red morning light

starring hyram and everleigh

Une douleur insidieuse et lancinante me foudroie au niveau des cuisses. Des courbatures qui me réveillent la nuit ou plutôt au petit matin puisque la soirée s'est terminée un peu tard. Le prime d'hier m'a achevé. Je ne pensais qu'à une chose : dormir. Cela n'a pas été chose aisée puisque j'ai souffert d'odieuses crampes. Ne pouvant plus me rendormir, je décide à contre cœur de me lever et sortir de la chambre en claudiquant un peu. Je gémis tout le long du chemin menant à la salle de bain. Je grimace en arrivant devant un des lavabos. Je me lave la figure, je m'observe dans le miroir et ronchonne. Je tire une tronche de déterré. Ces immondes cernes, ce visage un brin livide ... Je sors, je reviens dans la chambre pour m'habiller. Je couve du regard une Luce endormie avant de quitter la pièce. J'arrive dans la cuisine et me fait du café. Je l'aime noir sans sucre, donc pur. Je baille, je m'étire en douceur. La jambe droite me lance. Je serre les dents pour supporter la douleur en silence. Le café est prêt que je verse dans une tasse. J'en hume les arômes. Rien ne vaut un bon café pour décompresser un peu et oublier ses peines. Mon humeur s'améliore alors. Je prends un petit-déjeuner éclair avant de retourner à la case de départ, c'est-à-dire la chambre. Cette fois-ci, j'enfile mon manteau et prends passage clopes, tourne-disque portable (le mien, qui m'accompagne partout où je vais) enfermé dans un caisson et livres dans une sacoche. Je sors en faisant le moins de bruit possible. J'arrive sur le balcon. Le ciel est nuageux. Je pose le tourne-disque sur une table et mon sac à côté. Je sors un vinyle que je dépose sur la surface plane de la machine. Je l'allume. La musique se diffuse. Du Serge Gainsbourg, L'eau à la bouche. Je me grille une cigarette que je place à l'embrasure de mes lèvres. J'écoute la chanson, songeur. Je reste debout à contempler le paysage enneigé avant d'ouvrir un livre, L'écume des jours de Boris Vian. Un de mes romans préférés. Je lève les yeux, je croise ceux d'une belle brune. Une candidate avec qui je n'ai pas encore eu le plaisir de parler. Je l'accueille avec un sourire poli. On se dévisage un instant avant que je ne vienne interrompre le silence : - Belle matinée, n'est-ce pas ? C'était ironique. Évidemment le soleil n'était pas au rendez-vous. Il risque de pleuvoir dans l'après-midi. Voire même à tout moment.

La nuit a été courte, très courte. J'ai dû me résoudre à dormir dans le seul lit vide que j'ai trouvé puisque vraisemblablement, Myles avait invité quelqu'un d'autre dans le notre. Il faudrait que je pense à l'engueuler d'ailleurs. Néanmoins, j'ai l'esprit totalement embué. De toute façon c'est bien connu que je ne suis pas encore totalement réveillé avant que je n'ai bu ma première tasse de café. D'ordinaire, je prends mon petit déjeuner avant de débuter ma journée. Aujourd'hui, j'ai décidé de m'offrir un décrassage musculaire avant tout autre chose. J'ai pris un café mais c'est tout. Je me suis octroyé trois petit quart d'heure de danse et me voilà enfin éveillée. Ensuite, je passe par la salle de bain qui est vide, ce qui n'est pas pour me déplaire néanmoins, il reste un peu de buée sur les miroirs, quelqu'un est passé par là un peu avant moi. Je ne traîne pas dans la salle de bain. Je me douche, je m'habille très simplement, jeans délavée et un pull bien trop large qui me dénude l'une de mes épaules. Je passe rapidement par la case cuisine et me contente d'un bol de muesli et une nouvelle tasse de café. Je n'ai pas le courage de me confectionner autre chose de toute façon. Pourtant, je n'ai aucune envie de rester là et manger avec pour seul horizon, le mur gris de la cuisine. Je prends tasse et bol et prends la direction du balcon. Je passe par la chambre et enfile mon perfecto puis me rends sur le balcon. Là un candidat, la petite trentaine, blond et que j'ai souvent aperçu mais avec qui je n'ai jamais pris la peine de discuter. On s'observe l'un et l'autre dans le silence. La phase d'observation passée je m'installe sur l'une des chaises et dépose ma tasse sur la petite table d'appoint. - Belle matinée, n'est-ce pas ? Je souris, bien sûr j'ai parfaitement saisi la pointe d'ironie dans sa phrase. « Bizarrement j'ai toujours aimé cet instant, lorsque le ciel se tinte que le vent cesse et que la pluie est susceptible de tomber. C'est apaisant. » Je murmure, typiquement irlandais. Et même si je ne suis pas fan de pluie, j'aime ce moment. Je souris à nouveau. Je plonge ma cuillère dans le bol et mange mes céréales sans cesser d'observer le ciel. La musique se diffuse, je tends l'oreille. « Gainsbourg ? » J'énonce peu sûre de ma prononciation sans doute maladroite.