« Laisse-moi juste te rappeler qu’on a voté en majorité pour Jaze. Pour ton propre bien, je pense que tu devrais faire profil bas. Autrement dit, ravale tes airs supérieurs. »

Cette fois, son sourire avait disparu. Leone avait le regard sévère et ne comptait pas baiser les pieds de la nouvelle arrivante. Désirait-elle une couronne pour accompagner ses manières de princesse ? Elle retomberait rapidement de son petit nuage.

Tout le monde était réunit afin d'accueillir la nouvelle candidate. A vrai dire Rafael n'avait pas écouté sa présentation lors du prime, il ne savait donc pas à quoi s'attendre, en revanche il pu cerner vaguement le personnage grâce aux quelques remarques de certains joueurs. Dont Rusty qui, apparemment, avait écouté la présentation de la nouvelle. « Ça ne fera qu'une allumeuse de plus. Attention, t'as de la concurrence. » Dit-il à la brune avant qu'Ashley ne se présente, annonçant la couleur. Ouais, elle tentait simplement de faire son entrée en beauté, pas de quoi s'extasier sur elle un instant de plus. Par politesse il lui adressa un vague « Bienvenue. »

Ne dérogeant pas à la règle, j'attendais la nouvelle arrivante dans le grand salon avec les autres candidats. A l'origine, c'était une dénommée Jaze qui devait rentrée, ayant obtenue le plus grand nombres de votes. Cependant, ladite Jaze avait apparemment peur de ne pas bien s'intégrer ici et avait donc décidé de ne pas rentrer dans la maison. A sa place, Ashley rentrait dans l'aventure. Cette dernière fit une entrée pour le moins fracassante. Elle était le stéréotype clair et net de l'allumeuse, à tel point que je me mordis la lèvre en me demandant pourquoi j'avais voté pour elle, car oui, je l'avais fait. Ce fut surtout son « j'espère qu'il n'y a pas de prudes ici » qui me mis sur le cul. Mais ou se croyait-elle là ? « Tu te prends pour qui ? C'est pas parce que t'as la classe d'une fille qui écarte les cuisses quand on lui appuie sur le nombril que tout le monde doit faire pareil. Et surtout y'a pas de quoi en être fière. Bienvenue quand même. »

« Pourquoi tu t’énerves, chérie ? Gardons notre calme. Qui te parle de se faire écarter les cuisses ? Prude dans le sens coincé. Cela peut aussi donc être une personne qui est gênée quand on parle de sexe. » Je levais les yeux au ciel, consternée. « Je ne suis pas énervée. » C'était vrai, j'avais simplement pitié. Lorsque j'étais énervée, c'était tout autre chose, je haussais vraiment le ton, et j'employais des mots beaucoup moins classes. Là, j'exposais juste les faits, mais visiblement elle ne le comprenait pas. Elle me dit alors que je n'avais pas compris le sens de sa phrase, ce qui me fit particulièrement rire. « Quelqu'un qui parle de sexe sans gène va généralement de paire avec la fille qui j'ai décrit tout à l'heure. Mais bon, si tu veux. Et à l'avenir évite de m'appeler « chérie » ça me ferait plaisir. »

Sans avoir réellement considéré les moult interventions de ses camarades, ça et là, tout autour d'elle, Deirdre s'arracha lentement à son indolence. Ashley était là, soit, mais elle n'en conservait pas moins sa redoutable envie de fumer, et il fallait connaître ses priorités dans l'existence. Brisant le petit cercle formé autour de la nouvelle entrante, la jeune irlandaise passa sciemment aux côtés de Rafael. « Elle est encore moins amusante que toi, lui avoua-t-elle doucement dans un léger sourire. » Après quoi elle passa tranquillement devant Billie-Jean qui parut avoir pris le parti de s'agacer de la situation. Quand on eut simplement cru qu'elle allait passer aux côtés d'Ashley afin de gagner le jardin, la clair-obscure poupée de chiffon se planta devant elle. Tant et si bien, au demeurant, qu'elle attira la jeune femme tout contre elle, ses lèvres au creux de son oreille et, surtout, sa main savamment glissée entre ses cuisses. « En parler, toujours en parler, alors qu'il n'y a jamais rien à en dire et toujours tout à faire. Quand tu seras lassée d'en parler, tu sauras comment faire. » Le contact fût éphémère, et d'ailleurs d'une rare délicatesse. Toujours fût-il que Deirdre s'écarta, sembla s'attarder d'un regard avant de la contourner. Maintenant qu'elle détenait la réponse à l'unique question qu'Ashley ne lui inspirerait jamais, il ne lui restait plus qu'à s'en aller anéantir ses résidus de poumons dans les volutes d'un tabac plus lascif.

Je décidai de ne pas relever sa première remarque concernant mon tempérament et ce à quoi je pouvais ressembler lorsque j'étais énervée. « Pas obligatoirement. Tu sembles t'y connaître. Tu ne vois pas là où je veux en venir. Dans tous les cas, tu ne me connais pas donc tu ne peux assurer que je suis la fille que tu as décrite, chérie. » « Je n'assure rien, MON CHOU. » Elle ne m'exaspérait plus, et je n'en étais pas au point non plus de la détester, seulement je n'étais pas d'accord avec son point de vu, et je ne voyais pas l'intérêt d'entrer dans un débat digne d'un dialogue de sourd avec elle. Observant autour de moi d'un air que je voulais détaché, je vis Deirdre, la si non-conformiste Deirdre, chuchoter quelque chose à l'oreille de Rafael puis reprendre sa marche de manière à s'évader par le jardin.

Je les regardais tous accueillir la jeune Ashley, comme il se devait. Sous ses airs hautains, elle me faisait rire tout simplement. A peine entrée et chacun des candidats se pressés de la rabaisser, je ne pu qu'ajouter « Oui, bienvenue dans la maison » Tournant alors les talons, je n'avais aucune envie de déblatérer sur les filles prudes, celles qui étaient de véritables salopes. Elle était entrée, tant mieux pour elle, en espérant qu'elle aille loin, tout simplement. Je les laissais alors dans le salon à se bouffer la gueule tout seul, partant en direction de la cuisine pour me faire un bon chocolat chaud tant délectable par ce froid de canard.