Rafael

Dimanche, le deuxième dans cette maison, je fus réveillé en sursaut, pourquoi? Je n'en avais aucune idée, il était tôt, beaucoup trop tôt, non, je ne pouvais me lever, c'était impossible, pas un dimanche ! J'avais vécu ce deuxième weekend un peu seule en fait, sans Austin surtout, c'était plaisant, mais ça me manquait pas mal. J'étais ce genre de femmes libres, il m'avait caché ma nature, mais elle revenait au galop, je n'étais pas ce genre de femme à être apprivoisée, à devenir sienne, non, pas encore, ce n'était pas possible. Tournant et me re-tournant, j'entendais Nolan grommeler, tant pis, il fallait me lever. Descendant les marches quatre à quatre, j'arrivais dans la cuisine, la maison était silencieuse, ça faisait presque peur, je détestais le silence. J'allumais mon i-pod, celui qui se trouvait dans la poche du petit short que je portais pour dormir, mis les écouteurs dans mes oreilles et préparait mon petit déjeuner, dansant et chantant, j'avais l'air de bonne humeur, je sautais partout, simulant une pseudo-danse, je chantais presque à tue tête, je n'entendis pas Rafael entrer, je ne m'attendait à voir personne, après tout, qui pouvait se pointer à cette heure ci? Je prenais un bol, versait du lait dedans, j'avais envie d'un bon chocolat chaud, par ce temps si froid.

Rafael ne trouvait plus le sommeil. Il ne savait pas pourquoi, c’était comme ça. Il se leva dans le plus grand des silences et ne prit même pas la peine d’aller dans la salle de bain. A cette heure-ci, il ne pensait trouver personne et prendre son petit-déjeuner en boxer n’était pas si inhabituel lorsqu’il était chez lui. Ici, il était un peu comme chez lui, d’avantage lorsque tout le monde dormait. C’est pourquoi il descendit doucement les escaliers avant de se diriger vers la cuisine où, curieusement, il y trouva une tête blonde. Il la reconnut en tant qu’Alice, elle était, il faut l’avouer, plutôt facile a reconnaitre. Pas gêné pour un sous, le jeune homme l’observa un instant se trémousser de bon matin et bien, en voilà une qui avait la pêche. Ce qui n’était pas le cas de Rafael qui passait toutes les deux minutes sa main dans ses cheveux ou sur son visage, tentant de mieux se réveiller. En vain, seul le café savait le réveiller. Alors qu’elle chantait, il comprit qu’elle portait des écouteurs, bien, donc inutile de parler, elle ne l’entendrait pas. Rafael se contenta alors de se préparer du café et, pendant que la machine s’occupait du reste, il regardait aux alentours si un paquet de cigarettes ne trainait pas par là. Une fois trouvée, il en prit une et l’alluma pendant que son café était prêt. La tasse d’une main, la cigarette de l’autre, il s’installa sur l’un des tabourets de la cuisine, ignorant complètement la blonde.

Alice avait souvent les yeux fermés, elle était dans son monde à cette instant là, elle se sentait réellement seule. Elle n'aperçut pas Rafael qui avait choppé une cigarette et un bol de café, elle lui tournait le dos, à moitié baissé pour chercher un quelque chose dans le frigo, elle le trouva, un bon jus d'orange qui lui donnerait encore plus la pêche, elle s'en servit un verre et se dirigea vers les tabourets. Elle fut donc surprise d'apercevoir Rafael, sursautant légèrement, un peu d'orange se renversa sur la table, flûte, tant pis. Elle l'épongea rapidement, dévisagea le jeune homme, enleva ses écouteurs où résonnait encore la musique. « Je pensais ... enfin tu t'es levé tôt, je pensais être seule ... » Elle n'était pas non plus habillée lourdement, un simple short et un débardeur, une tenue de confort dans laquelle elle dormait alors aux côtés de Nolan. Elle éteignit la musique, s'installa sur l'un des tabourets et but une gorgée d'orange « Qu'est ce qui te fais lever de bonne heure comme ça? Peur de ta nouvelle partenaire? » Rafael avait en effet changé de partenaire, deux jours auparavant, je lui souris timidement avant de porter mon attention sur mon bol de chocolat que je touillais avec passion

Lorsqu’Alice s’aperçut de la présence de Rafael, elle renversa un peu de jus d’orange mais le jeune homme était encore mal réveillé pour lancer une quelconque pique à la demoiselle. D’ailleurs, il s’était aperçut lors du prime qu’Austin et elle formaient apparemment un couple. Ce qui était pour le moins étrange lorsque l’on savait ce qu’il s’était passé dans la cave une semaine plus tôt, néanmoins il n’avait pas fait de réflexion lors du prime, bien trop occupé à ses propres affaires qu’à celle des autres. Mais, il trouvait ça étrange. Finalement, elle se mit à lui parler. « Mhm… » Se contenta-t-il d’abord de dire lorsqu’elle lui dit qu’il s’était levé tôt. Et puis elle reprit, parlant de sa nouvelle partenaire. Chloe ne dérangeait pas du tout l’espagnol, bien au contraire, il la trouvait joueuse et amusante, juste ce qu’il lui fallait. « J’avais surtout peur de ne pas me contrôler en sa présence. » Lança-t-il sur le ton de la plaisanterie avant de prendre une gorgée de café et de fumer sa cigarette. « Au fait, c’était quoi ce cinéma avec Austin ? » Demanda-t-il simplement. Après tout, il imaginait très mal Alice se poser avec un mec après seulement une semaine de jeu. Surtout que, justement, ce n’était qu’un jeu. Ce n’est pas comme s’il la connaissait ou quoi, disons simplement qu’il pensait avoir cerné le personnage.

Il ne semblait pas réellement réveillé, je souris, attendant juste un peu, le temps qu'il reprenne ses esprits, une cigarette dans la bouche et un café dans les mains, il donnait peine à voir. Quand je lui parlais alors de Chloé, il m'avoua « J’avais surtout peur de ne pas me contrôler en sa présence. » Je ris, après tout, c'était bien Rafael qui se dévoilait enfin, faisant partir doucement la fatigue. Je ne lui répondis pas, il n'y avait rien à répondre à ceci, surtout que Rafael vint enchainer les questions/réponses avec le sujet Austin, cela eu pour effet de me faire sourire « Au fait, c’était quoi ce cinéma avec Austin ? » Un cinéma? J'arcquais un sourcil, croyait-il vraiment que je joue? « Quel cinéma? Vous croyez vraiment que l'on est un couple parce qu'on s'est embrassé et que est bien ensemble? Je ne pense pas moi, je suis jamais en couple ... On a fait bien plus dans la cave et on est pas en couple, tu devrais le savoir » Je lui fis un clin d'oeil, reportant mon attention sur mon chocolat chaud. Je me demandais à cet instant ce que les gens pouvaient avoir dans la tête, ils jugeaient beaucoup trop vite, mettaient les gens dans des sacs avec des étiquettes, ça ne me plaisait guère. Je tournais de nouveau la tête vers Rafael et, d'un air malicieux je lui demandais « Pourquoi, tu es jaloux ? » Lui, je pouvais le mettre dans le même sac que moi, nous étions pareil, sans attache particulière et victime de préjugés de la part des autres habitants.

Rafael buvait doucement son café noir tout en observant les réactions de la blondinette qui partageait son petit-déjeuner de si bon matin. A vrai dire, il ne pensait pas qu’Alice soit du genre à se poser avec un garçon après seulement une semaine de flirt. Certes, le coup de foudre pouvait avoir lieu mais dans un jeu comme celui-ci, on était en droit de douter des intentions et des sentiments des autres, Fake Lover ne portait pas son nom par hasard. La demoiselle ne tarda pas à lui répondre, certes le fait qu’ils se soient embrassés ne voulait pas dire qu’ils étaient en couple mais s’afficher de la sorte, ce n’était pas anodin. Alice poursuivit d’argumenter en disant que Rafael et elle avaient fait bien plus. « Oh, si peu. » Lâcha-t-il dans un sourire amusé, après tout il est vrai que ça avait très peu et que ça aurait pu aller bien plus loin. Il observait la réaction d’Alice et cette dernière le fit sourire, les lèvres prisonnières de sa cigarette, elle ne s’en aperçut peut-être pas. Elle poursuivit en lui demandant s’il était jaloux. « Terriblement jaloux. Depuis notre arrivée, tu hantes mes rêves et je souffre en permanence de te voir si loin de moi. » Oui enfin, peut-être pas.

La cigarette de Rafael me donnait envie d'en fumer une, je m'étais pourtant jurée d'arrêter, trop difficile par ce temps dans la maison, j'avais allumé la première à l'annonce de la nomination de Austin, et depuis, j'en allumé au moins une par jour mais au contraire de Rafael, ce n'était pas la première chose qui me tracassait dès le matin, au contraire. Quand je lui annonçais que nous avions fait beaucoup plus, il répondit alors « Oh, si peu. » Je jouais à présent avec ma cuillère, la faisant tournoyer dans le bol encore à moitié plein avant de rétorquer « Si tu savais ! » Austin était ce genre de garçon qui était saint, il m'avait été difficile d'obtenir de lui un simple baiser, alors une passion dévorante, il n'en était absolument pas question, je m'ennuierais surement rapidement de cette relation, pour le moment, je l'appréciais. Et puis, sur le ton de la plaisanterie, Rafael avoua « Terriblement jaloux. Depuis notre arrivée, tu hantes mes rêves et je souffre en permanence de te voir si loin de moi. » Je ne pu qu'émir un petit rire étouffé avant de m'exclamer « Je le savais, tu n'es rien sans moi, je suis la fille de tes rêves et de ta vie, t'inquiètes pas nous serons uni pour l'éternité » Je me levais afin d'aller réchauffer le lait qui avait refroidit, actionnant le micro-onde, je tournais un visage souriant vers lui « Ou peut être pas en fait .. » Je reportais mon attention quelques instants sur les secondes qui s'écoulaient du compteur de l'appareil, tournant le dos à Rafael