J'avais, comme tout le monde, entendu l'annonce de Cupidon pour la soirée, je décidai donc de descendre un peu après que la foule de candidats l'ai fait, dans le cellier. La je pris mon costume qui était, on peut le dire, franchement pas original. Ainsi donc ce soir je serais le comte Dracula en personne, finalement j'aimais bien ce costume et puis le comte avait cette classe naturelle dont j'étais moi même doué. Une fois déguisé je descendit dans le grand salon en compagnie des autres... Je pris un verre et observait les costumes des autres.

Troisième soirée à thème. Et quel thème ! L'horreur. Ou un truc approchant. Oui, une fête digne de celles d'Halloween à l'approche de noël. J'avouais ne pas bien saisir, mais soit, qu'il en soit ainsi. Après un passage furtif dans le cellier, je m'armais de mon costume (plutôt osé je dois dire) et entrais à la hâte dans le salon. Je fis mon arrivée juste à temps pour être capable d'entendre la tirade de Leone, ou plutôt sa lecture d'un verset de la Bible. Je l'aurais reconnu entre mille. Après quelques coups d'œil aux alentours pour admirer et détailler les autres candidats, je m'approchais du conteur et de Sydney. Cette dernière me mit presque la chaire de poule à la vue de son déguisement. Affichant un léger sourire en recoin, je posais ma main diaphane sur l'épaule du jeune homme. « Tu essaies de nous faire croire que tu lisais le passage ? Je pense plutôt que tu le connais par cœur celui-là, t'es bien le genre. » Puis j'ajoutais une dernière remarque sur leurs vêtements respectifs. « Ton costume te va à merveille. Et le tien est vraiment réussi Sydney, tu en es presque convaincante. »

Quelque chose avait dû lui échapper à ce sujet, lors des castings. Il n'y avait aucune autre fondée raison sans cela. Ce soir, Deirdre était bel et bien affublée d'un costume qui lui allait très étrangement, et plus encore quand l'on considérait qu'il s'agissait d'un personnage qu'elle affectionnait tout spécialement. Quoi qu'il en soit, son corps bien maigrelet s'était vêtu d'un costume à rayures blanches puis noires. Le teint si blanc, les cheveux clairsemés de vert dans leur bataille, et la bouche aux contours peinturlurés. Elle avait un petit quelque chose du Joker, cynique jusque dans son lubrique sourire. Mais ce n'était pas cela. Non, Deirdre avait tout l'apparat de Beetlejuice, le sinistre méchant du film éponyme. Et comme elle arriva sur la question de Charlie, elle incarna formidablement son héros. « Hé hé hé hé ! Ha ha haha ! Yaaahouu ! Des problèmes avec les vivants ? Ils envahissent votre espace ? Vous voulez vous débarrasser de ces p'tits salopards une bonne fois pour toute ? Faut v'nir me voir, je suis l'meilleur bio-exorciste au pays des morts !» Oui, sans avoir vu le film, ce devenait quelque peu... improbable. Merci, Tim Burton.

Je sursautais. A vrai dire, je n'avais pas vu la charmante Deidre arriver dans cette tenue. Sur le coup, ne l'attendant pas, ne me faisant pas à l'idée qu'on allait se mettre à parler fort de cette manière et surtout elle, je la fixais me rendant compte par la suite que, sous le coup de la surprise, j'avais laissé tomber mon verre de champagne. Puis, elle explosa de rire. Fan incontestée de Tom Burton, elle voyait très bien où voulait en venir la jeune femme et d'ailleurs son costume était affreusement réussi !

« Putain, tu m'as fais peur ! » lançais-je à la jeune femme souriante. Mais évidemment, il avait fallu que je me tâche. Crotte. « Franchement, t'as d'la chance que j'te fasse pas couper la tête pour ce que tu m'as fait. » dis-je, souriante avant de me diriger vers la salle de bain pour essuyer tout ça et de revenir ensuite ramassé ce que j'avais fait tomber.

J'écoutais Leone sortir sa tirade amusé, il était presque convainquant dans le rôle du prête avec son récit sur l'apocalypse. Tandis que j'essayais de me souvenir du film que j'avais vu il y a plusieurs années il me demanda s'expier mes pêchés. La pauvre Carrie White était folle, hideuse et hais de ses camarades, tout à fait moi. « Ils se sont moqués de moi mon père, je devais les punir, ils le méritaient, je devais sévir, et je les ai tous tués. Pardonnez moi mon père parce que j'ai pêché. » Murmurais-je à l'attention du jeune homme, parfaitement dans mon rôle de dingue. Les autres ne tardèrent pas à se montrer, leur costumes étaient tous aussi magnifique les uns que les autres, enfin sauf celui de Matthew qui était plutôt drôle. Austin avait revêtit le costume de la victime, il faudrait que je lui dise deux mots un peu plus tard. Billie-Jean se joignait à nous, me complimentant sur mon costume. « Presque convaincante, tu sais ce qui est arrivé aux derniers qui m'ont défiés, ils pourrissent au cimetière. » Deirdre fit ensuite son apparition, je ne pus contenir mon excitation, j'adorais Beetlejuice et Tim Burton en particulier. « BEETLEJUICE ! BEETLEJUICE ! BEETLEJUICE !. » Lançais-je telle une enfant, avant de reprendre mon sérieux et me concentrer à nouveau sur mes deux camarades. C'était bien de cette façon qu'on invoquait le ... mort vivant non ? « Sympa ton déguisement, il représente quoi ? » demandais-je à l'intention de la jolie rousse.

« Ils se sont moqués de moi mon père, je devais les punir, ils le méritaient, je devais sévir, et je les ai tous tués. Pardonnez-moi mon père parce que j'ai pêché. »
« Je crains ma Fille que les portes du Paradis ne vous soient à jamais fermées. » Répondit-il à Sydney avec une pointe d’humour.

Billie-Jean se joignit à eux, n’hésitant pas à poser sa main sur l’épaule du jeune homme. Ce dernier était content de constater qu’elle n’avait pas la rancune tenace. Leur différend dans la piscine semblait déjà oublié, à son plus grand soulagement. Elle était comme un repère pour lui dans la maison.

« Ma Sœur, permettez-moi de vous envoyer au Diable rejoindre Carrie. Vous le connaîtriez par cœur également si vous aviez été plus assidue à l’Eglise et moins scotchée dans les bras d’Adrian. »

Il lui adressa un regard enjoué et s’excusa auprès des deux demoiselles pour rejoindre Austin qui endossait le rôle d’une victime. Il lui glissa discrètement à l’oreille :
« Soyez sans crainte mon Fils, l’infidélité est un crime. Alice brûlera en Enfer. »

Il suivit aussi du coin de l’œil l’entrée remarquable de Deirdre. Décidemment, la fille d'Apollon ne cesserait de l’impressionner.

Soirée horreur, n'est ce pas ? OHMYGOSH non mais ils avaient fumés ou quoi ? C'était complètement stupide et je détestais déjà cette idée -inutile de dire que j'étais trop fière pour avouer que j'étais une vraie froussarde. Je me dirigeais donc vers le cellier, appréhendant déjà le déguisement que je pourrais avoir. Mais c'est avec une grande stupéfaction que je découvris celui ci, un de mes héros favori ! Si si ! J'allais être trop belle avec ma salopette bleue et mon tee shirt à rayures rouges ! Punaise ! Non mais CHUKY QUOI ! C'est donc toute contente que je m'habillais et me maquillais en conséquence, dessinant de belles cicatrices sur l'ensemble de mon visage. Pour finir, je passais ma perruque rousse et me redécouvrais sous un nouvel angle ; Chukette . Pas à dire, j'avais carrément la classe. Attrapant mon couteau en plastique bombé de rouge à son extrémité, je me dirigeais en lâchant un rire diaboliquement désespérant dans le salon. Tout le monde était déjà très beau et certains candidats comme Austin semblaient être dans leur personnage. Mais c'est Deirdre qui attira le plus mon attention, elle m'avait l'air plus extravertie que d'habitude, cela faisait plaisir. Laissant apparaitre mon sourire jaunâtre, je me dirigeais vers la jeune femme, répondant à ses quelques paroles.

« DeirdrelaJuice ! Moi j'ai b'soin d'votre aide ! Y'a un prêtre qui semble vouloir corrompre nos rangs ! Pouvez-vous lui régler son compte ? » dis-je en un ton étonnamment sérieux.

Ma robe ressemblait étrangement à une robe de mariée. A la différence que celle-ci était ponctuée d'une multitude de déchirements et d'un voile si simple que s'il avait été noir, j'aurais pu aisément le porter lors d'un enterrement. Les lambeaux blancs trainaient au sol et ma couleur de cheveux était presque en désaccord avec ce déguisement si fade. Ils avaient néanmoins choisi à raison la personne à la peau la plus pâle de la maison : une rousse, moi. « Sympa ton déguisement, il représente quoi ? » Après une réflexion de quelques secondes de manière à trier mes quelques connaissances là dessus, je prenais la parole. « Tu connais la légende urbaine qui dit qu'une autostoppeuse à l'allure de spectre et vêtue de blanc assassine les gentils citoyens qui la recueillent dans leur voiture ? Je suis cette autostoppeuse. Je suis la Dame Blanche. » Un sourire arrogant se dessina sur mes lèvres.

« Ma Sœur, permettez-moi de vous envoyer au Diable rejoindre Carrie. Vous le connaîtriez par cœur également si vous aviez été plus assidue à l'Église et moins scotchée dans les bras d’Adrian. » Le prénom m'arracha un haut le coeur et je lançais un regard noir de sens au jeune homme. Puis, ne laissant rien paraître de ce malaise, je levais les yeux au ciel, geste contradictoire avec le sourire qui s'était glissé sur mes lèvres. « Le Ciel saura me venger de cet outrage que vous me faites et vous punira de votre perfidie. » Je lui adressais un clin d'œil amical avant qu'il ne nous quitte pour Austin.