Et je cours, je me raccroche à la vie, et je… ouais, non. Je cours simplement sur le terrain de stade depuis plusieurs minutes maintenant. Je m’échauffe préalablement avant d’aller au gymnase m’entraîner pour mon numéro de funambulisme. C’est nécessaire. Il faut que j’y aille bien chauffer. Aaron pourrait m’aider remarque. Il est expert dans ce domaine-là, lui, non ? « T’as déjà fait l’amour dans les gradins ? » Que je lui demande le plus naturellement possible en le regardant dans le blanc des yeux alors que mes bras viennent s’accouder sur la barrière des gradins où le candidat se trouve. Je l’avais repéré il y a de ça déjà plusieurs minutes. Il me matait en train de faire du sport. J’imagine que je dois être sexy quand je transpire. Pourtant, je suis pas tant dévêtu que ça. J’ai un débardeur, un short et des pompes. Je suis assez loin de la tenue d’Adam. Mais je pourrai peut-être m’en rapprocher bientôt. Je sais pas trop. En attendant, j’observe le candidat avec un fin sourire malicieux en restant statique.

Je suis en train de faire du sport au stade, Sacha y est également alors lorsque je m'arrête pour reprendre mon souffle et m'étirer, autant observer le candidat. J'aime le corps humain, c'est presque une fascination. Faut dire que d'un point de vue artistique, il faut le connaitre sous toute ses coutures pour bien le reproduire. « T’as déjà fait l’amour dans les gradins ? » il me demande alors qu'il m'avait rejoins, m'ayant vu l'observer. « Pardon ?! » Je m'insurge, des soucoupes à la place des yeux, l'air faussement choqué. Comment peut-il penser une seconde à faire l'amour dans les gradins et pire, comment peut-il penser une seconde à ce que moi j'ai déjà fait l'amour dans les gradins ? C'est complètement indécent comme lieu, et jamais je n'aurais de tels pensées ! Ais-je le profil pour ça, franchement ? Pas la peine de répondre. « Vade retro Satanas ! » Je mets le ton, en dessinant une croix avec mes deux index dans sa direction quelques secondes avant qu'un sourire fende mes lèvres. Un sourire bien moqueur, mais ça vous vous en doutez. Non, je n'étais absolument pas en train de me foutre de la gueule de Sacha, en reproduisant une scène qui ressemblait vaguement à celle-là hm, et en imitant la réaction qu'un certain garçon aux yeux bleus auraient eu en entendant un autre certain jeune homme demander à une autre personne si elle n'avait pas déjà fait l'amour dans un lieu tout aussi insolite... vous me suivez ? « Franchement, on s'assoit sur des gradins, on... on fait plein de choses sur des gradins ! » Je rajoute une dernière couche, gardant ce sourire provocateur qui me colle pourtant si bien au visage. Bon allez, c'était la dernière vanne, mais avouez que Sacha l'avait bien cherché tout de même. « Pourquoi monsieur saint nitouche mais qu'avec moi, tu l'as déjà fait toi ? » Je demande, l'air de rien. Faut bien avouer que Sacha se montrait beaucoup moins farouche avec d'autres qu'avec moi hein... Bon ou mauvais signe, je ne sais pas mais je ne lui en tenais absolument pas rigueur.

On pourrait penser que je joue au célèbre jeu alcoolisé : « j’ai déjà » ou « j’ai jamais » mais non. C’est une simple question que je demande là au candidat. Est-ce qu'il a déjà fait l’amour dans les gradins ? Ça ne m’étonnerait pas franchement de lui. Il aime le sexe et le revendique presque. Je l’imagine donc déjà avoir fait la collection des lieux les plus insolites pour faire l’amour. Enfin plutôt baiser dans son cas car j’imagine que ça ressemble plus à du sexe pur et dur qu’autre chose. Il m’a vraiment pas l’air d’être du genre à avoir une relation sérieuse avec quelqu’un. Au lieu de répondre à ma question, contre toute attente, il décide de faire une pâle imitation de moi ou plutôt de reprendre une scène déjà passée en inversant les rôles. Celle où je l’ai plus ou moins surprit avec Elin dans le placard à balais pour être exact. Du coup, son imitation, bien que mauvaise, a le don de me faire rire. « C’est fini la soirée imitation. Et c’est Lou qui devait m’imiter, pas toi. » Tralalalalère. Non mais c’est limite ça. « Tu devais imiter qui, d’ailleurs ? » Je crois qu’on a jamais su qui devait imiter qui. J’imagine qu’on le saura jamais. Donc autant demander à chaque candidat ayant participé à l’événement directement. Et puis, Aaron me pose quelques secondes plus tard une question qui a le don de me perturber. Je sais pas vraiment comment l’interpréter. « Non. Mais je l’ai déjà fait dans les loges des clowns quand je travaillais au cirque. » C’est pas tout à fait pareil que des gradins, certes, mais ça reste un lieu dans le même genre et insolite. « Je suis pas Saint-Nitouche. » Je rectifie le tir une bonne fois pour toute avant de m’étirer contre une grille non loin de lui. « Et toi alors ? L’avion ? Le train ? Le bateau ? Avec ton coiffeur ? Ton médecin ? Ta muse ? » Je suis pas en manque d’idée moi pour le coup. C'est limite si je pourrai lui en suggérer.

J'exagère à peine lorsque j'imite Sacha, vraiment à peine ! D'ailleurs il doit bien se reconnaitre là, non ? « C’est fini la soirée imitation. Et c’est Lou qui devait m’imiter, pas toi. » Il me semble bien avoir répondu Sacha pour la personne que Lou devait imiter tiens. Faut croire que juste cette phrase qui disait qu'il cherchait l'amour suffisait... mais je dirais pas que Sacha se limite à ça, non ! Certes, il cherche l'amour dans cette émission, et je trouve que c'est beau, moi aussi je pourrais dire que je cherche l'amour, et sans aucune honte. Donc je me dis que oui, ça aurait très bien pu être moi que Lou imitait. « Tu devais imiter qui, d’ailleurs ? » « Jaheim. » Je dis en sifflant. Je dois admettre que mon niveau d'imitation pour le blond était assez bas. Pas de vêtements enlevés, pas de striptease ni de disputes avec Elsa, ni de baisers échangés avec... un garçon hm, c'était assez difficile de le reconnaitre, c'est vrai. « Je ne savais pas trop comment l'imiter tout en restant discret à vrai dire. » Je me défends. Fallait rester subtile aussi, et la subtilité n'est pas mon principal atout donc j'ai surement du très mal l'imiter. Mon imitation de Sacha à l'instant devait être déjà plus réaliste, c'est pour dire le niveau... Je lui demande ensuite s'il a déjà fait l'amour sur des gradins. « Non. Mais je l’ai déjà fait dans les loges des clowns quand je travaillais au cirque. » Je prends un air outré, toujours dans ce rôle de petit saint, mais très vite, mes lèvres s'étirent dans un sourire malicieux, pour plusieurs raisons. Ça ne m'étonne pas du tout de Sacha. « Me dis pas que tu l'as fais avec un clown ? C'est ton fantasme ça ? » Je demande, plutôt moqueur. Rien contre les clowns, mais je dois dire que le costume n'est franchement pas très attirant. Je n'en ai pas non plus peur comme beaucoup, mais je me vois mal faire l'amour à un mec peinturé au visage, qui garde un grand sourire quelque soit la situation hm... « Moi mon fantasme ce sont les cracheurs de feu. » Je dis l'air de rien, gardant mon masque d'innocence jusqu'au bout. Oui parce que si je dis ça, c'est pas du tout parce que Sacha m'a fait une démonstration de cracheur de feu hein... Pur hasard. « Je suis pas Saint-Nitouche. » Est-ce que j'ai précisé avec moi ? Oui je l'ai précisé, mais il semble tout de même vouloir démentir. Saint-Nitouche est un peu fort, mais j'ai des raisons quand même. « Pourtant tu pourras admettre que tu mets des barrières entre nous que tu ne mets pas avec Lou. » Je siffle sans expression particulière. C'est pas un reproche, juste une constatation. « Et toi alors ? L’avion ? Le train ? Le bateau ? Avec ton coiffeur ? Ton médecin ? Ta muse ? » Pas du tout, rien de tout ça. Je suis plutôt classique comme garçon hein... « Je pense que l'endroit le plus insolite bah... c'était ici, dans les coulisses. » Je lui avoue, rappelant l'épisode Auguste sans honte ni regret puisque de toute façon, tout le monde est au courant. « Moi tu sais, tant que je me sens bien avec la personne, ça reste fou. » Oui, je dirais que c'est la personne qui rend la chose extraordinaire, et non le contexte, le lieu ou je ne sais quoi. « T'es déçu ? » Je demande avec un sourire, parce qu'il s'est surement imaginé que j'avais expérimenté des tas de choses mais non, pas tant que ça.

J’avoue ne pas avoir réussi à deviner qui Aaron devait imiter lors de la dernière soirée. Je sais même pas si j’avais la moitié de bon. J’avais reconnu qu’Adnan devait imiter sa partenaire, Gaëtane devait imiter Adnan et Lou devait m’imiter. Quant au reste, c’était vraiment pas évident je trouve. Comme le laisse suggérer Aaron, c’est vraiment pas simple d’imiter quelqu’un de manière subtile. D’ailleurs, je pensais que mon imitation était évidente et trop cramé mais même pas. Quasi tout le monde pensait que j’imiter Tilda. Et bien non. « Pourquoi ? Il est plutôt du genre pas discret ? » Un léger rire moqueur s’échappe de mes lèvres tandis que mon regard se plonge dans le sien. Il a l’air d’être très proche de Jaheim et de le connaître mieux que moi. C’est même sûr. « Nooon. » Je réponds du tac-au-tac. Hors de question de faire l’amour avec un clown. C’est vraiment pas mon fantasme. « C’était une trapéziste. » Déjà beaucoup mieux. C’est la seule avec qui j’ai eu une relation dans le cirque d’ailleurs. Et quand ça s’est su, on a été obligé d’y mettre un terme. C’était mal vu à l’époque et on était jeune. « Ah oui ?! Tu crois qu’un cracheur de feu pourrait t’allumer un jour ? » Simple question tout à fait anodine et ce, même si mon regard et mon sourire sont loin d’être innocents. Bref, la conversation porte à présent sur mon côté apparemment Sainte-Nitouche. Aaron ne comprend vraisemblablement pas que je puisse mettre des barrières entre lui et moi et que d’un autre côté, je suis si proche de Lou. Je soupire un peu avant d’afficher un air sérieux. « Tu es jaloux de la relation que j’entretiens avec Lou ? » C’est ce qu’il me semble comprendre mais peut-être que je me trompe. En tous les cas, je veux pas réitérer les mêmes erreurs que par le passé et donc je me fixe obligatoirement des barrières. « Je m’attendais à plus d’originalité. » Que je déclare alors suite aux révélations sexuelles du candidat. « Mais non. Je ne suis pas déçu. » Pourquoi je le serais ? C’est pas un concours de la personne qui l’a fait dans le lieu le plus original. C’était une simple question. Et d’un côté, ça me rassure un peu par rapport à l’image frivole que j’ai du candidat.

« Pourquoi ? Il est plutôt du genre pas discret ? » Oui, je me suis surement mal exprimer, quoique... Avec son exhibition et sa dispute avec Elsa, on le remarque facilement Jaheim. « Oh non, juste qu'il a un caractère affirmé, et pas mal d'anecdotes propre à lui qui aurait fait reconnaitre la personne directe ! » D'où le pas discret. Au final, j'ai été trop discret parce que je ne crois pas l'avoir très bien représenté mais bon, passons. La discussion s'égare sur des fantasmes. Je lui demande si les clowns sont ses fantasmes, même si bon, moi ça ne m'attire pas du tout et j'arriverais pas à savoir ce qui pourrait susciter l'envie chez eux. Bon tout va bien, Sacha me répond directement que non. « C’était une trapéziste. » « T'as du bien t'amuser dans cette loge alors... » Je siffle, l'air coquin. Une trapéziste, c'est censée être super souple, se mouvoir dans des positions assez flexibles non ? Sans nul doute que Sacha a bien profité de cette faculté... En tout cas c'est ce que j'aurais fait à sa place tant qu'à faire, autant s'en servir... Enfin moi, ce sont les cracheurs de feu mon fantasme, même si je dis ça surtout pour le titiller. « Ah oui ?! Tu crois qu’un cracheur de feu pourrait t’allumer un jour ? » « J'adorerais. » Le regard dans le sien, on se comprend. On a beau prétexter parler d'autres choses, on sait très bien de quoi il s'agit en réalité, et ce que je lui fais passer comme message. « Tu es jaloux de la relation que j’entretiens avec Lou ? » Oh, je ne l'avais pas vu venir celle-là. Je note tout de même qu'il ne cherche pas à se justifier, ni à m'expliquer hein. Je pourrais faire de même, lui répondre par une autre question ou par un message ambiguë mais je me dis qu'à ce jeu là, c'est surement moi qui vais perdre, parce que je suis pas du genre à vraiment cacher mes sentiments. « Je dirais que dans un sens... oui. » J'avoue en regardant dans une autre direction, puis en sifflant quelques notes. C'est pas super de dire à quelqu'un qu'on est jaloux, ça peut même s'avérer rédhibitoire. Surtout que bon, je suis très mal placé pour être jaloux. Mais il me l'a demandé, je réponds honnêtement, sans détour. Il me demande également ce que j'ai pu faire d'insolite. Rien de très extraordinaire. « Mais non. Je ne suis pas déçu. » Tans mieux alors. Je décide de m'assoir sur un banc pour continuer notre discussion. « Tu me pardonnes ? » D'être jaloux alors que je n'ai aucun droit dessus normalement.

Aaron n’est vraisemblablement pas fier de son imitation de Jaheim. Il n’y a pas de quoi. Le principal était de participer à l’animation. C’est dur d’imiter quelqu’un mine de rien. Et comme il le dit, Jaheim a un caractère affirmé et un comportement propre à sa personne et bien reconnaissable. Il aurait donc été difficile d’être subtile en l’imitant ainsi. Quant à mon anecdote avec la trapéziste, il est vrai que j’en garde un plutôt bon souvenir. C’est quelque chose de sympa à raconter. Enfin… pas à n’importe qui non plus. C’est personnel quand même. « T’as pas idée. » Je lui lance un regard provocateur à souhait qui doit probablement l’étonner. Il ne s’attendait pas à ce que je puisse être aussi trash, hein ?! J’vois bien qu’il me considère un peu comme un garçon prude et tout ça, juste parce que j’ai refusé ses avances. Mais non, je suis loin d’être un saint à ce niveau-là. D’ailleurs, le fait qu’il voit les cracheurs de feu comme son fantasme me fait rire. En d’autre terme, je représente son fantasme. J’avoue être flatté même si je sais que c’est juste un stratagème de plus pour qu’il me mette dans son pieu. Je suis pas né de la dernière pluie. Mais contrairement à avant, j’ai décidé de jouer moi aussi. J’en ai à présent envie. Et je ne vais pas me gêner. A commencer par savoir si il est jaloux de ma relation avec Lou. Il ne me cache pas que oui. Est-ce que je le pardonne ? Hm… je fais mine de réfléchir un peu. Puis je me penche vers lui pour lui décrocher un baiser dont il ne s’attendait probablement pas. « Oui. » Il est mignon quand même. Et craquant, ouais, je l’admets. Je résiste mais c’est pas facile. « Mais tu n’as pas à être jaloux. Chaque relation est unique. » Mon visage est collé contre le sien et il peut probablement sentir chaque mot contre ses lèvres. Ma main, elle, caresse lentement sa barbe tandis que mon regard se plonge inévitablement dans ses beaux iris.