Nous étions complètement dingues, niais et déjantés. Nous servions à rien, nous nous disputions, haussant le ton parfois, nous étions deux imbéciles l'un en face de l'autre, blessés jusqu'au plus profond, cherchant à nous enfoncer encore plus. J'étais assise à terre, la tête dans mes bras, pleurant de désespoir, je ne savais pas exactement quel était mon problème mais j'en avais un, je le savais. Il me fixait en m'annonçant « Rends-moi coupable de tout ce que bon te chante. Je t'ai aimé, j'ai cherché à te défaire de ton passé pour ne me concentré que sur ton présent et faire de toi mon avenir ici, mais tu n'as rien voulu entendre. Tu as cherché la vengeance, tu t'es moqué de moi en fricotant à gauche à droite en espérant que je ne le sache pas. » Je ne lui répondis pas, je n'en avais pas le courage, je n'en avais pas la force, j'étais las de toute dispute, je détestais les disputes comme je détestais avoir affaire aux personnes qui m'entouraient. Je l'aurais pu, je serais une nouvelle fois partie loin, tout comme la première fois, pour ne pas les faire souffrir d'avantage, j'avais tout abandonné, ils étaient bien plus heureux sans moi, bien plus. Soudain il se mit à ma hauteur, il m'attrapait la tête pour que je le regarde, m'ordonnant « Regard moi ! Alice, regarde-moi bon sang ! » J'avais le regard si brouillé que je n'arrivais pas à l'apercevoir, je errais doucement pour finalement fixer mon regard vers lui « Dis-moi que tu n'as jamais couché avec tous ces garçons. Dis-moi que tout ça n'était que fabulations, que rien n'est vrai et que tu n'as jamais touché un seul autre homme que moi ici… Dis le moi… » Il fit une sorte de pause, il était si doux d'un coup, je fronçais les sourcils, avait-il un problème psychologique, lui aussi? « Je te pardonnerai tout si rien de ce qui s'est dit ne s'avérait vrai Alice… Et cela, même si mon pardon ne t'apporte aucun réconfort. » J'hésitais un instant, devais-je lui mentir pour le préserver, devais-je le préserver. Mon regard cherchait un point de fuite, avant de le fixer de nouveau « Je n'ai jamais couché avec tous ces garçons, jamais ... Je ne connais pas la plupart des garçons de cette maison, j'ai passé ces jours avec toi ... Comment pourrais-je les connaitre ... C'est dégueulasse je ne suis pas la prostituée de la maison ! » Je fis une grimace « Saches que notre relation m'a apporté plus de mal qu'à toi. On m'a annoncé que j'étais une catin, tout comme toi finalement, si tu le penses, je te laisse le croire, après tout, qui me croirait ? » Je me levais doucement, tanguais, je ne tenais pas sur mes pieds « Tout ça parce que le premier soir je me suis isolée avec Nolan ... Depuis, je suis une salope qui couche avec tous les mecs ... » J'évitais son regard, je n'avais plus envie de l'affronter.

Il s'éloignait déjà de moi, s'appuyant sur le mur, il se mit à pleurer, je me sentis emplie de remords, de détresse, j'avais envie de le prendre dans mes bras pour le consoler mais je n'en fis rien. Il demandait « Comment en sommes-nous arrivés là… » Je n'avais pas ouvert la bouche, je n'en avais pas envie, pas maintenant, ça ne servait à rien. Soigneusement je me dirigeais vers le lit, pris les cahiers dans les mains, les serrant très fort sur mon coeur, ils étaient ma vie, je m'accroupi doucement pour les ranger dans ma valise à effets personnels, juste en dessous du cul de Pingoui, mon nounours pingouin, celui qui était à ma fille, je l'embrassais doucement comme si à travers lui je pouvais la voir. La photo dans les mains, j'admirais cette beauté de deux ans qui me ressemblait si fort, elle était une de ces jolies poupées au visage angélique, elle souriait, oui, elle était plus heureuse sans moi. Je n'aurais jamais pu lui servir une vie de rêves entre monts et merveilles. Posant la photo dans les bras de Pingoui, je lui souris et fermais doucement la valise, elle contenait ma vie, celle que j'étais vraiment. Je me redressais, Austin était toujours contre le mur, je m'approchais de lui, et attrapait du bout des doigts l'unes de ces larmes « Ne pleures pas pour moi, je n'en vaut pas la peine » Je frottais doucement sa joue, avec une tendresse étrange, regardant mes doigts emplis de ces larmes, je baissais la tête et continuais « Je n'aurais jamais dû t'approcher » Il en aurait moins souffert, j'en étais certaine, il était cette autre personne que je devais protéger, je songeais plus que tout à quitter la maison, pour ne plus le voir souffrir comme j'avais quitté mon pays pour ne plus voir ma famille souffrir, elle aussi.

Spoiler:

Ils paraissaient être deux coeurs brisées, deux âmes en peine, pourtant, la jeune femme était forte au fond d'elle, ne regrettant rien de ce qu'elle avait pu faire sauf peut être, faire souffrir une nouvelle fois quelqu'un. Chacun des habitants se trouvaient dans un jeu, mais personne ne l'avait plus compris qu' Alice. Elle ne connaissait personne dans cette maison et déjà la plupart se ruaient de faire paraître des gros titres aux anecdotes les plus terribles les unes que les autres, elle était seule, comme toujours. Alors qu'ils étaient si près l'un de l'autre, Austin recula, mettant une nouvelle distance entre eux, ce qui n'affectait aucunement la demoiselle qui poursuivait avec un plaisir sincère cette larme s'enfoncer dans sa peau lisse, ne levant la tête que lorsqu'elle entendit : « Ce qui est fait, est fait ! Je ne regrette rien, jamais… »

Un regard si noir, si orgueilleux et empli de haine se posa sur le jeune homme, des mots tout autres se détachèrent pourtant des lèvres d'Alice « Je n'ai jamais regretté dans ma vie ... Sauf peut être d'être sortie de là » D'un geste désinvolte, elle montrait un lieu qui n'existait pas, celui dans lequel elle fût enfermée des années, celui dans lequel elle se trouvait si seul face à elle même. Chose contradictoire pourtant, Austin s'avouait vaincu et lui demandait alors le pardon : « Je suis tellement désolé Alice. » Il semblait si las, si dénudé de sentiments, si vide en lui qu'il faisait peine à voir, mais pas pour la jeune femme qui s'imaginait déjà une espèce de jeu, parce qu'elle n'oubliait pas une chose : Dans cette maison, personne n'était honnête. « Ne le sois pas, ça serait te mentir à toi même » Ces mots sortirent comme une insulte, elle lui en voulait beaucoup, elle avait été blessée par ses mots qu'il lui avait dit quelques instants plus tôt, et à présent, il lui demandait le pardon, chose qu'elle ne lui donnerait pas.

Sur ces mots, Alice s'approcha de son lit pour y attraper une veste, une bonnet et une écharpe qu'elle enfilerait au rythme de ses pas qui la conduiraient eux, à l'extérieur de la maison. Avant de partir, elle déposait une nouvelle fois son regard que Austin et lui demandait « Une nouvelle fois l'envie de te défouler sur moi? » Elle était glaciale et sans vie, elle aussi.

Spoiler:

La scène était plus que pitoyable à voir, l'un était blessé et se sentait coupable d'amour, l'autre au contraire, se sentait coupable de ne pas avoir su aimer plus longtemps. Jamais dans sa vie Alice n'avait réussi à garder quelqu'un, jamais dans sa vie Alice ne s'était attaché, elle préférait partir quand les moyens lui étaient encore là, elle préférait se détacher brusquement pour ne jamais revenir. Dans cette maison, c'était différent, elle serait obligée d'affronter ses actes, choses contre laquelle la jeune femme se battait sans cesse. Elle n'avait pas de dignité, elle n'avait pas de vie, ni même de remords, jamais elle n'avait pensé un jour voir le désespoir de ses actes sur le visage de quelqu'un, elle était lâche.

Se sentant pas le regard d'Austin sur elle, la jeune femme préférait une nouvelle fois de fuir, c'était ce qu'elle faisait de mieux, elle fuyait pour ne plus revenir. Elle ne pouvait le regarder sinon avec de la colère, elle ne souhaitait pas lui montrer à quel point elle s'était attaché à lui, à quel point elle avait besoin de lui, non, elle préférait se dire qu'elle n'avait besoin de personne.

Un ton las, il rendait les armes, Austin demandait tout simplement « Va t'en Alice, s'il te plait. » Elle le voulait pourtant elle ne le pouvait, elle devait affronter ses peurs, elle devait être forte, mais la facilité la gagnait, alors qu'elle ouvrait la porte pour sortir, elle se rétracta et la fermait de nouveau. Un pas en arrière, elle répétait pour elle même « Il faut que je sois plus forte que ça .. » Elle hochais négativement la tête, à ce moment là, elle se persuadait simplement, elle désirait plus que tout dépasser ses propres limites, il fallait qu'elle s'abandonne à lui, lui seul pourrait l'aider ...

Aussi forte qu'elle pouvait l'être, ce n'était pas assez pour l'affronter de nouveau, elle marchait droit devant, ouvrait la porte qu'elle claquait derrière elle, c'était la fin.

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