Concentré et passionné, Leone cuisinait lorsqu’un garçon dérangea son havre paradisiaque. Il ne connaissait pas son prénom mais se rappelait très bien de lui. Son obsession déplacée pour Roselynn lui avait extirpé un sourire lors du prime. Ainsi, le bel Américain l’accueillit d’un signe de tête d’autant plus qu’il partageait son avis.

« Je pense que la palme d’or revient au devin aussi niais qu’une truie ayant subie une atrophie vaginale. Malgré son don, il a été incapable de trouver le moindre secret. Plus ridicule et con tu meurs. Je ne te parle même pas de Cassandre qui n’a pas passé un seul jour sans vider son corps de toutes ses larmes. Non définitivement, tu n’as rien manqué. »

Ecœuré, Leone eut soudain la nausée. Le fait de repenser aux habitants encore en lice lui donna un putain de haut-le-cœur. Mais où étaient donc Deirdre et Rafael ? La fin de l’aventure était des plus minables, c’était une vraie déception. Brusquement, le jeune New Yorkais coupa le feu sous la casserole et se tourna vers l’évier. Il dégueula tout son petit déjeuner, oubliant un instant la présence de l’ancien candidat. Il reprit sa respiration et ajouta :

« Regarder des demi-finalistes se plaire dans leur ennui ne m’intéresse pas. J’en suis malade. Pourtant je suis revenu… Je ne suis pas aussi égocentrique que j’aimerais le faire croire. »

Pris d’un profond dégoût il termina de vomir, sa façon à lui d’extérioriser son amertume, puis il ouvrit le robinet pour nettoyer les dégâts causés. Il se rinça la bouche plusieurs fois avant de se tourner vers Noé, pas gêné le moins du monde.

« Enflure, tu m’as coupé l’appétit. Mais si t’as faim, sers-toi. » Déclara-t-il en désignant la casserole.

« Je suis revenu pour un ami. Il avait besoin de moi autant que j’avais besoin de lui. Je pense et j’espère qu’il va mieux. Je ne me contredis pas, c’est toi qui ne veux pas comprendre. »

Evidemment il parlait de Matthew. Il n’avait pas l’intention de rentrer dans les détails, encore moins de lui expliquer la situation. De toute évidence, le garçon aux cheveux bouclés n'était pas concerné.

« Je ne sais pas où tu as été élevé et je ne me permettrai pas de remettre en cause ton éducation mais on n’a définitivement pas les mêmes valeurs. Ma cuisine, et non ma bouffe, est un cadeau que j’aime partager. Tu n’as aucune fierté à en tirer. »

Cuisiner uniquement pour lui ne présentait aucun intérêt. Même s’il n’appréciait pas forcément ses camarades, la cuisine perdait toute sa signification si elle n’était pas partagée. Noé lui donnait l’impression d’être issu d’un milieu particulièrement pauvre, n’y voyait là aucun affront ni reproche.

« Tu parles beaucoup pourtant je ne t’ai pas encore vu à l’œuvre. De quoi es-tu capable ? » Demanda-t-il curieux de découvrir ses talents. En effet pour l’instant, Noé ne pourrait le nier : il était un véritable moulin à paroles. Il donnait d’ailleurs l’image d’une grande gueule qui semblait prendre son pied à critiquer les habitants. Leone avait déjà montré ce qu’il avait dans le vendre, au sens propre et figuré.

Leone parvint à obtenir le merci qu’il attendait pour sa cuisine et rendit à Noé son sourire. Contrairement à la majorité des candidats de cette saison, son interlocuteur détenait une vraie personnalité. Il était intègre et ne devait sûrement pas plaire à tout le monde. Pas étonnant que la production de Fake Lover ait fait appel à lui. A sa sortie du Nid, le jeune New Yorkais tacherait de se renseigner un minimum sur les anciens habitants.

« Je n’aime pas perdre mon temps. » Conclut-il le regard provocant. Leone était doté d’une impatience légendaire, ce n’était un secret pour personne ; il détestait attendre. De plus, il ne voyait pas où Noé voulait en venir. Le moment venu, que voulait-il dire ? Il n’insista pas, préférant conserver le mystère imposé par le garçon aux cheveux bouclés.

Il attrapa un bonbon à la menthe dans un placard pour rafraichir son haleine et s’assit sur la table, désireux de tenir compagnie à son camarade affamé. Peut-être même qu’il commençait à apprécier sa compagnie. Noé était cynique et franc.