi, de mon côté, je me devais de justifier mon attitude, car elle ne l'avait pas franchement bien prise et ça, j'en étais parfaitement conscient. Je ne désirais pas tout gâcher entre nous, moi qui croyais tant en notre histoire... Moi qui me faisais aussi très certainement pas mal d'illusions concernant l'avenir de notre "couple" mais c'était dans ma nature, là encore. Quand j'étais optimiste, je l'étais bien assez pour deux. C'est alors que Nicole appris que je redoutais la façon dont elle pourrait me voir. Il n'était pas concevable qu'elle puisse ne serait-ce qu'un instant penser que j'étais un type voulant profiter d'elle et la traiter comme un objet, pour la délaisser ensuite. Non, je n'avais rien à voir avec ces hommes qu'elle avait, sans doute, déjà rencontrés par le passé. Moi j'avais des sentiments pour elle, et ces derniers prenaient de l'ampleur chaque jour un peu plus. Je refusais de mal agir avec elle sous prétexte que j'avais des pulsions de mâle à assouvir. Je préférais encore me faire violence et réprimer celles-ci plutôt que de me comporter de la pire des façons avec celle que j'aimais. « Je ne te vois pas de cette manière. » Pour l'instant... mais plus tard, quand peut-être notre histoire aurait pris un autre tournant... qu'adviendrait-il de l'image que Nicole aurait de ma personne ? La fixant toujours sans pouvoir décrocher mon regard du sien, elle poursuivit. « Je sais que tu n’es pas comme ça seulement on ne m’a jamais aimé pour ma personnalité alors… j’ai juste du mal à m’y faire. » Et pourtant elle allait devoir s'y faire, car je ne prévoyais pas dans un avenir proche de cesser de l'aimer pour ça, et pour tout le reste. Nicole, c'était un tout. Un ensemble plein de charme pour lequel j'avais craqué. Ce n'était pas qu'une paire de jambes interminables, qu'une longue chevelure dorée et que d'irrésistibles yeux en amande. C'était bien plus que ça, je ne prêtais pas seulement attention à son physique, fort plaisant bien sûr mais je voyais bien plus loin que celui-ci. Sa personnalité, effectivement, me plaisait tout autant. Nicole était complexe en bien des points, et je l'étais aussi. On avait peu de choses en commun elle et moi mais je tendais à penser que nos différences (et nos différents) étaient en fait notre force, que nous nous étions aussi trouvés pour ça. Car même si c'était spécifiquement ce que j'avais affirmé lors des castings, non, je ne recherchais pas, ou plus, quelqu'un me ressemblant. Au fond, trouver une personne avec qui nous avions trop de points communs, en qui nous étions susceptibles de nous retrouver, n'avait plus rien de palpitant ou d'excitant. Et au vu de la vie que je menais et de la personne que j'étais, j'avais besoin d'imprévu, de surprises. Avec Nicole je savais que j'en aurais, nous étions aussi imprévisibles l'un que l'autre. « Tout ça c'est normal Malik. Venant de toi ça me fait même plaisir puisque ça veut dire que... que je te plais vraiment, et... je n'ai jamais plu à personne de cette façon. » Je voulais bien croire que les clients qu'elle avait eus ne cherchaient pas franchement à cerner sa personnalité... non ce qu'ils cherchaient, eux, c'était assurément autre chose. Tout ce que moi je ne recherchais pas au premier abord chez elle. Elle importait bien trop à mes yeux pour me jouer d'elle, pour en faire usage à ma guise et quand il me plairait. Elle l'avait semble-t-il compris elle-même, je n'étais pas de ce genre-là et ne le serais très certainement jamais d'ailleurs. Et si pareil changement devait avoir lieu, que j'avale un cornichon de travers et m'étouffe avec. « Et... je crois que personne ne m'a jamais plu autant. » J'en vins à me remémorer ma première histoire d'amour... Lahoussine, de plusieurs années mon ainée. Cette jeune femme m'avait fait beaucoup souffrir, mais avant cela je l'avais aussi profondément aimée. Seulement à l'époque j'étais jeune, insouciant et déjà très bête. Plus encore que maintenant. Lahoussine n'avait pas ce petit quelque chose assez inqualifiable et innommable qui me plaisait tant chez Nicole. Je prenais aujourd'hui conscience qu'il n'avait s'agit que d'une simple amourette de laquelle j'avais juste eu beaucoup de mal à m'extirper et à sortir. Et aujourd'hui, c'était derrière moi. Nicole m'avait redonné goût à l'amour, au plaisir d'aimer et d'être aimé. Pour moi ça n'avait pas de prix. Reportant l'une de mes mains dans ses cheveux et passant l'autre dans le bas de son dos, je me surpris moi-même à venir la plaquer - non sans animosité mais assez fermement pour la surprendre, sans doute - contre le mur derrière nous. L'eau se déversant abondamment sur Nicole et moi, je capturai ses lèvres avec entrain, lui infligeant quelque peu le poids de mon corps contre le sien mais veillant tout de même à ne pas l'écraser contre le mur. Me détachant d'elle, cette fois-ci tout aussi trempé que l'était ma partenaire, je soufflai au creux de son oreille ce que je ne pouvais à présenter plus retenir. Trois mots d'une simplicité certaine mais ô combien révélateurs. « Je t'aime tellement... » Je m'excuse auprès des anti-romantisme et déclarations à l'eau de rose, seulement moi, justement, j'étais un type franchement romantique bien qu'étant à la base peu porté sur la chose. Fallait donc pas s'étonner du fait que j'avoue, une fois encore, mes sentiments à Nicole. J'espérais secrètement qu'un de ces jours Nicole en vienne à m'avouer les siens, de la même façon, en employant les mêmes mots. Mais je n'étais pas certain qu'elle eut été prête pour ça. Hm, c'était sans doute un peu tôt pour celle qui, la semaine passée, me disait ô combien deux mois au final c'était si peu. Certes. Mais pendant ces deux mois nous avions appris à nous connaitre l'un et l'autre, et à l'heure d'aujourd'hui nous n'étions pas d'illustres inconnus. Je ne considérais pas, pour ma part, que nous allions trop vite. Mais ça n'était que mon avis, bien sûr. Et il avait été prouvé plus d'une fois que Nicole et moi étions souvent en désaccord, et ce sur pas mal de choses.

Malik le savait, je n’étais pas quelqu’un qui avait l’habitude d’être appréciée et je crois que ça s’était aisément remarqué au sein du nid. Dès qu’il fallait faire chier quelqu’un, qui était-ce, hm ? Je partais du principe que l’award de la personne la plus persécutée aurait dû me revenir en toute légitimité. Bon ça ne m’atteignait pas forcément puisque j’avais l’habitude mais à force ça ne faisait qu’augmenter ma rage. J’étais d’ailleurs intimement persuadée que mon impulsivité venait de là. Oui oui monsieur ! Soit, je signalais donc à Malik ce détail qui, de toute façon, ne lui avait probablement pas échappé, et ça allait de soi avec mon métier de toute façon. « Et... je crois que personne ne m'a jamais plu autant. » Cette réflexion était typique des personnes n’ayant pas confiances en elles, je le savais, mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il disait ça pour me faire plaisir ; qu’il grossissait la vérité. Il ne pouvait pas m’aimer plus que cette fille qui avait occupé son esprit sept années durant. Ses lèvres vinrent rejoindre les miennes une fois de plus, mon dos quant à lui venant se coller contre la paroi de la douche. J’appréciais ce moment, tout simplement parce qu’il n’aurait jamais pu avoir lieu quelques semaines auparavant. Malik avait repris en assurance, peut-être avait-il aussi puisé dans la mienne qui s’était considérablement affaissée ces derniers temps. Pourtant mes efforts pour que cela passe inaperçu étaient nombreux. « Je t'aime tellement... » Ces mots me désarçonnaient. Ils me touchaient. J’aurais aimé lui dire un simple « moi aussi » mais même ça c’était trop dur à sortir ; comme si ma fierté allait s’arracher avec, comme si ça allait me déchirer. Étrange. Pour simple réponse mes mains allèrent se déposer de chaque côté de son menton, venant l’embrasser à nouveau. Je faisais mieux parler mon physique que mes mots, c’était bien connu. Mes mains commençant à se montrer très baladeuse au contact de sa peau mouillée, je crois que mes pulsions étaient en accord avec celles qu'il tentait de rechigner depuis un moment. Hm, tant mieux? Cette douche n'en sera que des plus attractives.

Finish.