C'était donc de cette pièce dont elle avait maintes fois entendu parler. Le cellier. Intéressante petite pièce pas franchement accueillante mais qui devait convenir à ceux qui venaient grignoter en cachette ou laver leur linge. Et justement, en parlant de linge, c'était jour de lessive aujourd'hui. Du moins, c'est ce qu'avait personnellement décidé Tweedy lorsqu'elle eut terminé son repas du midi. Et donc, sans trop tarder, la jeune femme s'était attelée à la tâche de récupération de linge sale. Elle aurait probablement du se contenter de s'occuper du sien, mais elle se permit de kidnapper celui de son partenaire ainsi qu'accessoirement le linge sale de toute personne ayant eu la bonne idée de laisser trainer le sien dans les parages. Et au final, ce fut les bras chargés que la jeune femme se rendit au cellier. Elle eut d'ailleurs bien du mal à en ouvrir la porte, puisqu'elle n'y voyait pas grand chose derrière ce tas impressionnant de vêtements. Bon, il fallait dire aussi que Tweedy était loin de mesurer un mètre soixante-quinze comme certaines de ses camarades. Elle n'était pas bien grande, et quelques fois, cela pouvait s'avérer très légèrement handicapant disons. Mais qu'importe, elle parvint à entrer finalement. Sauf qu'à peine eut-elle le temps de pénétrer dans la salle qu'elle sursauta à cause d'un cri. Un jeune homme se trouvait ici, visiblement. Un beau jeune homme, soit dit en passant. Et visiblement, ce dernier venait de heurter quelque chose, si bien que ce fut un véritable cri de douleur auquel elle eut droit quelques instants plus tôt. Pauvre chou. Après avoir lâché un rictus gentillet face à l'injure lancée par son camarade, la jeune femme déposa le linge qu'elle tenait dans les mains dans un panier afin d'avoir les mains libres. D'ailleurs, elle aurait aussi bien fait de ramener le panier dans la chambre, d'y foutre le linge sale et d'aller au cellier une fois tout cela fait. Bref. « Je crois qu'un peu d'aide ne serait pas de refus, non ? » fit-elle alors, dans un sourire amusé, avant de se pencher pour tâcher d'aider son camarade à ramasser le linge qu'il avait visiblement fait tomber au moment où il avait poussé ce cri du cœur. Une fois la chose faite, Tweedy reprit la parole. « Je suis Tweedy. Et toi ? J'aimerais mettre un nom sur ce cri, tu comprends. » Un petit rire, loin d'être moqueur, s'échappa ensuite de ses lèvres. Elle avait donc bien fait d'amener "son" linge à cet instant précis.

Un cri spectaculaire. Oh oui, spectaculaire. Si bien que Tweedy en avait eu quelques frissons. Mémorable, aussi. Car il était probable que ce cri vienne la hanter dans certains de ses futurs cauchemars. Imaginez un peu l'horreur. A moins que le visage de son camarade ne s'y incruste également. Là, en revanche, elle prierait pour ne pas se réveiller. Ce que Tweedy regrettait par contre, c'était de ne pas avoir vu aux premières loges le coup qu'avait du se prendre le jeune homme pour en arriver à gueuler de la sorte. Vraiment, la jeune femme avait comme l'impression qu'elle avait manqué le truc du siècle. C'était dégueulasse, d'ailleurs, qu'aucun retour en arrière ne soit possible. Vraiment dégueulasse. Quoi qu'il en soit, la jeune femme n'avait pas réfléchi plus d'une trentaine de secondes avant de décider de proposer son aide à son camarade. Après tout, maintenant qu'elle était là et qu'elle ne pouvait pas nier le fait qu'elle avait face à elle quelqu'un qui galérait légèrement à ramasser le linge qu'il avait fichu par terre, elle pouvait bien se rendre utile. Naturellement, son camarade accepta son aide. Et donc, Tweedy l'aida à ramasser le linge en question. Une fois cela fait, elle se permit de lui demander son nom, après avoir déclinée son identité. Bien évidemment, la petite brune ne put s'empêcher de placer un brin d'humour dans sa demande, comme elle en avait l'habitude. Les paroles du jeune homme ne manquèrent d'ailleurs pas de la faire rire. « Le pire, c'est qu'il a fallu que ce soit moi qui entre à cet instant précis. Autrement dit, t'es bien parti pour que je te le rappelle jour et nuit, mon pauvre » répondit-elle, bien évidemment avec humour. Non, Tweedy avait beau être un peu chiante par moment, il y avait quand même des limites. « Enchantée Marvel » reprit-elle, dans un sourire sincère. Et Marvel lui demanda maintenant de l'aider à faire fonctionner la machine à laver. No soucis, Tweedy avait été inventée pour aider les autres. Eh oui. « Bien sûr » fit-elle alors, tout en s'approchant à son tour de la machine. « Observe bien, histoire que tu puisses le faire seul la prochaine fois. » Là, Tweedy se mit à manipuler l'engin, un peu comme si elle le faisait depuis des siècles. Et voilà qu'en un rien de temps, le lavage pouvait commencer. « Voilà qui est fait. Dis moi, tu peux me dire pourquoi tous les hommes de ce château, et même certaines filles, sont géants ? J'ai l'impression d'être un minimoy en comparaison. » Toujours cette histoire de taille, hein. A force, on allait finir par croire que Tweedy complexait à ce sujet.

Rassurez-vous, Tweedy n'étant pas une vilaine fille, elle n'avait aucunement pour projet de poursuivre nuit et jour son camarade dans l'unique but de lui rappeler qu'il avait poussé un cri remarquable ce fameux jour dans le cellier. Bien sûr que non, ce serait même bien mal connaitre la jeune femme. Disons qu'il pourrait lui arriver d'y faire référence, de temps en temps, mais plus gentiment que de manière moqueuse, c'était évident. Mais voilà que des menaces étaient d'ors et déjà proférées. De quoi l'inquiéter, sans doute. Ou pas. « Tu n'oserais tout de même pas ! » fit-elle, en mimant un certain effroi. Non, il n'oserait pas l'enfermer dans les cachots, ce grand méchant jeune homme. « A moins que tu nous y enfermes tous les deux. Là, éventuellement, ça pourrait ne pas me déplaire » reprit-elle, sur un ton taquin et un sourire amusé placé sur ses lèvres. Non mais oh, elle plaisantait bien sûr. Comme si c'était son genre de draguer ouvertement. Tout ça, très peu pour elle, vous savez. Vraiment, elle n'était pas ce genre de nanas. Vraiment pas. Son camarade lui demandait donc un peu d'aide pour faire fonctionner cette machine à laver. Dites donc, c'est qu'elle tombait étonnamment bien la Tweedy, finalement. En moins de temps qu'il le faut pour le dire ou ne serait-ce que le penser, la jeune femme mit alors l'engin en route, veillant à ce que Marvel imprime dans son cerveau les mouvements à effectuer afin d'être autonome à l'avenir. Maligne, n'est-ce pas ? Puis il y eut cette question d'une importance capitale, dirons-nous. Pourquoi la plupart des candidats étaient des géants, tandis que Tweedy se sentait toute petite en comparaison ? Ah ouais, effectivement, c'était la question que tout le monde se posait. C'était certain. La réponse de son camarade la fit alors ricaner légèrement. « Vas savoir pourquoi, j'aime cette expression » répliqua-t-elle alors, d'un air tout à fait innocemment. Ah vraiment, on se demandait bien pourquoi elle disait une chose pareille. « Ça, c'est parce que je monte régulièrement sur mon culot. On me dit qu'il est grand, alors je pense qu'il me rajoute quelques centimètres » plaisanta alors Tweedy. Effectivement, on avait tendance à lui dire qu'elle avait beaucoup de culot, et d'après elle, c'était d'avantage une bonne chose qu'une mauvaise d'ailleurs. « Mon cher Marvel, j'exige maintenant que tu me livres trois informations à ton sujet. N'importe lesquelles. » Le tout dit sur un ton des plus sympathiques, ce qui fait qu'il n'aurait sans doute pas dans l'idée de l'envoyer balader. Bah non.

Tweedy, enfermée dans les cachots et seule. Non, ça ne le ferait pas. Par contre, Tweedy, enfermée dans les cachots en compagnie de Marvel. Là déjà, c'était plus tentant. Il va de soi que la jeune femme avait usé d'humour en s'adressant à son camarade. Qu'il ne la prenne pas pour une fille désespérée qui tente par tous les moyens d'avoir un peu de compagnie masculine, car ça n'était pas son cas. La compagnie masculine - ou féminine d'ailleurs - elle parvenait très bien à vivre sans. Eh oui. « C'est clair » répliqua-t-elle alors, après un nouveau petit rire. Même si une telle situation n'était assurément pas prête d'arriver - à moins d'un coup de maitre de la part du destin - Tweedy se permettait d'en plaisanter, et visiblement Marvel aussi. Au moins, ce garçon avait le sens de l'humour. Une excellente chose aux yeux de la petite brune. Voilà que Tweedy en était venue à parler de ce culot qu'on lui reprochait bien souvent mais dont elle avait fait une force au fil des années. Elle était culottée et figurez-vous qu'elle l'assumait parfaitement. « Crois-moi, tu en prendras connaissance bien assez tôt » fit-elle alors, dans un large sourire. Il était normal, comme il le disait si bien, qu'il ne la connaisse encore qu'à peine, puisqu'ils discutaient tous les deux depuis seulement quelques minutes. Mais Tweedy tâcherait de garder ce naturel qui la caractériserait et ainsi, d'ici quelques temps, Marvel finirait par se rendre compte qu'elle possédait véritablement du culot, et pas à petite dose. Probablement que certains de ses camarades s'en étaient déjà rendus compte en fait. Tweedy cherchait maintenant à en savoir plus au sujet de Marvel. C'est pourquoi la jeune femme l'avait prié de lui livrer trois infos, n'importe lesquelles, à son sujet. Ainsi, elle apprit qu'il avait vingt-neuf ans, qu'il vivait en Irlande, dans la ville de Shannon plus précisément, et qu'il était éleveur ... de chevaux. Là, les yeux de Tweedy se mirent à scintiller. « Oh mon dieu, des chevaux » fit-elle alors, sans cacher son grand enthousiasme. « J'aime ces bêtes. Que dis-je, j'aime toutes les bêtes » reprit-elle, dans un sourire tout aussi étiré que précédemment. C'était maintenant à son tour de lui faire savoir trois choses à son sujet. Très bien. « Quant à moi, j'ai vingt-et-un ans. C'est jeune, j'en conviens, mais j'ose espérer que j'ai acquis une certaine maturité. Hm, je vis à Paris, en France donc, mais je suis initialement originaire des Philippines. Et enfin, je suis étudiante en Journalisme et exerce un petit boulot de serveuse pour gagner suffisamment d'argent pour payer mes études. Il va de soi que le métier de serveuse n'est en rien une vocation, contrairement au journalisme. » Voilà, il en savait tout autant sur elle qu'elle pouvait en savoir sur lui. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin, hein ? « Je meurs d'envie d'en savoir plus à ton sujet, alors je te propose de se poser des questions. L'un pose une question à l'autre, celui-ci y répond et vice-versa, sans avoir le droit de poser la même question. » Ouais bon, éventuellement, elle aurait pu s'abstenir de lui expliquer. Il ne lui semblait pas idiot ce type après tout. « Je commence. Hm, quelle est ta plus grande qualité, selon toi ? » demanda alors Tweedy, dans un fin sourire. Qu'il soit sincère surtout, elle n'allait pas le prendre pour un type prétentieux.

Marvel était donc éleveur de chevaux. Alors non content d'être agréable et séduisant, il fallait qu'en plus il soit en contact permanent avec ces bêtes que Tweedy aimait tant. Ce type était génial. Okay, sans doute était-il un peu trop tôt - compte tenu du caractère récent de leur rencontre - pour en venir à cette conclusion, mais Tweedy se trompait rarement sur les gens. Elle pouvait dire sans gêne que ce Marvel lui avait d'emblée fait une bonne impression, et cela semblait continuer. Tout allait donc pour le mieux dans ce cellier. Mais voilà que la révélation de l'âge de Tweedy avait poussé le jeune homme à réagir. Ainsi donc, il trouvait que la petite brune faisait plus âgée que l'âge qu'elle disait avoir, et qu'elle avait véritablement puisqu'il était évident qu'elle n'avait pas la moindre raison de mentir à ce sujet. Un sourire intrigué prit alors place sur les lèvres de la jeune femme. « Plus âgée, tu dis ? On me l'a déjà dit. Mais je serais curieuse de savoir quel âge je fais, alors » répondit la jeune femme, tandis que le sourire qui trônait sur ses lèvres s'élargissait. S'entendre dire que l'on fait plus que son âge, ça pourrait vexer n'importe quelle femme. Mais pas Tweedy. Non, vraiment pas. Déjà parce qu'elle n'était pas du genre à se vexer pour si peu, mais également parce que son âge lui importait peu. Ce n'était qu'un âge, après tout. Par la suite, Marvel lui révéla qu'il avait lui aussi été serveur. Intéressant. D'après lui, ce métier n'était d'ailleurs pas considéré à sa juste valeur et trop souvent dénigré. Il n'avait pas tort, pour le coup. « Je suis d'accord avec toi. Je peux te dire qu'il m'arrive de lire de la pitié dans le regard des gens quand je viens les servir, un peu comme si ils me plaignaient de m'abaisser à pratiquer un tel métier. J'ai juste envie de leur dire que je le fais pour payer mes études, mais que je pourrais très bien le faire tout court. Je veux dire, il n'y a pas de meilleur ou de pire métier qu'un autre. Il n'y a rien de dégradant ou de honteux à servir des plats et des boissons. » En d'autres termes, Tweedy rejoignait volontiers Marvel sur sa pensée. Okay, quand elle donnait son avis sur une chose, Tweedy avait tendance à en dire des tonnes. Excusez-la, hein. Place maintenant à un jeu de questions entre les deux candidats. Tweedy commença, demandant à Marvel quelle était selon lui sa plus grande qualité. Après un moment de réflexion, celui-ci opta pour la franchise. « Je tâcherai de vérifier ça à l'avenir » lui adressa alors Tweedy, accompagnant ses paroles d'un clin d'œil. A lui de poser une question. Une question assez particulière pour le coup, et qui ne manqua pas de faire rire la jeune femme. « Ça, c'est de la question. Donc, la couleur de ma brosse à dents, hm ... bleue ! » Eh oui, son actuelle brosse à dents était bleue. C'était d'un commun, n'est-ce pas ? « A moi. L'âge auquel tu as connu ton premier baiser ? » Allez, pourquoi pas continuer dans le genre des questions spéciales. C'était plus amusant que les questions excessivement banales, non ?