Ses pas se faisaient pressants, le cliquetis de ses talons résonnants dans l'entièreté du chalet. Qu'importe, il était clair que Carmen n'avait aucune gêne et l'idée même de déranger ne lui venait même pas à l'esprit. Aussi, sentant son estomac se tortiller dans tous les sens et réclamer de quoi le nourrir, l'italienne se dirigea joyeusement jusqu'à la cuisine où se trouvaient déjà quelques candidats, certainement affamés eux aussi. Fake Lover se révélait être une émission de gros, filmés seulement en train de se restaurer et la blondinette ne faisait pas exception évidemment. S'il lui arrivait de déplorer les nombreux stéréotypes associée à son pays d'origine, elle ne niait pas qu'en Italie, on mangeait, souvent et beaucoup. Nullement tentée par ce qui se présentait devant elle et poussée par l'envie de cuisiner elle-même (et montrer l'étendue de ses talents dans cette matière, aussi) Carmen se dirigea donc en direction du cellier en ayant pour objectif de confectionner des lasagnes -stéréotypes, stéréotypes. Qu'importe. C'est avec aisance qu'elle s'étira afin d'attraper un pot de sauce tomate qui resta hors de sa portée pour son plus grand malheur. Grognant dans sa barbe inexistante, la blondinette fit volte face lorsque la lourde porte de l'endroit où elle se trouvait d'ouvrir. Un large sourire sur ses lèvres rosies par l'énervement, elle constata avec plaisir qu'il s'agissait d'un homme, grand, qui pourrait l'aider. « J'arrive pas à attraper la sauce tomate, tu peux m'aider ? » lui demanda-t-elle d'une voix mielleuse, son joli minois mué en une adorable petite moue qu'elle imaginait irrésistible. « S'il te plaît » rajouta-t-elle au cas où il soit à cheval sur les principes, bien qu'elle ne le soit que trop peu.

Il parait qu’au chalet, il y avait un endroit qui ressemblait à la caverne d’Ali Baba. Un trésor s’y trouve apparemment. Mais pas un petit trésor, un gros. Sinon ce ne serait pas intéressant. C’était le genre d’endroit où t’oublier ton régime et tu t’en foutais plein la pense. Emilien était certain, il avait trouvé sa caverne d’Ali Baba. Elle ne serait plus à Ali Baba, mais à lui. Ca s’appellerait la caverne d’Emilien, ça claque comme nom quand même ? L’estomac chantant d’un grondement venu tout droit des enfers. Les gens normaux appellent ça ‘la faim’. Alors exprimons-nous comme les gens normaux, il avait faim. Très faim. Emilien décida alors d’entrer dans sa caverne… enfin dans cet endroit qui allait le devenir. Il poussa la porte et regarda les grandes étagères. De la nourriture partout. En bas, à droite, à gauche… il était certain qu’ils étaient même capables de cacher de la nourriture dans le plafond. Il partit alors à la recherche d’une boite de conserve, ou d’un petit plat déjà préparé, ouais un truc pour les flemmards et les nuls en cuisine. A vrai dire, il n’eut pas vraiment le temps de se lancer dans la quête de son grâle gustatif. Une jeune femme l’interpella. Elle n’arrivait pas à attraper la sauce tomate, lui avait-elle dit. C’était un subtile appelle au secours. Elle aurait pu lui dire « je suis trop petite pour attraper ça. », ça aurait été du pareil au même. Emilien fit un petit signe d’approbation et s’approcha de la grande étagère. Il leva le bras et se saisit du pot de sauce tomate. « Tiens ! » lui dit-il tout en lui tendant. Il lui adressa un sourire, avant de reprendre la parole. « Tu comptes faire quoi avec ça ? ». Ouais, ce n’était plus Emilien qui parlait là, mais son estomac fallait-il croire. Sûrement elle avait en tête de se faire des pâtes avec de la sauce tomate, le truc que tout le monde sait faire… sauf lui. Ou bien peut-être allait faire un plat plus élaboré, digne des grands Chefs. On pouvait faire tellement de chose avec un simple pot de sauce tomate.

Carmen était bien décidée à remplir son ventre de lasagnes faites maison. Ce qu'elle avait constaté à la cantine depuis le début de la semaine était un poil navrant. Personne ne savait cuisiner autre chose que de la pasta dans ce jeu? Qu'à cela ne tienne, l'italienne bout-en-train allait remédier à tout ça et son premier cobaye serait le jeune blond qui, gentiment, lui attrapa cette maudite bouteille de sauce tomate. Chez elle, à l'Aquila, Carmen cuisinait d'elle même, faisait la sauce tomate – trouvant celle en boite bien trop fade – les pâtes, même bref, un vrai cordon bleu et elle se revendiquait comme tel, d'ailleurs. « Merci... c'est quoi ton prénom ? » lui demanda-t-elle, autant joindre l'utile à l'agréable et ainsi obtenir le prénom de ce joli blondinet. Sans donner suite à sa question, la blonde sulfureuse se mit en quête de pâte et de quoi concocter une bonne béchamel maison (au moins cela). Peut-être allait-il comprendre par lui-même, finalement. Le frôlant plusieurs fois afin de chercher les ingrédients dont elle avait besoin, Carmen joua les provocatrice, les enfants, comme à son habitude. Fière de son petit marché, les mains pleines, elle se déchargea de la moitié de ses victuailles en les posant dans les bras d'Emilien. « On va faire des lasagnes et tu seras mon commis. » lui ordonna-t-elle avec mutinerie. A vrai dire, il n'avait pas le choix et Carmen entendait bien le faire cuisiner un peu bien qu'il n'eut pas une tête à ça. Elle attrapa son bras et se dirigea vers un plan de travail. Le cellier serait l'endroit parfait pour ce premier cours particulier.

Bien sûr, elle le remercia. Politesse oblige. Si elle ne l’avait pas fait, certainement qu’Emilien l’aurait plus pour l’une de ces personnes impolis, mal éduqués, ce genre de personnes qui l’insupportait. Puis elle embraya, en lui demandant son prénom d’un air tout à fait naturel. « Emilien, et toi ? » lâcha-t-il. Alors que son interlocutrice partit à la quête de quelques ingrédients pour se faire son déjeuner, Emilien, quant à lui, resta là, planté, les bras le long de son corps. Cherchant du regard ce qui allait bien pouvoir faire son repas. Il devait évidement bien avoir des plats tout préparés pour les nuls. Il était certain de ne pas être le seul à ne pas cuisiner, d’ailleurs. Il avait bien remarqué quelques conserves, mais ça n’avait pas l’air très appétissant. Dans le pire des cas, il se ferait un sandwich. Du pain, du beurre, du jambon. Il n’y a pas plus sorcier, et avec ça, il pourra se prendre pour le plus grand Chef cuisinier de tous les temps. Non, n’abusons pas non plus. Alors qu’Emilien se résigna alors de sortir du cellier afin de se préparer son super repas digne des plus grands restaurants étoilés (ironie, mes amis), Carmen vint vers lui avec quelques ingrédients en mains qu’elle déposa alors dans les bras du jeune homme. Sans même lui demander. Un peu surpris, il lui lança un regard interrogateur. Puis c’est alors qu’elle lui dit qu’ils allaient faire des lasagnes, et qu’elle serait son commis. Oui, son commis. Son larbin, quoi. « Ton… euuuh… » lâcha-t-il vainement. Vous savez ce grand « euh » qui pouvait littéralement se traduire par : ton commis, tu es sérieux là, non parce que bon moi j’sais pas cuisiner, mais pas du tout quoi. Bah voilà ce qu’il voulait dire ce « euh » qui s’était échappé de la bouche. Mais il fallait croire qu’elle ne lui laissait pas vraiment le choix. En effet, elle le prit par le bras et le traina vers un coin du cellier où un plan de travail s’y trouvait. Endroit où Emilien déposa tout ce qu’il tenait dans ses bras. Puis, il lança un regard à Carmen, attendant alors ses consignes. « J’espère que tu es patiente… ».