J’aurais jamais pensé enchaîner une journée de merde après une soirée de merde. C’était de l’inédit là. Je me surpassais, ça devenait grandiose. Mais surtout je me faisais chier et psychologiquement je m’enfonçais en me disant que c’était « soit disant » lié au départ de l’emmerdeur Espagnol qui avait la capacité de me distraire avec ces conneries. Cependant, je savais aussi et surtout que c’était parce qu’on s’emmerdait profondément les jours d’après prime. J’avais erré dans la maison tel un hamster en cage, un esprit funambule avant de finir mon escapade dans le salon. Distraite je m’approchais de l’immense bibliothèque, regardais les livres posés sur les étagères, dans le vain espoir qu’un me plairais. Je me hissais sur la pointe des pieds pour aller trifouiller sur l’étagère la plus haute. Constatant bien rapidement que ma taille m’handicapais, pourtant je me trouvais d’une hauteur idéale, ca commençais à m’agacer franchement, je sautillais presque, mes doigts agrippant par moment LE livre qu’il me fallais sans pour tant l’attraper. Je soufflais bruyamment, toisais le haut de la bibliothèque avant de m’élancer brusquement. La seconde d’après, le ciel me tombais sur la tête. « PUTAAAIN ! » m’exclamais-je ensuite en rabattant rapidement mes bras par dessus ma tête pour tenter de contrer le flot de livre qui me tombais à la tronche.

Un bruit sourd et une flopée de livres voilà ce que j’avais retenu alors que je me laissais tomber à genou, yeux fermés, au sol, écopant quelques beaux hématomes au passage. Putain, dans le genre boulette, j’étais pas mal sur ce coup. J’ouvrais précautionneusement un œil avant de lever mes prunelles vers la maudite étagère. Une voix s’élevant ensuite à mon côté. « Rusty, mais qu'est ce qui s'est passé ? » « A ton avis » répondis-je au tac au tac me laissant tomber, allongée sur le dos, au sol, affichant une moue. Ce n'était pas assez clair peut être ? Promis, la prochaine fois je lui ferais un beau dessin au Non(n)o. « Être naine c’est la plaie tu sais ca… laissez moi mourir en paix maintenant » fis-je tapant totalement dans le mélo-drama.

Rusty, la pas douée ? Son petit numéro de mélodrame m’arrachai un sourire et je m’accroupit près d’elle après avoir ranger les livres. J’attrapai sa main et déclarai comme un mauvais acteur d’une émission de midi le dimanche pour les ménagères de plus de 50 ans « Rustyyy ne meurs paaaas, bat toiiii ! » dis-je avant de sourire, amusé, puis, plus sérieux « Tu vas t’en remettre, les livres ne tuent pas… Sauf si tu lis celui-là ! » déclarais-je en attrapant ‘A brave new world’ d’adlous huxley, livre que j’avais du lire à l’école, HORRIBLE tellement c’était ennuyeux !

J'avais surtout deux pieds gauches et deux mains gauches aujourd’hui ouais et sachant que j’étais droitière.... Anyway. « Rustyyy ne meurs paaaas, bat toiiii ! » dit-il un sourire aux lèvres amusé. « Je peux pas c’est trop duur, aide moi Nolaan » fis-je en entrant dans son petit jeu, serrant sa main en incarnant l’archétype même de l’actrice de série télévisé soupe au lait des années 90. Savez le genre « Amour Gloire et Beauté » en somme, puis je souriais.
« Tu vas t’en remettre, les livres ne tuent pas… Sauf si tu lis celui-là ! » annonça-t-il sérieux. « Nan c'est vrai, ils t'assomment » fis-je railleuse avant de tourner la tête pour voir le dit livre. Au vu rien que de la taille j’arquais un sourcil. « Non mais c’est mort, il m’a éclaté la tête et puis ta vu comment il est énorme. Ca sent les longues descriptions inutiles ça avec une histoire dénuée de toute action. » déclarais-je en regardant distraitement le fameux livre qui rien par sa première de couverture ne m’attirais pas.

A peine avais-je fini de me « lamenter » sur mon triste sort qu’une douce voix, celle d’Alisk en l’occurrence, s’éleva. « Toujours aussi délicate on dirait. » dit-elle avec un clin d’œil., moi qui pensais qu’elle allait venir cracher son venin, me trompais, quoique non en fait, je savais que ca allait mieux, disons, entre nous deux. « J’te le fais pas dire » Ouais, c’était rare, mais je pouvais aussi taper dans l’autodérision. Mais ca me rappelais surtout la fois où elle m’avait trouvé allongée dans l’herbe humide après le prime dernier. Bref. « Merci pour l'aide, j'aurais pas réussi à l'attraper celui-là. » dit-elle avec un sourire. « Maais je t'en prie » fis-je amusée en lui tirant la langue, mon regard glissant sur sa silhouette. Qu’elle était grande.. « Haan la perche ! » m’exclamais-je ensuite, la taquinant à mon tour, mon ton dénué de tout sarcasme, relevant plutôt de lors de l’ébahissement, du constat. Ouais vu d'en bas c'était... c'était.. grand. La demoiselle devait avoir vingt bon centimètres de plus que moi et je l’en enviais presque. Pour ces dix centimètres, s’entend, pas les vingt, vingt c’est beaucoup trop (a). « Je serais là lorsque ta tête taperas l’encadrement d’une porte un de ces quatre, Alisk. Fais moi confiance » ajoutais-je tout sourire en arquant un sourcil malicieuse avant de le décocher un clin d’œil amusé et de me relever assise. « Oh putain ma tête » soufflais-je en portant une main à ma tête, une douleur me lançant.

« Tu viens de décrire ce livre ! » dit-il en riant. « Ouais je sais, j’suis plutôt douée » avais-je répondu en esquissant un fin sourire amusé avant qu’Alisk ne nous interrompe. D’ailleurs, je n’avais pas tout saisit là, je parle, notamment, de leur attitude l’un envers l’autre. C’était quo leur problème à ces deux ? L’une qui snobait littéralement l’autre et l’autre qui justement en faisait de même. J’arquais un sourcil perplexe les regardant à tour de rôle, un petit silence s’installant jusqu’à ce qu’Alisk tourne les talons, embarque son livre avec elle et n’aille s’asseoir sur l’un des nombreux fauteuils du salon et j’haussais simplement les épaules vers le jeune homme. « Je savais que t'avais un bon fond. Toutes les garces ont un bon fond. » la voix de la jolie demoiselle s’élevant ensuite en même temps qu’un sourire fleurit sur mes lèvres. Elle avait de la chance, je le prenais bien. « J‘te le fais pas dire.. Mais on ne peut pas en dire autant pour tout le monde, n’est-ce pas..  » la taquinais-je une nouvelle fois -Alisk était loin d'être garce, quoique je ne doutais pas ses capacités se faire passer pour telle, elle était juste parfois cassante et froide par moment bref- avant que ma tête, la traitresse, ne me reprenne. « Tu veux une aspirine ? » me demanda-t-il ensuite et je relevais lentement les yeux vers celui-ci. « Si tu savais-je crois que c’est la boite entière qu’il me faudra ! » m’exclamais-je ensuite en plaisantant, plaisanterie qui ne dura pas longtemps puisque le son de ma propre voix cristalline me revenais violemment en écho, raisonnant dans ma boite crânienne. « Ok, je capitule, amène ton aspirine Nolan » fis-je résignée, arrêtant de jouer pour le coup.