Après avoir arrosé l’année 2011 dans les règles de l’art, Leone avait retrouvé son lit lorsque le Soleil se levait. Il dormit quelques heures, suffisamment pour récupérer, puis pénétra dans la salle de bain d’un pas nonchalant. Cassandre prenait sa douche, le jeune New Yorkais lui adressa un regard furtif en guise de bonjour et se posta face au miroir. Il alluma le robinet pour se passer de l’eau froide sur son visage encore endormi. Il retira finalement son boxer et à son tour s’avança sous les douches, prenant soin d’imposer une certaine distance entre lui et son colocataire. Il demeura silencieux, n’ayant aucune envie d’entamer la moindre discussion avec Cassandre. Il ne comprenait toujours pas pourquoi ce cucul la praline avait sacrifié Héléna de la sorte. Il laissa l’eau chaude ruisselait sur son corps, sans rien dire.

Evidemment il fallut que son colocataire brise le silence avec une futilité plus qu’hypocrite. Leone le dévisagea froidement, aussi indifférent qu’impassible. Cassandre ne pouvait s’empêcher d’être lâche, refoulant constamment les pensées négatives qu’il pouvait avoir sur tel ou tel habitant. L’Américain considérait ce trait de caractère comme une faiblesse. Il n’assumait pas ses différends.

« Je ne t’aime pas assez pour te détester mais suffisamment pour cracher sur tes vœux de bonheur. » Répliqua-t-il tout aussi calme.

« Assume tes décisions et épargne-moi tes pleurnicheries. Il y a quelques jours tu me demandais ce que je pensais de toi, écoute-moi bien je ne te réexpliquerai pas. Tu es faible, immature, influençable et tu manques cruellement de confiance en toi. Tu as constamment besoin d’être materné, encouragé et approuvé. Tu es incapable d’exister par toi-même, tu dépends du regard que l’on te porte. Tu ne brilles pas non plus par ton intelligence. Tu es un martyre aveugle dénué de toute personnalité. Un fils de pute prêt à sacrifier une amie dévouée pour sauver un fervent manipulateur. » Déclara-t-il d’un calme déconcertant.

Si les choses pouvaient porter à confusion, désormais elles étaient claires. N’attendant aucune réponse de sa part, Leone shampouina ses cheveux comme s’il venait de sortir une banalité des plus ordinaires. Cassandre devait bien avoir une idée de qui il était, l’Américain ne faisait que la pointer du doigt sans langue de bois.

Evidemment Cassandre accueillit les propos du jeune Américain avec une certaine amertume. Pour une fois qu’il semblait s’énerver, Leone était presque ravi… Pourtant il n’avait fait que répondre à sa question avec sincérité. Certes il manquait de tact mais prenait plaisir à dire la vérité telle qu’elle était, brute, sans l’atténuer d’un enrobage qui pourrait l’amortir. De plus, si son camarade était fier de son choix il avait tout à y gagner.

« Personne ne te demande d’être parfait. Et garde tes distances. Qu’elle te plaise ou non, tu as eu ta réponse. » Répliqua-t-il dans un éclat de rire moqueur, faisant signe à son colocataire de reculer. Puis, sans lui prêter davantage d’attention, Leone se savonna le corps.

Retournement de situation. Cassandre essayait désormais le masque du chieur. Il ferait mieux de prendre des leçons particulières auprès de Rusty, le pauvre était plus ridicule qu’autre chose. Il voulait se doucher à côté de Leone, grand bien lui fasse. Le jeune New Yorkais lui adressa un dernier regard avant de déclarer, indifférent :

« Fais-toi plaisir... »

Il se rinça le corps, ne prêtant plus attention à son colocataire qui semblait avoir définitivement perdu la boule. A croire qu’il ne savait plus quoi inventer pour se faire remarquer et se rapprocher de Leone changerait sûrement toute la donne… Il s’attendait peut-être à ce que l’agent marketing l’envoie gentiment bouler, il ne lui ferait certainement pas ce plaisir.