Ma matinée s'était plutôt bien déroulée ! Je n'étais pas très bien depuis le départ d'Alisk et j'avais beaucoup de décision à prendre encore, mais je ne m'en faisais pas pour les gens qui étaient plus ou moins proches de moi... en un sens ! Alice s'en sortirait très bien si toutefois je devais partir, Cassandre un peu moins mais Sydney serait là pour l'aider à surmonter tout ça, quant à Nolan et Robbie, que je pensais proche de moi d'une certaine manière, je ne leur manquerai certainement pas. Néanmoins, j'avais encore des choses à faire et des problèmes à régler. Après mes explications avec Alice et Cassandre, il fallait que je vois Robbie pour lui parler, pour mettre à plat tout ce que nous avions déjà... partagé ! Son comportement au prime avait été pour le moins inattendu, il en valait de ma personne que nous ayons ensemble une discussion. Il était aux alentours de trois heures de l'après midi lorsque je revins dans ma chambre pour me changer, troquant mon "pyjama" pour des vêtements plus... civilisés ! J'avais passé le début de ma journée en compagnie de Cassandre, dans la chambre d'Aine ! J'enfilai mon t-shirt lorsqu'un bruit derrière moi me fis sursauter... Je me retournai. Incroyable, plus besoin de chercher, Robbie était venu à moi par je ne sais quel miracle ! Je le foudroyai du regard, blessé par son attitude et lui lançai, assez froidement, en couvrant mon ventre du t-shirt que j'enfilais à l'instant « Tiens donc. Tu cherches quelqu'un ? Ou tu t'es perdu ? » Je me retournai aussitôt. Moi qui voulais parler avec Robbie, j'étais bien bête de penser qu'une pareille entrée en matière favoriserait la bonne entente. Peu importe, je bouclai la ceinture de mon pantalon, sans attendre de réponse de sa part, espérant qu'il quitte la pièce malgré tout. Peut-être n'étais-je tout simplement pas prêt à l'affronter aujourd'hui.

Dans la semaine, on ne pouvait pas dire que Robbie était quelqu'un de très actif, surtout lors des journées précédentes. En effet, l'ambiance du Nid était pesante, et cette léthargie n'encourageait sans doute pas les gens à se déplacer, à mettre en place une autre dynamique. Cependant, le mannequin eut besoin d'un peu de nouveauté. Se rendant compte qu'il avait visité l'ensemble des pièces de la maison et que rien n'était vraiment attrayant, il décida de passer dans le camps adverse. Celui de l'autre chambre. Cela peut paraître étrange à un spectateur extérieur, mais le Londonien n'avait pas vraiment l'occasion, d'habitude, d'aller en terrain ennemi. Il poussa donc la porte, et le regretta aussitôt. Austin était là, toujours aussi sexy, le torse à l'air, en train de remettre son t-shirt. Alors qu'il s'était appliqué à critiqué son camarade durant tous les jours précédents, cette vision presque érotique après plusieurs semaines de quasi abstinence fit douter Robbie. Il avait deux choix : partir comme un gamin ou affronter la situation comme un grand garçon et s'expliquer avec son ancien amant. Prenant son courage à deux mains, il ne fut même pas déstabilisé par la remarque de son camarade et lui répondit, d'un ton qui se voulait sec. « Oui. Je cherche quelqu'un d'autre à ramener à la cave. Tu connais ça, j'imagine. Après tout, tu es coutumier du fait, sauf que tu changes les lieux. C'est sympa, comme ça, chaque conquête se sent un peu spéciale. Super, je suis 'le mec de la cave' ! » Bon, finalement, Robbie n'avait pas réussi à garder son sang froid.

J'étais déconcerté par la présence de Robbie ! J'avais beau l'apprécier énormément et avoir adoré les courts instants que nous avions partagés ensemble, aujourd'hui, je me sentais perturbé en sa présence. Il n'était pas honnête avec moi et cachait quelque chose qui me rendait les choses plus compliquées que prévues. Il avait eu un comportement très désagréable, frôlant presque l'indécence lors du prime en s'en prenant ouvertement à moi... moi qui avais tenté de fuir sa vie une semaine auparavant et à qui il avait sommé de rester, pour la simple et bonne raison qu'il disait m'apprécier... Balivernes ! Une fois n'était plus coutume, je me faisais avoir par tout le monde. Alice d'abord, Nolan ensuite et maintenant Robbie ! J'avais fait confiance aux mauvaises personnes, aujourd'hui, j'en payais le prix... je ramassais les pots cassés ! Je l'avais dévisager avant de lui parler d'un ton froid et distant. Puis, mine de rien, je m'étais remis à mes petites affaires, l'ignorant totalement. Pourtant, sa voix glaciale vint troubler le silence, ses reproches me blessèrent une nouvelle fois et ses critiques cinglèrent. Je m'arrêtai net dans mon mouvement, le foudroyant du regard. « Tu n'as rien de mieux à faire ? De plus intelligent que de venir pourrir mon air de tes sarcasmes déplacés ? » lui lançais-je, défiant ! Je pris place sur mon lit pour y enfiler mes chaussures, détournant alors mes yeux des siens, ne le calculant plus en espérant qu'il ait tourné les talons et qu'il soit parti... c'était tout ce que je souhaitais. Même si au fond, j'avais envie de mettre les choses à plat avec lui, je n'imaginais pas que ce puisse être là le bon moment de le faire.

D'habitude, il faut bien avouer que Robbie se serait défilé, qu'il n'aurait pas cherché à affronter son camarade. Seulement, aujourd'hui, le jeune homme essayait d'être un adulte, pour changer. C'était peut être pour cela que les relations entre les camarades étaient si difficiles : deux grands gamins. Préférant rester et régler ce qui devait l'être, le mannequin sera les dents et, contrairement à ce que son interlocuteur semblait désirer, s'approcha du lit en face de lui. Il tenta de garder son calme pour affirmer. « Écoute. Je retire ce que j'ai dis et arrêtons de nous balancer des insultes creuses à la figure, ça ne nous fera pas avancer. Je crois qu'on a un problème. » C'était une entrée en matière comme une autre, non ? Déterminé à tirer tout cela au clair, à trouver une issue positive ou négative à cette situation basée sur un manque de communication, le Londonien porta donc regard sur Austin, en attendant sa réponse.

Clair, nous étions deux gamins ! Il vrai que si le comportement de Robbie à mon égard lors du prime c'était montré très... déplacé, celui que j'adoptais en ce moment même n'était pas vraiment mieux placé. J'étais assis sur le lit, vaqué à mes occupations lorsque je le sentis se rapprocher. La présence de Robbie me mettait assez mal à l'aise en ce moment, non plus parce que je pensais que nous ne pouvions nous entendre du fait que nous ayons failli coucher ensemble, mais tout simplement parce qu'il s'était montré affreusement hautain et arrogant avec moi alors que je n'avais rien fait pour qu'il agisse en ce sens. Complètement perdu, je ne le regardai pas, je m'efforçai de rester attentif sur les chaussures que j'enfilai lorsqu'il annonça qu'il était dans notre intérêt que nous parlions, que nous réglions notre problème. Je ris alors doucement, soupirant et secouant le visage. Je levai les yeux vers lui, désinvolte. « Tiens donc. Nous avons un problème... » lui lançais-je alors, toujours sur la défensive. J'avais tout d'un gamin capricieux qui pétait un peu plus haut que son cul en ce moment, mais je n'avais pas vraiment envie de cacher ma peine et je préférais qu'il la prenne en pleine tronche plutôt que de faire semblant de sourire. « Excuse moi Robbie... mais je crois que c'est toi qui a un problème. » Je me levai, le fixant alors depuis ma position plus élevée et d'un air toujours aussi sec, je lui dis. « Mais allons-y... parlons en ! Qu'est-ce que tu as encore à me reprocher ? »

Robbie devait faire preuve d'une patience inédite pour lui. En effet, cette tendance d'Austin à se prendre pour une victime sans arrêt était un trait de caractère assez attachant jusqu'ici, cela permettait de se complaire dans cette tendance avec lui, d'être un peu plus indulgent avec soi même. Seulement, maintenant que cette attitude se retournait contre lui, le mannequin regrettait amèrement de ne pas s'en être rendu compte plus tôt. Un brin étonné par les paroles dures qu'il devais recevoir sans broncher le Londonien répondit, perplexe. « Hé, fais pas comme si je passais mon temps à te faire des reproches, si tu as des choses à dire aux autres, ne t'excite pas sur moi, tu seras mignon. » Le jeune homme leva brièvement les yeux au ciel avant de poursuivre, pour ne pas laisser le temps à son interlocuteur de lui lancer une nouvelle critique acerbe au visage. « Cassandre. C'est dingue, quand même, que tu arrives à t'attacher à autant de personnes aussi vite, n'est ce pas ? Et qu'en plus, à chaque fois, on l'apprenne pendant les primes ! Louison, Alice, moi, Cassandre, qui sera le prochain ? Je ne veux pas être seulement le mec sur ta liste qui attendra que tu te décides à choisir. Alors tu peux rester avec le gentil Cassandre, celui qui fait dans les drames et les grands sentiments. Peut être même qu'il refuse l'amour avant le mariage, comme au 18e siècle ! Ou bien moi. Mais choisis, parce que je ne resterai pas là à continuer à dire que tout ça n'est qu'une bête histoire de sexe à oublier. » voilà, c'était dit. S'il se ramassait un râteau, il aurait bien l'air con. Mais il fallait tenter, rester dans le silence était bien trop difficile dans le Nid d'Amour.

La situation changeait encore, le comportement de Robbie ne s'adoucit pas du tout mais ces dires me touchèrent. Non, ils ne me blessèrent pas, mais ils me laissèrent perplexe. Je m'attendais à tout, sauf à une crise de jalousie... car c'était le cas ! Robbie était tout simplement jaloux des gens qui gravitaient autour de moi et, dans n'importe quel autre concept, c'en aurait été touchant à souhait, mais là... je ne comprenais pas ! Il m'avait clairement fait comprendre que ce qui s'était passé entre lui et moi n'avait été qu'une expérience comme une autre, du moins, il ne m'avait jamais clairement fait comprendre qu'il puisse éprouver ce genre de... sentiments à mon égard ! Les yeux écarquillés, je l'observai, patientai même, les mots ne sortaient pas de ma bouche. J'avais des choses à dire mais je ne savais pas quoi faire, ni comment réagir. Je retombai sur le lit, sous le poids de la surpris, les épaules lourdes. Je baissai les yeux entre mes mains... « C'est pas vrai.... » me murmurais-je à moi tout seul. Un choix ? Quel choix ? Je devais trancher ? mais comment... Robbie n'avait été pour moi qu'un ami et à présent qu'il mettait ses sentiments en avant, je ne savais pas trop quoi penser. Je ne voulais blesser personne, moins encore celui que je pensais être un allié solide dans la maison. Je levai les yeux vers lui, ouvris la bouche mais là encore, rien ne sortit... Je replongeai mon visage entre mes mains, incrédule... La situation prenait une tournure incroyable.