Teresa

LUNDI 03 DÉCEMBRE - 13H12
MAIRIE, PREMIER ÉTAGE - SALLE INFORMATIQUE

C'était un jour sans. Levé du pied gauche parce qu'ayant peu dormi, descendu dans la cuisine et ayant trouvé la cafetière quasiment vide, problèmes de chemise - samedi boutonné avec le dimanche - et chute évitée de justesse dans la chambre... Mouais, j'étais pas tellement en veine et techniquement, la logique voulait que ça ne s'arrange pas et, même, que ça empire. D'ailleurs, en me rendant en début d'après-midi dans la salle informatique, la stupeur me gagna lorsque je vis assise devant l'un des ordinateurs Teresa. J'ignorais ce que la jeune femme y faisait, si elle revenait sur le blog délaissé quelques semaines plus tôt suite à son départ... En tout cas je ne pouvais même pas éviter la confrontation et ressortir sur la pointe des pieds puisque la porte vint se claquer derrière moi. Super, pour la discrétion, je pouvais donc repasser. J'avais irrémédiablement attiré l'attention de Teresa et donc, je n'avais d'autre choix que d'aller vers elle. L'occasion m'était donnée de mettre les choses au clair, alors autant en profiter. D'un pas lent et timide, je m'approchai d'elle, hésitant tout d'abord puis de plus en plus déterminé à voir ma lanterne éclairée. « Tu ne me portes clairement pas dans ton cœur, et je ne prétends pas savoir pourquoi... » Et pourquoi, d'ailleurs, hein ? Pourquoi tant de haine ? Pourquoi s'en prendre à moi comme elle l'avait fait dimanche soir tandis que je n'avais pas l'impression d'avoir mal agi avec elle... C'était même la toute première fois que je lui parlais, alors l'incompréhension dans laquelle j'étais présentement plongé devait être parfaitement concevable, non ? Effectuant quelques pas de plus, je vins m'adosser contre le mur juste à côté de son bureau. Et ne décrochant pas un instant le regard, je repris. « Et justement j'aimerais savoir, Teresa... Qu'est ce que je t'ai fait ? Mon histoire avec Nicole te déplait c'est ça ? Tu comptes t'imposer entre elle et moi ? Et tu crois que je te laisserai faire sans doute ? Tu... » Et je me stoppai là. J'avais posées pas mal de questions à la jeune femme et le mieux était peut-être de lui laisser le temps d'y répondre, hm. D'ailleurs j'attendais d'elle qu'elle se montre brève, et efficace. Enfin, il ne tenait qu'à elle de s'étendre sur les raisons qui la poussaient aujourd'hui à s'acharner sur moi, néanmoins j'espérais qu'elle ne hausserait pas le ton ni ne me prendrait de haut car aujourd'hui, je n'étais pas d'humeur à supporter tout cela. J'en avais pas mal bavé ces dernières semaines et je ne désirais plus souffrir à nouveau. Car qu'on se le dise, bien que mon but n'était aucunement de me faire apprécier par tous ici, la haine que me vouait injustement Teresa me faisait beaucoup de peine. Moi qui étais si impatient de la rencontrer, d'apprendre à la connaitre après m'être rendu compte combien son absence avait attristée Nicole... Je m'étais fait de belles illusions visiblement. Et maintenant je voulais comprendre, y voir plus clair quitte à ce que cela fasse plus mal encore. J'étais prêt à recevoir d'autres coups de massue.

Teresa avait un mal de tête affreux. Après avoir passé toute la nuit à pleurer le peu d’eau qui lui restait dans le corps, elle s’était réveillée la tête dans le cul et de très très TRES mauvaise humeur. Ses affaires avec Nicole n’étaient pas au beau fixe et le fait de devoir voir la gueule à Malik tous les jours lui foutait légèrement les boules. Plutôt dégoutée d’avoir fait toute cette route pour apprendre toutes ces mauvaises nouvelles, Teresa s’était renseignée via la prod’, histoire de savoir si elle pouvait réserver des billets d’avion direction Busan le plus tôt possible.
Plutôt que de rester avec sa cousine et faire semblant de sourire, Teresa décida de bouger un peu et d’aller coller ses deux yeux refaits devant un écran d’ordinateur, là où personne n’irait la faire chier. Malheureusement pour elle, pas d’internet, juste les blogs des candidats à aller visiter. Génial, non seulement elle devait voir leur gueule en se levant, mais en plus elle allait devoir se les farcir là aussi. GENIAL. Oui, elle est loin la Teresa joviale d’il y a deux mois. C’est un point comment qu’elle partageait avec Nicole, le changement constant d’humeur. Sauf que dans le cas de Teresa, c’était genre extrême.
Heureusement - ou pas - pour elle, Malik fit son entrée dans la salle ce qui laissa Teresa les yeux grand écarquillés. Apparemment, il voulait des explications par rapport à hier soir. Au fond d’elle, la blondinette savait qu’elle avait tord dans l’histoire mais jamais elle ne l’avouerai.

Terezyzy soupira longuement. Elle voulait être brève mais elle savait que ça n’allait pas être le cas. Elle avait tellement de haine à déverser qu’il fallait qu’elle le fasse maintenant.
« Ecoutes, « Malik », je ne t’aime pas. C’est aussi simple que ça. » Elle le toisa du regard, juste avant de reposer ses yeux sur l’écran d’ordinateur. Elle poursuivit, sur le même ton, qui se voulait neutre. « Avant toute chose, faut que tu saches que Nicole ne parle plus du tout à sa famille. Oh mais tu dois le savoir, c’est ta nouvelle chérie lovelovelove kisskiss. » Elle continuait à pianoter sur l’ordinateur en face d’elle, tout en accordant son attention à Malik. « Après mon élimination je suis retournée à Busan, notre ville natale, et j’ai revu sa famille. Ils ont besoin d’elle, et, même si elle le nie, elle a aussi besoin d’eux.»

Teresa fit tourner sa chaise dos à Malik, histoire de ne pas être prise de remord en voyant le regard de chien battu de Malik alors qu’elle allait être «méchante». Hihi.

« Le soucis chéri c’est que t’es pas Coréen et jamais, Ô grand jamais les Park accepteront quelqu’un comme toi, aussi triste que ce soit. » Elle fit mine de réfléchir et reprit; « JE n’accepterai pas quelqu’un comme toi. Tu symbolises cette barrière qui sépare Nicole de toute sa famille, moi y compris. Je sais que tu es gentil et attentionné, mais parfois la vie est injuste.»

La belle se retourna, dévoilant des yeux humides, comme à chaque fois qu’elle parle de sa famille.

« Mais le plus triste là dedans, c’eeeest... Que Nicole ne me choisira pas, ni moi, ni sa mère. Juste pour faire genre.»

Nicole était une personne à part. Elle n’aimait pas se plier aux règles même lorsqu’il le fallait pour le bien de tout monde. A la fin de l’expérience, Teresa savait pertinemment qui sa cousine allait choisir, juste pour faire chier son monde. Et, à ce moment précis, blondie se doutait qu’elle perdrait tout contact avec Nicky.

Maintenant que j'avais pénétré dans l'enceinte de cette salle informatique, je ne pouvais plus faire marche arrière et en sortir comme si mon entrée était passée inaperçue. Et elle ne l'était pas, non, pas après le boucan que je venais de faire. Teresa, dont je remarquai d'emblée la présence devant un poste d'ordinateur, sembla d'abord surprise de me voir entrer et surtout, m'approcher d'elle pour lui demander des explications au sujet du prime de la veille, durant lequel je n'avais cessé d'entendre toutes sortes d'horreurs me concernant. J'estimais, malgré les erreurs que j'avais faites dans ce nid, ne pas mériter tant d'acharnement sur ma personne. Je ne connaissais pas Teresa, nous nous entretenions elle et moi pour la première fois aujourd'hui. J'avais besoin de comprendre ce qu'exactement elle me reprochait. « Ecoutes, « Malik », je ne t’aime pas. C’est aussi simple que ça. » Si toute la haine qu'elle semblait me vouer reposait au final sur le fait qu'elle ne parvenait pas à m'apprécier, il était certain que cet argument-là ne me suffirait pas. Accusant le coup, hochant la tête comme si je comprenais le fait que sans même me connaitre, Teresa pouvait en venir à me mépriser, je préférais la laisser poursuivre. « Avant toute chose, faut que tu saches que Nicole ne parle plus du tout à sa famille. Oh mais tu dois le savoir, c’est ta nouvelle chérie lovelovelove kisskiss. » C'était, en fait, une chose que j'ignorais. Je n'avais pas le souvenir que Nicole se soit étendue sur sa famille, on avait même plus parlé de la mienne que de la sienne. « Je n'avais pas compris ça. » Non je ne savais pas Nicole en froid avec ses proches, ou alors elle me l'avait confié mais là, subitement, j'étais victime d'un sacré trou de mémoire. « Après mon élimination je suis retournée à Busan, notre ville natale, et j’ai revu sa famille. Ils ont besoin d’elle, et, même si elle le nie, elle a aussi besoin d’eux. » Je n'en doutais pas un seul instant, encore moins maintenant que j'avais pris connaissance du fait que Nicole avait coupé tout contact avec les siens. Ce qui m'attristait d'ailleurs. J'étais très porté sur la famille, c'était peut-être aussi pour ça. Sa famille avait besoin d'elle et, de mon côté, je n'envisageais pas d'empêcher Nicole de la revoir un jour. Bien au contraire, j'étais très attaché aux valeurs familiales alors tout ce que je risquais de faire, au final, c'était de la pousser à renouer le contact. Rien de plus. Me tournant définitivement le dos, Teresa reprit. « Le soucis chéri c’est que t’es pas Coréen et jamais, Ô grand jamais les Park accepteront quelqu’un comme toi, aussi triste que ce soit. » C'était donc ça, leur mentalité ? Je n'en revenais pas. C'était immoral, dénué de tout sens, et parfaitement discriminatoire aussi. « JE n’accepterai pas quelqu’un comme toi. Tu symbolises cette barrière qui sépare Nicole de toute sa famille, moi y compris. Je sais que tu es gentil et attentionné, mais parfois la vie est injuste. » Non, rectification, là c'est Teresa qui était parfaitement injuste dans ses propos. Elle n'avait très certainement pas conscience du mal qu'elle me faisait sur le moment. Et cela ne servait à rien qui plus est que je le lui expose puisque de toute façon, elle n'en avait rien à faire. « Tu te rends compte de ce que tu avances là ? Sous prétexte que je ne suis pas coréen, je dois faire une croix sur Nicole ? Tu penses que je vais m'incliner devant vos principes, alors que je ne les comprends ni ne les accepte ? » Est-ce que ma famille me contraignait, moi, à ramener à la maison des égyptiennes, uniquement ? Bien sûr que non. Alors, d'où est ce que ça sortait, ça ? « Je n'ai pas dans l'idée de vous séparer toutes les deux. Ni de séparer Nicole de sa famille. Seulement j'en ai assez de devoir constamment être celui qui cède, ASSEZ tu comprends ? Je ne m'écarterai pas, hein, c'est clairement pas ce que j'envisage de faire pour l'heure. Il va falloir trouver un autre terrain d'entente car vous ne vous débarrasserez pas de moi comme d'une vermine qu'il suffirait d'écraser. » Qu'on se le dise, j'avais la foi, la volonté de tenir tête à Teresa. Je ne comptais pas la laisser me prendre, me dérober, m'enlever Nicole. Aucun homme amoureux ne pouvait laisser une telle chose se faire sans réagir, sans se battre. Et ça n'étaient pas les prunelles larmoyantes de Teresa qui y changeraient quelque chose. Je n'avais même plus envie d'être indulgent. « Mais le plus triste là dedans, c’eeeest... Que Nicole ne me choisira pas, ni moi, ni sa mère. Juste pour faire genre. » Pour faire genre... Ah bah c'était tout à fait le style de Nicole ça. Depuis le temps, je m'étais accommodé de son côté rebelle et n'en faisant qu'à sa tête. Néanmoins là, c'était sérieux, on ne rigolait plus. Il était question de l'avenir de ma relation avec Nicole, qui risquait d'être fortement compromise par la persévérance de sa cousine. Mais de la persévérance, j'en avais aussi à revendre. « Il faut vraiment qu'elle fasse un choix, c'est nécessaire à tes, à vos yeux ? Pour toi je dois prendre la porte, elle doit m'oublier ? Vous refusez, tous, de me laisser la moindre chance ? Je ne me ferai pas encombrant, envahissant, je vous laisserai vivre ce que vous avez à vivre toutes les deux... J'suis pas chiant comme type. » Je n'allais pas supplier à genoux non plus Teresa de me laisser Nicole. Je refusais de perdre le peu de dignité me restant devant une demoiselle n'ayant eu aucun scrupule à me ridiculiser de la pire des façons sur le plateau dimanche, devant des milliers de téléspectateurs et, donc, devant ma mère. Je n'allais pas me réduire à ça, il n'était pas question qu'une fois encore mon honneur soit sali.

Teresa adorait jouer avec les nerfs de Malik. Il montait tellement facilement sur ses grands chevaux lorsqu’elle parlait de Nicole que c’en était risible. Quand est-ce-qu’il allait comprendre que Nicole appartenait exclusivement à Teresa et à personne. Et en plus, de quel droit osait-il s’imposer dans sa vie - et celle de sa cousine en même temps. Il était temps que Malik subisse un reality check ASAP.

« Oui je m’en rends compte, oui merci. » Elle le gratifia d’un large sourire hypocrite, avant de reprendre sur le même ton; « Malik, ça parait inconcevable maintenant, je l’admets, mais en toute honnêteté tu t’en rendras vite compte lorsque tu seras dehors que t’es juste... Comment dire... UNE PIECE RAPPORTEE voilà! Tu crois honnêtement qu’elle t’aurais ne serait-ce que toucher si j’avais été là? N’y comptes pas mec, elle avait juste besoin de transférer son affection sur quelqu’un et je suppose que tu dois être bien monté, parce que sinon j’ne vois pas quel intérêt physique elle te trouve.» Elle ne put s’empêcher de pouffer de rire, tellement elle était méchante. D’ordinaire, Teresa était la gentille des deux cousines Park, pourtant, petit à petit elle devenait la queen bitch du duo. D’ailleurs ça commençait à la souler de voir Nicole se transformer en marshmallow tout mou. Il était temps qu’elle reprenne du poil de la bête et une chose était sûre, ça n’allait pas être Malik qui comptait l’y aider.

«Ouuuuuuh, aller, j'arrête d’être méchante parce que sinon j’vais vraiment te blesser et ce n’est pas mon but. » Blague. Teresa voulait pousser Malik à bout, histoire qu’il comprenne une bonne fois pour toute que Nicole ne lui appartenait pas. Elle n’était ni sa copine, ni même son plan cul. Pour Teresa, Nicole se servait de Malik tel un sex-toy parce que honnêtement, Blondie n’arrivait pas à concevoir que sa cousine ressente une quelconque attirance pour lui. D’ailleurs, elle ne s’était pas cachée pour lui dire. Où va le monde, je vous le demande. « Malik, je suis désolée d’être une garce envers toi, mais tu ne m’en laisses pas le choix malheureusement. Tu fais ressortir mon côté conasse, félicitations ! » La belle éclata de rire, comme pour détendre l’ambiance qui était extrêmement tendue. Mais l’effet escomptée ne se produit pas, bien au contraire, puisque Malik se lança dans une déclaration digne d’un chevalier, ce que eut le don d’énerver grandement Terezyzy.

« Oh my goooooooooood, SHUT UP ! C’est bon j’ai compris, tu partiras pas, tu resteras au bras de Nicole pour lui préparer des cupcakes arc en ciel, j’ai COMPRIS !» Elle leva les yeux aux ciels, avant de reprendre ; « Arrêtes de t’accrocher ça sert à rien. Que tu le veuilles ou non je serais toujours là. Quand tu te lèveras le matin, je serais au pied du lit, quand vous baiserez j’filmerai tout et quand vous voudrez faire une soirée en amoureux j’taperai l’incruste au milieu en train de manger du pop-corn. Tu ne te débarrasseras jamais de moi Malik, parce que je veux que Nicole retourne auprès de sa famille.»

Elle ne put s’empêcher d’afficher un large sourire, avant de reprendre sur un sujet plus sérieux.

« Je connais ses parents, ils la renieront. Et crois-moi, ça n’a rien à voir avec le fait qu’il ne l’aime pas, parce qu’ils AIMENT Nicole comme elle n’a jamais été aimé. »

Miss Park adorait mettre l’accent sur certains mots qu’elle jugeait important. Ainsi, pour mieux faire passer un message, elle n’hésitera pas à mettre un point d’honneur à crier.

« Ce qui m’étonne vraiment Malik, c’est queeeee... Hmm... Tu prétends vouloir rendre Nicole heureuse, mais tu t’accroches, quitte à lui faire couper les ponts avec toute sa famille et ses amis... Je ne juge pas heiiiin, tu commences à me connaître, mais ça me semble légèrement égoïste de vouloir t’imposer dans une vie qui... Qui... N’a pas réellement besoin de toi. »

Teresa n’avait pas l’impression d’être conasse sur ce coup là, non, juste honnête. Malik n’avait pas l’air de comprendre réellement la situation et ce qui l’attendait à la sortie. Alors que Teresa avait pris un certain recul par rapport à la situation depuis qu’elle était sortie, Malik vivait toujours dans cette bulle rose au goût de chewing gum. De ce point de vue là, Teresa ne pouvait pas le blâmer, celle à qui elle allait en vouloir si elle ne faisait pas quelque chose c’était sa cousine Nicole, car le problème tournait autour d’elle.

« D’un côté, je ne peux pas te blâmer de vouloir faire parti de sa vie, mais d’un autre, tu devrais comprendre. De ce que j’ai vu tu n’as pas l’air de quelqu’un de bête, loin de là, alors pourquoi continuer Malik? Tu n’es pas prêt à endurer ce qui t’attend et crois-moi, tu ne voudras pas faire subir à Nicole ce qui l’attend réellement à la sortie du jeux. »

Je sentais poindre le dialogue de sourds. D'ailleurs, Teresa avait décidé de me mépriser avant même d'apprendre la moindre chose me concernant, comme par exemple le pays duquel je venais. Et qui n'était clairement pas le Pakistan. En fait, tout ce qu'elle pensait savoir de moi reposait sur ce qui lui était donné de voir : à ses yeux je n'avais rien pour moi, mon physique était ingrat et très certainement considérait-elle également que j'étais le plus transparent de tous les types qu'elle avait rencontrés. De mon côté j'aurais aimé apprendre à la connaitre, pas forcément m'en faire une amie hein, juste qu'on fasse un peu connaissance tous les deux. Nicole n'avait parlé de sa cousine que de façon élogieuse ces dernières semaines, je ne pensais vraiment pas tomber sur une telle teigne. Je n'étais pas seulement déçu, j'aurais carrément voulu me munir d'une gomme magique et effacer cette rencontre. Cette Teresa était une vipère, voilà comment je la voyais maintenant. J'avais souhaité lui laisser une petite chance aujourd'hui, en venant de moi-même lui parler. Néanmoins elle ne faisait que confirmer les soupçons que j'avais la concernant : nous ne venions clairement pas du même milieu ET moi j'avais reçu une éducation, ce qui ne devait pas être son cas au vu des propos qu'elle tenait, des mots qu'elle balançait et surtout de son attitude. J'en étais révulsé. « Oui je m’en rends compte, oui merci. » Je ne connaissais que trop bien le sourire auquel j'eus alors droit. Hm, à vrai dire on m'en avait gratifié d'une dizaine au cours de ma vie, tous plus hypocrites les uns que les autres. Je savais les déceler, faire la différence entre un sourire franc et sincère, et un sourire ne l'étant aucunement. Mais je n'en attendais pas moins venant de Teresa. Ce qui me fit grincer des dents, et serrer les poings. J'admirais ma zénitude. « Malik, ça parait inconcevable maintenant, je l’admets, mais en toute honnêteté tu t’en rendras vite compte lorsque tu seras dehors que t’es juste... Comment dire... UNE PIECE RAPPORTEE voilà! Tu crois honnêtement qu’elle t’aurais ne serait-ce que toucher si j’avais été là? N’y comptes pas mec, elle avait juste besoin de transférer son affection sur quelqu’un et je suppose que tu dois être bien monté, parce que sinon j’ne vois pas quel intérêt physique elle te trouve. » Ah mais qu'on se le dise, je ne risquais pas de lui donner l'occasion de vérifier si j'étais, comme elle le supposait, "bien monté". Parce que déjà, je ne l'étais pas. Ensuite, je préférais éviter toute initiative pouvant conduire Teresa à me vomir dessus. Un tomber de chemise et hop, je pouvais en avoir partout. Puis bon, n'étant pas du genre exhibitionniste, on ne risquait pas de me voir improviser dans cette salle informatique un strip-tease ou que sais-je encore. « Dis-moi Teresa, je suis curieux... tu étais où la semaine dernière quand Nicole pleurait ton absence ? Pour une fille souhaitant à tout prix que sa cousine délaisse son gros "looser" de "Pakistanais", je trouve que tu débarques un peu tardivement. » Sans offense hein, je ne faisais que lui livrer le réel fond de ma pensée. Quant à Nicole, j’exagérais un peu, elle n'avait pas réellement pleuré Teresa. Enfin, pas devant moi... Et j'espérais qu'elle n'avait pas versé de larmes hors-caméra car à mon sens sa cousine n'en valait pas la peine. Je n'avais jamais rencontré de demoiselle plus mesquine, vilaine, odieuse et haineuse que cette Teresa. Et pourtant j'en avais rencontrées des personnes infectes dans ma vie... Celle-ci atteignait néanmoins des sommets. « Ouuuuuuh, aller, j'arrête d’être méchante parce que sinon j’vais vraiment te blesser et ce n’est pas mon but. » Wow, qu'est ce que ça aurait été alors si ça avait été son but. Mais je n'étais pas stupide, je percevais parfaitement l'ironie dans ses propos. Et si elle savait, alala... elle m'avait fait énormément de mal en me traitant comme un moins que rien. Le pire étant qu'aujourd'hui, elle le faisait sans aucun scrupule devant les caméras postées aux quatre coins de la pièce. Me dire que ma mère allait assister à cette scène me faisait encore plus mal. Voir son fils passé en ridicule, insulté et descendu comme c'était le cas allait lui être insupportable. Et pour ça j'en voulais terriblement à Teresa, terriblement. Plus encore que de vouloir m'arracher Nicole. « Malik, je suis désolée d’être une garce envers toi, mais tu ne m’en laisses pas le choix malheureusement. Tu fais ressortir mon côté conasse, félicitations ! » Woow, un peu plus et on avait droit aux cotillons, c'est ça ? Bah j'étais ravi de l'aider à extérioriser la connasse qui sommeillait en elle hein, vraiment c'était une joie de l'y aider. « Teresa, je crois que tu as de la chance. Si tu t'étais employée à parler de la sorte à N'IMPORTE quel autre gars ici, je t'informe que tu n'aurais plus ni bras, ni jambes. Hm, façon de parler mais tu saisis l'image je présume. Bref, je suis quelqu'un de profondément calme, je suis incapable de m'énerver enfin... je l'étais y'a encore pas si longtemps. Donc oui tu as de la chance. Tu peux t'estimer heureuse que Nicole ne se soit pas entichée d'un grand mec balèze d'un mètre quatre-vingt cinq. » J'aurais aimé être doté de la carrure imposante d'Arès, rien que pour l'intimider quelque peu. Seulement Teresa était aussi grande que moi,... en fait c'est moi qui étais petit. J'étais pas impressionnant physiquement et j'en avais bien conscience. Seulement, si j'avais été quelqu'un de parfaitement impulsif et surtout si j'avais eu le sang chaud, je pense que ma patience aurait atteint ses limites depuis un moment. Mais non, regardez-moi, je demeurais calme. Je ne faisais que serrer les poings, le ton de ma voix ne montait pas. Teresa pouvait dans un sens remercier mon incroyable self-control. Néanmoins je préférais tout de même l'avertir d'un petit détail qui avait toute son importance présentement : je n'allais pas m'écarter juste pour lui faire plaisir, et ainsi aller dans le sens de principes aussi absurdes qu'incompréhensibles. « Oh my goooooooooood, SHUT UP ! C’est bon j’ai compris, tu partiras pas, tu resteras au bras de Nicole pour lui préparer des cupcakes arc en ciel, j’ai COMPRIS ! » Hum, la cuisine n'étant pas mon fort, j'allais plutôt me contenter de lui apporter tous les jours le petit-déjeuner au lit. Ce qu'il m'arrivait d'ailleurs de faire ici, lorsque par exemple j'étais tiré du sommeil avant Nicole. « Arrêtes de t’accrocher ça sert à rien. Que tu le veuilles ou non je serais toujours là. Quand tu te lèveras le matin, je serais au pied du lit, quand vous baiserez j’filmerai tout et quand vous voudrez faire une soirée en amoureux j’taperai l’incruste au milieu en train de manger du pop-corn. Tu ne te débarrasseras jamais de moi Malik, parce que je veux que Nicole retourne auprès de sa famille. » Vraiment, je voulais bien voir ça ! Et elle pensait sans doute me faire peur, qu'en déballant tout ça j'allais prendre mes jambes à mon coup et fuir à toute vitesse ? Il en fallait bien plus pour me dissuader de continuer à me battre pour l'amour que j'avais pour ma partenaire. Un amour que Teresa n'était pas prête de briser - comme si j'allais la laisser entreprendre une telle chose. « Mais c'est super ça ! Et peut-être qu'après, heuu, on pourra t'adopter aussi ! » Oh oui, excellente idée !! Pfff, et puis quoi encore. « Nicole pourra retourner auprès de sa famille, j'ai dit que je ne l'en empêcherai pas et je tiendrai parole. » Néanmoins on allait avoir comme un problème car à entendre Teresa, les proches de Nicole n'étaient pas grandement friands des égyptiens aux yeux bleus. De types comme moi quoi. Aoutch, dommage. Pour eux. « Je connais ses parents, ils la renieront. Et crois-moi, ça n’a rien à voir avec le fait qu’il ne l’aime pas, parce qu’ils AIMENT Nicole comme elle n’a jamais été aimé. » Et donc techniquement, ce que je ressentais moi pour Nicole c'était du pipi de chat. Okay, j'avais saisi. Ses parents l'aimaient, comme une fille se devait d'être aimée par ses parents. « Ce qui m’étonne vraiment Malik, c’est queeeee... Hmm... Tu prétends vouloir rendre Nicole heureuse, mais tu t’accroches, quitte à lui faire couper les ponts avec toute sa famille et ses amis... Je ne juge pas heiiiin, tu commences à me connaître, mais ça me semble légèrement égoïste de vouloir t’imposer dans une vie qui... Qui... N’a pas réellement besoin de toi. » Donc maintenant je n'étais qu'un petit égoïste. Ce qui faisait, vous vous en doutez, grandement plaisir à entendre. Teresa n'avait, de toute évidence rien écouté de ce que je lui avais dit un peu plus tôt. J'avais juste l'impression de parler à un mur là, et c'était fortement déplaisant. J'usais de la salive pour rien. « Mince alors, je dois parler arabe... Donc au risque de me répéter, je n'ai pas l'intention de séparer Nicole de ses proches et amis. Le but n'est pas de m'imposer. J'estime juste que vous n'avez pas à lui dicter de laisser tomber telle ou telle personne selon tel ou tel principe. Je ne vous plais pas, ça y est, j'ai pigé. Seulement je tiens trop à Nicole pour la laisser m'échapper. Et que ça vous plaise ou non, je l'aime. » Sincèrement. Et aux dernières nouvelles, Nicole m'aimait aussi. Enfin ça, c'était avant le grand retour de sa cousine... Allez savoir ce qui avait changé depuis hier soir... « D’un côté, je ne peux pas te blâmer de vouloir faire parti de sa vie, mais d’un autre, tu devrais comprendre. De ce que j’ai vu tu n’as pas l’air de quelqu’un de bête, loin de là, alors pourquoi continuer Malik? Tu n’es pas prêt à endurer ce qui t’attend et crois-moi, tu ne voudras pas faire subir à Nicole ce qui l’attend réellement à la sortie du jeux. » Quoi que je puisse dire, quoi que je puisse répondre, Teresa semblait décidée à me rayer de la vie de sa cousine. Mais moi, je ne pouvais concevoir une telle chose. Après avoir passé onze semaines à ses côtés, me retirer Nicole tout à fait brusquement était la pire chose qui pouvait m'arriver. Et sans elle, le retour à la réalité serait encore plus éprouvant. Je ne voulais pas l'amener à subir ce à quoi Teresa faisait référence... Mais abandonner, non, j'en étais incapable. Mes sentiments pour Nicole étaient bien trop forts pour que je renonce à elle du jour au lendemain. « Tu n'as jamais été amoureuse Teresa ? Tu sais ce que ça fait d'être profondément amoureux d'une personne et que quelqu'un vienne te voir en te disant d'y renoncer, subitement, tandis que de ton côté tu t'y es beaucoup attaché, que tu l'as dans la peau ? Tu sais le mal que ça peut faire d'entendre ça ? Je suis désolé mais je ne renoncerai pas à Nicole. J'en suis incapable. Ce sera à elle de renoncer à moi. » Au fond, je devais être accro. Tellement accro que vivre sans Nicole dans les prochaines semaines était juste inenvisageable. Et bien sûr, j'osais espérer que Nicole ne renoncerait pas à moi parce que d'un coup sa cousine débarquait. Mais je pensais peut-être de façon utopiste en fait. Ouais je débordais sans doute d'optimisme sur le moment.

Tout ce disait Malik rentrait par une oreille et sortait de suite par l’autre. Malik avait un don très rare, celui d’endormir n’importe quelle personne par ses paroles teeeellement chiantes et redondantes. Teresa espérait qu’il allait bientôt la boucler, sinon elle allait devoir lui faire une prise de kung fu pour l’étaler par terre et lui faire fermer sa grosse bouche manquant de collagène. Sérieusement, ce mec était une blague du bout de ses tiffs frisées dégueulasses à ses mocassins empruntés à son grand père qui a dû faire la guerre de 40. Il était le cliché du loser de série américaine qui, par un miracle, finit par sortir avec la bombasse du lycée. Et bien, Malik doit savoir une chose, ici la narratrice c’était Teresa et la belle blonde avait décidé qu’il finirait l’aventure sur l’autauroute alors que Nicole et sa cousine chérie gambaderait jusqu’en Corée chaussées de Ugg à paillettes. Oh quelle douce fin et probablement la bonne. Sérieusement, si nicole privilégiait un garçon qu’elle connait à peine à sa place, Teresa serait très très très très en colère. C’était carrément inimaginable et risible qu’elle se soit réellement entichée d’un garçon comme ça. Non pas que Malik soit le pire gars qui existe mais presque. Il ne semblait pas avoir de personnalité, il manquait ce petit truc qui rendait les filles généralement dingues. Il était juste fade et sans réel intérêt. Si il avait tenu tête à Teresa quand elle l’avait insulté de tous les noms, peut être que la belle aurait eu un peu plus de respect pour lui. Car oui, ce qu’elle attendait c’était de la confrontation et Malik lui resservait les mêmes arguments encore et encore, à croire que tout ce qu’il savait dire c’est « je ne m’écarterai pas». Chéri bien sûr que si tu vas t’écarter.
Bref, Teresa soupira d’ennuie tandis qu’elle enroulait ses ongles manucurés dans ses longs cheveux décolorés. Mais une phrase arriva tout de même à capter son attention :« Dis-moi Teresa, je suis curieux... tu étais où la semaine dernière quand Nicole pleurait ton absence ? Pour une fille souhaitant à tout prix que sa cousine délaisse son gros "looser" de "Pakistanais", je trouve que tu débarques un peu tardivement. » Est ce que c’était une putain de blague? De quel droit cette face de macaque se permettait de remettre en question l’amour et la dévotion que blondie avait pour sa tendre cousine. Il ferait mieux de s’écarter de deux pas because anybody can get slap.

« Ecoutes chéri, jamaiiiiis dans ta vie tu dois te permettre de remettre en question notre amour, tu m’entends. Parce que si tu continues avec tes paroles irrespectueuses et que je peux t’atteindre avec ma main gauche, n’importe qui peut se faire frapper, c’est compris? » Elle le défia du regard, juste pour voir si il allait osé la provoquer. Dans un ton un peu plus ironique, elle poursuivit :

« D’ailleurs, je te trouve mal placé pour parler d’amour etc alors que tu as carrément lâché Nicole pour une autre grognasse ici. Enfiiiin, j’dis ça j’dis rien chéri hihi. »

Teresa était en constante provocation envers Malik. Ce dernier se laissait tellement faire que c’en était, à la fin, lassant. Il était mou et sans véritable intérêt alors pourquoi Nicole s’intéressait-elle à lui? Elle qui avait toujours ce charisme, cette lueur et cette joie de vivre à chaque fois qu’elle prononçait ne serait-ce qu’un petit mot. Maintenant, Terezy ne la reconnaissait plus, elle était presque devenue fade. C’était peut être exagéré mais même son regard paraissait vitreux, comme si elle portait des circle lenses. Elle avait presque perdu son éclat, et il ne fallait pas chercher la cause bien longtemps, il s’agissait à coup sûr de Mister Malik, loser en chef désigné pour transformer toutes les filles qu’il croise en nerd. Pourtant il allait avoir du boulot, car Nicole, elle, n’allait pas se laissait avoir aussi facilement, du moins Teresa l’espérait.
Alors que Miss Blondie finissait de jubilait à propos des méchancetés qu’elle lui avait balancé à la figure, voilà que monsieur lui faisait des menaces, subtilement. « Teresa, je crois que tu as de la chance. Si tu t'étais employée à parler de la sorte à N'IMPORTE quel autre gars ici, je t'informe que tu n'aurais plus ni bras, ni jambes. Hm, façon de parler mais tu saisis l'image je présume. Bref, je suis quelqu'un de profondément calme, je suis incapable de m'énerver enfin... je l'étais y'a encore pas si longtemps. Donc oui tu as de la chance. Tu peux t'estimer heureuse que Nicole ne se soit pas entichée d'un grand mec balèze d'un mètre quatre-vingt cinq. » Pardooooooon? Teresa n’allait pas laisser passer ça et puis quoi encore. La belle s’approcha de Malik, colla son visage à deux centimètres du sien et claqua dans les doigts comme à chaque fois qu’elle allait se battre avec quelqu’un.

« TOUCHES MOI. T’en meurs d’envie alors TOUCHES MOI. Tu feras rien, parce que t’es juste un incapable. » Elle lui rit au visage et là, vous n’avez pas encore tout vu, l’humiliation ne faisait que commencer. « Tu veux lancer tes grandes phrases parce que tu penses que t’as toute ta troupe derrière toi pour te soutenir mais laisses moi te dire une chose chéri, dehors t’es la risée du public.» Enorme mytho’, mais Teresa s’en foutait complétement. « Tu sais pourquoi t’es sauvé à chaque fois, c’est parce que les gens veulent te voir te faire humiliiiier encore et encore et encoooore. J’les comprend.»

La belle riait aux éclats, ne se rendant même pas compte de la portée de ses paroles. Il ne fallait pas en vouloir à la jeune femme, pour elle ce n’était qu’un jeu. Ce genre de paroles ne pouvaient pas l’atteindre à elle, donc forcément elle pensait que c’était le cas de tout le monde.Et puis merde, malik n’avait pas à la provoquer de cette façon. S’il pensait que la belle blonde allait se taire, il se mettait le doigts dans l’oeil, parce que là elle ne faisait que commencer.

« Tu sais c’est quoi ton vrai soucis Malik? T’es un gamin. Perso’, j’avoue en être une, mais ça reste un jeu. Toi t’as réellement la mentalité d’un petit garçon de sixième qui vient de se faire smacker pour la première fois. Ca pourrait être mignon, mais dans ton cas c’est carrément pathétique. Tu veux jouer les donneurs de leçons avec tes grandes phrases d’amour et blablabla, mais en fait tu n’y connais absolument rien. Tu me fais clairement pitié à t’accrocher comme ça, et crois moi, j’hésiterai pas à te pulvériser comme je le ferai avec une mouche collée sur mes YSL, BITCH. » Elle finit sa phrase par une grosse moue, digne de la pire poufiasse pouvant exister.

Mais alors que Teresa commençait à un peu se calmer, voilà que Malik se remit à jouer les moralisateurs avec ses beaux discours. Putain, c’est bon, elle avait pigé pas besoin de lui répéter dix mille fois. Tu ne partiras pas, tu l’aimes, tu veux lui faire des enfants et lui donner les vêtements de ta mère la pakistanaise, et... Quoi d’autre? Ce mec n’avait absolument aucune répartie, ça en devenait franchement lassant et Teresa allait devoir passer à la vitesse supérieur pour que cet idiot décide ENFIN de faire quelque chose et peut être qu’à ce moment là elle pourrait voir en lui un vrai mâle et pas juste un eunuque qui s’est fait couper la queue à la naissance.

« Tu l’aimes pas abruti, tu penses que tu l’aimes mais tu transfère juste l’amour pour ta mère sur Nicoooole ! D’ailleurs, que dieu aide cette pauvre femme parce que ça doit être dur de vivre avec un mou du genoux comme toi.» Elle leva les yeux au ciel avant de reprendre et d’enfoncer le couteau, une bonne fois pour toute; « D’ailleurs, elle doit être teeeellement fière de toi à ce moment précis. Oh et tant que j’y pense : COUCOU LA MAMAN DE MALIIIIK C’EST TERESA LA COUSINE DE LA FILLE QUI NE SERA JAMAIS VOTRE BELLE FILLE HIHIHI. » Elle explosa de rire, à s’en tordre l’estomac, c’était tellement drôle de voir la tête de mister Malik à ce moment précis.

Non pas que la blondinette était fière d’elle, non, mais toute la rage qu’elle avait contre Malik était enfin évacuée. Elle l’avait réduit en petit morceaux et ne s’en plaignait pas. A l’avenir, il devait comprendre qu’il fallait choisir ses ennemis stratégiquement et pas se ruer sur la première pétasse en mini short, sous prétexte que celle-ci mesure dix centimètres de moins que lui. Alors que celui-ci se disait humilier avant, voyons ce qu’il pensait maintenant.
Mais alors qu’elle croyait en avoir complètement fini avec lui, qu’elle allait pouvoir prendre ses chaussures et se tallait, voilà que Monsieur voulait jouer les psychologue. Hmmm, NO WAY.

« Nan mec essaie même pas. Ta psychanalyse de Disney tu la gardes pour ta mère et tes soeurs, j’en veux pas. Tu m’as provoqué, poussé à bout, maintenant tu en paies les conséquences. Et ne t’inquiètes pas, je ferais tout pour que Nicole renonce à toi. Elle mérite mieux que toi et crois moi, sa mère et la mienne en MOURRAIT si elle finissait avec un gars de ton envergure.»

Je me faisais marcher sur les pieds, je m'en rendais compte et pourtant je ne faisais rien pour luter contre ça. Que faire, de toute façon... Teresa était bornée, elle n'en faisait qu'à sa tête et tout ce que je pouvais lui dire, les explications que je lui donnais comme les questions que je lui posais lui passaient totalement au-dessus de la tête. Je lutais par contre contre l’irrépressible envie de quitter cette salle informatique. Parce que Teresa était insupportable, et qu'y rester à ses côtés relevait carrément de l'exploit. Beaucoup auraient d'ors et déjà pris leurs jambes à leur cou... Hm, à croire que moi j'aimais me faire souffrir. « Ecoutes chéri, jamaiiiiis dans ta vie tu dois te permettre de remettre en question notre amour, tu m’entends. Parce que si tu continues avec tes paroles irrespectueuses et que je peux t’atteindre avec ma main gauche, n’importe qui peut se faire frapper, c’est compris? » Je levai les yeux au ciel, las d'entendre constamment les mêmes choses, ou presque. Oui, d'accord, leur lien était indestructible et je ne valais rien face à ça. Seulement elle semblait oublier qu'avant qu'elle ne vienne tout gâcher et s’immiscer entre nous, Nicole et moi étions heureux ensemble. « Oh ne te gêne surtout pas. Tu trouveras bien une raison pour justifier de m'avoir giflé, hein, j'te fais confiance pour ça. » Et à cela je la gratifiais d'un clin d’œil. Car c'est bien sûr à ça qu'elle songeait en parlant de "frapper", non ?... Me donner une bonne trempe. Ça n'était clairement pas une claque qui allait me faire taire, si c'était ce qu'elle recherchait. En y repensant, j'aurais préféré que Teresa ne revienne pas dans ce nid. Cela aurait attristé Nicole, mais il fallait voir aussi dans quel pétrin elle nous mettait. Et le pire, c'est qu'elle l'assumait. Nicole était tiraillée mais Teresa ne pensait qu'à elle. Dire qu'elle m'avait prétendu égoïste. Quelle comique celle-là. « D’ailleurs, je te trouve mal placé pour parler d’amour etc alors que tu as carrément lâché Nicole pour une autre grognasse ici. Enfiiiin, j’dis ça j’dis rien chéri hihi. » ATTENDEZ, STOOOOOOOOP. Warning. Erreur fatale. L'application va être fermée. Cliquez sur annuler. Raah, annuler annuler ! Nan ! Je refusais d'admettre que Teresa avait réellement dit ça. Qu'elle avait insulté Asmaa. Une grognasse, sérieusement ? Mais comment osait-elle prétendre une telle chose, elle ne la connaissait pas, ne lui avait très certainement même jamais adressé la parole ! Bondissant en avant comme un chien affamé, je plantais furieusement mes prunelles dans celles de Teresa, fronçant les sourcils et serrant les poings avec énergie. « Tu parles sans savoir. Tu n'as RIEN suivi de cette histoire, RIEN DU TOUT. Et Asmaa est tout sauf une grognasse. Regarde-toi dans un miroir avant d'insinuer une telle chose, hein. Et d'ailleurs je ne te permets pas de l'insulter. M'insulter moi, passe encore, mais elle... non non t'as pas le droit de faire ça, tu es injuste. » Ce qu'elle était depuis le début de cet entretien, depuis son retour dans le nid en fait. Madame Injustice que j'allais l’appeler, tenez, à l'avenir. « Je n'ai pas lâché Nicole pour Asmaa, où t'as été chercher ça, hein ? T'as pas juste l'impression que je me bas aujourd'hui pour Nicole, pour qu'elle ne m'échappe pas ? Asmaa est une très bonne amie, et rien de plus. Alors cesse de la dénigrer sans avoir pris connaissance des faits, je te prie. » Bon c'est sûr, à une époque Asmaa et moi étions... très proches. Mais nos sentiments alors partagés ne pouvaient au final nous mener quelque part. Car elle et moi étions trop semblables, je pense. Je me retrouvais parfois beaucoup en elle, or nous avions l'un et l'autre besoin d'être surpris, besoin d'imprévu également. Avec Nicole, je n'avais droit qu'à ça. Dans le genre imprévisible, elle se posait là. Teresa était parvenue à doucement m'énerver, bien qu'histoire de ne pas entrer dans son jeu, je conservais tout mon calme. Mes propos, en revanche, témoignaient de mon état d'esprit actuel. En s'en prenant à un type plus baraqué, plus caractériel aussi que moi, Teresa se serait exposée à bien des ennuis. Vraiment, elle ne réalisait pas sa chance sur le moment. Avec moi elle ne craignait rien. Par contre si ça avait été mon frère à la place, oh bon dieu... Je vis alors son visage se rapprocher du mien de façon considérable. Ah elle pensait m'intimider sans doute ? Et bien pour le coup, c'était raté. « TOUCHES MOI. T’en meurs d’envie alors TOUCHES MOI. Tu feras rien, parce que t’es juste un incapable. » Un incapable, oui peut-être bien. Je n'allais clairement pas dire le contraire. Par contre je ne risquais pas de poser la main sur elle, pour la simple et bonne raison que je n'étais pas un homme violent, et que la violence faite aux femmes justement me révulsait au plus haut point. Je les traitais avec respect moi, je n'avais souhaité que la mettre en garde à ma façon, sans pour autant proférer des menaces qui n'en étaient même pas d'ailleurs. « Tu veux lancer tes grandes phrases parce que tu penses que t’as toute ta troupe derrière toi pour te soutenir mais laisses moi te dire une chose chéri, dehors t’es la risée du public. » Dans la mesure où mademoiselle avait passé une semaine dans ce nid et moi deux mois et demi, l'extérieur, elle connaissait mieux que moi. Et dans ma grande naïveté, j'étais bien entendu amené à la croire sur parole. Je ne me croyais pas un instant populaire, non, pas le moins du monde. « Tu sais pourquoi t’es sauvé à chaque fois, c’est parce que les gens veulent te voir te faire humiliiiier encore et encore et encoooore. J’les comprend. » Et à cela elle se mit à rire, encore. Cette fois-ci ces paroles-là ne m’atteignirent pas. Tout simplement parce qu'à la longue, cette méchanceté gratuite était lassante. De plus elle mettait en lumière ce qui était l'évidence-même à mes yeux. Je me pensais détesté en dehors du nid et c'est ce qu'elle essayait de me faire croire. Crédule, je n'envisageais pas une seconde que cela puisse être débité en l'air, sans fondement. Le fait d'avouer par la suite à Teresa combien j'aimais sa cousine n'était clairement pas une bonne chose. Car là encore, la réaction de l'hystérique ne se fit pas attendre. « Tu l’aimes pas abruti, tu penses que tu l’aimes mais tu transfère juste l’amour pour ta mère sur Nicoooole ! D’ailleurs, que dieu aide cette pauvre femme parce que ça doit être dur de vivre avec un mou du genoux comme toi. » S'en était trop, voilà maintenant qu'elle se permettait d'évoquer ma mère, dont là encore elle ne connaissait rien. Aucun respect, vraiment, je trouvais dégoutant d'agir de la sorte sans ce soucier des répercutions que de telles paroles pourraient avoir sur ma mère, comme sur moi. Et ce qui suivit fut bien pire encore. « D’ailleurs, elle doit être teeeellement fière de toi à ce moment précis. Oh et tant que j’y pense : COUCOU LA MAMAN DE MALIIIIK C’EST TERESA LA COUSINE DE LA FILLE QUI NE SERA JAMAIS VOTRE BELLE FILLE HIHIHI. » Teresa se trouvait hilarante mais elle était bien la seule, sachez-le. Enfin je ne sais pas vous, mais moi en tout cas je ne trouvais pas ça drôle. Mais alors vraiment pas. Ma pauvre mère qui allait assister à cette scène tout à fait désolante depuis son écran. Y'avait des claques qui se perdaient. « Teresa arrête s'il te plait. T'es ridicule. » lâchais-je sur un ton des plus neutres, comme j'aurais donné l'heure à quelqu'un me l'ayant demandé. Non mais elle en faisait trop là, elle ne s'arrêtait donc jamais ? Y avait-il un bouton "off" dissimulé quelque part, hum, par exemple sous ces extensions ? Teresa n'était pas capable de comprendre ce que je ressentais pour Nicole. En la voyant comme ça, agir comme une gamine surexcitée et déterminée à faire mal de par les propos qu'elle tenait, j'estimais qu'elle n'avait jamais connu l'amour. Mais une fois encore, j'aurais dû garder cette analyse pour moi. « Nan mec essaie même pas. Ta psychanalyse de Disney tu la gardes pour ta mère et tes soeurs, j’en veux pas. Tu m’as provoqué, poussé à bout, maintenant tu en paies les conséquences. Et ne t’inquiètes pas, je ferais tout pour que Nicole renonce à toi. Elle mérite mieux que toi et crois moi, sa mère et la mienne en MOURRAIT si elle finissait avec un gars de ton envergure. » Alors déjà, je n'avais pas de sœur. Ensuite elle prétendait que je l'avais provoquée et poussée à bout... hum... c'était pas juste l'hôpital qui se foutait de la charité là au juste ? Quand est-ce que j'avais fait ça, je vous le demande ! Teresa manquait de lucidité, de crédibilité aussi, et de mon côté je ne réalisais toujours pas ce à quoi j'étais présentement confronté. C'était bien la première fois que j'avais à faire à une teigne pareille. Elle m'en donnait mal au crâne. « Et bien fais, fais donc ! De toute façon tu as décidé de me pourrir la vie jusqu'à ce que je sorte définitivement de celle de Nicole. Tout ce que tu vas réussir à faire, bah, c'est y parvenir. Et pendant que je sombrerai, toi, tu seras toute heureuse, c'est super comme programme j'te félicite ma belle. Donc bon surtout n'hésite pas hein, vas donc bourrer le crâne de ta cousine histoire qu'elle en vienne à penser les mêmes choses que toi à mon sujet. Si Nicole est influençable, et stupide, elle t'écoutera, elle te suivra. Car tes arguments ne valent rien, tu me juges sans me connaitre. Je tends à penser que ta cousine est apte à prendre une décision par elle-même sans que tu ne viennes y mettre ton grain de sel. » Teresa devait avoir peur que je lui vole sa cousine, ce que je ne comptais pas faire pourtant. Dans mon esprit et depuis le début, c'était clair : Nicole continuerait de voir et sa cousine, et ses proches. Seulement je ne voyais pas pourquoi je serais, moi, amené à m'effacer quand en plus j'étais traité de la sorte. Cela ne me donnait vraiment pas envie de faire d'efforts. Et encore moins de prendre en compte l'avis de Teresa, qui importait bien peu à mes yeux désormais.