Le prime était désormais terminée, j’ai toute la liberté de me retirer pour aller me préparer pour la nuit à venir. Et avant de songer ne serait-ce qu’un seul instant à retrouver mon lit adoré – bon, d’accord, je n’en dirais pas tant, d’autant plus que je me doive de le partager avec un être que j’ai appris à mépriser avec les années – il me faut faire un arrêt obligatoire vers la salle de bain. Grand miracle qu’est celui de la découvrir vide, ce qui me soulage d’un poids : je n’aurai pas à faire la discussion à qui que ce soit, et je pourrai accomplir mon petit rituel pré-sommeil dans le plus grand des silences, et dans le calme et la quiétude. Rien à l’horizon pour venir brouiller ce moment tant désiré. Enfin, c’est sans compter sur l’intrusion discrète d’un certain candidat chevelu dans cette pièce, alors que fort concentré à fouiller dans mes rangements, je n’ai point remarqué son arrivée. Ignorante du sort qu’il me réserve, je me contente de récupérer les effets convoités sans me soucier d’être dérangée. Le mouvement de mes mains dans ce fouillis que j’ai créé au fil des semaines m’empêche de prêter l’oreille à son approche discrète, mais non moins muette. Je goute donc à sa médecine sans avoir eu le temps de sourciller, mes yeux et mon visage se retrouvant, en l’espace de quelques secondes à peine, couverte d’une substance inconnue. Il m’en badigeonne sans vergogne sur chaque parcelle de mon corps lui étant accessible. Je me débats et réussi, non sans effort, à le repousser plus loin – où peut-être s’est-il lui-même reculé de son plein gré. J’agrippe de la main le premier linge qui passe sous mes doigts et y réfugie mon visage en entier dans le tissu parfumé, retirant l’excédant de cette mousse dont il m’a recouverte. Mon regard, une fois dégagé de ces entraves, se rive sur le candidat, qui n’attend visiblement qu’une réaction de ma part. Il devra se contenter de cette indifférence froide puisque je me contente de me retourner, avec la ferme intention de retourner vaquer à mes occupations, bien que le tout est été fortement chamboulé par son apparition. Je continue de fouiller dans mon tiroir et je tâte du bout des doigts ce qui pourrait constituer une parfaite vengeance. Mais ai-je envie de m’embarquer dans de tels enfantillages? Je n’ai certes pas l’intention de me laisser marcher sur les pieds. Empoignant à la fois mes bouteilles de shampoing et de revitalisant, je me tourne avec lenteur, pointant mes armes sur lui. « Est-ce la guerre que tu es venu chercher? » Il a voulu me provoquer, c’est maintenant à son tour de gouter à ma médecine et j’ignore s’il va l’apprécier. Les jets sont lancés et ils touchent leur cible avec une efficacité étonnante. Mais mes munitions sont en quantité limitée. Je ne pourrais certes pas perdurés bien longtemps de la sorte.

Ma soirée devait simplement s’arrêter ici, je n’avais pas planifié de la prolonger ni même de la faire perdurer pour mon simple plaisir. Le programme était clair, pourtant : je me douchais puis enfilais une tenue adéquate avant de me glisser sous les draps pour me coucher et rêvasser longuement dans la quiétude d’un sommeil réparateur. Malheureusement, un petit malin en avait décidé autrement. Et j’allais payer le prix de sa folie, puisqu’il m’avait désignée comme sa cible, alors que clairement, je n’avais rien demandé. Je pourrais même dire que contrairement à d’autres, je m’étais contentée d’être d’agréable compagnie, et rien ne justifiait un sort comparable à celui qu’il me promettait.   Car je ne considérais pas une attaque de mousse à raser comme un comportement digne d’être souligner. Mon corps en fut recouvert en l’espace de quelques secondes, et il ne lésina pas sur la chose, s’en donnant probablement à cœur joie devant mon incapacité à me défendre. J’étais prise au piège, prise par surprise par son attaque-surprise. Il fallut que j’y mette toute mon énergie pour me débattre pour retrouver ma liberté, et je fulminais silencieusement ma revanche. Je m’étais débarrassée d’une bonne couche de cette substance avec laquelle il m’avait agressée, et je lui tournais désormais le dos, cherchant l’arme ultime pour accomplir ma vendetta. Les munitions ne manquaient pas, et quand mon choix fut fixé, je le confrontais. Il voulait la guerre. Il allait l’avoir. Sans ménagement, je me lâchais à mon tour, le recouvrant de produits particuliers, ne prenant même pas la peine d’éviter les zones sensibles. Il ne m’avait même pas accordé cette opportunité, alors pourquoi serais-je clémente à mon tour? Je devais bien m’attendre à ce qu’il rétorque à mon assaut, mais qu’il me fasse sa prisonnière ne figurait point dans mes plans. Trop fort pour moi, il m’enserra entre ses bras, sans me laisser la seule chance de lui échapper. Ne pas opposer de résistance. Tel était ma seule consigne, que je ne comptais pas du tout respecter. Il me soulève et je ne cesse de gigoter, rien que pour rendre sa tâche plus ardue qu’elle n’y parait. Mon poids plume n’est pourtant pas très utile dans le cas présent, mes coups de pieds, eux, sont un peu plus efficaces, et touche à quelques reprises leur cible sans pourtant l’arrêter. Il fini par me déposer dans l’un des cabinets de douche, et m’empêchant de m’éclipser, met en marche le jet d’eau glacée qui parviens bien vite jusqu’à mon corps frigorifié. Je ne peux m’empêcher de pousser un hurlement de rage, frustrée. Mon peignoir et mes sous-vêtements sont désormais complètement trempés, et d’un geste brusque, je retire le premier avant de le lui balancer à la figure, question de l’aveugler. Momentanément, juste pour le distraire un instant. Juste assez longtemps pour être à même de pouvoir l’attirer sous la douche pour lui faire payer ce même traitement auquel il m’a soignée. « On dirait que je ne suis pas le seul qui ait besoin d’une douche froide. » Il devrait apprendre que tout ce qu’on le fait nous retombe toujours sur la tête. À cracher en l’air, il devrait savoir que ça finirait bien par lui retomber sur le nez.