Ce soir, pas de soirée organisée par la prod’ ou plutôt les animateurs. C’est nul. On se fait chier nous. Et puis, depuis quelques jours, c’est pas la joie. Je déprime. J’ai même plus le goût du jeu. J’espère que ça va revenir. On est qu’à la deuxième semaine. Et si cette aventure n’était pas faite pour moi ? Non, je peux pas abandonner. Jamais. Faut que je me batte. J’ai pas le droit à l’erreur. Mais là, tout de suite, il faut que je prenne l’air. Je sors de ma chambre puis voit une candidate grimper dans l’ascenseur. Je m’en rapproche le plus possible n’ayant pas envie de me taper les marches de l’escalier. « Attends ! » Je cours vers la porte qui est en train de se refermer puis pose ma main dessus dans l’espoir que la candidate ait le réflexe de rouvrir les portes de l’ascenseur. Oui, heureusement, sinon ma main aurait probablement été broyée. C’était un risque à prendre de toute façon. « T’as échappé de peu à une vision sanglante. Je sais pas si t’aimes bien Saw mais là t’aurais eu droit à une vraie scène d’épouvante. » J’ai dans ma tête une vision de la demoiselle dans l’ascenseur horrifié par la main arraché coincée entre la porte. « Je vais au cinquième étage et toi Barbie ? » Je pose ma main pas loin des boutons prêt à appuyer. De là, me vient une idée plutôt tordue. Ma main se décale discrètement, quelques secondes plus tard, pour venir appuyer sur le bouton « arrêt » de l’ascenseur. C’est mal, ouais. « C’est bizarre, j’ai l’impression que y’a quelque chose qui cloche. » En soit, l’ascenseur s’est arrêté et il y a un voyant rouge qui clignote. Je me mors la lèvre, bien décidé à dissimuler mon plan pour que la candidate n'y voit que du feu.

Titi n’est pas contre faire du sport, mais pour elle, vingt-trois heures, c’est trop tard. Ouai, là elle ne pense qu’à une chose : se coucher et quand elle rêve de son lit, elle ne rêve pas d’autres choses… Enfin, ça dépend quoi… Elle va alors vers l’ascenseur prise d’une flemme sans nom. Elle allait appuyer sur l’un des boutons de celui-ci quand une voix s’élève de l’extérieur. Elle ouvre ses grands yeux et se presse pour enclencher celui d’ouverture pour ne pas l’écraser. C’est un homme – forcément avec la voix – qui entre à ses côtés. Elle lui adresse un petit sourire, puis un petit rire. « Non, j’aime pas du tout du tout… Mais un merci ça m’aurait allé tout aussi bien… » Qu’elle lui répond en faisant une grimace pour le film d’horreur, puis en mettant ses mains derrières son dos, ingénue, pour la fin de sa phrase. Elle a horreur des films d’horreur justement, parce que trop de sang, trop de violence. Si elle l’avait vu, cette vision sanglante, elle serait littéralement tombée dans les pommes. Rien que l’idée de voir des bouts de doigts par terre la fait frissonner, mais rapidement elle n’y pense plus. Elle reconnait le jeune homme. Enfin, elle ne lui a jamais parlé, mais elle l’a déjà vu et assez pour le trouver plutôt pas mal. Comme la plupart des gars ici en fait… Ils n’ont vraiment pas pris les plus moches !... « Deuxième… Mais… Y’a pas de cinquième étages… » Qu’elle dit en bloquant un peu, ne relevant pas son Barbie, bah, elle s’en fout. Elle voit même que ça et Titi seront ses surnoms officiels ici, maintenant qu’elle sait ce qu’officiel veut dire… Pendant qu’elle pense à ça, elle ne fait pas attention au jeune homme qui appuie sur le bouton. Pourtant, rien ne fonctionne. Au contraire, un voyant rouge s’allume, combiné à ce que Silas lui dit. Elle lui fait de gros yeux en regardant celui-ci. « Quoi quoi quoi ? Pourquoi il s’allume lui ? » Qu’elle dit en pointant du doigt le dit bouton, avant de s’accrocher à l’un des bras du jeune homme. « T’as cassé l’ascenseur c’est ça ? On va pas rester bloqués hein ? » Qu’elle dit en se tournant vers lui, une moue inquiète. Elle n’a absolument pas vu qu’il avait lui-même enclenché ce bouton, encore moins qu’il préparait peut-être quelque chose. Elle souffle seulement : « J’suis pas, tu sais, quand on a peur du noir et des endroits qu’il n’y a pas de fenêtre… Mais quand même… »

Parfois, je suis pris d’excès de fainéantise comme maintenant. Je saurai pas expliquer pourquoi mais il m’arrive de choisir la solution de facilité. Cette solution ici, en l’occurrence, c’est l’ascenseur alors qu’il y a des escaliers. J’ai vu une candidate entrer dedans, je n’ai pas hésité. D’ailleurs, j’aurai pu y laisser mes doigts. Heureusement, la blonde a eu de bons réflexes. « J’sais plus être poli. » Je la regarde d’un air provocant avant de sourire afin de la déstabiliser. Elle ne actuellement plus savoir quoi penser. Bon et sinon, j’appuie sur mon numéro et je lui demande où elle va aussi pour appuyer sur le numéro correspondant à son étage. « Si, le toit, si je sais compter ça correspond au cinquième. » Je vais souvent fumer mes clopes là-haut, la vue est cool. Bon et sinon, je sais pas ce qui me prend mais le bouton rouge me tente bien. J’ai jamais été bloqué dans un ascenseur de ma vie et je me dis qu’il y a une première fois à tout alors je provoque le destin. Barbie ne m’a normalement pas grillé tant j’ai été discret. En revanche, l’ascenseur s’arrête net alors qu’il avait entamé sa montée. Je relate les faits comme si de rien n’était. La blonde se met à paniquer peu à peu. Un sourire diabolique se dessine sur mon visage. J’suis une ordure, ouais. « Mais qu’est-ce-que tu racontes. Il va se remettre en route, il faut probablement attendre un peu. » Je me dis que ça sert à rien de la faire stresser encore plus. Il faut la mettre à l’aise. D’ailleurs, la phase deux de mon plan commence maintenant. « Claustrophobe ? » Je complète vu que visiblement la jeune femme n’arrive pas à mettre de mot sur sa définition. « T’es en bonne compagnie, t’inquiètes pas. C’est pas comme si un inconnu était en train de te séquestrer. » Bon, officieusement c’est un peu le cas en fait. Mais rien de bien méchant. Je m’amuse un peu. « Allez assied-toi, je vais te raconter l'histoire du grand méchant loup. » C'est ma préférée. Ah ah. Bonne nuit Barbie.

Titi ne veut que se coucher, finalement, elle ne sait pas qu'elle va vivre tout autre chose. Elle se retrouve dans le même ascenseur qu'un garçon qu'elle avait dit trouver beau ou canon, un truc comme ça, durant le prime... Tant pis s'il n'est pas poli, c'est pas grave... D'ailleurs, il lui apprend quelque chose. Le toit est compté comme un étage. Elle ouvre sa bouche dans un "aaah d'accord..." Elle dormira moins bête ce soir... Quoique si elle finit par accéder à son lit, ce n'est pas certain. L'ascenseur fait un truc bizarre. Il ne fait pas ça normalement et ce bouton ne clignote pas normalement non plus. Elle panique un petit peu, quand même, mais en même temps elle se dit qu'heureusement elle n'est pas toute seule et qu'elle est avec un garçon assez fort, qui pourrait la sauver. Au cas où il arriverait quelque chose d'horrible. Il lui dit qu'il va se remettre en route alors, même si elle fronce un peu les sourcils, elle pense qu'il a raison. Elle le lui fait savoir en dodelinant de la tête de haut en bas. Oui, il doit vraiment avoir raison... Elle souffle. Pourtant elle n'est pas...: "Claustrophobe, c'est ça!" Qu'elle dit en agitant son doigt. Non, elle ne l'est pas, mais elle a peur que l'ascenseur ne tombe d'un coup. C'est déjà arrivé, elle l'a vu à la télé et dans les films... Alors elle ne se détache pas vraiment de Silas. Elle reste tout proche de lui. Il est gentil, en plus, Silas. Il lui dit de ne pas s'inquièter, parce qu'elle est en bonne compagnie... Il rajoute par contre un truc assez bizarre. Elle fait une petite grimace. "Pourquoi tu dis ça..." Qu'elle souffle, un peu plus peureuse pour le coup. Ca fait un peur... "Tu vas pas me faire du mal quand même...?" Elle a peur pour le coup. "Parce que moi je te trouvais beau... Mais en fait tu fais vraiment un peu peur..." Qu'elle lâche en reculant un peu. Bah ouai, pour le coup, elle n'a plus très envie de se tenir si près de lui. Elle essaye même de ne plus le regarder, pour qu'il en fasse de même également. Finalement, il lui dit de s'assoir pour qu'il lui raconte l'historie du grand méchant loup. Elle fait une grimace, du genre, il se moque de moi, avant de rigoler un peu. "Le grand méchant loup?..." Qu'elle répète, pas crédule pour une fois. "Ca fait pas peur ça hein, j'suis plus une gamine..." Non, parce que le grand méchant loup, c'est bien dans le petit chaperon rouge? Ca ne fait mais pas peur du tout, du tout. "Tu  veux profiter que ça soit cassé pour me faire peur c'est ça? Bah t'es nul!" Qu'elle ajoute, en s'asseyant effectivement, mais en se tournant un peu.

Il est vrai que ma stratégie est un peu risquée. Je me suis embarqué dans quelque chose d’inconnu. Je n’en suis plus à mon premier coup d’essai. J’apprécie fortement forcer le destin. Je crois que, il ne faut pas être attentiste dans la vie et qu’il faut parfois agir quitte à se tromper. Pour l’instant, tout se déroule bien dans mon plan machiavélique. La blonde panique un peu mais ça aurait pu être bien pire. Elle n’est pas claustrophobe et c’est déjà ça. Elle aurait pu se mettre à trembler de partout, à pleurer ou à crier, après tout. Non, mise à part le fait qu’elle jacte beaucoup, elle est plutôt calme. C’est bon signe. Je m’amuse quand même un peu en disant des choses pas très rassurantes. Je pourrai très bien être Jigsaw. Je suis un sadique dans l’âme. Mais je ne compte pas la blesser ou lui faire du mal. Je m’amuse juste et je la teste. « Non. » Merde, je lui fou vraiment les jetons ? Elle a pas du tout l’air rassuré. Faut peut-être que je pense à lui dire que c’est une blague et qu’elle n’a pas à s’inquiéter. Je lui conseille de s’assoir et j’en fais de même. Mais je ne peux m’empêcher d’user de cynisme une nouvelle fois. Comme si c’était mon genre de raconter des histoires et encore moins des comtes pour enfant. « Content de l’apprendre. » Si c’était une gamine, je n’aurai assurément pas fait tout ça. « Tracasses pas Barbie, je déconnais. » J’ai l’impression de conserver ce petit accent de l’Hérault par moment et ce, même en anglais. J’imagine que c’est ce qui doit faire partis de mon charme en plus de mon physique. « Action ou vérité ? » Quitte à attendre que l’ascenseur redémarre, autant s’amuser un peu. J’espère que la candidate sera réceptive à mon idée et inspirée autant que moi. « Je te préviens, je ne refuse jamais rien. » Ou presque, dans la limite du raisonnable du genre si elle me demande mon secret, je le lui dirais pas. Mais ça paraît évident donc pas besoin de le préciser.

Il répond non, comme ça. Non, il ne va pas lui faire du mal. Elle ouvre ses yeux en encore plus grand. C’est dingue comme un non, censé la réconforter, lui fait encore plus peur. Elle aimerait bien que les portes s’ouvrent maintenant, pour la laisser d’échapper. Non. Ce n’est apparemment pas prévu, alors elle s’assoit, tout comme lui d’ailleurs, espérant que le temps ne passera pas lentement. Dans une autre configuration, elle aurait adoré rester coincée avec un beau mec, mais là c’est plus trop le cas. Il veut lui raconter une histoire de méchant loup, alors là elle proteste. Ca ne fait même pas peur. Du coup, il lâche que c’était pour déconner. « Je vois pas ce qu’il y a de déconnant dans ça… » Elle dit, en papillonnant des cils, alors qu’elle regarde ailleurs. Bras croisé. Il parle depuis tout à l’heure, comme s’il se moquait d’elle ou un truc comme ça. En tout cas, c’est ainsi qu’elle le prend. Même si finalement elle sourit légèrement, elle n’en est pas moins un peu vexée qu’il la prenne pour une petite quiche. Alors qu’elle reste silencieuse, Silas lance le fameux jeu de l’action/vérité. Oh elle aime bien ce jeu. Même s’il est kitsch, c’est marrant. Il ajoute qu’il ne refuse jamais rien. Elle sourit naturellement, en haussant les épaules. « Je ne refuse jamais rien non plus… » Elle pince ses lèvres en une petite moue de défi. Bon, par contre il faut employer des mots faciles pour qu’elle comprenne le truc, quand c’est une vérité, parce que bon. Elle n’est pas très futée, même si elle ne l’avouera jamais vraiment. Titi refléchit quelques instant, avant de répondre : « Action… » Autant commencer le plus fortement possible, mais en disant ça, elle se dit que les actions seront un peu limitée dans cet ascenseur. Elle plisse son nez, attendant la fameuse sentence. Finalement, c’est largement mieux que vérité parce que bon, mis à par son secret, elle n’a absolument rien à cacher et souvent comme elle parle pas mal, tout peut sortir comme ça, sans effort. Sans trop la cuisiner quoi.

Barbie est une proie facile. Je peux la manipuler aisément. C’est drôle un temps puis je m’en lasse à la longue. J’suis pas méchant. J’aime pas torturer quelqu’un. Je suis simplement provocateur et cynique. J’ai un humour de merde difficile à comprendre. Là, en l’occurrence, j’ai décidé d’effrayer la candidate. Ça a marché plus que prévu. Evidemment, cela ne l’amuse pas et ce, même après lui avoir avoué que c’était une vaste plaisanterie. J’hausse les épaules, n’y pouvant rien. J’ai un humour spécial, c’est comme ça. Bon et j’me dis qu’il faut qu’on s’occupe en attendant que quelqu’un vienne réparer l’ascenseur et qu’il redémarre. Je me demande d’ailleurs si je n’ai pas simplement à réappuyer sur le bouton. Je ne crois pas. Je n’ai pas envie d’essayer en fait. Et puis, je suis assis et Barbie aussi. Je lance le jeu d’action ou vérité en précisant que je ne refuse jamais rien. Je n’ai pas de limite, cela va de soi. Je trouve ça con d’ailleurs de s’imposer des limites. La blonde semble partager mon point de vue. Tant mieux. Elle est prête à jouer et choisit une action. Je baisse la tête en espérant trouver une idée et c’est lorsque mes yeux dérivent sur mon jean que me vient une illumination. « Alors tu dois... enfiler mes vêtements. » Autrement dit, mon jean et mon débardeur que je commence déjà à ôter. Je sais qu’elle acceptera. Elle n’a pas trop le choix. De toute façon, elle se rendrait pas crédible si elle refusait vu ce qu’elle vient de dire. « Et moi je suis choisis action. » Autant prendre les devants et la devancer pour ne pas perdre de temps. Quoi que, du temps, on en a pleins. Ce n’est pas ça qui manque.