A ce stade là, clairement, ça n'était plus de l’inconscience, mais du masochisme. Car Mado trouvait encore le moyen de se rendre à la patinoire alors que toutes les fois où elle s'y était trouvée et où elle avait tâché d'apprendre à y patiner, elle y avait connu maintes désillusions. Mado était nulle à chier en patinage, ça n'était plus un secret pour personne. On l'avait vu se cramponner à la rambarde comme une désespérée, se plaindre à tout va et même se casser la figure sur la glace. Autant dire qu'elle ferait mieux de fuir cet endroit comme la peste, vu qu'il ne l'y lui arrivait généralement que des tracas. Et pourtant non, c'est une Mado toujours aussi déterminée à apprendre de ses erreurs et à dépasser ses échecs qui se trouvait là, adossée au mur, ses patins à la main et visiblement décidée à choper la première personne qui croiserait sa route pour demander, non exiger, un cours de patinage. Oui, c'était comme ça maintenant. Et dieu sait qu'elle redoutait de tomber à nouveau sur quelqu'un d'aussi nul qu'elle, à l'image d'Alecia, de Nadan ou de Peyton. N'y avait-il donc pas quelqu'un qui sache patiner, par ici ? Ne pouvait-on pas lui faire le plaisir de lui coller quelqu'un d'un tant soit peu compétent, pour une fois ? Ce serait probablement au hasard d'en décider. Hasard qui plaça alors sur sa route le vaillant Myles, qui approcha, sans doute sans se douter qu'il courait droit à un guet-apens. Car à peine fut-il arrivé à sa hauteur que la jeune femme s'empara de son bras, histoire de le retenir, mais également histoire de donner un aspect plus dramatique à ce qui suivrait. « Ecoute-moi. L'heure est grave, l'heure est même critique, alors il me faut toute ton attention. » Elle s'assura alors qu'il était apte à en savoir plus. Visiblement, oui. Bien. « Maintes fois je suis venue ici, et maintes fois j'y ai égratignée ma dignité. A ce jour, elle se porte bien mal, la pauvre. Elle pleure beaucoup, et moi aussi. Bref. Je me fiche de ce que ça me coûtera, de ce que tu pourras réclamer en échange, mais sache une chose, il est impératif que j'apprenne à patiner. Si toi-même tu ne sais pas tenir sur cette glace plus d'une demi-minute, alors nous allons avoir un problème. Car vois-tu, j'en suis à un stade de désespoir tel que je me sais capable du pire. Oui, du pire. Tu ne voudrais pas avoir un drame sur la conscience, n'est-ce pas ? Alors aide-moi. S'il te plait. Dis-moi que tu sais patiner, et dis-moi surtout que tu vas m'apprendre. » Son regard ancré au sien, elle ne comptait naturellement pas le laisser partir. Et en cas de refus, elle se verrait dans l'obligation de l'assassiner, ne serait-ce que pour qu'il ne répète rien de tout ça. « Oh et, petite précision, si par hasard tu te sentais pris d'un fou rire, attends que je sois relativement loin de toi pour te risquer à l'exprimer. Simple conseil. » Parce qu'il serait franchement cruel de se foutre de sa gueule, alors qu'elle était en pleine détresse. Bien trop cruel pour s'en sortir sans égratignure, c'est certain.

Quoi faire en cette après midi ? Une question à laquelle je n’ai pas trouvé de réponses, depuis une bonne dizaine de minutes. Je suis avachi sur le canapé dans le salon, attendant qu’il se passe un truc…Mais quoi ? A l’évidence, dans l’heure qui suit, il ne va rien se produire d’intéressant. Pas de candidats qui court au milieu du salon nu, ou les cheveux en feu…Pas de passage d’animaux sauvages. Pas de crêpages de chignons. Pas de…Houla, il faut vraiment que je bouge mes fesses moi. Ça ne va pas, je divague un peu trop. Dans l’idéal, ça serait de pouvoir sortir de ce dôme qui me ferait du bien…Mais à moins d’abandonner l’aventure, et tirer un trait sur des semaines de jeu, cette option n’est pas tellement viable. Même pas du tout. Je vais devoir me contenter des activités qu’on nous propose. Que j’ai déjà eu le temps de faire le tour moult et moult fois maintenant. J’opte finalement pour la patinoire. Evidemment que je vais privilégier une occupation physique. A peine ais je enfilé mes patins, qu’une tornade me tombe dessus. Mado. Elle m’attrape le bras, l’heure serait grave selon elle. Tiens donc. Et là, elle se met à déverser un flot de paroles, sans s’arrêter. C’est qu’elle en a des choses à dire. Pas du tout dans l’exagération la Mado. En gros, elle veut que je lui apprenne à patiner. En effet, j’ai cru comprendre qu’elle avait plus que des lacunes dans le domaine. « Un drame ? Que vas-tu faire ? Te trancher les veines avec un patin ? » A ce point peut être ? « Et voyons…loin de moi l’idée de rire. Je comprends la gravité de la situation, crois moi. Je ressens ta détresse au plus profond de mon âme. » Bien sur, bien sur. « Tu n’es pas bien, ça se voit clairement. Alors, quel homme cruel ferais je de ne pas t’apporter mon aide. Je crois que je n’arriverais plus à me regarder dans le miroir. » Puis ne s’agirait il pas là de non assistance à personne en danger ? « Et Dieu sait ce que je suis beau, ça serait dommage. » Très drôle. Comme si je passe mon temps à admirer mon reflet. « Je pense que tu l’as compris… Je vais t’aider. » Alors là, elle est sur son petit nuage n’est ce pas ? De quoi sauter de joie. « Mais attention, je te préviens, il y a une condition. » Oh oui, sinon ça serait bien trop facile. « Il va falloir que tu réfléchisses très attentivement avant de prendre ta décision…Tu veux connaître cette condition ? »

Okay, il y avait des façons de procéder et agripper le pauvre Myles d'une telle manière n'avait peut être pas été la meilleure façon de l'interpeller, mais soit, ce qui était fait était fait, et au moins, de la sorte, elle était certaine qu'il ne prendrait pas la fuite lorsqu'elle lui parlerait de sa requête. Une requête toute bête. Une requête qu'elle avait déjà formulé à l'égard de deux personnes, avant lui. Mais puisque ladite requête restait aujourd'hui d'actualité, il était évident que personne n'avait jusqu'ici été capable d'y accéder. Ainsi donc, elle avait envie de croire, sincèrement, que Myles serait quant à lui disposé à lui venir en aide. En soi, elle ne demandait pas grand chose. La seule chose qu'elle voulait, et dieu sait que cela lui tenait à cœur, c'était patiner. Juste ça, oui. Et elle était prête à revoir ses ambitions à la baisse, si besoin. Elle se contenterait d'apprendre, et ne demanderait pas nécessairement d'atteindre un bon niveau, étant donné qu'elle préférait rester réaliste, vu qu'il semblait peu plausible de devenir aussi douée que Brian Joubert en une seule fois. Elle préférait ne pas se faire trop d'illusions non plus, vu qu'elle n'était même pas encore sûre que Myles accepterait. Après tout, elle ne devait pas être la candidate qu'il préférait ici, alors d'ici à ce qu'il l'envoie chier, hein ... Bon. Quant au drame dont elle parlait, il est vrai qu'elle était restée évasive. Mais sans doute n'était-ce pas plus mal, hm. « Je pensais m'égorger avec, mais soit, le résultat sera le même. » Elle serait morte, donc, oui. Espérons donc qu'elle n'ait pas à en arriver là, tout de même. Il disait ne pas avoir en tête de rire, ce qui était une bonne chose, avant de lui sortir un baratin censé témoigner de l'empathie qui était la sienne face à la détresse de Mado. Mouais, bon. « Merci, merci. Je pensais que tu allais te foutre de ma gueule, alors que là, toutes tes belles paroles, ce n'est pas du tout ça, hein ? » Non parce qu'elle voulait bien croire qu'il était sensible à son désarroi, mais à ce point ... « Oh oui, tu es beau. Je comprends qu'Everleigh ait du mal à ... à ... alala, j'ai une telle envie de patiner moi ! » Comprenez qu'elle n'avait pas envie de se lancer là dedans, déjà parce que ça ne la regardait pas, mais aussi parce qu'elle n'avait pas envie de savoir ce qu'il en était. Ce serait trop bizarre, oui, voilà. Il disait donc vouloir l'aider et elle ne manqua pas de sourire à cette idée. « Oh, super. Je serai une élève modèle. Sage comme une image, docile comme un chien ... Le rêve, quoi. » Autant dire qu'elle serait beaucoup plus sage que ses propres élèves, hein. Mais voilà qu'il parlait condition. Ah, d'accord, tout ça fut trop beau ... Il devenait désagréable, le Myles. Quel petit intéressé, hein. « Je ... Bah oui, évidemment ! Quelle condition ? Attention, hein, je ne couche pas pour réussir, moi. » Donc s'il ne voulait pas y perdre ses attributs masculins, il ferait bien de ne pas lui sortir ce genre de conditions, hm.

« Je pensais m'égorger avec, mais soit, le résultat sera le même. » Tout aussi radical et certainement encore plus efficace. Mais quand même, ça ferait beaucoup de sang tout ça. Un peu trop salissant. Et surtout ça ferait quelque peu désordre dans une télé réalité. Il vaut mieux éviter donc. Alors je suis prêt à l’aider. « Merci, merci. Je pensais que tu allais te foutre de ma gueule, alors que là, toutes tes belles paroles, ce n'est pas du tout ça, hein ? » Quoi ? Elle ose sous entendre que je ne suis pas sincère dans mes paroles ? Elle remettrait en doute mes propos ? Hm peut être que j’en ai fais trop pour que ça paraisse crédible. Forcément moi je m’emballe… « Evidemment que non, je compatis réellement. Je suis un homme sensible. » Ça ne se voit pas ? L’empathie, ça me connait. « Oh oui, tu es beau. Je comprends qu'Everleigh ait du mal à ... à ... alala, j'ai une telle envie de patiner moi ! » Ce qu’elle est drôle la petite. Mais je sais très bien qu’elle aussi est folle de moi. C’est évident. « Oh, super. Je serai une élève modèle. Sage comme une image, docile comme un chien ... Le rêve, quoi. » Hm j’ai comme des doutes. Une Mado docile, prête à obéir à mes moindres ordres ? « J’espère bien. Sinon ce n’est même pas la peine qu’on commence. » Alors elle aura intérêt à montrer de la bonne volonté. Et si je lui demande de nous exécuter un triple axel, et bien elle devra le faire, oui oui. Mais en attendant…Pour qu’on puisse réellement commencer la leçon de patinage, il faut qu’elle accepte une condition. Très importante. Sans quoi, hors de question de l’aider, peut importe la détresse psychologique dans laquelle elle se trouve. « Je ... Bah oui, évidemment ! Quelle condition ? Attention, hein, je ne couche pas pour réussir, moi. » Oh putain, elle m’a déjà grillé. « Bon bah…Je crois que nous sommes dans une impasse. » Et bien oui, puisqu’elle ne veut pas s’investir comme il se doit… « Mais allez, je veux bien faire un effort, je vais revoir mes attentes à la baisse. Un merci me suffira. Et tu devras dire que je suis la personne la plus exceptionnelle que tu ais été amené à rencontrer dans ta vie. » Bien sur. Bon vous l’aurez compris, mes conditions sont surtout très bidons hm. Très facilement réalisables. Alors que je suis sur que j’aurais pu en profiter pour récolter quelques vrais services, comme je ne sais pas, faire ma lessive, ou un petit déj, un truc dans le genre. Mais même pas.

S'égorger avec un patin, c'était évidemment chose possible. Du moins, Mado le supposait. Mais vous savez quoi, elle n'avait même pas envie d'en douter, en fait, vu qu'elle n'avait pas tellement prévu de vérifier. Ce serait ballot qu'elle parvienne à s'égorger, quand même. Surtout que bon, c'était toujours le même problème qui se présentait dans ces cas-là : comment diable le monde survivrait-il à sa disparition ? Personne n'était conditionné pour une telle perte, alors disons qu'elle allait sagement partir du principe que, oui il était possible de s'égorger avec un patin, mais que non elle ne le ferait pas. Parfait. En tous les cas, il était franchement sympathique le Myles, aujourd'hui. Il acceptait de venir en aide à Mado, et croyez bien qu'elle ne l'oublierait pas. Un service rendu en vaudrait un autre, c'est certain. A noter qu'elle avait tout de même un tout petit peu de mal à savoir s'il était présentement entrain de se foutre de sa gueule, ou non. Allez savoir pourquoi, elle avait tendance à penser que oui, ne serait-ce que parce qu'il en faisait des tonnes ... Mais il s'en défendit immédiatement, prétextant être simplement un homme sensible. Ah, autant pour elle alors. « Et un comédien formidable, de surcroît » plaça-t-elle alors, l'air de rien. Oh allez, sans rancune, elle s'en foutait pas mal qu'il se fiche un peu d'elle, du moment qu'il était toujours décidé à l'aider. Parce que ça lui tenait à cœur, hein, clairement. Quant à sa maladroite petite réflexion de tout à l'heure, vous savez, au sujet du charme de Myles, disons qu'elle n'avait rien dit. Voilà, rien du tout. En tout cas, qu'il se rassure, il aurait à faire à une Mado plus attentive que jamais. Elle voulait apprendre, elle voulait surtout progresser, alors c'était à elle de se donner les moyens de ses ambitions. « Je t'assure que j'y mettrai beaucoup de bonne volonté, tu ne seras pas déçu. » Quand elle commençait quelque chose, elle le faisait souvent à fond. Parfois, c'était même un problème. Soit. « Pour preuve, on va rester là jusqu'à demain matin, histoire de mettre toutes les chances de notre coté, hein. » Bah oui, évidemment. Et puis comme ça, elle serait rapidement d'un excellent niveau, hm. Le plan parfait, en somme. Sauf que Myles parla ensuite d'une condition, et que c'était toujours la partie qui donnait envie de se méfier. Attention à ce qu'il proposerait, parce que Mado n'avait pas encore ses patins aux pieds, hm. Non, elle ne couchait pas pour réussir. Ce n'était pas pour elle, clairement. Elle préférait réussir par elle-même, quoi que cela lui coûte. Myles fit alors mine d'avoir été démasqué. Du moins, elle espérait qu'il n'était pas sérieux. Ouais, voilà. « Oh, ne fais pas ton déçu, tu trouveras de la tendresse chez quelqu'un d'autre » souffla-t-elle ensuite, en un fin rictus. Oui parce que bon, c'était Myles, hein. Ce qu'elle sous-entendait ? Mais rien, voyons. Rien du tout. « Entendu, tu auras donc droit à un merci et à une phrase on ne peut plus hypocrite. Moi ça me semble être un bon deal. » Bon, elle le taquinait là, hein. Même si bon, il était quand même peu probable qu'elle pense ce qu'elle lui dirait tout à l'heure, hein. Toujours est-il qu'elle était très motivée et donc qu'elle entreprit de chausser ses patins. Disons que ça lui semblait être un bon début. « Je pense qu'on peut commencer. Oh, par contre, il est possible que tu sois émerveillé par ma grâce. Si tel est le cas, contrôle-toi, s'il te plait. J'ai bien conscience d'être une prodige qui s'ignore, mais tout de même. » Oh parfois, Mado avait beaucoup d'humour. Beaucoup d’optimisme, aussi, oui.

« Et un comédien formidable, de surcroît » Un comédien ? Elle oserait insinuer que je joue ? Elle continue à douter de ma sincérité. Vraiment je ne vois pas ce que je dois faire pour qu’elle me prenne au sérieux. Mais bon, je suppose que c’est un compliment. Si elle me pense capable de tels talents d’acteur. C’est vrai que je peux être pas mal dans le genre. Bien qu’elle ne les as encore jamais vu en action. Comédie ou pas, je suis réellement prêt à l’aider. Et Mado se fit pleine de bonne volonté, allons donc. « Pour preuve, on va rester là jusqu'à demain matin, histoire de mettre toutes les chances de notre coté, hein. » Ah carrément. « Malheureusement je crois que ça ne va pas être possible, j’ai un emploi du temps très serré tu comprends. » Je suis un homme très demandé. « Mais j’ai foi en tes capacités, tu verras, en une heure tu seras déjà prête pour les JO » Avec un entraineur comme moi, sa rapide capacité d’apprentissage, et bien oui, on devrait pouvoir déjà viser l’excellence dans peu de temps. Le truc, c’est qu’elle n’est pas prête à coucher avec moi pour sa petite leçon. Bien dommage. Moi qui n’attendais que ça. « Oh, ne fais pas ton déçu, tu trouveras de la tendresse chez quelqu'un d'autre » Il est certain que si je recherche de la tendresse, ce n’est certainement pas vers elle que j’irais me tourner. Et je pourrais toujours trouver une autre volontaire c’est vrai. Du coup je revois mes attentes à la baisse, un petit merci et un compliment. « Entendu, tu auras donc droit à un merci et à une phrase on ne peut plus hypocrite. Moi ça me semble être un bon deal. » Quel culot. « Je saurais m’en contenter. » Même un compliment hypocrite, tant pis. Je suis tellement désespéré d’en recevoir voyez vous, que tous les moyens sont bons. Mado entreprend finalement de chausser ses patins. Hm ça pourrait être utile oui, pour l’activité qu’on a prévu. Moi j’ai déjà les miens, puisqu’elle m’a interrompu alors que j’allais me rendre sur la piste. « Je pense qu'on peut commencer. Oh, par contre, il est possible que tu sois émerveillé par ma grâce. Si tel est le cas, contrôle-toi, s'il te plait. J'ai bien conscience d'être une prodige qui s'ignore, mais tout de même. » J’esquisse un sourire. « Hm je pense que ça devrait aller, ne t’en fais pas pour moi. » Surtout que bon, y a quand même plus de chance que je doive me contrôler pour ne pas me taper un fou rire à la voir se gameller hein. Ou alors depuis le début du jeu elle se fou de nous, et en fait c’est une vraie prodige du patin. Et pour ne pas nous vexer, ou qu’on soit trop jaloux, elle fait semblant d’être une bouse. « En piste. » Je m’engage sur la glace, patine quelques pas, avant de me retourner et regarder la brunette, attendant qu’elle fasse de même. C’est à ce moment précis, que la musique de Cupidon retentit. Sérieusement ? Je croyais qu’il nous la balançait lors de moments propices au rapprochement… Alors que là on n’est pas tellement dans le mood. Puis surtout, je n’ai pas franchement envie de l’embrasser, là tout de suite. Non pas qu’elle soit repoussante, loin de là, m’enfin on n’a pas une telle relation. Puis je ne veux pas recevoir un Fitz sur le dos. Pour autant avec de l’argent en jeu, la question ne se pose pas tellement dans ma tête. « Cupidon va me permettre d’exhausser un de mes vœux les plus chers. » Qu’il est trop gentil. Parce qu’évidemment que j’en rêve de ses lèvres depuis le premier jour que je l’ai rencontré. Je reviens près d’elle. « Est ce qu’il va falloir que je te cours après pour t’embrasser, ou t’es consentante ? » Le mieux serait quand même qu’elle soit d’accord, n’est ce pas.

Mado avait le compliment facile aujourd'hui, c'était suffisamment rare pour être salué. Car Myles était un comédien, certes, mais formidable, peut être pas quand même. Disons qu'il peinait plutôt à la convaincre, avec ses répliques pleines d’exagération. Mais bon, Mado étant Mado, à savoir la nana la plus excessive du château - pourquoi n'avait-on pas remis un award comme celui-ci à la française, d'ailleurs ?! - disons qu'elle se garderait bien d'en dire plus à ce sujet. Autant rester sur quelque chose de plaisant, après tout. Et puis, peut être serait-elle à l'origine d'une sorte de vocation. Peut être Myles se lancerait-il dans l'actorat en sortant d'ici. Bon, il s'y casserait très probablement la gueule, mais il y aurait au moins cru un instant, et c'était tout ce qui importait. Rendre les gens heureux, c'était ça la vocation de Mado. Évidemment. Myles n'était en tout cas pas franchement sympa de trouver à redire du fait que Mado ait prévu de s'entrainer ici jusqu'au petit matin. Ne comprenait-il pas que beaucoup de choses étaient en jeu ? Lui, il disait avoir un emploi du temps de ministre. Comme c'est ballot. « Ah non, Myles, je ne veux rien savoir. Dans la vie, tu sais, il y a des priorités. Et j'en suis une, sache-le. » Bien sûr que Mado était une priorité, qui ne le savait pas encore ? Il fallait la faire passer avant tout le reste, sinon elle se vexait facilement. Ainsi donc, il n'aurait d'autre choix que d'organiser son emploi du temps autrement, car Mado, elle, ne ferait pas d'efforts. Oui, c'était comme ça. Et non, ça n'était pas négociable. « Les JO, vraiment ? J'ai toujours su que j'y aurai ma place un jour, quoi que pas tellement dans cette discipline, mais pourquoi pas. » Disons, davantage en natation, où elle pourrait peut être un jour atteindre un niveau olympique. Mais le patinage artistique, ça n'était pas mal non plus, c'est clair. Toujours est-il que, non, Mado n'allait évidemment pas coucher pour réussir. Elle n'en était jamais passée pour là - mais n'avait jamais tellement réussi non plus, oui, bon - alors elle ne commencerait certainement pas aujourd'hui. A la place, par contre, elle voulait bien offrir à Myles de simples remerciements accompagnés d'une phrase aussi clichée que mensongère. Oui, elle était dans un bon jour. Il disait alors pouvoir s'en contenter, et ça tombait plutôt bien. Toujours est-il qu'en restant ici à papoter, Mado ne risquait pas de faire des progrès. Bah oui, il faudrait peut être y aller, en fait. Du coup, elle entreprit de chausser ses patins - une tâche déjà bien galère et qui annonçait très bien la couleur, à savoir qu'elle était nulle, nulle, nulle - et ne manqua pas de préciser, l'air de rien et juste comme ça, qu'il se pourrait qu'elle se découvre malgré tout un talent caché et pour le moins extraordinaire. Oui, elle se voyait bien devenir une légende, en fait. A peu de choses près, oui. Elle en ferait rougir les plus grands, et ... et ... et elle allait tout de suite arrêter de rêver, parce que ça n'était pas comme ça qu'elle arriverait à quoi que ce soit. Non, vraiment pas. « Il va de soi que si je suis aussi épatante que dans mes rêves, je ne t'empêcherai pas d'aller dire aux autres ô combien je suis prodigieuse, hein. Par contre, s'il s'avère que je suis finalement nulle à chier, je ne t'y forcerai pas. Non, vraiment, tu n'y seras pas obligé. » Et bien oui, elle se passerait bien d'une mauvaise publicité, hm. Myles prit les devants et avança sur la glace. Et donc, là, c'était à elle hein ? Bien. Très doucement, elle entreprit alors de le suivre, non sans craindre la chute à tout moment. Mais bientôt, une musique retentit. Oh, quel amusant timing. Alors au moment où elle commençait à craindre pour sa vie, on lui donnait envie de danser ? Amusant, oui. Sauf que danser, ça n'était pas franchement ce qu'on attendait d'elle, n'est-ce pas ? Parce que oui, il était probable qu'elle doive embrasser Myles, là, tout de suite. D'accord. Lui, il disait que c'était l'un de ses vœux les plus chers. Olala, elle se sentait toute chose d'un seul coup. « Je dois dire que j'en ai souvent rêvé, moi aussi. Toi, moi, un baiser. Le début d'une folle histoire d'amour, qui ne cesserait jamais ... » Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, oui, bien évidemment. Tout ça, c'était exactement la vie à laquelle aspirait Mado. Qui oserait en douter ? Personne, assurément. « Je ne sais pas trop. Je crois que si j'essaye de t'échapper, il y a de grandes chances pour que je me tue en tombant. Donc je vais plutôt rester docile et accepter mon sort. » Et même qu'elle allait l'engendrer, ce baiser. Car Mado avança légèrement, essayant de ne pas se casser la figure, puis l'embrassa. L'échange fut plutôt bref, sans prétention, mais agréable. Le but n'étant pas de se rouler une pelle mais de ne pas perdre d'argent, quand même, rappelons-le. « Myles ... que nous arrive-t-il ? Je crois que ... que ... » Oh non, elle en était même sûre. « ... que nous avons perdu assez de temps comme ça. Allez, mettons-nous au travail, j'ai une médaille d'or à décrocher, moi ! » Ce fut sympa, okay, mais le devoir les appelait. N'empêche, quelle fierté de goûter à des lèvres aussi convoitées ! Elle était la combientième à y avoir droit ? Oh, attendez, elle n'était pas du tout sûre d'avoir envie de le savoir, en fait.

« Ah non, Myles, je ne veux rien savoir. Dans la vie, tu sais, il y a des priorités. Et j'en suis une, sache-le. » Je devrais faire de Mado une priorité dans ma vie ? Peut être tout lâcher, juste pour elle ? Oh bien sur. « Autant pour moi, je le saurais maintenant. » C’est bon, dorénavant, elle passera toujours en première. « Les JO, vraiment ? J'ai toujours su que j'y aurai ma place un jour, quoi que pas tellement dans cette discipline, mais pourquoi pas. » Elle est sérieuse là ? Elle pensait vraiment qu’un jour elle atteindrait le niveau olympique dans une discipline ? Je sais qu’elle aime l’eau tout ça, mais quand même. Remarquez, peut être que j’ai à faire à une pro de la nage. « Oui vraiment. Avec moi tu ne peux atteindre que l’excellence » Cela va de soit. Tout ce que je touche se transforme en or. Un peu comme le roi Midas. Alors elle est en de très bonnes mains à n’en point douter. « Il va de soi que si je suis aussi épatante que dans mes rêves, je ne t'empêcherai pas d'aller dire aux autres ô combien je suis prodigieuse, hein. Par contre, s'il s'avère que je suis finalement nulle à chier, je ne t'y forcerai pas. Non, vraiment, tu n'y seras pas obligé. Ce qu’elle est drôle cette petite. Mais je comprends bien qu’elle veuille conserver son image intacte. En gros sois je vante ses mérites, soit je ferais mieux de me taire. Pas besoin que les autres soient au courant si c’est une grosse buse en patinage. Mais ce n’est pas déjà un peu trop tard ? Je crois que c’est déjà de notoriété publique qu’elle craint. « Voyons…Si on me pose la question, je serais dans l’obligation de dire la vérité. Il ne tient plus qu’à toi de m’éblouir. » Autrement dit son sort est entre ses mains. Et alors qu’on allait enfin commencer la séance d’apprentissage, il serait temps dites moi, on est interrompu par Cupidon et sa fameuse musique. Qu’est ce qu’il nous fait chier avec celle là quand même. Ou au moins qu’il en change un peu je ne sais pas. Parce que là c’est bon on la connait par cœur. I'm gonna make a million, billion, trillion, gazillion, Million, billion, trillion, gazillion… Aaaaaaaaarh ta gueule ! Bref, en attendant ça signifie embrasser Mado. Je fais genre c’est mon rêve le plus fou. A d’autre. Je vivais très bien jusqu’ici de ne jamais avoir gouté à ses lèvres. Je pense que j’aurais pu survivre encore un peu. « Je dois dire que j'en ai souvent rêvé, moi aussi. Toi, moi, un baiser. Le début d'une folle histoire d'amour, qui ne cesserait jamais ... » Elle s’emballe un peu trop je crois. Bon en même temps je comprends…C’est de moi dont il s’agit. Y a de quoi être toute émoustillée. « Bon sang, alors toi aussi tu le ressens ? » Mais c’est merveilleux ! J’ai le cœur qui bat à dix milles à l’heure là. Non mais plus sérieusement, je lui demande quand même son consentement. Parce que malgré toutes les conneries, faut quand même qu’il y ai baiser pour ne pas perdre de l’argent. Et je doute que m’embrasser ait pu réellement faire parti de ses envies. « Je ne sais pas trop. Je crois que si j'essaye de t'échapper, il y a de grandes chances pour que je me tue en tombant. Donc je vais plutôt rester docile et accepter mon sort. » Accepter son sort, comme c’est romantique…Elle le veut vraiment ce baiser n’est ce pas. Enfin ça va, je ne suis pas non plus un laideron, j’imagine qu’il y a pire comme corvée que de devoir m’embrasser. Assez blablaté, c’est même elle qui initie le contact. Un échange bref, le minimum syndical. Agréable, mais sans plus. Ce n’est pas un baiser qui restera dans les annales, c’est certain. M’enfin le job est fait. En tout cas je n’ai pas ressenti l’étincelle qui me ferait tomber automatiquement amoureux d’elle. « Myles ... que nous arrive-t-il ? Je crois que ... que ... » Qu’elle est folle de moi ? Je sais bien. « ... que nous avons perdu assez de temps comme ça. Allez, mettons-nous au travail, j'ai une médaille d'or à décrocher, moi ! » Aaah terrible désillusion. « T’es sure que tu vas pouvoir te remettre de tes émotions ? Parce que je te sens fébrile après ce baiser, regarde tu tiens à peine sur tes jambes… » Oh c’est peut être dû au fait qu’elle ne soit pas totalement à l’aise sur la glace ça hm. « Tu sais je comprendrais si il te faut quelques minutes pour reprendre tes esprits. » Tout à fait. Non c’est bon elle va mieux ? « Bon allez plus sérieusement…Si tu commençais par me montrer ce que tu sais faire. Que j’évalue l’ampleur des dégâts. »

C'était un fait, Mado était une priorité. Comprenez bien que c'était une carte qu'elle ne sortait pas souvent, étant tout de même assez modeste pour s'en cacher, mais lorsqu'une situation la nécessitait, elle était bien forcée d'en faire usage. Ainsi donc, oui, elle comptait sur Myles pour organiser son emploi du temps en fonction de sa petite personne, car elle le valait bien, tout simplement. Visiblement, il s’accommodait d'une telle révélation, et ça tombait bien. Donc oui, il le saurait désormais. Quant au JO, et bien, disons que la modestie ne l'étouffait pas non plus. Car bien évidemment, étant une jeune femme terre-à-terre, elle se doutait bien que ça n'était assurément pas demain la veille qu'elle atteindrait un niveau olympique, quelle que soit la discipline. Elle avait beau avoir plusieurs années de pratique dans bien des sports, et surtout en natation, elle n'en restait pas moins réaliste. Quoi qu'il en soit, savoir qu'elle y aurait sa place en patinage artistique grâce à Myles, ça la motivait grandement. Elle était tombée sur une pointure, c'est évident. « Je me disais bien que je finirai par tomber sur quelqu'un de pleinement compétent. On a voulu me faire croire qu'il n'y avait que des branquignols dans le coin, mais j'ai bien fait de ne pas désespérer. » Parce que bon, disons qu'elle n'avait pas franchement eu de chance jusqu'à maintenant, étant globalement tombée sur des gens moins talentueux encore qu'elle l'était, si tant est que ce soit seulement possible. Ainsi, Myles tombait plus que bien en ce jour. Canonisé il serait, c'est certain. Par contre, soyons clairs, autant Mado n'aurait aucune raison de l'empêcher de vanter ses mérites auprès de leurs camarades, autant elle ne le forcerait absolument pas à évoquer son piètre niveau si elle n'arrivait décidément à rien. Bah oui, elle s’accommoderait d'une bonne publicité, mais moins d'une mauvaise. Pas folle, la guêpe. Sauf que Myles ne la rassurait pas des masses, là. Hm. « Roh, mentir pour la bonne cause, ça n'est pas vraiment mentir tu sais ... Soit, je vais vraiment faire de mon mieux, mais sois indulgent. Je te rappelle que je pars de très loin, hein. » Oui, son niveau était tout bonnement désastreux. Alors oui, il était possible qu'elle se révèle finalement être une as de la glace, mais il était tout aussi possible qu'elle se vautre toutes les cinq minutes, donc bon, elle espérait vraiment qu'il ferait preuve de compréhension. De toute manière, s'il tenait à être récompensé, il avait plutôt intérêt. Oui, oui. Mais voilà qu'une musique familière retentit, vous savez, la musique qui priait les protagonistes de s'embrasser. Ah vraiment, ça n'était pas le moment, hein. Mado était motivée à faire des progrès, et on faisait tout pour la distraire. Parce que oui, évidemment, elle rêvait de Myles toutes les nuits, se réveillant perpétuellement avec cette même envie : lui avouer tout son amour. Tout à fait elle, oui, vraiment. Cette musique était donc une aubaine, hein. Bah oui. « On ne peut pas se voiler la face plus longtemps » souffla-t-elle alors, histoire de bien en rajouter. Oui parce que bon, on aurait pu croire qu'elle en pinçait pour un autre, alors que bon, il était évident que c'était Myles son gros coup de cœur ici. Pas crédible ? Ah non ? Bah c'est qu'elle cachait encore mieux son jeu qu'elle le pensait, alors. Son camarade souhaita en tout cas s'assurer qu'elle était pleinement consentante, ce qui était le cas, ne serait-ce que parce que perdre de l'argent n'était absolument pas au programme. Ainsi donc, non, elle ne fuirait pas - ou n'essaierait pas du moins - et oui elle l'embrasserait. C'est d'ailleurs ce qu'elle fit, en s'approchant puis en déposant ses lèvres sur les siennes. Non, ce ne serait pas un baiser exceptionnel, juste quelque chose de standard. Elle ne pouvait pas non plus lui sauter dessus, vous comprenez. Sans doute laissait-elle cela à d'autres. Et puis, elle avait sa fierté. Passer pour la fille accro, ça allait bien deux minutes, hein. Bon. N'empêche, ce fut tout de même agréable, alors qu'il ne s'avise pas de se plaindre. Par contre, c'était bien gentil d'essayer de les déconcentrer, mais le travail passait avant tout, surtout qu'ils avaient du pain sur la planche, hein, clairement. « Il le faut Myles, je n'ai pas le choix. Il y a un temps pour tout, tu sais bien. Et je suis une pro', je ne peux pas me laisser perturber par si peu. » Alors oui, ce fut le plus beau moment de sa vie, tout ça, mais elle allait devoir se remettre les idées en place, quand même. « Je t'assure que ça va aller. Il faut simplement que j'évite de repenser à ce délicieux moment, et que je me focalise sur le boulot. Oui, vraiment, ce serait préférable. » Parce que sinon, elle pourrait défaillir, et ce serait embêtant. Surtout que Myles attendait désormais de Mado qu'elle ... lui montre ce qu'elle savait faire ? Ah. Bon. Euh. « Je ne suis pas certaine de savoir faire quoi que ce soit, en fait » confessa-t-elle, perplexe. Bah oui parce qu'elle n'avait jamais progressé, et qu'elle partait du niveau le plus pitoyable qui soit. Mais soit, autant se lancer hein. Ainsi, elle tenta de s'éloigner quelques peu, en partant vers la droite, tâchant de glisser sans pour autant se viander. C'était possible, ça ? Pas tellement, quand on s'appelait Mado. Du coup, oui, il fallut approximativement un mètre cinquante pour qu'une chute survint. Prévisible. « Ah bah si, je sais tomber. T'as vu comme elle était belle, cette chute ? Et dis, patiner sur les genoux, ce ne serait pas plus simple finalement ? » Elle, ça l'arrangerait bien en tout cas. Mais parait-il que les règles ne se refaisaient pas. Y'avait pas moyen, vraiment ?