Et comme tous les jours, tu venais dans la salle de sport pour faire ta séance de musculation. Il n’y avait pas grand-chose à faire de toute manière, ici, alors tu avais largement le temps de faire une ou deux heures de sport chaque jour. Chose qui ne te dérangeait pas le moins du monde. Tu soulevais des poids, tu faisais les barres de tractions, et tout ça. Et comme souvent, la salle de sport n’était pas vraiment remplie. Elle était même vide en ce moment même, et tu étais le seul à t’entraîner. Du moins plus pour longtemps, puisqu’une jeune femme venait de faire son entrée. Ce n’était pas quelqu’un avec qui tu avais eu l’occasion de vraiment parler durant ces deux dernières semaines. Et même si elle était habillée en tenue de sport, c’était bien la première fois que tu la voyais dans cette salle. « Dis-moi, est-ce que t'es du genre à te foutre de la tronche de ceux qui débutent, toi, hm ? Parce que c'est mon cas, clairement, et qu'à choisir, je préférerais que personne ne me rappelle que j'ai la souplesse d'un pied-de-biche. Psychologiquement parlant, ce serait définitivement mieux, ouais. » Tu lâches automatiquement les poids que tu étais en train de soulever. Quoi… ? Pourquoi tu te moquerais d’elle, et pourquoi pouvait-elle penser que tu étais ce type d’homme, alors que tu ne l’étais clairement pas ? Tu étais un gentil garçon, toi. Mais du coup, elle te prend un peu par surprise, et tu ne sais pas trop quoi répondre. « Je euh… » et c’était reparti, il fallait vraiment que tu t’empêches de bégayer, toi. « Je vois pas pourquoi je me moquerai de toi.. » que tu dis timidement. « Je suis pas.. enfin, c’est pas.. je… C’est pas mon genre. » Oui, voilà, tu avais fini par le dire, ce n’était pas ton genre de te moquer des gens. « Je suis pas méchant… » que tu crois bon de dire.

Tu ne pensais pas avoir une tête de quelqu’un qui puisse se moquer d’une autre personne. Tu n’étais pas méchant, tu ne te fichais pas des autres. Principalement parce que tu n’aimais pas qu’on te le fasse, à toi. Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse, qu’elle te disait, ta mère. T’as toujours écouté ce qu’elle a bien pu te dire, même si elle était loin d’être une figure maternelle exemplaire. Enfin bon. T’es pris au dépourvu, du coup. Tu balbuties, tu rougis presque. Non, vraiment, tu n’étais pas méchant. « Bah tu sais, personne n'imaginait que Paul Bernardo et Karla Homolka étaient du genre à torturer des jeunes filles, pourtant ce sont des tueurs en série macabrement célèbres. » Ok, c’est un peu bizarre, là. Ton visage se décompose, pauvre de toi. Elle était bizarre cette fille. « Mais… mais je ne vais pas te tuer. » que tu marmonnes innocemment. Pourquoi elle t’avait parlé de tueur en série ? « Mais je te crois » Ouf. Enfin bon, de toute manière tu n’avais aucun intérêt à te moquer d’elle, ni même à la tuer comme elle pouvait le « Dis, je t'ai gêné avec ma question ? Non parce que j'aurais demandé ça à n'importe qui, hein. » Tu fais la moue. Vrai de vrai ? Ce n’était pas juste à cause de ta tête ? Toi t’avais peur que t’aie une tête de méchant sans que tu ne le veuilles, et c’était assez flippant. Toi tu ne voulais pas ça. Non, vraiment pas. « C’est vrai, c’est pas parce que j’ai une tête de méchant ? Juré ? » que tu demandes tout plein d’espoir.

Tu prenais souvent beaucoup de chose au premier degré, sans prendre la peine de réfléchir pour voir si c’était idiot ou non. Si bien que cette fois aussi tu penses qu’elle parle de meurtrier parce qu’elle croit que t’en es un. Alors que t’es pas un meurtrier, toi. Tu lui fais comprendre, d’ailleurs, en lui disant que tu n’avais pas trop l’intention de la tuer. Pourquoi tu la tuerais ? T’étais un gentil garçon, toi. « Parce que tu penses que si j'avais le moindre doute à ce sujet, je serais encore là, devant toi, à te parler d'un couple de criminels, histoire de bien te donner des idées ? » Ça te paraissait évident, du coup. Tu grimaces un peu parce que tu te sens un peu bête. Puis tu finis par hausser les épaules. « On sait jamais… peut-être que t’as envie de mourir ? » Tu fais des suppositions débiles, tout simplement pour te donner une bonne excuse. Mais il n’y avait rien à faire, tu passais bel et bien pour un idiot. Et puis elle te rassure carrément lorsqu’elle jure que tu n’as pas une tête de méchant. Toi tu ne voulais pas avoir une tête de méchant, c’était pas cool. Et puis elle finit par s’approcher de toi, la jolie fille aux cheveux courts, et à passer ses mains dans tes cheveux. Ça va, toi ça ne te dérangeait pas. Même si tu ne comprenais pas trop pourquoi elle faisait ça. « Tu dégages autant de méchanceté qu'un chiot. Et je ne fais pas dans le délit de sale gueule. Ou de belle gueule, plutôt, dans ton cas. » Oh, c’était mignon un chiot. Même si tu préférais les chats. Mais peu importe, c’était mieux que d’être assimilé à un tolard. Elle ne faisait pas dans le délit de belle gueule, donc. À vrai dire tu ne savais pas comment le prendre ou le comprendre. Du coup ça doit se voir sur ton visage, que t’es un peu paumé. « Je.. ça veut dire quoi ? » Autant le dire cache. Non mais tu n’étais pas idiot, hein. Juste un peu longue à la détente, parce que tu étais dissipé comme garçon. Pauvre de toi, elle va vraiment finir par prendre peur et ne plus vouloir te parler. Tu ne veux pas de ça, toi.