J’avais terminé de manger avant les autres, m’apprêtant à débarrasser mes couverts et finis par les débarrasser malgré qu’un candidat, en l’occurrence Leone, ce soit porté volontaire pour ce soir. Bien que les corvées étaient plus ou moins réparties, débarrasser son assiette ne demandais pas un grand effort à chacun des habitants, puis c’était aussi un gain de temps. Passons. Et j’allais m’installer dans le salon, me vautrant sur l’un des canapés, digérant le peut que j’avais avalé ce soir.
Quelques minutes, je me levais et me dirigeais à nouveau vers la cuisine, dans l’espoir de me servir un verre d’eau. En entrant, j’aperçus Leone qui faisait la vaisselle, un fin sourire s’étira sur mes lèvres. « Ne frottes pas si fort, tu risquerais de la casser » fis-je simplement remarquer en ouvrant le frigo pour en sortir une bouteille d’eau.

Ok, je ne faisais jamais la vaisselle chez moi, y’avait une invention géniale qu’on appelle « machine à laver » très pratique comme engin. Bref. Ce qui, pour autant, ne m’empêchais pas de savoir la faire ou ici, dans le Nid notamment, de faire ma part dans les tâches domestiques. Question de savoir vivre blablabla. Cependant, ouais, fallait pas non plus avoir inventé l’eau chaude pour savoir que frotter une assiette ne mènerait à rien hormis la casse.
Le jeune homme me snoba ensuite royalement et j’haussais simplement les épaules. Tant pis pour lui. En me dirigeant, ensuite, vers l’un placard pour y attraper un verre et me servir de l’eau. La minute d’après un bruit sourd retentit, comme un bruit de casse quoi. Je levais les yeux au ciel, me retournais et vis les débris : une partie de la fameuse assiette entre ses mains et l’autre que je supposais être dans l’évier. « Qu’est-ce que j’avais dit » grommelais-je ensuite de manière à peine audible en rebouchant la bouteille d’eau.

Je restais dos à lui, je l’avais prévenu pourtant mais son orgueil où je ne sais quoi l’avait retenu de suivre mes « conseils. » pas si mauvais en plus, pour une fois. Bref. J’haussais simplement les épaules, portant mon verre à mes lèvres, buvant une gorgée avant de me retourner en l’entendant m’hurler dessus. « Mais putain qu’est-ce que tu veux ? » accompagné d’une volée de débris qui vint encore plus éclater à mes pieds. Hum. J’avoue que là j’étais dubitative. Ce que je voulais ? Un verre d'eau pourquoi. Haha, drôle. Il perdait son sang-froid, jamais je n’aurais pensé pourtant qu’il perdrait son self-control si rapidement. Il était impulsif.. intéressant, quoique c’était même plus de l'impulsivité là, c’était de l'agressivité. Et loin d’être effrayée ou quoi que ce soit, je restais plantée là, impassible comme à ma grande habitude, le verre à la main, penchant légèrement la tête d’un côté et l’observant. Observant avec une attention particulière ses fins traits se déformer par la fureur, son sang affluer dans ses veines plus rapidement, ses poings inconsciemment –ou pas- se crisper par moment, me délectant presque du « spectacle ». Finissant, même, par jubiler de sa colère. Mes prunelles fixaient toujours les siennes à semi-absente et pourtant intensément, une lueur mutine allant ensuite s’y loger. La colère, quel « doux » sentiment. Presque fascinant, jamais je ne m’en lasserais, c'était un fait. « Si t’as un reproche à me faire parle franchement sinon ferme ta gueule au lieu de rager dans ton coin. » dit-il ensuite brisant le silence qui s’était installé pendant lequel je l’avais dévisagé à souhait. « Rager, un bien grand mot… » répondis-je d’une voix placide, monotone, pensive. Ca voulait dire quoi ce mot là ? Il venait de l’inventer. Cependant, je tentais d’en comprendre le sens dans son contexte. « Mais.. c’est vrai qu’en te regardant y’a de quoi "rager" » ajoutais-je de la même manière, imperturbable.