J'étais debout depuis déjà une heure lorsque je me rendis à la salle de bain pour m'y brosser les dents. Je n'avais pas pour habitude de perdre mon temps à dormir, je préfèrai de loin me réveiller avant tous les autres candidats, faire mon footing et boire mon café peinard plutôt que de commencer ma journée dans le brouhaha incessant des autres candidats. Je n'aimais pas me réveiller en foule, j'étais un solitaire au réveille... voilà qui vous expliquait suffisamment mon comportement ! Ce matin là, je m'étais réveillé aux alentours de huit heure et quart, j'avais pris le temps de passer mon visage sous l'eau avant de sortir affronter le froid pour courir une bonne demi-heure, puis, j'avais repris le cours de ma matinée en me préparant un petit café, bien tranquillement que j'avais bu sur la terrasse, tout en bouquinant un peu. Queqlues habitants s'étaient réveillés et je les avais tous salué de manière très... conviviale ! Je m'étonnais moi-même, certaines fois. Lorsque j'eus terminé mes vas-et-viens entre la cuisine et la terrasse, que j'eus mangé mon petit déjeuner et que j'eus le ventre plein, je pris le temps de retourner dans la chambre chercher des habits de rechange avant de me rendre dans la salle de bain. Lorsque je m'y retrouvai, j'entendis instinctivement le bruit discret de l'eau qui coulait, d'une douche allumée. J'en conclus rapidement que quelqu'un avait eu la même idée que moi... Lorsque je contournai les douches, je reconnus la silhouette plantureuse de Louison, la jeune femme qui m'avait été assignée lors de la première soirée à thème pour jouer un couple de bourge. Je me rappelai aussitôt son comportement désagréable et l'horrible façon dont je l'avais plantée, après notre baiser pour suivre Alice ! Finalement, je n'avais pas été très correct, et c'était peut-être la raison pour laquelle je n'avais pas cherché à lui reparler depuis. Je m'en voulais, juste un peu, pour la forme... Je m'installai à l'évier, sans dire un mot, et sortis ma brosse à dent. Lorsque j'eus enfin commencé à me les brosser, je la vis se retourner, dans la glace (bien que je ne la regardais pas spécialement ;D), puis l'entendis me dire sur un ton innocent Tu n'es pas avec ta copine ... J'arquai un sourcil, crachai ma salive dans l'évier puis me retournai et la dévisageai. Je lui répondis, sur un ton glacial T'es toujours aussi aimable à ce que je vois.

Je n'avais pas été très honnête avec Louison depuis le début de l'aventure. Notre petite fête commune où nous avions joué les couples avait desservi à notre relation et j'avais l'impression que, quoi qu'il se passe, nous ne puissions plus jamais nous entendre. Néanmoins, lorsque je lui avais retourné son amabilité comme un défaut, je ne pensais pas la voir se lasser aussi vite. Elle se tourna vers moi, secoua le visage et me fixa, fatiguée par ma remarque. Je ne pouvais, dans un sens que la comprendre, mais le ton sur lequel elle m'avait balancé sa première phrase, lorsque j'étais entré, m'avait refroidi. Ainsi, je ne fus pas étonné de l'entendre poursuivre, sur un ton accusateur Je t'en prie Austin, tu ne crois pas que j'ai des raisons valables pour oublier deux ou trois formules de politesses ? C'est toi qui m'a laissé seule à la soirée, pas le contraire. Et pour aller faire quoi ? Embrasser une fille alors que je venais juste de te donner un baiser ... Mais bon sang, tu te crois où ? Est-ce que tu as réfléchit une seule seconde à ce que ça allait me faire ? J'veux dire, j'assume entièrement le fait d'être pas si sociable que ça, mais je suis resté plantée pendant des minutes au milieu de la pièce, avant de m'en aller, sans même que Monsieur s'en rende compte. et j'accusai le coup. Je la fixai, la brosse à dent dans la bouche, stoïque. Qu'aurais-je pu rajouter. Je m'en voulais sans vraiment m'en vouloir jusqu'à présent, cherchant à me convaincre que mon comportement n'avait pas été aussi odieux que le sien mais maintenant qu'elle m'avait reproché ce qu'elle avait sur le coeur... je me sentais d'autant plus coupable. Je me tournai face à la glace, ravalant ma rancoeur, mais lorsque je l'entendis parler dans une langue étrangère et que je la surpris entrain de pleurer, je le pris pour mon compte. Je fus pris d'un élan de culpabilité qui me força à courire sous la douche, pour la rejoindre. Habillé ? Je m'en fichais, je l'aggripai par les épaules et la fixa, et dans une supplique digne d'un adolescent, je lui lançai déjà Je... Je suis désolé Louison, ne te met pas dans un étant pareil s'il te plait... j'ai merdé, je sais et j'ai agis comme un con, mais ne m'en veux pas...

Je la tenais toujours fermement par les épaules, elle pleurait en face de moi. Je ne pensais pas une seule seconde que la cause de ses larmes pouvait être son produit de douche, j'étais sur d'avoir mal agi, j'étais loin du compte finalement. Lorsque je m'excusai, elle resta stoïque... ne dit rien pendant quelques secondes. Je lus même dans ses yeux une certaine surprise, comme si elle ne s'attendait pas à une pareille réaction de ma part. J'étais trempé, je m'en fichais cordialement. Je ne voulais être la cause d'un mal aise entre nous, je ne voulais pas qu'elle me juge mal et j'étais prêt à beaucoup pour qu'elle me pardonne. Pourtant, elle ne semblait pas m'en vouloir. Au contraire, sa voix s'adoucit et calmement, elle me repoussa en me disant Austin ... Tu vas attraper froid ... puis elle se remit à m'observer, en silence... De manière totalement incongrue, elle attrapa ma main, la serra et me donna enfin l'explication de ses pleurs, m'avoua s'être mis du savon dans les yeux... j'en restai bouche bée ! Quel crétin ! Je m'étais encore donné en spectacle.. j'étais le dernier des imbéciles. Puis, elle poursuiva, sans attendre une réponse de ma part Je ne peux pas t'en vouloir. Tu n'es pas un gamin dont je dois m'occuper et tu as le droit de faire absolument tout ce que tu veux ... Et qui suis-je pour te juger ? après tout on ne se connait que depuis deux semaines ... Je lui souris, gêné, à mon tour... Je me retirai légèrement de sous le jet, puis me détachai d'elle, incrédule... Je revins vers la glace, observai l'étendu des dégats et décidai alors de me change. J'otai mon t-shirt, doucement, déboutonnai mon jean et mon boxer. Complètement nu, j'attrapai une serviette dans mon dos et me tournai enfin vers elle, lui souriant. Non, on ne se connait pas vraiment, mais tu as raison... je suis un imbécile et mon comportement ne mérite aucune excuse de ta part. Néanmoins, sache que je m'en veux terriblement d'avoir agis de la sorte.