Le soir, moment idyllique pour se retrouver seul. J'aimais la solitude, je la croquais à pleine dents, surtout ces derniers temps. Je me retrouvais seule dans l'obscurité de la cave, plongeant mes yeux sur l'unique point de lumière qui s'y reflétait, j'aimais ça, oui. Cette heure de fin d'après midi était propice à la solitude, surtout dans la chambre, beaucoup de candidats étaient sortis de leur sieste ou pire encore, de leur nuit. Chacun avaient trouvé un rythme dans la maison, leur rythme, notre rythme. Alors que la plupart des habitants se retrouvaient dans le salon ou dans la piscine pour s'amuser, pour commencer leur journée, je m'étais soigneusement fait petite afin d'être seule. Assise en tailleur sur le lit, j'écrivais. Mes pensées les plus profondes mais surtout, ces souvenirs que j'avais si peur de perdre, mes véritables souvenirs. Enfant, j'avais l'esprit brouillé, enfant, on m'avait demandé d'écrire, cette passion naissante, je me l'étais instruite seule, j'avais à peine sept ans, mais déjà j'étais seule.

Le cahier dans lequel j'écrivais à cet instant toucherait bientôt à sa fin, oui, je venais d'écrire le dernier mot, celui qui clôturerait une partie de ma vie, une période qui m'était si chère, celle de la renaissance. Pourtant, je restais sur ma fin, admirant ce mot qui m'étais si inconnu, il ne révélait pas ma personnalité, il n'était pas moi. Je me le remémorait en tête de nombreuses fois « Amoureux ». Le temps passait et les phrases me manquaient déjà, tout se brouillait, c'était insignifiant pour beaucoup, enfantin presque, mais j'en avais besoin, pour rester moi. C'est pourquoi, rapidement, je tirais le nouveau cahier, celui qui serait moi pour quelques semaines, il était rose, je n'en voulais pas, non, il m'était impossible, je le détestais déjà, les premiers mots que j'y traçais n'était que souffrance et désolation, il commençait si mal, j'avais envie de retourner dans le vert, couleur de l'espérance, ce cahier vert qui avait été pour moi une partie de bonheur intense, ce cahier vert qui était clôturé.

En parfait état d'autarcie, je n'entendis pas entrer Austin, je ne le sentis pas non plus s'approcher de moi dans une fureur qui lui était propre. J'écrivais à en perdre la raison, il était ma raison. Seule sa voix glaciale me fit relever la tête, il était là, prostré devant moi, sans bouger, un regard que je ne lui connaissais pas, c'était parti, ça commençait « Avec combien de mec t'as déjà couché ? Et pendant encore combien de temps tu pensais me prendre pour un imbécile ? » Il ne me laissa pas le temps de répondre que déjà il enchainaît « Tu joues à la gentille fille, chaste et innocente... parce que tu sais que les salopes ne m'intéressent pas et dans mon dos, tu joues les catins. T'es une garce Alice, une belle garce ! Encore pire que le serpent qui proposa la pomme à Eve, tu es la pire des tentations qui existent ici bas et tu t'es bien foutu de moi... je te félicite ! » Je ne le regardais plus depuis le milieu de sa phrase, traçant inlassablement ces lettres qui formèrent des mots qui eux formèrent une phrase, phrase qui se termina par un point, point qui annonçait que j'en avais fini. je posais doucement le stylo entre les pages, relevant doucement la tête vers Austin pour lui répondre : « Pour répondre à ta première question, je suis sûre que tu ne désires pas le savoir, après tout, je n'en sais rien moi même ... » Il parlait sans doute des garçons de la maison, mais sa question était si vague que j'y répondis tout autant. J'applaudis toutefois son monologue suivant « Tu pourras aller serrer la main de Leone, au moins, vous êtes d'accord sur un point » Je fermais le cahier, symbole unique de mon existence avant de partir à mon tour dans un monologue sans fin « Je ne t'ai jamais dis que j'étais une gentille fille chaste et innoncente, tu l'as souhaité, tu l'as tellement espéré que s'en ai devenu une réalité pour toi. Je n'ai jamais joué avec toi jusqu'à aujourd'hui et je n'en suis pas désolée sinon se serait te mentir ... Et jusqu'à aujourd'hui je ne t'ai jamais menti, pas à toi ... » Contrairement à Austin, ma tirade s'entrecoupait de reprise de respiration. « Je t'ai dis dès le début que je n'étais pas une fille pour toi, maintenant tu as ouverts les yeux, j'en suis flattée » Je repris en main mon stylo pour y écrire encore quelques mots, j'étais blessée à mon tour, ce n'était pas Austin le coupable, mais moi même. Une fois encore j'avais vécu pour moi même, j'avais cassé et détruit à tout jamais ce qui me reliait à la vie, j'étais de nouveau un cadavre, cette fille que l'on ne retient pas.

Dans la maison beaucoup se contentaient de regarder et apprécier, ils jugeaient à en perdre la raison, ils ne se rendaient pas compte du mal qu'ils faisaient autour d'eux. J'étais cette jeune femme fragile qui avait des angoisses et des peurs, j'avais des souffrances bien plus profondes que celle de perdre Austin, parce que c'était déjà fait. Ma vie se résumait à des choses si absurdes, j'étais sans attaches et jamais je ne le serais, non, je ne le pouvais pas, je n'avais pas envie d'affubler à une quelconque personne ma nature, il m'était impossible de vivre ça. Je devais simplement, doucement, dans la nuit, aller les embrasser pour ne plus les retrouver.

Quelques années avant, elle n'avait pas encore un an, si petite et si fragile, je l'ai prise dans mes bras, je l'ai serré si fort qu'il m'était impossible de l'en défaire, elle était mienne et pourtant, sans un mot, je l'ai embrassé et je l'ai laissé là, seule. J'avais attendu tout ce temps, j'avais décidé qu'il était temps pour moi de les laisser, préférant ignorer leur souffrance, ils seraient bien plus heureux sans moi. J'avais abandonné mon Angleterre si chère à mon coeur, mes principes et mes idéaux pour ne jamais me retourner. L'Irlande était devenue ma nouvelle demeure, j'avais recréé une vie à mon image, mais sans jamais m'attacher, pour ne plus devoir les quitter. Si aujourd'hui j'étais dans l'aventure de Fake Lover, c'était pour me redécouvrir, prendre conscience que j'étais bien plus forte que je ne le pensais. Une peur maladive des personnes m'avaient rebuté, comment vivre en communauté avec cette sensation de frisson quotidien, mais il me fallait être forte, je n'avais plus envie d'être si faible ...

Cela faisait près de trois semaines que nous étions là et déjà, je m'étais attachée à lui, et déjà je recommençais les même erreurs. Je m'étais promis si souvent de ne plus blesser un être humain, pourtant, en m'attachant à lui, en profitant de sa tendresse et de son amour, j'étais loin de m'imaginer qu'il faudrait un jour rompre tout cela. Je me fichais éperdument de ce que pouvais penser les habitants, je ne les comprenais pas comme ils ne me comprenaient pas non plus, c'était ainsi la vie. J'avais besoin de me reconstruire encore une fois, j'avais besoin d'être aimé et de l'aimer, mais c'était terminé, j'avais une nouvelle fois tout gâché par lâcheté.

Il semblait totalement différent. Si prévenant et si doux, il était dorénavant si désinvolte et sur les nerfs, dans un nouveau monologue, il reprit : « Je n'ai jamais souhaité que tu sois une fille pure et chaste. Je ne suis pas parfait Alice, loin de là ! Tu as été mariée, tu seras heureuse d'apprendre que je l'ai été aussi. Mes idéaux ont toujours été clairs pour toi, j'ai toujours été sincère et franc avec toi, répondant à chacune de tes questions sans jamais te mentir. J'ai pensé que tu étais une fille différente, différente de toutes ces garces stupides et farouches qui n'ont qu'une envie… s'envoyer en l'air. Je te croyais différente. » Il était déçu, déçu de moi et de mon comportement, comme je le comprenais, comme j'avais envie de le prendre dans mes bras et de pleurer à chaudes larmes que j'étais désolée. Mais je ne le fis pas, non, je n'en avais pas le courage. J'affrontais alors son regard, pour la première fois j'apprenais à ne plus m'enfuir pour faire face aux situations les plus délicates. J'ouvris la bouche pour lui dire « Tu joues au petit peureux qui est déçu, mais finalement, tu n'es pas mieux que moi, jamais tu ne m'as parlé de toi, jamais tu m'as avoué quoi que ce soit. Je suis différente de l'image que tu te fais, mais saches que tu n'as aucune image dans la tête, tu n'es rien, je ne te connais pas, non .. » Le dégoût était venu s'installer sur mon visage, pourtant, je l'aimais, je savais que mon coeur battait pour lui, je gâchais tout, encore une fois avant de reprendre « C'est tellement simple de juger les gens, mais de se regarder en face pour une fois, comprendre qui on est vraiment, ça, c'est une autre histoire » Je pouvais l'affirmer que trop bien, il m'arrivait si souvent de faire face à mon moi et c'était de loin une réjouissance. Après une courte pause, qui me semblait durer des années, il reprit « Tu me fais de la peine Alice ! Tu me blesses beaucoup et je crois que tu ne t'en rends même pas compte. Je suis loin d'être le garçon que tu imagines, loin d'être ce garçon sympa, tolérant et croyant que tu dessinais dans tes pensées… J'ai été bête de croire que tu savais utiliser ton cœur plutôt que ton corps ! J'en suis navré… Toi et moi n'avons pas les mêmes valeurs. » Je restais stoique devant lui, assise en tailleur sur le lit, les mots me manquaient, je détournais à mon tour le regard, que pouvais-je dire, je le sentais depuis le début qu'il nous faudrait rapidement souffrir, je préférais le faire aujourd'hui. « Tu n'es pas le premier qui souffre de ma faute, chaque personne qui m'entourent souffres ... C'est mieux comme ça, je ne veux pas qu'on s'attache à moi, on ne peut pas s'attacher à moi, je ne suis pas saine. Et ... » Je le fixais, le regard si mort, j'ajoutais « Mon coeur n'a jamais battu pour quelqu'un, il est mort depuis bien trop longtemps, il n'a jamais existé en moi » J'avais l'impression formelle de lui décrire qui j'étais vraiment, au fond, un immondice de chair incapable de la moindre souffrance, du moindre sentiment.

Soudain, il se calmait, déjà mon regard le fuyait, déjà j'étais si loin, il conclua « J'espère que le spectacle t'as plu… au moins ça ! » Je ne répondait pas, non, j'étais partie loin, beaucoup trop loin pour revenir à la surface.

J'avais toujours été fausse, oui, j'étais ce genre de fille avec laquelle il ne fallait pas traîner. Lors du prime, un indice avait été révélé, le plus gros de tous, un indice qui révélait parfaitement ma personnalité : Pas celle que je suis. Non, je ne l'étais pas, j'étais totalement différente, je naviguais d'un pied à l'autre sans même trouver mon chemin, tout était brouillé, j'étais perdue, simplement. Il semblait des plus déçu, je l'étais bien plus. Je ne l'écoutais que d'une oreille, gribouillant quelques mots sur mon cahier, encore. Je gravais ces moments que je vivais, détails qu'il me fallait accentuer de suite, je notais mon ressenti, je notais qui j'étais vraiment au fond de moi, sans me mentir, m'ouvrant parfaitement à ce qui était et sera toujours mon confident, cette part de moi, si meurtrie. il déblatérait d'autres mots, jouant lui aussi les victimes. Furieuse, je stoppais net mon travail et jetais le cahier sur le lit alors que je me levais, comment osait-il me dire pareilles choses « Comment peux-tu me reprocher un silence que tu n'as jamais cherché à briser ? Tu n'as jamais cherché mes confidences, ni même à savoir qui j'étais avant d'entrer dans l'aventure. Je me rends compte aujourd'hui que si de mon côté, ton passé ne m'importait guère car seul m'intéressait ton présent, toi… tu ne t'y intéressais tout simplement pas. Tu ne voulais pas savoir qui j'avais été, tu voulais juste que je sois là pour toi, que je te donne l'affection que tu recherchais et la tendresse qu'il te manquait… juste par égoïsme. » Je lui faisais face désormais, levant la tête afin de capter son regard, j'y voyais alors ce dont j'avais toujours préféré ignorer, partir, c'était ce qu'il me fallait, pourtant, j'étais forte, je lui faisais face et répondis « ET TOI !! COMMENT OSES-TU ME DIRE QUE JE N'AI JAMAIS CHERCHE A TE CONNAITRE ALORS QUE TU MAS REPOUSSE TOUTE UNE SEMAINE. J'AI ESSAYE MILLE FOIS D'EN SAVOIR PLUS SUR TOI » Je me rendais compte soudainement que je lui criais dessus, stoppant net ma tirade, je reculais d'un pas, comme surprise, ayant peur de ce qui se trouvait devant moi, c'était impossible, comment avais-je pu une nouvelle fois tout foutre en l'air. Mes pas me transportèrent si loin, je trébuchais sur le lit, j'avais ce visage effaré, je prenais conscience de tellement de choses avant de reprendre, plus calmement cette fois « As-tu, une seule fois, voulu me confier quoi que ce soit? As-tu voulu une seule fois autre chose que ma présence? Je crois que finalement l'égoïste est aussi devant moi ... Oui, tu te décris si parfaitement » Je m'installais un peu plus sur le lit, reprenant la position que j'avais adopté des heures durant. J'attrapais le cahier vert qui se trouvait non loin de moi, il était l'espoir, il était mes meilleurs moments, je l'ouvris, une page au hasard, mais pas n'importe laquelle pour me souvenir ... Les larmes me coulaient sur le visage, c'était si beau et si émouvant, j'avais envie de tout oublier, pour une fois, j'avais envie de ne plus me souvenir. Je jetais la cahier loin, oubliant même Austin qui m'avait annoncé « Je crois que toi et moi n'avons plus rien à nous dire désormais… » Je ne l'avais pas écouté, m'enfermant un peu plus dans ma souffrance, après tout, là était ma vie.

Je soupirais, tournant la tête vers Austin, je sursautais, ne me souvenant plus qu'il avait été là, mes yeux fixés sur son regard, qui était-il au fond? Comme sortie de ma stupeur, je lui lançais « Qui es-tu pour me juger? Tu n'as pas le droit de me juger, personne n'a le droit de me juger » Je sombrais là dans une profonde folie, une folie qui m'était propre, une évidence. Je tournais la tête pour apercevoir le cahier que je venais de jeter, je le fixais, me demandant presque ce qu'il faisait là, j'étais perdue. Je regardais Austin, suppliante « Je suis égoïste et ça l'a toujours été ... Je détruis ce que je construis pour mon bien être ... Non, je ne suis pas égoïste, c'est pour leur bien être, votre bien être, je ne suis pas égoïste, je les protège » Je débitais ces paroles, j'entrais dans une sorte de psychose indescriptible, il m'était impossible d'y sortir. Si. Il le fallait, je devais combattre et sourire, chose que je fis, fixant un point invisible, je pouvais faire peur, j'étais différente, en pleine souffrance.

Je me levais une nouvelle fois pour faire face à Austin et dans un souffle je lui dis « Pardonnes-moi d'être tombée amoureuse de toi » Je déposais une main sur son épaule, comme pour le réconforter, m'abaissant ensuite pour récupérer le cahier.

Il était en colère, oui, ça se voyait, je l'avais blessé, meurtri, j'étais coupable de traîtrise, j'étais coupable de passer pour ce que je n'étais pas, j'en étais fière, au fond de moi, je me faisais remarquer, j'aimais ça, que l'on s'occupe de moi, qu'on me traite ou qu'on m'aime, cela m'importait peu, j'aimais être au centre des attentions, j'aimais me sentir importante. Pourtant je ne l'étais pas. Il cherchait les mots pour me blesser, mais la vérité ne pouvait le faire, j'étais consciente, oui, parfaitement consciente de mes faits et gestes, de mes paroles et de ma vie. « Egoïste ? Moi ? Egoïste d'avoir voulu te voir d'un œil différent des autres ? D'avoir voulu penser que tu n'étais pas cette salope que tout le monde imaginait ? » S'en était trop, vraiment trop pour moi. Je lui balançais une fois de plus un oreiller, j'aimais balancer les oreillers, le ton montait, le mien toutefois. « Excuses moi de ne pas être ce que tu souhaitais voir en moi, jamais tu ne pourras changer la personne que je suis, c'est un fait, personne ne le peux, je ne suis pas sauvable, je suis déjà perdue depuis longtemps, trop longtemps » J'avais un discours que moi seule comprenait, finalement, j'avais buzzé Deirdre sur un sujet qui m'était tout particulier. Une nouvelle fois il me jugeait, il osait le faire, il allait regretter les paroles qu'il venait de sortir « L'abandon d'un enfant, ce n'est peut-être pas égoïste ? Tu estimes lui donner la chance de vivre une vie meilleure sans toi ? Dieu que tu es bête ! Cet enfant va grandir sans mère, la peine que tu lui as infligée est bien plus horrible à porter que celle que tu pensais lui infliger en restant à ses côtés ! L'égoïsme ne se traduit pas par mon désir de te cacher mon passé, mais par les actes commis… Tu as choisi de vivre dans le déni, ne me reproche pas d'être resté discret et de ne pas avoir trouvé l'occasion pour t'avouer tout ce que j'avais vécu avant ! En attendant, je suis suffisamment altruiste pour t'avoir aidé tant que j'ai pu, pour t'avoir donné ce que j'avais de meilleur… et tu craches sur mon affection comme tu cracherais sur le pavé. Tu rabaisse mes actes à néant, par pur égoïsme sous prétexte que tu imagines savoir que ma vie serait meilleure sans toi. » Je me redressais, comment pouvait-il me jeter à la figure la seule partie de ma vie que je lui avais confié, à lui seul, il était le premier au courant, il avait été mon confident, une fois encore, je pris conscience que la confiance n'existait pas et qu'un confident ne pouvais jamais l'être, non, jamais « Tu te crois plus malin? Finalement tu me rejoins au rang des gros salop ! » J'étais furieuse, ce sujet était pour moi si sensible, il faisait parti de ma vie, parti de moi, de mon secret, de ma fatalité « Comment peux-tu savoir ce qui est bien ou pas pour ma fille, comment peux-tu imaginer être mieux que moi. Ce sont MES décisions et elles sont loin d'être égoïste, beaucoup trop loin ! Et je t'EMMERDE AUSTIN ! Tu n'es qu'une sale pourriture, tu t'imagines mieux que moi avec tes sermons à la noise, tu n'es rien, tu n'es qu'un immondice de conneries. Tu es aussi niais et tu sers à rien, mais pitié va te noyer dans cette fichue piscine ! » Oui, j'y avais été loin, beaucoup trop loin, mais il me faisait souffrir, il n'avait pas le droit de me juger, non, s'en était trop. Je pleurais, beaucoup trop, jamais je n'avais pleurer autant que ce jour fatidique où j'avais dû prendre la plus grande décision de ma vie. « Et ton altruisme tu te le met dans le cul, je n'ai pas besoin de ta pitié comme je n'ai besoin de celle de personne. Tu es le pire des manipulateurs sous tes airs angelesques, tu es une sale pourriture ! » Je crachais mon venin, me répétais mais je souffrais, beaucoup trop. J'étais jalouse de sa vie féérique, j'avais souhaité tout l'or du monde pour vivre à ses côtés, mais je ne pouvais pas où il souffrirait lui aussi comme j'avais pu faire souffrir le reste de ma famille. J'étais non loin de lui, encore à genoux pour attraper le cahier, alors que je me relevais il me lançais « Arrête avec tes balivernes, je nage plus Alice ! N'enfonce pas plus ma tête sous l'eau, tu n'as pas le droit. » Je ne lui accordait aucun regard. Balançant le cahier sur le lit pour rejoindre l'autre, je lui lançais « Vas crever » J'avais envie de le prendre tout contre moi, le secouer et lui dire, mais regarde, je souffre pour toi, regardes moi et aimes-moi simplement comme au début. Je ne le fis pas. Je me plongeais une nouvelle fois sur le lit, cette fois si faisant face à Austin j'essayais de capter son regard, je voulais connaitre ses pensées les plus profondes mais au lieu de cela il me crachait sa rancoeur. « Dans l'histoire ce n'est pas moi qui ai joué tant que ça, ta véritable nature remonte à la surface et tu n'es pas mieux que cet attardé de Leone, tu as les mêmes propos, tu es un être humain comme les autres, je te déteste pour m'avoir fait croire que l'amour existait. » Je me levais une nouvelle fois, décidant de ranger l'oreiller que je lui avais balançais une nouvelle fois « Je me suis ouverte quand j'ai cru te perdre et je le repète : Je suis navrée d'avoir cru pouvoir t'aimer » Je pris le cahier vers dans les mains, le regardant un instant je le balançais vers Austin en lui disant « Il contient ce que je souhaite oublier encore ... Un cahier entier décrivant mes sentiments à ton égard qui n'ont plus lieu d'être, tu t'es foutu de moi comme jamais. Parce que dans l'histoire, tant que j'étais avec toi je n'allais pas fondre dans les bras de Sydney ou Franz, je ne tentais pas de jouer les vierges effarouchée pour me taper qui que ce soit. » J'avais eu des échos que j'avais tu, je n'avais pas voulu les connaitre, aujourd'hui je lui apportais mes sentiments sur la question « Oui, parce que tu m'avoues être dans une saleté de mission, que c'est pour cette raison que tu me fait souffrir, mais la mission ne t'ordonnais pas de te jeter dans les bras d'une autre fille ... » Le cahier était balancé, qu'il le ramasse ou pas, je m'en fichais, je n'en voulais plus

Nous étions là, deux pauvres candidats à tenter de se blesser mutuellement, nous criions parfois, nous nous faisions remarquer. Austin était différent du garçon qui m'avait fait fondre, il révélait là sa parfaite nature, elle me déplaisait. Il tentait de me blesser au plus profond de moi, il y était arrivé depuis bien longtemps, pourtant, il continuait, encore et encore sans jamais s'arrêter, cherchant le coup de grâce « Jurer ne te servira à rien. Tu ne peux nier l'évidence Alice, tu t'es joué de moi depuis le début de l'aventure, tu as profité du garçon que j'étais et de la naïveté dont je fais preuve à chaque minute… tu as compris après 3 minutes d'entretien avec moi que je n'étais pas du genre à m'emballer devant ta silhouette et que pour m'obtenir, il te faudrait sortir la carte de l'affection et de la tendresse. Tu as profité de ce que je pouvais t'apporter de différent juste pour satisfaire ton égo démesuré… tu en avais assez d'être considérée comme une catin, alors tu as profité de ma tendance à la tolérance pour te mettre en valeur… au fond, tu t'es nourri de ma tendresse et de mes compliments pour te rendre plus forte. Crier ne te conduira à rien… plus maintenant ! Tout ça n'a plus aucun sens bon sang ! » Il avait tout faux, vraiment, comment lui faire comprendre que je n'avais pas joué de lui, jamais depuis que nous nous étions rencontrés, il croyait à présent les on dit, il s'était rangé du côté des candidats. « Tu aimes jouer les victimes apparemment, tu aimerais que je te plaigne, tu aimerais que je sois rabaissée six pieds sous terre, tu aimerais tellement devenir quelqu'un dans cette maison que tu t'empresses de faire croire au monde entier que je t'ai séduit pour profiter de toi, mais non, ce n'est pas le cas. Et qu'on me considère ou non comme une catin ne m'importe pas, on l'a fait dès le début de l'aventure sans même me connaitre, pire encore lorsque nous avions décidé d'être juste toi et moi, j'ai toujours été la coupable ... Que ce soit de notre relation - si vraiment il y en a eu une - tu as toujours été la pauvre victime de cette salope d'Alice, alors ne prend pas la peine de me blesser encore plus, tu as gagné, tu es victime, si ça te fais plaisir, je le crierais au monde entier » Je lâchais prise, j'en avais assez de me battre, je n'étais pas assez forte pour ça. Non. Il me parlait alors de Franz et de Sydney, j'écoutais d'une seule oreille, ne répondant pas, je n'en avais pas envie, ni même le courage. Il attrapait le cahier que je lui avais balancé pour me le rendre en ajoutant ainsi « Garde le pour d'autre Alice ! Tes écrits, tout comme tes paroles, sont salis par le mensonge, tu n'es qu'une catin… une pauvre femme qui erre sur cette planète sans jamais trouvé sa place. Tu ne sais pas toi-même qui tu es, et tu comptes sur les autres pour te donner l'impression d'exister. Tu espères trouver ta place ici, mais tu te trompes Alice ! Jamais tu ne pourras trouver ta place tant que tu ignoreras ce que tu souhaites… » La vérité était parfois dure à entendre, mais je l'acceptais, une nouvelle fois je ne lui répondis pas, il reprit aussitôt « Tu es aussi égarée que la brebis sans son troupeau, incapable de prendre seule une décision, tu ne jures que par la tentation et le sexe… tu es vicieuse, malhonnête et fourbe ! Quant à moi, je suis peut-être un salaud, je suis sûrement manipulateur à mes heures perdues, mais je suis surtout un être humain qui a été assez bête pour oser penser que tu valais mieux que ça… mieux que cette image que tu donnes de toi ! » Levant les yeux vers lui, j'ajoutais à mon tour « Que tu crois toutes ces rumeurs à mon propos, finalement tu n'as encore rien compris de la vie. Tu te permets de me juger sur des actes que je n'ai pas fait. Tu ne me connais pas au fond, fermes là par pitié .. fermes là » Je me laissais aller sur le sol, la tête dans les mains, je pleurais à en perdre la raison