babou

Malgré tous les choix d’activités que s’offrent à nous, je trouve tout de même la possibilité de m’emmerdé. En fait, on est comme ça nous, les êtres humains. En général, on ne sait pas se contenter de peu. Plus on nous offre de chose, plus nous serons insatisfait. C’est un cercle vicieux. Un cercle que j’ai décidé de quitter il y a plusieurs années, choisissant un mode de vie beaucoup plus simple. Et plus zen. Maintenant que je suis dans cette émission, j’ai l’impression de revenir à la civilisation, ce qui, parfois me semble pas si mal, et d’autres fois, comme aujourd’hui, me donne envie de retourner dans la jungle et de ne plus jamais en ressortir. Parce que voilà que je m’ennuie à mourir et que j’ai le don de maudire la production de ne pas nous offrir assez de divertissement en cette après-midi. Ce qui est con. Puisque ce n’est pas vraiment de leur faute. Et voilà que je monte sur le toit, me disant que quitte à ne rien faire, j’allais profiter de la terrasse et brûler cigarette après cigarette. Un bon cancer du poumon, ça pourrait être bien. Je l’attend depuis des années celui-là, mais c’est drôle, il n’arrive jamais. Ma cigarette sur le coin des lèvres, je tourne la tête, pour apercevoir une certaine chose qui me tire un sourire bien malgré moi. Les fameuses autos-tamponneuses. Elles sont là. Je ne les avais même pas remarqué. Faut dire que je ne viens pas souvent sur la terrasse, préférant le balcon, allez savoir pourquoi. Et puis, la seule et unique fois où j’étais ici, c’était pour les retrouvailles entre cette chère Amy et moi. Disons que je n’avais pas vraiment porté attention au décor qui nous entourait. Puis, je me rend compte rapidement que je ne suis plus seul et que Babou vient de se joindre à moi. Le hasard fait bien les choses. Trop bien même. Pas que je crois qu’elle est venue me rejoindre par exprès, mais il faut avouer que c’est particulier qu’elle se pointe en même temps que moi, ou presque, ici. Maintenant. « Tiens, tiens... J’imagine que c’est un bon jour pour foncer sur quelque qu'un en auto... » Cette phrase, aussi innocente qu’elle est, me paraît terriblement stupide hors de ma bouche. « Et tu vas vouloir que je t’accompagne... » Je fais des suppositions, tirant sur ma cigarette de façon nonchalante. Mais le pire dans tout ça, c’est que je suis celui qui lui a proposé qu’on les essayerait ensemble, ces autos-tamponneuses. Ce que je peux être con parfois.

J’aurais du me douter que Babou débarquerait sur la terrasse au moment même où j’y suis. Ce genre de chose devait arriver. On en a trop parlé, ou plutôt, j’en ai trop parlé. Ça m’apprendra, tiens. La grande gueule à Ben, c’est reconnu. Enfin, ça l’était dans le temps auprès de mon cercle d’amis. Que je n’ai plus vu depuis... bah dix ans quoi. Si je n’ai pas donné de nouvelle à ma soeur ni ma mère, je n’en ai surement pas donné à mes anciens amis. J’ai disparue. J’aurais aimé dire pour de bon, mais j’ai eu la brillante idée de m’inscrire à cette émission. Bref. Babou me rejoint et je lui avoue que c’est une bonne journée pour se foncer dedans. Sarcasme. « Ah mais tu as tout à fait raison, je crois même qu'il n'y a pas de meilleur jour pour ça ! » Elle ne pouvait pas me contredire sur ce point, évidemment. Je me concentre sur ma cigarette, me doutant qu’elle voudra que je l’accompagne dans son manège. « Dis plutôt que tu as très envie qu'on y aille tous les deux... » Mais oui, c’est ça. Faut dire que je n’aide en rien à la situation, puisque j’aurais tout simplement du ne plus jamais aborder le sujet, et elle m’aurait peut-être laissé tranquille. Mais là, comme j’en parle moi-même, ça donne l’impression que j’en ai vraiment envie. « Je ne savais pas que tu pouvais lire dans les pensés. » Je répond, sans grand enthousiasme. « Donc, qu'est-ce qu'on fait ? Tu restes planté là avec ta cigarette, à me regarder m'amuser en solitaire mais en prenant le risque d'amèrement regretter de ne pas m'avoir suivie... ou bien on va faire les fous tous les deux, hein, tu décides quoi ? » Je tourne la tête en direction, ne pouvant m’empêcher de sourire face à ce qu’elle vient de me dire. Non, sérieusement, j’ai presque envie de rire. Et j’imagine qu’elle ne se rend même pas compte à quel point elle me fait marrer en ce moment. Et c’est toute la beauté de la chose. « Tu te rends compte que ce que tu viens de dire peut vraiment porter à confusion... » Oui, dans un autre contexte, je ne me douterais pas qu’elle parle d’autos-tamponneuses. « Te regarder t’amuser en solitaire... Ou faire les fous à deux... Dis comme ça, ça me tente déjà bien plus. » J’ajoute, un sourire en coin, amusé appuyant mes paroles alors que je glisse à nouveau ma cigarette entre mes lèvres. Je sais, je suis un pervers, je l’assume.

Je sais très bien que j’ai l’esprit mal tournée. Que j’ai tendance à avoir des pensés non catholique et que je peux parfois me montrer déplacer de ce côté là. Oui, je le sais. J’ai même eu droit à plus claque en plein visage à de nombreuses reprises dans ma vie. Ça ne m’a jamais dérangé. Je dis ce que je pense et voilà, c’est tout. Mais je jure que ce n’était pas voulu, cette fois-ci, que j’agisse en vrai pervers. C’est juste que Babou a eu le don de dire les choses d’une drôle de façon, et faut avouer que ça aurait pu porter à confusion. Enfin, non, puisque je savais bien qu’elle faisait référence aux autos-tamponneuses, elle a l’air trop sage pour parler de l’autre manière. Je me rend automatiquement compte qu’elle ne semble pas apprécier ma remarque vu la réaction qu’elle a. « Ah ! mais... t'es dégoutant ! et y'avait aucune allusion dans mes propos donc si tu veux mon avis, tout ça en dit plus long sur toi que sur moi. » Dégoutant, dégoutant, il ne faut tout de même pas exagérer. Mais elle vient bien de me confirmer qu’elle n’a pas l’esprit tordu comme moi. Et oui, ça en dit long sur ma personnalité, j’imagine. « Toute suite les gros mots... » Je dis, ne pouvant m’empêcher de sourire. Je suis le seul à trouver ça drôle ? « La vérité c'est que vous les hommes, vous ne pensez qu'à ça... » Bon, je crois réellement que je l’ai vexé, et pas qu’un peut. J’aurais du me douter qu’elle ne trouverait pas ça drôle. On ne peut pas tous avoir le même genre d’humour. Mais ce n’était pas particulièrement mon but de me la mettre à dos. Bien qu’au fond, si elle s’en fait pour si peu, je suis pas certain qu’on pourrait bien s’entendre. « La vérité c’est que c’était une blague. » Je préfère prévenir. Je hausse les épaules, lui montrant que ce n’est pas non plus la fin du monde. « En tout cas, t'es pas prêt de me voir 'm'amuser' de cette façon ! Et c'est pas non plus demain la veille qu'on fera les fous tous les deux tel que toi, t'as l'air de le concevoir. » Je crois que c’est clair, Babou n’est pas ce genre de fille qui enlève leur haut au premier clin d’oeil. Non pas que j’ai déjà pensé qu’elle était ce genre de fille. Je ne la connais pas, mais les apparences restent tout de même révélatrices à certain moment. Je délaisse ma cigarette, décidant de m’approcher de la demoiselle, un fin sourire sur les lèvres, l’obligeant à me regarder. « Je suis un gros con, vas-y, dis-le, ça va te faire du bien. » Mon sourire s’agrandit alors que je suis toujours devant elle, encore un peu plus près, ne lâchant pas une seconde son regard. « Je ne te vois pas comme une pièce de viande, si ça peut te rassurer. » C’est toujours mieux de préciser. Je viens passer mon bras sous le siens, le lui laissant pas d’autres choix que de suivre mes pas. « Et maintenant, nous allons nous amuser comme des fous, avec les autos-tamponneuses. » Je fais exprès d’utiliser ses mots qui ont causé la controverse, en espérant qu’elle comprenne que c’est ma manière à moi de s’excuser. Une manière comme une autre.

J’aurai appris quelque chose aujourd’hui. Babou n’aime pas mon humour de pervers. Je vais tout de même dormir cette nuit, je vous rassure. Mais c’est dommage qu’elle le prenne de la sorte alors que j’ai simplement fait une remarque. Ça m’amusait. Pas elle. Oh non. C’est pourquoi, en gentil homme que je suis, je lui permet de me traiter de con comme ça, gratuitement, sans rien en retour. « Ça va pas la tête ? Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, veux-tu ! » Je crois que je souris encore plus après cette réaction. Ah les femmes. Sérieux, une seconde ça te fusille du regard et lorsqu’un leur donne l’occasion de réellement se défouler, ça refuse catégoriquement. C’est à ne rien comprendre. « Tu n'es pas un gros con. Pas à mes yeux, en tout cas. » Je la crois sur parole. Elle me semble loin d’être la fille hypocrite qui dirait ça simplement pour se faire apprécier. Et donc, malgré mon petit écart de conduite elle ne m’en veut pas, ou du moins, pas au point de me mettre dans la catégorie des gens non fréquentable ici. « C’est une bonne nouvelle. Je vais essayé que ça reste ainsi. » Traduction: je vais surveiller ce que je vais dire à l’avenir. Ou je vais lui interdire d’approcher ma soeur. Puisque bon, une petite conversation avec Amy, et l’autre conne va démolir mon image. Je me demande si elle parle en mal de moi ici. Et pourquoi est-ce que je suis entrain de me dire que je n’aimerais pas qu’Amy détruise mon image aux yeux de Babou. N’importe quoi. Je me reconcentre sur la jeune femme qui est devant moi, à me fixer, alors que je tiens à préciser que je ne la vois pas comme un morceau de viande, malgré ce que j’ai affirmé plus tôt. Et elle me croit, ce qui est une deuxième bonne nouvelle. Passons maintenant aux choses sérieuses, s’amuser dans les autos-tamponneuses. « Ah j'en étais sûre, t'as vraiment envie d'en faire, hein ! » Elle a retrouvé son sourire, ce qui est une bonne chose. Parce que finalement, je lui fais l’offre qu’elle attend depuis le début, pas vrai ? « J’en meuuuurs d’envie. » je répond, comme si j’étais une gamine surexcitée. Pas du tout sarcastique, je suis. Je ne comprend toujours pas le but ridicule de ce jeu et en quoi cela peut être amusant, mais je suis ici, et avec Babou en plus de ça, alors je vais me forcer. Je délaisse le bras de la brune pour rejoindre une auto choisi au hasard alors qu’elle fait de même de son côté. « Allez c'est parti ! Mais je te préviens, tu vas essuyer une défaite cuisante, j'espère que t'y es préparé ! » Elle est mignonne. Mais elle rêve les yeux grands ouverts. « J’en ai presque peur. » Dernier sourire en coin avant d’actionner le mécanisme sans difficulté, n’hésitant pas une seule seconde à lui foncer dedans à pleine vitesse. C’est censé être amusant, j’imagine. Mais je n’en retire aucun plaisirs. Absolument aucun. Mais je force un sourire.