SUJET POUR CASSANDRE

Plus on avançait dans le jeu, plus je m'y faisais. J'avais pris quelques habitudes, je me sentais maintenant à mon aise. Je prenais véritablement cette maison, ce nid, pour un camp de vacances. Oui c'était ça le terme, une deuxième maison, un deuxième habitat où l'on passe ses vacances pendant quelques semaines ou quelques mois. Et les autres candidats étaient les adolescents. Remarque, ils rentraient très bien dans les rôles. Certains se comportaient vraiment comme de vrais gamins, excités de passer devant une caméra. Ils faisaient les fous, comme s'ils étaient retournés en enfance. Franchement, cela faisait plaisir à voir. Fallait pas non plus oublier qu'à la clé, il y avait un beau chèque. On s'inscrivait pas pour s'amuser et avoir de bons moments de délire, je trouvais cela abusé. Des gens ici, moi y compris, avaient besoin de cet argent. Je n'étais pas une gosse de riche, j'étais venue pour les bonnes raisons. Bref, le nid m'était maintenant familier. Pour ne pas changer, je commençai à descendre des escaliers. Oui, il n'y a pas d'ascenceurs. Vous avez vu ça ? Même pas moderne, ce truc. Heureusement qu'il n'y avait pas de mémés ici ou des gens en mauvaise santé, ils auraient eu du mal pour les monter, ces escaliers. Je ne m'étais pas plainte plus que cela étant donné que j'étais bien assez sportive pour descendre des marches sans être fatiguée. Ainsi, j'accélérai mes pas. Au fur et à mesure que j'arrivais en bas, on les entendait grincer. Parce qu'en plus c'était de vieux escaliers, bah voyons. Je sautai alors qu'il restait encore de trois à quatre marches, mais je me réceptionnai très mal sur le sol. C'était évident, j'avais bondi de bien trop haut pour que je puisse bien retomber sur mes jambes. Je me cassai littéralement la gueule, finissant finalement ma chute dans les bras d'un autre.

« Putain d'escaliers à la con ! » avait-je pensé avant même que je n'atterisse dans les bras de mon « sauveur ». Je m'étais doutée que je me casserais la gueule et pourtant j'avais tellement l'habitude de faire la même chose chez moi que je n'avais pas hésité à sauter. Je ne voulais même pas épater quelqu'un en ayant fait cela puisqu'il n'y avait personne et que ce n'était pas mon style de faire toute une mise en place, un cinéma, pour qu'on s'intéresse à moi. J'aimais que l'on se préoccupe de moi mais pas grâce à ce genre de choses. Évidemment, fallait que ça tombe sur moi. Dieu me le payera un jour d'être aussi mauvais avec moi et de me punir sans arrêt. Je me retrouvai ainsi dans les bras de Cassandre qui me tenait. Le beau jeune homme était tombé pile au bon moment sinon ca aurait été la tête en première sur le sol et cela aurait été bien pire, s'il n'avait pas été là bien sûr.

Pour une fois que ce n'est pas moi le plus maladroit...

Je ne répondis rien, j'étais encore à moitié inconsciente par ce qu'il venait de se passer, je me contentai de le regarder. Mais il avait raison. Quoi que ce n'était même pas un accident le pire étant donné que j'avais sauté de mon plein gré. Maladroite, je pense que je m'étais surtout sur-estimée.

Tu n'as rien au moins ?

Je voyais de petites étoiles, sa tête était tantôt floue, tantôt nette. Je n'arrivais pas à percevoir de façon précise les traits ou l'expression de son visage. Je pense pas que j'allais bien. Avais-je reçu un choc trop important ? Aucune idée. Toujours est-il que cela m'inquiétait tout de même un peu.

Cassandre, c'est bien toi ?! Je ne vois pas très bien ... Rassure-moi.

Je devais savoir si c'était vraiment ou lui ou bien que je me trompais sur son identité et que c'était quelqu'un d'autre. Vu mon état, je n'étais pas certaine de m'adresser à la bonne personne. Au début, j'allais répondre que je n'avais rien, qu'il ne devait pas se faire du souci pour moi, que j'allais parfaitement bien. Tout simplement que j'étais en excellente santé de toute façon. Mais avant même qu'un mot ne puisse sortir de ma bouche, les symptômes étaient bien là, ils étaient finalement arrivés et m'avaient atteinte. J'étais complètement sonnée, c'était certain. Je me frottai les yeux en espérant que je le verrais mieux mais sans succès. J'étais quelque peu anxieuse, il se devait de me rassurer. J'avais vraiment besoin de cela.


Ainsi, je n'avais confondu personne. Soit. Je n'avais pas perdu complètement mes esprits malgré mon état physique plutôt pitoyable. Le jeune homme m'installa par la suite sur la première marche des escaliers afin que je me sente mieux. Il ne me lâchait pas, je pouvais à tout moment retomber ce que je craignais par dessus tout mais il était là, là pour moi.

Ça va mieux ? Respire tranquillement, tout devrait revenir rapidement à la normale.

J'essayai de reprendre mon souffle, de respirer à un rythme moins soutenu. Je me calmai progressivement, me tenant toujours au jeune homme, je n'osais plus le lâcher.