Je commençais peu à peu à m'habituer au monde vivant dans ce nid. Tous ces individus inconnus avec qui je cohabitais depuis deux semaines n'étaient désormais plus un véritable problème pour moi. J'commençais doucement à passer au dessus de tout ça. Je comprenais peu à peu que ma peur du monde extérieur et des êtres humains étaient un peu exagérée. En deux semaines au sein de ce jeu, personne ne m'avait fait de mal. Les hommes ( dont les femmes bien entendu) ne sont donc pas si mauvais que ce que ma mère a pu prétendre durant une bonne partie de ma vie. Je ne dis pas que je trouverai un jour une vie tout à fait normal, mais j'comprends certaines choses. Je ne pense pas avoir l'envie de changer par la suite cela dit. Et si l'envie n'est pas là, le changement est bien entendu inutile. Craignant bien moins que par le passé le fait de prendre mes douches avec d'autres personnes, je prolongeais mes nuits de temps en temps, sans craindre les heures de pointe à la salle de bain. La preuve étant cette matinée, je viens de me levé et il doit être onze heure. Machinalement, je me dirige vers la salle de bain, même si mes yeux collent encore et restent semi-clos. Ma main droite passe sous mon t-shirt et je me gratte le ventre tel un ours mal léché tout en ouvrant la porte de la salle de bain. « Tiens, Peyton je crois... dis-moi quelle est ta pointure de chaussures ? » Oufti, je viens de me lever et déjà, il fait de grandes phrases. D'ailleurs il vient de me poser une question et je dois le regarder comme un débile. Il faut que mon cerveau se mette en route et vite ! J'étire mon autre bras et regarde à droite, puis à gauche. « Oui, c'est moi. » J'suis quand même sympa, j'lui confirme mon identité ! D'ailleurs, il est balèze le mec. Je lui ai jamais causé à ce mec et il connait mon prénom. On ne peut pas en dire de même de mon côté. « J'chausse du dix. » Soit du 44. « Pourquoi cette question ? » J'fronce les sourcil, un peu genre "mais qu'est-ce que tu fous mec ? " « Tu le prendrais mal si je te demandais de me rappeler ton prénom ? » Il est quand même temps que je m'intéresse un minimum à mes colocataires je pense. Sinon, je ne vais jamais créer des liens avec qui que ce soit. « Ah. Tu n'as pas tes claquettes aux pieds. Et pourquoi ? » Mes iris se déposent sur mes pieds. Ha oui, mes claquettes. Elles sont vraiment pas belles ces claquettes en fait ... Puis je les ai juste oublié en fait. « Je les ai laissé à côté de mon lit ... Je ... J'aurais pas dû ? » Qui c'était lui ? La police des claquettes !? Nouveau froncement de sourcil,l'incompréhension règne dans mon esprit.

« Je viens de mettre la main sur une claquette taille 42 et comme je ne trouve pas l'autre, j'essaye au lieu de ça de mettre un nom sur son propriétaire. » Je ne le connaissais pas mais son comportement me fit rapidement penser au mot maniaque. Ainsi, y avait-il vraiment des hommes sur cette terre capable de faire le ménage et de se débrouiller seuls ? Je suis impressionné, parce que j'en connais. Mon père, n'a jamais bougé ses fesses à la maison pour le ménage. Il bricole un peu, mais n'est pas capable de tenir une maison tout seul. Mon père ne serait rien sans ma mère et je pense pouvoir affirmer la même chose de ma personne, je ne suis pas capable de tenir une maison. Sans ma mère, je ne suis capable de rien. J'ai l'habitude qu'elle soit toujours là pour tout et cela me convient que je n'ai jamais vraiment songé à lever le petit doigt. « Je suis désolé de ne pas pouvoir t'aider... Je ne sais pas du tout à qui cela appartient.»Puis c'est une taille moyenne non ? Y en a plein qui chausse du 42. Si c'était du 47, on pourrait déjà éliminer bon nombre de candidats mais là, c'est bien plus délicat si vous voulez mon avis. Il risque de mettre un certain temps avant de retrouver ce propriétaire. Je ne pense pas pouvoir l'aider dans cette tâche d'ailleurs. Je ne vais quand même trottiner dans toute la maison une claquette à la main. Contrarié de discuter avec tant de gens dont je ne connais pas les prénom, merci la mémoire, je décide de lui demander le sien, au risque de le vexer un peu. Il a pas l'air d'avoir mauvais caractère, je pense qu'il m'en tiendra pas trop rigueur. « Le prendre mal... c'est beaucoup dire. Je suis juste surpris que tu ne t'en souviennes pas, m'enfin... C'est Mickey. » Mickey, Mickey. Comme la petite souris, je devrais être capable de retenir ce prénom. Ouais, je peux le faire. « J'ai aucune mémoire en ce qui concerne les prénoms » Articulais-je alors pour tenter de lui donner une excuse. L'attention du candidat, de Mickey, fut très vite attiré par mes pieds. Celui-ci se demandait en effet pourquoi je ne portais pas les claquettes que la production nous avait gentiment offert. C'était un simple oublie. Mais cela semblait lui poser un petit soucis. « Et bien, ces claquettes ne sont clairement pas faites pour être oubliées, ou laissées dans un coin, vois-tu. Et hum, si tu pouvais enfiler des chaussettes, au moins, aargh. »C'est ridicule ...Elles vont être mouillées mes chaussettes si je les mets dans la salle de bain. Je les mettrais une fois dehors, quand j'aurais prit ma douche. «Je vais d'abord prendre une douche avant de mettre des chaussettes, si ça te dérange pas. »et puis même si ça le dérange, c'est de cette façon que je procéderais. Je ne compte pas changer mes plans. Cela impliquerait un aller/retour inutile entre la chambre et la salle de bain et beaucoup savent à quel point je suis fainéant. « Mais... tu te lèves ? Il est onze heures et c'est à cette heure-là que tu sors de ton lit ? Tu es malade, souffrant ? Ça ne va pas ? » Tiens, ce mec est vite dérangé j'ai l'impression. Je fronce les sourcils. « Hum non, j'ai juste voulu prolonger un peu ma nuit. J'ai eu des problèmes de sommeil les deux premières semaines et du coup, il faut que je récupère un peu. T'inquiète pas, j'suis pas malade. »

Je découvrais peu à peu tout le personnage qu'était ce Mickey. J'pense que son caractère particulier, à savoir sa maniaquerie- faisait de lui un candidat intéressant aux yeux du public. J'imaginais facilement les crises de rire du public lorsqu'il le voyait chercher pendant des heures après une claquette comme il le faisait actuellement. Certains devaient le penser un peu fou, c'est même compréhensible. Beaucoup auraient déjà abandonné l'idée de retrouver cette foutue claquette. Certains n'auraient même pas chercher à la retrouver, je fais d'ailleurs parti de ces gens-là. Jamais, il me serait venu à l'idée de chercher le propriétaire de cette claquette. J'ai pas de temps à perdre et puis ce n'est qu'une claquette quoi. J'pense pouvoir affirmer qu'on peut facilement vivre sans. D'ailleurs je suis pieds nus ... Et cela n'échappe pas au regard de mon camarade. Il reste bloqué là-dessus et pourtant, je ne compte pas aller enfiler quoi que ce soit à mes pieds pour le moment. J'vais aller à la douche alors ce serait con de mouiller une paire de chaussettes maintenant. « Sais-tu que marcher pieds nus dans les endroits publics - et tout ce nid en est constitué, puisque nous y vivons à plus de vingt - favorise la transmission de mycoses des pieds ? Ce n'est pas pour rien qu'il est recommandé de porter des chaussettes, ou des sandales... Et d'ailleurs, tes chaussettes sont-elles en fibres naturelles ? » Etait-il obligé de me mettre cette idée dans la tête ? C'est immonde parce que j'ai la pub de la télé qui passe soudainement dans ma tête. J'vois cette bestiole qui se glisse sous cet ongle avec un regard sadique et j'imagine soudainement ce que je pourrais attraper. C'est ignoble et je ne peux m'empêcher de grimacer. « Non j'ignorais ... Mes chaussettes ? En fibre naturelle ? J'en sais rien du tout, faudrait demander à ma maman. C'est elle qui les achète, qui les lave et tout ça. » Ouais, moi je me contente de les enfiler à mes pieds le matin et à les enlever le soir en allant me coucher. Bien entendu, je ne dors pas avec des chaussettes. J'ai lu quelque part qu'il était important de laisser un pied respiré durant la nuit. D'ailleurs, en parlant de nuit, Mickey évoque rapidement mon levé plutôt tardif. Il faudrait qu'il sache que je suis quelqu'un de plutôt fainéant et une fois que je me sens à l'aise dans un lit, je pourrais y rester des journées entières. Je ne pense pas que cela est gâché une journée, je pense juste que c'est une autre façon de profiter de la journée, d'apaiser un corps et de le reposer. J'pense que c'est essentiel pour quelqu'un pour moi, même si j'ai tendance à le faire à l'excès si j'en crois les paroles de mes parents. J'ai toujours été fainéant, faut pas espérer que ça va changer alors que j'ai bientôt trente ans. Le changement, c'était avant. « Et bien dans ce cas, couche-toi une heure plus tôt. Tu auras le même temps de sommeil, tout en restant une heure de moins au lit. » Mickey doit quant à lui, penser que rester au lit est synonyme d'une journée de perdue. « Je vois, t'es pas le genre de mec à prolonger ses matinées dans un lit toi. Tu n'aimes pas ça ? Enfin, j'veux dire ça ne te procure aucun plaisir de glander des heures comme une larve ? Parce que je dois admettre, que ce genre de truc fait parti des choses que je préfère au monde. » Sur ces bonnes paroles, j'allume l'eau de la douche afin qu'elle puisse chauffer avant que je n'entre dedans. J'enlève mon t-shirt, enfile rapidement et à l'abris des regards mon maillot de bain. J'vérifie la température de l'eau à l'aide de ma main avant de décider de me glisser en dessous. J'espère simplement que cela ne va pas perturber Mickey dans son ménage matinal.