C'est la panique, une panique que j'ai beaucoup de mal à contenir, heureusement que je suis seule pour le moment. Je ne veux pas mettre Sandro en colère, je suis sûre qu'il va me demander de partir. J'en suis certaine, c'est pas un truc qui fait plaisir ça, enfin si à des personnes tout à fait normales, mais on ne l'est pas, on est loin d'être prêt à ça. Peut être que je me trompe c'est évident que je me trompe mais ça fait déjà plusieurs jours et ça ne m'arrive jamais, je suis réglée à la minute, et là... Rien. Il va vouloir me tuer. Il va péter un plomb c'est sûr. Mais ce n'est pas que de ma faute, je fais attention. Enfin j'fais ma part du marché, même si au fond on a jamais vraiment fait attention. On aurait dû la preuve. C'est même pas envisageable ça. Je ne peux pas, et lui alors ? Non, je dois certainement me faire des idées. Le problème c'est que si j'fais un test ça lui arrivera aux oreilles avant que je sois rentrée, c'est limite si les gens ne photographient pas mon sac quand je fais des courses, non mais je ne peux pas acheter ça. Pas moi même. Si seulement j'avais une amie ici. Mon amie la plus près c'est Sun-Hi et je ne peux pas vraiment l'appeler pour ça, non non je l'entends d'ici me dire que j'suis inconsciente. Je le sais bon sang. Je le sais même si pour le moment je ne sais rien du tout. C'est ça le problème, je ne sais pas. Mais il faut que j'en parle à Sandro quand même. Je ne peux pas ne pas lui en parler, parce qu'il le découvre ce sera pire. Enfin je ne vois pas comment il pourrait le découvrir mais on ne sait jamais. Et puis il faut que j'en parle, j'flippe déjà comme ça. Oui mais je ne peux pas lui en parler de but en blanc comme ça, lui balancer tout ça au petit déjeuner, bonjour bien dormi, tu veux du café ? Au fait j'suis enceinte. Ouais non, impossible. Absolument impossible. Il faut que je prépare le terrain je crois. Oui voilà, il faut que je lui prépare un truc, j'ai hésité ce matin à le lui dire finalement, il avait l'air plutôt de bonne humeur pourtant. Mais ça allait, j'suis restée calme toute la matinée pendant qu'il était là. Et dès qu'il est parti travaillé j'ai filé aussi. Un dîner ce serait parfait. Je ne suis pas forcément très accommodé à la nourriture française, aux habitudes française, je n'ai pas trop tardé à m'offrir une voiture, j'ai renoncé à l'idée de prendre celle de Sandro de toute façon il ne veut pas et en plus c'est pendant qu'il n'est pas là que j'en ai besoin, quand il est là ça va. Mais je ne peux pas aller faire les courses sans voiture, c'est l'horreur, je ne suis pas une conductrice hors pair encore, Paris c'est l'enfer, mais j'fais quelques courses, j'achète du vin. Le vin c'est indispensable. J'ai regardé des recettes qui m'inspiraient parce que j'suis pas franchement douée en cuisine, mais là j'ai envie d'un truc spécial. Oui, je veux l'impressionner pour oublier le reste. Je ne connais pas du tout le nom du plat, c'était français et ça non plus je ne maîtrise pas bien. Le constat que je fais en rentrant c'est que j'ai pris beaucoup trop de vin. J'ai acheté pas mal de bougies. Un bon dessert mais ça, je maîtrise. Je commence par ça parce que c'est plus long à prendre. Finalement je passe toute l'après midi dans la cuisine et le stresse diminue légèrement. J'ai l'impression d'être dans cette émission que je regarde parfois où ils cuisinent et reçoivent des gens. Je ne reçois personne moi, j'attends plus que l'élu de mon coeur. Je me suis changée, j'ai mis des nouvelles fringues sur lesquelles j'ai craqué, super sympa mais avec un décolleté beaucoup trop plongeant pour pouvoir le porter ailleurs qu'ici. C'est l'occasion idéal. Peut être que s'il est distrait par ma poitrine il en oubliera le reste. Hum. Le truc mijote, je crois qu'il faut que ça mijote et je suis entrain de terminer la déco du gâteau lorsqu'il reste. Je me pars de mon plus beau sourire pour aller l'accueillir.  « Bonsoir, t'as passé une bonne journée ? » Enfin journée, après midi quoi, mais il a compris. Je ne lui laisse pas le temps de répondre puisque je l'embrasse dans la foulée, mais il faut dire que ça fait trop longtemps qu'il est parti ça me manquait trop. J'ai disposé quelques bougies ici et là, une odeur pas forcément habituelle règne et je n'ai pas non plus une tenue habituelle.  « J'avais envie de nous organiser une petite soirée, j'espère que ça ne t'embête pas trop. Je te sers un verre de vin ? » Super docile la petite Monroe ce n'est pas habituel mais je commence légèrement à angoisser. Je vais devoir le lui dire et ça me terrifie. Peut être, non surement que je me fais du soucis pour rien mais je ne peux pas m'en empêcher et ça devient grave. Bon le laisse rentrer et me dirige vers la cuisine pour ouvrir la bouteille même s'il ne m'a pas répondu moi je veux du vin, j'ai besoin de boire du vin et ça non plus ce n'est pas super. Je vérifie le plan et l'éteint parce que je crois qu'il est un peu tôt et peut être qu'il voudra j'sais pas, s'asseoir, se détendre ou je ne sais quoi avant de se mettre à table de toute façon j'ignore l'heure qu'il peut être alors bon.

La journée avait plutôt bien commencé. Enfin, rien de spécial ne s’était passé, mais tu n’étais pas trop fatigué, ou particulièrement énervé. Alors oui, on pouvait dire que tu n’étais pas de mauvaise humeur. Tout se passait plutôt bien avec Monroe. Même si tu avais toujours autant de mal à l’admettre, tu étais bien à ses côtés. Tu étais bien lorsqu’elle était là. Et même si ça ne te plaît toujours pas ce que tu ressens en sa présence, tu fais avec. Parce qu’en même temps de ne pas te plaire, ces sentiments, tu aimes bien ça. Alors ça se compensait au final. Bref. T’as passé la matinée avec elle, et puis t’as filé au boulot pour un entraînement. Tu n’avais pas un gros planning ou quoi, et puis tu aimais plus ou moins ce que tu faisais, alors rien en vue pour te rendre de mauvaise humeur ou quoi pour le moment. C’était bon signe, non ? Oui, très probablement. Enfin, on ne savait jamais. Avec toi, un rien pouvait changer la donne. C’était dans ton caractère, dans ta manière de faire, et ça resterait comme ça pour un long, long moment. Bref. Tu finis par rentrer, tu ne traînes jamais trop, tu finis toujours par rentrer. Enfin ça t’est arrivé de t’arrêter à un bar pour boire un verre, mais pas souvent. Parce que t’as besoin de l’avoir auprès de toi, cette peste. C’est fou. En tout cas, c’est bizarre. Lorsque tu rentres l’odeur n’est pas habituelle. Des bougies. Et puis elle a mis un décolleté jusqu’au nombril. Oh, tu ne t’en plaignais pas, pas du tout. Comment est-ce que tu pouvais t’en plaindre ? Elle avait les plus beaux seins de la terre entière. Hum. « Bonsoir, t'as passé une bonne journée ? » Tu peux pas vraiment parler puisqu’elle t’embrasse. Ça ne te dérange pas non plus quand elle t’embrasse, faut dire. Mais tu sais pas, tu sens un truc louche derrière tout ça. Une de tes mains se déposent dans le creux de son rein, et tu déposes un baiser dans son cou. « Il pourrait y avoir pire.. » Oui, c’est sûr. Y’a toujours pire. T’es prêt à lui demandé qu’est-ce que c’est tous ces machins, ses fringues, mais elle prend la parole plus rapidement que toi. Décidément. « J'avais envie de nous organiser une petite soirée, j'espère que ça ne t'embête pas trop. Je te sers un verre de vin ? » Tu ne peux pas t’empêcher de froncer les sourcils. Sûrement parce que c’est la première fois qu’elle fait ça, et ça te déboussole. Enfin, t’étais pas un habitué de ce genre de choses, et elle le savait. C’était sûrement trop d’un coup là. L’odeur, le vin, et le décolleté. Surtout le décolleté. « Euh, d’accord.., va pour le vin. » que tu dis, presque hésitant, comme s’il y avait un piège derrière tout ça. Non, vraiment, c’est top étrange. Si bien que tes sourcils sont toujours plissés. Alors quelque chose te vient à l’esprit, comme ça. Tu sais pas pourquoi, ça te paraît évident que c’est ça. T’es grillé, tu le sais bien. « Le pistolet caché derrière l’armoire était pas pour te tuer, tu sais… » Non, au cas où elle avait mal interprété ou quoi. Parce qu’en faisant le ménage, elle l’avait sûrement découvert. Et toute cette mascarade c’était sûrement à cause de ça. Non, parce que vraiment, tu ne voyais pas pourquoi elle ferait tout ça, juste comme ça. Il y avait forcément une raison. Et cette raison était la seule qui te traversait l’esprit à l’instant même. Dans tous les cas, tu vas t’asseoir sur ton canapé.

Je ne sais pas à quoi m'attendre avec Sandro parce qu'il est plutôt imprévisible sur le plan émotionnel, on est pareil sur ce point. Et si je panique à l'idée de peut être attendre son bébé je n'ose pas imaginer quelle pourrait être sa réaction. C'est sans doute ce qui m'empêche de le lui en parler immédiatement. Je suis terrifiée et peut être que ma panique interne peut détraquer mon système interne, enfin tout ça quoi, le stress ça joue énormément je le sais. Le problème c'est que ça ne m'arrive jamais, je suis réglée comme une horloge Suisse, presque à la minute près. Il est évident que ça m'inquiète mais il faut que je prenne mon courage à deux mains. Il faut que je lui dise parce que si je me mets à gonfler il va sans doute être plus énervé qu'il pourrait l'être maintenant. Le problème c'est que sa réaction me fait peur, j'ai peur qu'il me dise de partir et qu'il le pense sincèrement surtout. Ce serait bête, je veux dire on est heureux enfin on est bien parce que heureux je ne sais pas s'il pourra réellement l'être un jour mais on est très bien ensemble. Quoi qu'il en soit je ne peux pas tout lui dire comme ça sans préparer les choses. Je suis obligée de préparer une soirée, m'habiller de cette façon, acheter ces bougies et je sais bien que ça risque de le perturber ce n'est pas comme s'il était habitué à ce genre de chose, je ne suis pas certaine qu'il apprécie au fond mais peu importe c'est trop tard et j'entends déjà les clés dans la serrure. Bon tant pis. J'accours presque pour l'accueillir ça non plus ce n'est pas habituel. Çà arrive mais pas forcément de cette façon. Je ne peux pas m'empêcher de l'embrasser ça par contre c'est tout à fait normal. Je me rapproche un peu plus de lui et lorsqu'il m'embrasse dans le cou je frisonne, comme toujours. Ça me donne un peu de courage malgré tout. « Il pourrait y avoir pire.. » En effet comme ce que je m'apprête à lui dire à vrai dire. Pas immédiatement mais bientôt. J'passe ma main sous son t-shirt et caresse le bas de son dos du bout des doigts. « C'est super ça. » J'crois que je suis un peu trop enthousiaste en fait. Bon, c'est pas grave, de toute façon je lui parle de tout ça parce que j'vois bien que lui semble étrange tout ça. C'est normal, peut être que j'en ai fait un peu trop, ouais merde. J'veux pas le bouleversé ou le déstabiliser alors que j'voulais juste le préparer. J'crois pas qu'on puisse se préparer à ça, sauf peut être avec un peu de vin, oui du vin c'est bien. « Euh, d’accord.., va pour le vin. » Super. Un baiser plus tard et je pars en direction de la cuisine pour ouvrir cette fameuse bouteille. Je n'ai pas vraiment fait attention à son regard, je ne l'ai pas loupé mais j'suis suffisamment stressée comme ça. Je mets un peu trop de temps à ouvrir la bouteille, j'en oubli où sont les verres alors que je les ai lavé y'a une demi-heure. Il est toujours planté dans l'entrée lui. « Le pistolet caché derrière l’armoire était pas pour te tuer, tu sais… » Malgré le stress ça me fait légèrement sourire. Le pistolet je l'ai trouvé la première semaine, mais ça ne m'a même pas effleuré l'esprit. Je ne réponds pas dans l'immédiat je suis trop concentrée à faire en sorte de ne pas mettre du vin partout. J'ouvre le couvercle de la cocote tout à l'air parfait, en apparence du moins. Bon, j'attrape les deux verres pour le rejoindre sur le canapé où il s'est finalement installé. Je le regarde en souriant et lui tends son verre. « Je suis américaine tu crois que ton flingue me fait peur ? Non et puis si t'avais voulu me tuer tu l'aurais bien avant j'pense. » Je lance dans un haussement d'épaules. Il l'aurait sans doute fait quand je l'avais blessé, enfin non je n'ai pas peur qu'il me tue. Ça ne m'étonne même pas qu'il en ait un, déjà parce que c'est un ancien militaire et puis parce qu'il est lui tout simplement. « Pourquoi tu crois qu'il y a une raison ? J'ai envie de passer une soirée sympa avec toi. Enfin ça ne veut pas dire que ce n'est pas sympa d'habitude. Mais tu vois... Oui bon en fait y'a bien un truc, mais j'pensais qu'on aurait pu manger avant et boire, oui boire beaucoup d'ailleurs, on commence ? » Je fais cogner son verre contre le miens pour trinquer et je bois sans attendre. Ça ira mieux après ça. Ou pas, en fait et le connaissant je crois que j'ai dit beaucoup trop de chose. Il va vouloir savoir, c'est normal, j'dois lui dire au fond. Je m'approche de lui autant qu'il est possible de le faire je pose ma main sur sa cuisse et plonge mon regard dans le sien. « Je vais tout te dire, mais il faut que tu me promettes que tu ne t'énerveras pas trop. Ce n'est pas dramatique mais, enfin je... Je t'en prie ne m'en veux pas. De toute façon c'est autant de ta faute que de la mienne. » Monroe la reine de l'embrouille bonjour. J'suis trop bête moi j'suis pas sûre que ça doit l'aider tout ça, et puis j'sais bien qu'il est pas du genre à promettre des trucs, surtout que j'dois être sacrément flippante dans mon genre.

Cet accueil est étrange, et surtout pas très habituel. Autant dire que tu ne comprends rien. Elle est bien habillée, et vu l’odeur elle a fait le dîner. T’es pas sûr que sa cuisine soit un franc succès, mais elle avait tout de même passé du temps dans la cuisine. Et à part des gâteaux, généralement elle ne faisait pas grand-chose. Bref, ce n’était pas normal, il y avait quelque chose qui clochait. Et ça, tu pouvais le deviner en ayant passé rien que deux secondes à ses côtés. Sauf que, comme par hasard, tu ne sais pas ce qui se passe. Et c’est assez frustrant à vrai dire. Alors bien sûr tes sourcils sont froncés. Comme lorsque quelque chose ne te plaît pas. Et vraisemblablement, là, ça ne te plaisait pas. Bon, bien sûr, sentir ses doigts caresser le bas de ton dos était tout sauf désagréable. Mais ça ne suffisait pas pour te faire oublier ces choses. « C'est super ça. » Super. Oui, si elle voyait ça comme ça. Tes sourcils sont toujours froncés du coup, parce que tu ne voyais clairement pas en quoi cela était super. Non, vraiment. Tu hausses les épaules, pas vraiment convaincu de sa prestation. « Si tu le dis… » Elle finit par te proposer du vin, et tu ne refuses pas. Après tout, tu étais français. Quel français n’aimait pas le vin ? Aucun. Dans tous les cas, elle court vers la cuisine pour ouvrir une bouteille. Tu ne comprends toujours pas, et t’es toujours convaincu qu’il y a quelque chose qui cloche. Tu connaissais un minimum Monroe, après tout. Elle n’était pas aussi mystérieuse qu’elle pouvait le penser. Et tu voyais bien qu’elle te cachait quelque chose. Alors tu penses à cette arme qui est caché dans ton appartement. Tu te sens obligé d’avoir une arme chez toi, c’est comme ça. Ce n’est pas vraiment habituel chez les français d’avoir un flingue, et tu ne l’as même pas légalement. Comme si tu allais déclarer tes armes, toi. Enfin bon. Tu te diriges vers le canapé pour t’asseoir, et l’américaine te rejoint quelques secondes plus tard avec deux verres, dont un qu’elle te tend. Mais rien n’y fait, tes sourcils sont toujours froncés, et ton regard doit bien refléter ton incompréhension. «Je suis américaine tu crois que ton flingue me fait peur ? Non et puis si t'avais voulu me tuer tu l'aurais bien avant j'pense. » Tu n’avais pas pensé à ce détail. Aux Etats-Unis, tout le monde avait un flingue. Ce n’était pas la même chose selon les pays. Donc ce n’était pas à cause du flingue. Alors pourquoi elle faisait tout ça ? Tu n’avais plus aucune autre hypothèse pour remplacer celle-là. « Pourquoi tu crois qu'il y a une raison ? J'ai envie de passer une soirée sympa avec toi. Enfin ça ne veut pas dire que ce n'est pas sympa d'habitude. Mais tu vois... Oui bon en fait y'a bien un truc, mais j'pensais qu'on aurait pu manger avant et boire, oui boire beaucoup d'ailleurs, on commence ? » Evidemment tu ne la lâches pas du regard. Il y avait bien un truc, tu le savais. Tu ne bouges pas trop quand elle trinque, et tu ne bois pas. Parce que tu ne sais pas à quoi t’attendre, et que t’aimes vraiment pas ça. Oh que non, tu détestes ne pas savoir à quoi t’attendre. C’était sûrement une des pires choses qu’on pouvait te faire. T’attends seulement qu’elle passe aux aveux. « Non, on commence pas. C’est quoi ce truc ? » Il y a bien un truc, qu’elle a dit. Ta voix n’est sûrement pas très avenante, mais c’est pas très important. On ne t’amadoue pas avec du vin et un dîner. Ni avec une main sur une cuisse. Enfin, ça pourrait… mais pas là. « Je vais tout te dire, mais il faut que tu me promettes que tu ne t'énerveras pas trop. Ce n'est pas dramatique mais, enfin je... Je t'en prie ne m'en veux pas. De toute façon c'est autant de ta faute que de la mienne. » Quoi quoi quoi ? Si elle te demandait de ne pas lui en vouloir, c’est que tu allais lui en vouloir. Obligatoirement. Et puis qu’est-ce que tu avais à faire là-dedans ? Tu avais rien fait, rien du tout. Et puis tu n'étais pas du genre à promettre quelque chose. Encore moins de ne pas te mettre en colère contre elle. Quoi qu’elle ait fait, elle était la seule responsable. Pourtant, tu restais dans le flou. De quoi parlait-elle ? Tes sourcils sont toujours froncés, tu vas bientôt choper des rides, c’est sûr et certain. « Qu’est-ce que t’as fait comme connerie ?! Je refuse d’être impliqué là-dedans, quoi que ça puisse être ! » Non mais vraiment, qu’elle assume ses bêtises. Même si pour l’instant, tu ne savais toujours pas ce que c’était.

J'raconte n'importe quoi, j'agis pas de façon habituelle, évidemment qu'il va trouver ça suspect. Moi aussi je trouve ça suspect. Pourtant j'suis l'auteur de cette supercherie. J'cuisine pas vraiment, j'suis pas super douée pour ça, même si bon j'crois pas l'avoir empoisonné quand il m'a ordonné de lui faire la cuisine. Cela dit j'suis plus douée pour me faire livrer de la bouffe. Sauf ici parce que bon j'parle aussi bien français que... non en fait je ne parle pas très bien le français, il faudrait que j'y remédie alors la bouffe c'est pas franchement mieux. Ce n'est pas mon truc tous ces trucs, mais là oui j'ai fait un effort parce que je ne peux pas faire de repas à base de pâtisserie. Même si c'est sympa c'est moyen, j'fais un effort, je sors le grand jeu, mais peut être que j'ai forcé sur le décolleté. Je lui ai filé tout le package sans qu'il ne demande rien. Ce n'est pas habituel. Trop brusque, trop, trop. Je sais et je sens son regard, je vois ses sourcils froncés mais je ne les regarde pas vraiment. « Si tu le dis… » J'entends mais je n'écoute pas, je préfère boire, un peu d'alcool ça ne pourra pas me faire de mal. Enfin si mais non. Je n'écoute pas spécialement sa réponse, il aurait très bien pu me dire non que je serais revenue avec les verres. De toute façon il dit oui. J'en étais quasiment sûre. Je suis du genre super, mais super nerveuse et ce n'est pas vraiment dans mes habitudes. J'ai déjà eu la trouille en sa compagnie, à la fin du jeu quand j'étais pas certaine qu'il veuille me revoir mais c'est différent là parce que je ne maîtrise pas du tout la situation, je suis incapable de prédire sa réaction et ça me fait flipper mais ce n'est pas ça le pire. C'est le résultat qui me fait peur aussi. Ma réaction à moi. C'est pas un truc que j'ai prévu, c'est plutôt un truc qui me fait horreur là toute suite. La possibilité d'être enceinte me donne la nausée. Non mais n'importe quoi. Son histoire d'argent aurait pu me faire rire à d'autres moments parce que clairement j'en m'en fous. Je sais tirer tout ça, sans doute très mal en comparaison de lui mais je sais m'en servir si besoin. J'arrive avec mes verres j'aurais dû boire là bas déjà, j'ai pris assez de vin pour le quartier je crois. Peu importe. Il ne trinque pas. Il ne boit pas non plus, je ne peux pas faire autrement. J'avoue plus ou moins, je perds pieds. je raconte de la merde j'en ai conscience, j'dois le faire flipper encore plus, c'est n'importe quoi. Oui évidemment. Non mais bien sûr qu'il ne veut pas commencer. Je soupire. Plus à cause de ma connerie que pour sa remarque en plus. « Non, on commence pas. C’est quoi ce truc ? » Je crois que c'est la première fois que son regard me fait baisser les yeux. J'sais pas, je stresse tellement que limite j'pourrais pleurer. Je ne vais pas le faire mais j'pourrais. J'dépite un tas de connerie plutôt, j'ai toujours ma main posée sur sa cuisse, genre comme si ça allait changer quoi que ce soit. J'pourrais me mettre nue que ça ne changerait rien je crois. Pourtant je sais à quel point il aiùe mon corps même s'il ne l'avouera jamais à voix haute. Bref ce n'est pas la question. « Qu’est-ce que t’as fait comme connerie ?! Je refuse d’être impliqué là-dedans, quoi que ça puisse être ! » J'ai limite envie d'aller me planquer sous le lit et pleurer un bon coup. Il ne peut pas me dire un truc pareil, pas maintenant. J'crois que j'deviens toute pâle, encore plus que d'habitude, c'est possible, carrément possible du coup ça doit faire peur. J'suis en colère et triste à la fois. Je ne peux pas lui dire, non mais ça sert à rien s'il a ce genre de réaction. Il est complètement dingue ce type. Complètement. « Évidement que t'es impliqué, j'peux pas tomber enceinte toute seule. C'est autant de ta faute que la mienne. » Et bam dans la gueule, j'hausse un peu la voix parce qu'il m'a énervé mais j'aurais peut être dû éviter de le dire de cette façon. Je m'en rends compte, un peu tard certes mais bon. « Enfin non... Peut être que je ne le suis pas. J'en sais rien. J'suis très très en retard et ça ne m'arrive jamais. Et.. Voilà. » Et j'ferme les yeux très fort, un peu comme quand j'savais que mon père allait m'en foutre une. J'sais bien qu'il ne va pas le faire parce qu'il ne frappe pas les femmes, mais j'sais pas c'est un vieux réflexe je crois. Une appréhension un peu, ça ne dure pas parce que je ne peux pas longtemps quitter son regard c'est impossible, ses yeux m'hypnotisent. J'suis pas franchement soulagée, je m'attends à en prendre plein la tronche. J'aurais dû préparer ma valise avec le dîner j'aurais sans doute perdu moins de temps, j'en sais rien. J'crois que j'vais être bonne pour aller dormir ailleurs. C'est certain.

T’as beau réfléchir, tu n’arrives pas à deviner ce qu’elle a bien pu faire. Tout paraît en ordre dans ton appartement en tout cas, et ce n’est définitivement pas à cause de ton flingue. En tout cas, ça doit être grave. Puisque tu vois clair dans son jeu, avec ses bougies, son décolleté, le dîner… Elle essaye de t’amadouer. Encore, il n’y aurai eu que le décolleté et l’accueil inhabituel, tu aurais pu tomber dans le piège. Mais là, non. Tu devines tout de suite qu’elle cache quelque chose. Ce n’est pas compliqué à deviner de toute manière. Monroe n’était tellement pas crédible, et tu commençais à la connaître plutôt bien. Tu étais tout sauf un crétin tout de même. Alors une fois assis, tu lui demandes directement qu’elle te dise ce qu’il y a. Et à vrai dire, t’appréhende un peu. Surtout qu’elle devient pâle, tout ça. Ça ne doit vraiment pas être n’importe quoi. Pas que tu flippais, mais presque. Boire se verre de vin ferait sûrement mieux passer la chose. Tu t’attends à tout et n’importe quoi. Venant de sa part, surtout. « Évidement que t'es impliqué, j'peux pas tomber enceinte toute seule. C'est autant de ta faute que la mienne. » Alors là... Sur l’instant tu recraches immédiatement la gorgée que tu avais voulu boire. T’en reviens pas. tu avais vraiment entendu ça, ou tu venais de rêver ? T’as les yeux écarquillés, et tu ne peux définitivement pas prononcer un seul mot. Heureusement que tu étais assis. Enceinte. Bébé. Non, non, non, ce n’était pas possible. Vraiment pas. Pourquoi elle te faisait ça ? « Enfin non... Peut être que je ne le suis pas. J'en sais rien. J'suis très très en retard et ça ne m'arrive jamais. Et.. Voilà. » Elle essayait de te rassurer là ? Non parce que ça ne marchait pas du tout. Un enfant. Mais tu  ne voulais pas d’enfant toi. Tu serais le pire père du monde. Elle serait sûrement la pire mère du monde aussi. Et… non. Il n’y avait pas la place pour un bébé ici. Même à deux vous étiez trop. T’es tout chamboulé faut dire, tu ne t’attendais vraiment pas à ça. Tu ne la lâches pas du regard, tu restes un long instant sans rien dire. Tout simplement parce qu’elle ta fait perdre ton sens de la parole avec cette annonce. Tu ne sais pas si t’as envie de lui crier dessus, ou justement de ne rien dire et te contenter de partir. « C’est à toi de prendre tes médicaments ou je sais pas quoi, c’est en rien de ma faute, c’est ta responsabilité ! » c’est tout ce que tu  arrives à sortir sur le moment. Parce que oui, des machins contraceptifs pour les femmes y’en avait des milliards, c’était à elle de s’occuper de ça. Toi t’étais pas censé y penser. Oh que non. Donc tu n’étais pas impliqué dans cette histoire. « Je rêve… » tu murmures, t’es complètement dépassé. T’en reviens pas. « Toi, je te touche plus. » que tu dis un peu sèchement. Ah bah là, ça te coupait toute envie, surtout en sachant qu’il y avait ce risque-là. Avoir un bébé. Non mais… non. Ça doit sûrement se voir sur ton visage que tu es totalement paniqué. Comment ne pas l’être ? elle venait vraiment de te dire ça ? « Et puis pourquoi tu bois du vin ?! » Tu hausses le ton cette fois-ci. Non parce que c’était connu que l’alcool était mauvais pour les femmes enceintes. Inconsciemment tu te souciais de cette chose qui n’existait peut-être pas. De cette chose que tu ne voulais pas. Oh que non. C’était vraiment n’importe quoi. N’importe quoi…

Je ne suis pas du tout pourquoi je me suis cassée la tête à préparer un dîner qui sera peut immangeable de toute façon. Il a autant de temps d'être bon qu'horriblement infecte mais ma conscience me dit qu'on arrivera pas jusque là. Si j'arrivais à donner le change peut être mais là j'suis limite du genre à courir dans tous les sens et pleurer. La situation est d'un ridicule quand on y pense. J'essaye de le séduire ce qui est ridicule puisque c'est un peu le sexe qui nous a foutu dans cette galère. Non mais si j'réussis à détourner son attention ça passera peut être mieux. Il aime ma poitrine ça pourrait fonctionner. Enfin en tout cas ça me semblait être une bonne idée avant qu'il ne rentre. C'est loin de l'être, j'crois que ça me rend plus suspecte qu'autre chose. Il y a certaines choses que je ne suis pas du tout capable de cacher mon stress par exemple. L'inquiétude doit se lire sur mon visage, et la bonne odeur des bougies et du truc qui mijote ça me stresse encore plus. Je vois bien son air, il me trouve louche ce qui a tendance à me faire paraître encore plus c'est un sacré cercle vicieux. Je crois qu'il n'y a que du vin qui pourrait m'aider à me calmer, c'est sûr. Enfin y'a plus fort mais ça fera l'affaire. Je m'en fous que Sandro ne boive pas, c'est son problème j'vais pas me priver. J'aurais sans doute dû prendre la bouteille à bien y réfléchir. Je lâche la bombe et sa réaction aurait pu me faire sourire dans d'autres circonstances. Un peu plus et j'aurais pu me prendre du vin dans la tronche. J'aurais pas fini de râler j'crois. Il est silencieux et ce n'est pas bon. Je prends la parole encore mais j'crois que c'est pire que mieux. Mais j'panique aussi c'est pas de ma faute si je m'embrouille comme ça. Je n'ose pas bouger, je n'ose plus parler, je me contente de le regarder quand j'ai réussi à ouvrir à nouveau les yeux. Bon. Merde.« C’est à toi de prendre tes médicaments ou je sais pas quoi, c’est en rien de ma faute, c’est ta responsabilité ! » Il se fout de ma gueule ou quoi ? Non mais je rêve. C'est de ma faute, bien sûr, c'est moi qui ai décidé d'arrêter la pilule juste pour le faire chier, n'importe quoi. « J'suis pas inconsciente, je prends la pilule. Mais toi tu ne fais rien pour être sûr que ça n'arrive pas après tout... » Aux dernières nouvelles on a jamais vraiment utilisé de préservatifs, c'est vachement intelligent, la preuve. J'crois que j'aurais préféré choper une blennorragie tiens c'est pour dire. Non mais un bébé c'est pas envisageable. J'sais pas du tout ce qu'on en ferait. Je ferais une mère pitoyable et Sandro il a dû mal à supporter les autres alors un enfant. Non puis je me vois pas élever un gosse, j'suis nulle pour ça. « Je rêve… » Je soupire. Ouais bon ça va. Je sais que c'est chiant. « Toi, je te touche plus. » Je le fusille du regard, je n'aime pas du tout ce ton. C'est bon j'vois pas ce que ça change de toute façon. N'importe quoi. « Tu ne tiendras pas trois jours. En plus qu'est-ce que ça peut foutre, si j'suis enceinte le mal sera déjà fait. Et si je ne le suis pas, bah j'devrais pas trop te repousser...» Ou alors la perspective de me savoir avec un mioche dans le bide ça le dégoûte peut être. J'en sais rien mais non, l'abstinence n'est pas du tout une méthode contraceptive que j'accepterais. Hors de question. Ça ne me rassure pas de le voir comme ça. J'vais paniquer encore plus moi. J'finis mon verre, déjà, qu'est-ce que je disais. « Et puis pourquoi tu bois du vin ?! » Oh, il va redescendre d'un ton là. C'est quoi ça encore ? Je le fusille à nouveau du regard. Non mais c'est bon j'suis pas enceinte, enfin peut être, j'en sais rien, mais non mais alors il manquerait plus qu'il m'interdisse de fumer aussi. Et puis quoi encore ? « Qu'est-ce que ça peut faire j'suis peut être même pas enceinte. » Bah oui alors pourquoi il me fait chier avec mon verre, il est vide de toute façon. « De toute façon ce n'est pas comme si on allait l'avoir ce bébé, non ? » Je ne peux pas m'empêcher de poser une main sur mon ventre. C'est débile, carrément débile. Il n'y a peut être rien et je me touche le bide, stupide. Je me sens super mal là. J'peux pas m'empêcher de me coller contre lui. Ça fait super peur tout ça. Si j'avais un test ce serait plus simple en fait.

Tu n’avais peut être pas fait de grandes études, mais tu étais loin d’être bête. Oh que non. Et tu voyais quand quelque chose n’allait pas, ou qu’il se tramait quelque chose. Surtout que tu lisais en Monroe comme dans un livre ouvert quand il y avait quelque chose qui n’allait pas. Après pour le reste du temps, c’était un peu plus compliqué de deviner quoi que ce soit. Mais bref, là n’était pas la question. Elle était cramée. Toute cette mascarade, ces choses qui étaient censées te distraire, ça ne marche pas. Elle aurait dû le savoir, en plus. Non, mais vraiment, pour qui te prenait-elle ? C’était te sous-estimer ce qu’elle avait fait là. Vraiment. En tout cas, tout ça te dérange. Tu ne sais pas ce qu’elle a à te dire, et c’est un peu stressant. Ca a de quoi. Surtout avec la bombe qu’elle sort à l’instant même, qui te fait recracher aussitôt ta gorgée de vin. Enceinte. Bébé. Non, non, non. T’es pétrifié. Vraiment. Tu ne voulais pas de mioche. Tu ne t’étais jamais préparé à avoir un mioche, et tu le serais sûrement jamais. Ce n’était pas pour toi. Un gamin n’avait pas sa place ici. Tu n’avais toi-même pas ta place ici… Alors un enfant. Alors bien sûr tu l’accuses. Ce n’était pas de ta faute, c’était dans son bide que ce machin germait. Elle avait qu’à être plus prudente. Tu n’y étais pour rien, tu ne pouvais pas avoir cette responsabilité. Oh que non. « J'suis pas inconsciente, je prends la pilule. Mais toi tu ne fais rien pour être sûr que ça n'arrive pas après tout... » Alors là, t’en reviens pas. T’écarquilles grands les yeux. Elle se fout de ta gueule ? C’était elle la femme, c’était elle à penser à tout ça. C’était dans son utérus que tout se passait, toi t’avais rien à faire là-dedans. On était censé l’avoir briefée depuis qu’elle était gamine sur les risques, tomber enceinte tout le blahblah. Merde quoi. Toi on t’avait juste dit de te casser au cas où tu faisais un gosse à quelqu’un. Mais là, c’était différent. Tu ne pouvais pas partir. « Oh oui, bien sûr, parce que tu m’as déjà stoppé en faisant «  oh non Sandro tu veux pas mettre une capote ? » » Et bien évidemment t’es tellement dépassé par la nouvelle que tu ne peux pas trop te contrôler. Du coup tu prends une voix beaucoup trop aigu et ridicule pour l’imiter. Bien sûr. Mais dans tous les cas, jamais elle n’avait dit ça. Pas une seule fois. Bon, même si elle l’avait fait, tu ne l’aurais pas écouté, mais peu importe.  Ca restait de sa faute. Et lorsque tu annonces que tu ne désires plus la toucher, elle te fusille du regard. Tu ne sais pas trop si c’était censé te faire peur ou quoi. En tout cas ça ne marchait pas. De toute manière t’étais beaucoup trop sur le cul pour porter une quelconque attention à ses regards tout pourri. Enceinte. Non. Ce n’était pas possible. « Tu ne tiendras pas trois jours. En plus qu'est-ce que ça peut foutre, si j'suis enceinte le mal sera déjà fait. Et si je ne le suis pas, bah j'devrais pas trop te repousser...» Tu arques un sourcil, elle mérite que ça. Ouais, ça sera sa punition tiens. Enfin bon, ça te punissait toi aussi pour le coup. « Détrompe toi, je peux tenir très longtemps. » Ou pas. T’en étais pas si convaincu que ça, surtout si elle était dans les parages. Mais tu gardais cet air confiant, malgré ton air complètement paniqué. « J’m’en fou, enceinte ou non, t’es trop dangereuse, je te touche plus. » Comment est-ce que tu pouvais ne pas flipper, maintenant ? Elle pourrait tomber doublement enceinte… ou tomber enceinte tout court si elle ne l’était pas déjà. Voilà, il fallait mieux choisir l’abstinence. Et puis sans savoir pourquoi tu l’engueules parce qu’elle boit du vin. Si elle l’attendait, ce fameux mioche, c’était mauvais pour lui. Mais pourquoi est-ce que t’en avais quelque chose à faire ? En tout cas, elle refait ce regard, et t’aime pas ça. C’est sûrement pour ça que tu la fusilles du regard à ton tour. Non mais tu rêvais totalement là. Vous pouviez pas avoir de gosse. Pas ensemble, pas comme ça. Jamais, même. Ouais, elle n’était pas censée enfanter. Pas pour toi, pas de toi. Putain, mais à quoi elle pensait ?  « Qu'est-ce que ça peut faire j'suis peut être même pas enceinte. De toute façon ce n'est pas comme si on allait l'avoir ce bébé, non ? » Elle touche son ventre. C’était quoi ce délire-là ? Il fallait qu’elle enlève sa main tout de suite. Il ne pouvait pas y avoir quelque chose là-dedans. Non, impossible. Elle se colle à toi, et t’as beau être totalement dépassé, partiellement en colère, complètement paniqué, tu ne l’as repousse pas. Tu ne peux pas t’y résoudre. Tu la garde contre toi. Elle ne pouvait pas être enceinte. Non, elle ne pouvait pas. « Et ça te tuerai de descendre en bas de l’immeuble acheter un test de grossesse à la pharmacie ?! » Tu hausses un peu le ton. Evidemment, ça serait plus simple. Et ça aurait été mieux si elle l’avait fait avant que tu viennes. Non parce que là, c’était insupportable ce suspens. Tu ne pouvais pas être papa. Surtout que la pharmacie n’était même pas à deux pas de chez toi. Elle exagérait, vraiment. A croire qu’elle le faisait exprès. Elle allait te tuer, un jour. «  Ta place est dans un couvent… » tu soupires. Alors là, vraiment. Si elle était nonne, rien de tout ça ne risquerait d’arriver. Elle serait mieux là bas. Oui, à ce moment même, t’en étais bel et bien certain.

J'sais pas du tout où j'avais la tête. J'étais pas en phase j'crois n'importe quoi. Néanmoins le mal est fait, j'ai mis ma belle robe que je n'aurais jamais pu mettre au moins j'ai pas dépensé de fric pour rien. Enfin d'un côté j'crois qu'il s'en fout un peu de ma robe, de mon décolleté et de tout ce qui va avec. C'est dommage c'était un peu pour lui aussi que je l'ai acheté. Il s'en tape des fringues mais bon, c'est toujours sympa d'être belle pour la personne qu'on aime. Même si la plupart du temps il n'aime pas mes robes mais après tout on s'en fout là non ? Le truc qui semble le faire perdre pieds c'est de savoir si j'vais grossir à vu d’œil ou pas. Il a l'air tellement paniqué, je ne l'ai jamais vu comme ça et c'est d'autant plus perturbant. Par contre il a beau être flippé il n'en reste pas moins toujours aussi gonflé, macho, enfin lui quoi. C'est évidemment de ma faute si j'ai des risques d'être enceinte. C'est clair. Lui ne peut absolument rien faire contre ça. Non mais il a cru que j'avais des parents normaux ? Qu'ils m'ont dit de faire attention, de prendre mes précautions parce qu'un bébé c'est un peu la merde à gérer surtout quand on est jeune et pas franchement fait pour ça ? Non, non il n'y avait qu'à regarder ce qu'ils sont foutu avec moi. Et puis merde, j'prends la pilule c'est supposé marcher ce machin. J'vois pas pourquoi ce serait à moi de lui dire de foutre une capote, il sait très s'en servir non ? Il a l'air super étonné quand je lui en parle, comme si j'sais pas je lui avais dit un truc tellement fou alors que non. « Oh oui, bien sûr, parce que tu m’as déjà stoppé en faisant « oh non Sandro tu veux pas mettre une capote ? » » Mon dieu, c'est quoi cette fois. J'suis obligée de rire même si c'est bref et que la situation ne s'y prête pas tellement mais c'est sa voix là. N'importe quoi. « Arrête d'essayer de m'imiter t'es super nul à ce jeu. » Je prends un air renfrogné comme s'il m'avait vexé alors que pas du tout. « Non, mais tu rêves c'est à toi de penser à ça. De toute façon j'vais pas perdre mon temps à te le demander tu ne m'écoutes jamais ! » Ouais bon c'est l'hôpital qui se fout de la charité mais bon c'est vrai, j'veux dire il ne s'arrêterait jamais pour en mettre une si je le lui demandais et puis faudrait encore qu'on en ait tout le temps sur nous parce que ce n'est pas comme si on prévoyait, parfois ça arrive et voilà. Les pulsions tout ça. Enfin en tout cas j'sais pas si c'est une pulsion, une pulsion stupide s'entend qui le pousse à me dire qu'il ne me touchera plus mais bon c'est stupide. Tellement stupide. De toute façon il ne tiendra jamais, je le connais quand même. Moi non plus de toute façon. Je ne peux m'empêcher de le toucher en plus c'est peut être déjà trop tard. Et sinon bah j'suis pas radioactive. J'veux même pas qu'il l'envisage. Hors de question. Non mais il a rêvé. Mon regard est loin d'être très avenant. « Détrompe toi, je peux tenir très longtemps. » Ouais à d'autres, si bien que je hoche la tête, ouais c'est ça, cause toujours mon ange. Il peut en raconter des conneries des fois c'est pas possible. En plus il semble y croire. « J’m’en fou, enceinte ou non, t’es trop dangereuse, je te touche plus. » Je soupire. Dangereuse ? Ah ouais ? Non mais il s'entend sérieusement ? « N'importe quoi c'est fou le nombre de conneries que tu peux débiter quand tu flippes. » Ça, ça va l'énerver c'est certain mais c'est vrai, qu'il ne dise pas le contraire, je le comprends moi aussi je flippe. J'ai carrément peur d'être réellement enceinte. Ce serait une catastrophe. Déjà j'sais pas où on le mettrait, j'sais pas s'ils me garderaient, j'veux pas perdre mon job avant d'avoir commencé, j'veux pas d'un bébé dans les pattes, j'sais pas ce qu'on en ferait en plus. Nous ? Parents ? C'est la pire chose que je n'ai jamais entendu. On en veut pas alors pourquoi ça tombe sur nous ? Y'a tellement de gens qui n'arrivent pas à en avoir. La vie est injuste. Il m'engueule à cause du vin et j'sais pas pourquoi j'touche mon ventre c'est stupide comme si j'arriverais à savoir si j'suis enceinte en me touchant le bide. Stupide. J'crois que ça me fait encore plus paniquer. Du coup je vais me coller contre lui, un réflexe, faut qu'il me sorte de ce pétrin là. C'est clair. En tout cas il ne me vire pas c'est plutôt bon signe et très agréable d'être contre lui, de le savoir là avec moi. J'avais tellement peur qu'il me dise de me barrer sur le champs que bon. « Et ça te tuerai de descendre en bas de l’immeuble acheter un test de grossesse à la pharmacie ?! » Il va arrêter de m'engueuler ouais ? J'suis pas son gosse. Je redresse la tête, j'en ai marre qu'il me hurle dessus. « J'peux pas non, j'ai essayé mais j'peux pas. Vas-y toi. S'il te plait. » J'vais pas faire mes yeux de chien battu parce que ça ne servirait à rien mais je me sers un peu plus contre lui. « J'ai essayé mais la vendeuse elle m'a regardé bizarrement, j'crois qu'elle a pas compris. » Ouais voilà. J'sens qu'il va dire non, mais j'peux pas y aller, pas seule en tout cas. J'ai les jambes qui flagellent je le sens alors que j'suis assise. J'vais tomber. « Ta place est dans un couvent… » J'soupire à mon tour, il en a pas marre de raconter n'importe quoi à force ? « Et toi pourquoi t'es pas laid hein ? Repoussant, nul au lit, stupide, soumis et fade ? Ce serait tellement plus simple... » Ouais moi aussi j'dis un peu de la merde mais bon, il a commencé, cela dit s'il n'était pas lui j'aurais sûrement jamais eu envie de lui et tout ça ne serait jamais arrivé. Je n'aurais jamais rentré dans son jeu, je n'aurais pas eu envie de l'embrasser encore et encore, et je l'aurais ignoré comme tous les autres, j'serais à L.A à l'heure actuelle mais bon c'est con parce qu'il est plutôt l'opposé de tout ça, fait pour moi et on est dans la merde.

C’était une grosse blague. Vous, parents. Un évènement à faire rire n’importe qui. Vraiment. Déjà que tu n’arrivais pas à t’occuper de toi-même, comment est-ce que tu pouvais t’occuper d’un gosse ? Il serait malheureux, tout ça. Et il finirait par devenir comme toi. Et c’était la dernière chose que tu voulais. Que quelqu’un devienne comme toi. Alors non, il était hors de question que vous ayez un enfant. Pour votre bien à vous deux, et pour son bien à lui, à cette petite chose. Déjà que tu avais eu du mal à accepter Monroe dans ton appartement, comment est-ce que tu pouvais te faire à l’idée d’accepter un bambin chez toi. Impossible. En plus tout cela ne serait jamais arrivé si elle-même n’avait pas eu la magnifique idée d’emménager chez toi. Si elle était restée à Los Angeles, elle serait tombée enceinte d’un autre mec, et tu ne serais pas impliqué là-dedans. C’était mieux. En tout cas, tu refuses d’avoir la responsabilité de cet évènement. Tout était de sa faute, toi tu n’y étais pour rien si elle était tombée enceinte. Elle avait qu’à mettre plus de col roulé, et se tenir loin de toi. Enfin, même dans ce cas, tu ne sais pas si ça aurait changé quelque chose. En tout cas, elle rit quand tu l’imites te demandant si tu voulais mettre une capote. Toi, ça ne te fait pas du tout rire. Oh que non, tu étais vraiment loin, loin de rire. Tu étais très sérieux même. C’est pourquoi tu ne la regardes pas très tendrement, autant dire les choses comme elles étaient. « Arrête d'essayer de m'imiter t'es super nul à ce jeu. Non, mais tu rêves c'est à toi de penser à ça. De toute façon j'vais pas perdre mon temps à te le demander tu ne m'écoutes jamais ! » Tu t’en fous, dans ta tête sa voix ressemble à ce que tu as pu imiter. T’es plutôt hors de toi en ce moment même. Un bébé, c’était tout simplement impossible. Non, vous ne pouviez pas. « Non mais je rêve ! Fais pas comme si t’y pensais à chaque fois et que tu te retenais de me le dire parce que tu sais que je ne le ferai pas ! Tu te fous vraiment de ma gueule.. C’est à toi de penser à ça, c’est pas dans mon ventre qu’il risque d’y avoir un lutin ! » Un lutin, oui oui. Non mais tu es trop énervé pour réfléchir aux mots que tu pouvais bien sortir. Ce qui donnait plutôt n’importe quoi. T’es complètement paniqué. Tu ne veux pas de ce gosse, toi. Si bien que tu décides que tu ne la toucherais plus. C’était trop risqué. Tu aurais trop peur de la mettre enceinte, maintenant. C’était mort, elle t’avait clairement coupé toute envie, là. T’es sûr que tu peux tenir. La perspective d’avoir un gosse était suffisamment énorme pour te forcer à ne plus rien faire avec Monroe pendant un certain temps. Du moins, t’en restais convaincu. Il fallait juste qu’elle reste loin de toi. Très loin de toi. Tu voulais enlever tout risque d’avoir un gosse. Oh que oui. « N'importe quoi c'est fou le nombre de conneries que tu peux débiter quand tu flippes. » Alors là, tu ne peux pas t’empêcher de la fusiller du regard. Vraiment. Même si tu flippes vraiment, t’apprécies pas le fait qu’elle le dise. Et puis, t’as jamais vraiment fliper de la sorte, toi. Et comme par hasard, c’est à cause de Monroe que tu l’es. Encore une fois, sans elle, rien  de tout ça n’aurait pu arriver. Elle portait vraiment malheur. « Je flippe pas » que tu dis assez méchamment. Non, t’apprécies vraimen pas qu’on te dise ça. C’était plus fort que toi. Tu n’étais pas du genre à admettre ce que tu pouvais ressentir de toute manière. Et puis elle se colle contre toi, et malgré ta résolution de ne plus la toucher ou quoi, tu ne la repousses pas. Tu ne peux pas le faire, tout simplement. Mais malgré ça, tu l’engueules quand même. Si elle avait fait un test avant, vous n’auriez pas ce stress en plus et vous seriez fixés. Mais non, mademoiselle n’a rien fait et préfères rester dans le doute. Rien de plus normal. Ou pas, hm. « J'peux pas non, j'ai essayé mais j'peux pas. Vas-y toi. S'il te plait. J'ai essayé mais la vendeuse elle m'a regardé bizarrement, j'crois qu'elle a pas compris. » Tu avais oublié qu’elle ne savait pas parler français. Quelle idée de venir vivre en France quand on ne savait pas parler français… Tu avais bien essayé de lui apprendre les trucs de bases, mais son français est vraiment horrible, faut dire. Elle était loin d’être douée. Si elle avait fait des efforts, elle aurait appris à parler la langue, et vous ne seriez pas dans ce cas-là, maintenant, tout de suite. « Au lieu de faire je-ne-sais-quoi avec l’argent que tu as gagné, tu pourrais au moins prendre des cours de français, tu crois pas ? » Tu n’es pas vraiment d’humeur à être gentil ou quoi, alors certes tu te montres peut-être un peu agressif. Mais ce n’était pas de sa faute. C’était de la sienne. Quelle idée de tomber enceinte, aussi. Bon, tu savais bien qu’elle ne l’avait pas décidé, mais tout de même. En tout cas, apparemment, tu n’allais pas avoir d’autres choix que d’aller le chercher, ce putain de test. Ce qui était sûr, c’était que tout serait mieux si elle était dans un couvent. Vous n’auriez pas tous ces problèmes. Elle aurait fait vœux d’abstinence en tant que nonne et tout serait très bien. « Et toi pourquoi t'es pas laid hein ? Repoussant, nul au lit, stupide, soumis et fade ? Ce serait tellement plus simple... » Tu lèves les yeux au ciel. Non, vraiment, n’importe quoi. Tu n’allais pas être nul au lit pour lui faire plaisir ou quoi. Et puis merde, c’était de sa faute. C’était elle qui te tentait trop, tout le temps. Tu secoues la tête de droite à gauche, montrant ton désaccord. « Tout est de ta faute, si tu arrêtais de me tenter aussi, rien de tout ça ne serait arrivé ! » Oui, bon, tu te foutais vraiment de sa gueule mais bon. Ce n’était pas très grave, là. Tu secoues la tête, et tu finis par te lever, te décollant de Monroe par la même occasion. T’as toujours ce regard pas très avenant, et tes sourcils froncés. C’est comme ça quand t’es énervé de toute manière. « Bon, bouge pas. » tu soupires. Et aussitôt, tu quittes l’appartement. Et autant dire que tu ne marches pas lentement pour descendre les escaliers de l’immeuble. Tu cours même. Il te le faut, ce test de grossesse, c’était plutôt insoutenable. Une fois à la pharmacie, tu agresses presque la vendeuse, qui n’a pas trop l’air de comprendre. Mais bon, comme elle te connaît, elle sait qu’il ne faut pas trop te faire de réflexions, sinon tu allais encore plus t’énerver. Alors elle te file ce truc sans broncher, et tu payes avec un billet de 50 sans prendre la peine de prendre le surplus de monnaie. T’étais beaucoup trop pressé. Et tu fais le chemin inverse en courant également. Elle finira par te tuer, cette Monroe. Qu’est-ce que tu ne ferais pas. C’était vraiment n’importe quoi, et tu te sentais tellement ridicule. Mais tu n’avais pas le choix. Il était hors de question que vous ayez un bébé. Même si tu refuserais un bloc qu’elle avorte si elle était réellement enceinte. Parce que tu ne supporterais pas qu’elle tue qui que ce soit. Tout simplement. Une fois de retour dans l’appartement, tu tends la boîte à Monroe. « Voilà » c’est tout ce que tu avais à dire. Voilà.