follow the arrow (le 05/02, à 13h00)

Décidément, le candidat ne prenait vraiment pour une andouille. Ou alors il ne le faisait pas exprès. Il se sentait obligé de se comporter ainsi. C'était naturel. Peut être. Nadan décida de ne pas lui répondre, dans le doute. Concernant sa question sur Charles Dickens, le trentenaire secoua la tête négativement. Non, il ne le savait pas, après tout, il ne s'était jamais trop intéressé à sa ville natale, l'ayant quitté bien jeune et ne souhaitant plus en entendre parler. Un coup d'oeil furtif vers l'habitant fut suffisant pour remarquer son air moqueur.

« De toute façon, personne ne veut changer. Vous voulez tous rester vous-même, être accepter pour ce que vous êtes, blablabla... »

C'était d'une telle lassitude d'entendre encore et toujours les même discours. Qu'importe la personne, c'était juste chiant. Dans ces cas-là, qu'ils soient tous asociales et qu'ils aillent chacun dans un coin du châlet pour ne pas se parler, ça reviendrait au même et c'est clair qu'ils resteraient tous ce qu'ils sont réellement.

« Du tout. Peu de choses me mettent mal à l'aise. » S'il savait. « Je ne suis pas un romantique. Je pense qu'on a tous une personne qui nous attends quelque part. Pour ma part, je l'ai trouvé. » continua Nadan le plus simplement du monde.

Moralisateur, ça, il l'avait toujours été. Il fallait s'attendre à ce qu'il reprenne son camarade sur le terme "cliché", c'était plus fort que lui. Et quand celui-ci lui fit remarquer qu'il était constamment dans le jugement et la critique, il se reconnut bien là. Pourquoi se voiler la face ? Cette description qu'il faisait de l'écrivain lui convenait parfaitement, et il était en phrase avec qui il était, pas le moins du monde prêt à changer pour qui que ce soit sur cette planète, assumant, toujours. « De toute façon, personne ne veut changer. Vous voulez tous rester vous-même, être accepter pour ce que vous êtes, blablabla... » Dans la mesure où Mickey n'avait absolument aucun problème avec la personne qu'il était progressivement devenu, il ne voyait aucune raison de changer sa personnalité, sa façon d'être, ou quoi que ce soit d'autre chez lui. D'ailleurs si vous lui demandiez, sans pour autant se revendiquer parfait ou irréprochable car il soulignait parfois ses propres défauts, il affirmerait quand même que rien chez lui n'était réellement critiquable, ou blâmable. Et puis s'il n'était pas accepté pour ce qu'il était justement, tant pis, grand bien lui fasse malgré tout. « Je pense justement qu'il faut être faible et franchement manipulable pour se faire influencer et laisser quelqu'un changer qui l'on est. On a essayé avec moi, mais comme il est facile de le voir, je ne suis pas de ce genre-là. Je ne me laisse pas avoir aussi facilement. » Il ne se laissait pas avoir tout court, même. Bon à part ça, c'était bien joli, mais sa question était totalement passée à la trappe vu que Nadan n'avait pas daigné y répondre, trop occupé justement à souligner le caractère condescendant de l'écrivain. Loin de laisser passer cet oubli - volontaire ou pas, peu importe - il revint donc à la charge, lui demandant par la même occasion si cette fameuse question le mettait éventuellement mal à l'aise, d'où le fait qu'il n'y ait pas répondu. « Du tout. Peu de choses me mettent mal à l'aise. » C'était toujours bon à savoir, pour leurs potentiels futurs échanges. « Je ne suis pas un romantique. Je pense qu'on a tous une personne qui nous attends quelque part. Pour ma part, je l'ai trouvé. » Wow, ça c'était le discours d'un homme plein de convictions. Des convictions que ne partageait absolument pas Mickey mais qu'il était disposé à respecter, tout compte fait. Chacun était libre d'avoir sa propre vision des choses après tout. Mais ce que venait de lui révéler son camarade l'intrigua légèrement. « Serais-tu marié ou, tout du moins, en ménage ? » Bah, il admettait avoir trouvé cette personne faite pour lui, vraisemblablement. Bien que ce genre de choses dépassaient totalement le divorcé qu'était Mickey.

Nadan en convenait : il était d'accord avec Mickey. Ca serait faible de faire volte-face à sa propre personnalité pour les autres... A l'extérieur, ça aurait pour conséquences un manque flagrant de confiance des personnes envers soi-même. On ne parierait pas sur vous. Sur vos capacités. Parce que vous changeriez tellement en fonction du sens du vent - et des avantages - que vous ne seriez même plus crédible au final.

« Certes, mais ici, est-ce que c'est réellement nécessaire? A par un gus dans ton genre, pourquoi devrait-on craindre des minettes en chaleur, et des playboys au charisme de moule? »

Ou même le craindre lui-même? Oh non, il ne fallait pas. Il se fichait des autres.

Mickey était un candidat étrange : trop intelligent pour son bien. Toujours dans le jugement certes, mais avec un oeil critique, un regard bien à lui. Malgré un problème de comportement avec les autres, il avait confiance en lui. C'est d'ailleurs cette confiance en lui qui devait effrayer l’extérieur en fait. Nadan se demandait s'il avait réussi dans sa vie, ce qu'il faisait. S'il était dans les affaires ou alors s'il exploitait ses talents pour autres choses.

« Du tout. Je ne suis juste pas fait pour elle. » dit-il avec un triste sourire, admirant une flèche entre ses doigts.

Il n'avait pas honte de le dire : il n'était fait pour personne à vrai dire. Trop distordu. Trop pénible. Trop... bref.

Il était catégorique sur ce point : laisser quelqu'un changer sa façon d'être était la preuve d'une grande influençabilité. Lui n'était pas du genre à se laisser faire ou avoir facilement. Doté d'un esprit dit 'supérieur', Mickey connaissait ses faiblesses mais aussi ses acuités. Alors voilà, personne ne réussirait à le faire changer. Même si dans son cas, le faire changer relevait dans un premier temps à le guérir, et ça, c'était comme qui dirait mission impossible pour l'heure. On ne guérissait pas d'un claquement de doigts une névrose obsessionnelle, ce n'était pas une pathologie que l'on pouvait effacer d'un coup de gomme. Et mine de rien, sa personnalité résultait quand même pas mal de cela. « Certes, mais ici, est-ce que c'est réellement nécessaire? A par un gus dans ton genre, pourquoi devrait-on craindre des minettes en chaleur, et des playboys au charisme de moule? » Un "gus dans ton genre"... Eh beh, difficile de se sentir flatté par une telle appellation tout de même. Mais hum, attendez, c'est qu'il y avait du scoop là. « Ça alors, je n'ai pas rencontré la moindre "minette en chaleur", ou tout du moins aucune demoiselle ne m'a donné cette impression. Mais c'est sans doute parce que je ne suis pas le genre de type qui les intéressent... ce qui me rassure d'ailleurs. » Il faut croire que même la notoriété de l'écrivain laissait insensibles ces demoiselles. Il ne voulait pas connaitre leur nom, se fichait bien de leur identité, tant qu'elles ne venaient pas le solliciter pour quoi que ce soit. Certes, Mickey n'avait pas le physique d'un dieu Grec ou encore d'un athlète... mais allez savoir ce qui pouvait parfois passer par la tête de ces jeunes filles à la cuisse légère. Et ces fameux playboys au charisme de poule, auxquels il faisait également référence, c'était qui au juste ? Roh, mince, l'anglais se rendit subitement compte qu'il ne connaissait pas grand monde dans ce nid. Remarquez, ce n'était pas le genre de personnes avec qui il voulait être en contact, donc tout compte fait c'était une bonne chose de ne pas pouvoir mettre de nom sur ces deux catégories de candidats. Suite à quoi son camarade évoqua brièvement une certaine personne qu'il disait avoir trouvée. Immédiatement, Mickey se mit en tête qu'il était marié, ou tout du moins en couple. Avouez que ça portait à confusion. « Du tout. Je ne suis juste pas fait pour elle. » Oh bah alors, ce n'était pas la grande forme là, voyez un peu ce sourire tout tristounet au coin de ses lèvres. C'est alors que l'écrivain réalisa qu'il était dépourvu de toute empathie. En même temps, qui aurait cru le contraire... « Hm, intéressant. Et serais-tu... amoureux ? » Il ne savait pas du tout ce que cela pouvait donner comme sensations, alors en toute curiosité il demandait. Car c'était un sentiment que Mickey n'avait encore jamais connu. Il pensait même qu'il était parfaitement inapte à le ressentir un jour, que chez lui certaines choses ne fonctionnaient pas de la même façon que chez d'autres. Son ex-femme s'en souvenait encore. Quant à Nadan, et bien, le pauvre semblait quelque peu mordu. Aïe, Mickey éviterait donc de lui donner le moindre conseil car ce serait certainement plus l'enfoncer que l'aider dans ce présent cas.

Sur le coup, Nadan n'avait pas voulu être désobligeant. Mais de toute manière, il n'avait pas l'habitude de bien choisir ses mots pour qualifier ses connaissances. On ne lui en voulait généralement pas après. Ah, le pouvoir. Ca peut faire flancher n'importe qui dans ses convictions. Un rictus partagé entre l'amusement et le sadisme assombrit son visage.

« Tu n'as pas rencontré ma partenaire alors. » lança-t-il amusé, plus pour lui même.

Mickey lui posa alors une question intéressante, qui le perturba quelque peu. L'anglais ne lui répondit pas dans la seconde, comme il prenait soin de le faire d'habitude, et médita sa réponse. Amoureux? Pouvait-il dire qu'il était amoureux? Certes, il tenait à cette personne plus que n'importe qui - en fait, il tenait à très peu de gens de son entourage (même quotidien) donc elle était un peu une exception - mais était-ce de l'amour?

Au final, Nadan se contenta sourire, gêné, et de ne pas répondre à son interlocuteur. Comme avant l'arrivée du candidat, le trentenaire se retrouva à cours de fléchettes, ne lui restant qu'une dans la main. Il se redressa, l'envoyer dans la cible qu'il rata, et tomba par terre. Il pesta et décida de quitter la salle, se fichant bien de la ramasser. Quelqu'un le fera à sa place.

FIN DU RP POUR NADAN

Spoiler:

Ainsi donc ce nid était peuplé d'idiots, mais pas que. Car parmi ceux-là, se dissimulaient vraisemblablement quelques demoiselles que Nadan s'était plu à nommer "minettes en chaleur". Mickey, lui, n'avait pas le souvenir d'en avoir rencontré une seule, ou tout du moins aucune jeune femme ne lui avait semblé aguicheuse, ou encore racoleuse. « Tu n'as pas rencontré ma partenaire alors. » reprit Nadan. Hm, Mickey avait autre chose à faire de ses journées que mémoriser les binômes formés par la production. Donc, il avait peut-être rencontré la partenaire de Nadan, mais dans tous les cas il était incapable de donner son nom. Et puis si rencontre avait réellement eu lieu entre l'écrivain et la demoiselle, celle-ci ne lui avait de toute évidence pas paru comme appartenant à cette catégorie de candidates. Et tant mieux. Ou alors elle lui avait envoyé des signaux que Mickey n'avait pas su décrypter, oui, ça aussi c'était tout à fait possible. Bref, quelle importance ? Les jeunes filles dans ce genre-là n'intéressaient en rien l'anglais, bien au contraire, il tentait de les fuir même s'il savait pertinemment qu'elles ne s'intéressaient pas aux types comme lui. Ce qu'elles recherchaient, c'était sans doute un peu de bon temps et quelques galipettes... tout ce que Mickey ne pouvait leur apporter, en somme. Mis à part ça, son camarade était parvenu à aiguiser sa curiosité. Il était question d'une jeune femme pour qui il semblait avoir le béguin. Enfin, c'est que Mickey avait pensé une fois que Nadan lui eut avoué ne pas être fait pour elle. Il ne connaissait certes rien à l'amour, mais pour autant ce sourire tout à fait gêné qu'il esquissa ensuite le laissa penser que peut-être, il n'avait pas totalement tort. Il n'obtint certes pas de réponse, mais décréta que ce silence en valait bien une. Nadan envoya une nouvelle fléchette qui, au lieu d'atteindre sa cible, heurta le sol. Rouspétant, son camarade quitta la salle de jeux sans rien dire. Et Mickey, en bon maniaque, s'empressa de ramasser la fléchette tombée quelques instants plus tôt, pour la ranger tout à fait soigneusement à côté des autres, agençant celles-ci avec minutie. Là, c'était bien mieux. À son tour Mickey s'en alla, pensant qu'il n'avait plus rien à faire ici. Il aurait au moins eu l'occasion de rencontrer un candidat qui ne semblait pas totalement sot, comparé à d'autres, et s'en satisfaisait presque. C'est surtout que la finesse se faisait de plus en plus rare dans le coin.

sujet termine pour mickey

Spoiler:

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