Archie

J’ai encore un peu de peine à m’habituer au rythme ‘’j’en fous pas une de la journée’’ qui nécessite un réveil aux alentours de onze heures du matin, avec gueule de bois en prime. Faut dire que ça fait des années que je suis dans la vie active, et que j’ai pas l’habitude de me lever plus tard que huit heures du matin. Alors ouais, être ici c’est plutôt du changement pour moi, mais je m’y ferais bien un jour ou l’autre. Aujourd’hui j’ai même battu mon record, je me suis réveillée aux alentours de dix heures. Je sais pas trop si c’est à cause de mon rythme de sommeil ou de mon partenaire, mais j’aime bien croire en la deuxième solution. Plus sérieusement, excepté des coups de pieds voir même deux/trois baffes, je m’en sors bien à ses côtés, j’arrive à dormir et c’est bien l’essentiel. J’essaie de me lever furtivement ceci dit, même si je serais bien tentée de l’emmerder un petit coup en faisant un max de bruit pour le réveiller, mais voyez je suis gentille. Je passe à la douche et j’enfile quand même un truc un peu plus sympa que des habits qui servent à pioncer et je me dirige naturellement vers la cuisine, alias ma tanière. J’ai l’estomac qui commence à grogner en plus, c’est un signe. Je fouille un peu les placards à la recherche de quelque chose de comestible et je tombe sur des céréales. Ça fera l’affaire. Puisque je suis lancée, je mets même en route de l’eau chaude, histoire de me faire un thé. Je suis pas très fan du café, alors autant éviter. Finalement quand je commence à m’attaquer à mes céréales, une silhouette familière fait son apparition dans la cuisine. Ah bah tiens, mon partenaire est aussi réveillé. Je sais pas si c’est de ma faute ou pas, mais je vais m’abstenir de lui demander parce que j’ai une petite idée de la réponse et je veux pas lui faire le plaisir de le dire à haute voix. « Dis-moi, outre ton charisme indéniable qui rend folles toutes les gonzesses du coin, t’aurais pas un autre atout dans ta manche, genre faire la cuisine ?  » Notez l’ironie de la première partie de la phrase. Je me renseigne, hein, ça peut être utile, parce que je vais devoir survivre à base de céréales et de restes je vais pas m’en sortir, alors autant espérer qu’Archie me soit utile, ça fait pas de mal de rêver.

Bon, clairement, mes nuits n'étaient pas des plus agréables jusqu'ici. Il allait vraiment falloir que je touche deux mots à la sauvageonne qui avait trouvé refuge sous mes draps, parce que ça n'allait clairement pas le faire, oh ça non. Ça faisait maintenant un peu plus d'une semaine que je dormais en saccadé, et si j'étais bien sympa et que je ne lui mentionnais pas ses ébats presque olympiques, il était certain que ça allait bien finir par sortir un jour ou l'autre. Et ce jour était arrivé. Oui, le soleil s'était levé, et je l'avais senti quitter le lit. Là, c'est probablement le moment de la journée que je préfère, parce que c'est celui où j'arrive à pioncer une petite demi heure sans avoir à me protéger d'éventuels coups, hm. J'en avais donc bel et bien profité, ne quittant le lit que lorsque la moitié des candidats avaient déserté la chambre. A l'extérieur, j'étais levé dès cinq heures du matin pour récupérer les cargaisons, installer le stand et être prêt pour lorsque les clients arriveraient au marché. Etonnement, c'était toujours les petites vieilles qui se ramenaient en premières, comme si elles ne devaient pas être déjà fatigué. Cela dit, plus vite elles clamsaient et moins de retraites j'avais à payer. Enfilant un pantalon, sans trop prend la peine de mettre un tee shirt ou de passer à la douche -je le ferai après mon déjeuner- je me dirigeais donc vers la cuisine, où ma -charmante- partenaire semblait s'activer. C'est bien ça, elle me sert au moins à quelque chose. Enfin, presque, hm. « Dis-moi, outre ton charisme indéniable qui rend folles toutes les gonzesses du coin, t’aurais pas un autre atout dans ta manche, genre faire la cuisine ? » haha. Elle était marrante elle, une vraie petite rigolote. « J'te fais un sandwich si t'insistes. » ouais, j'étais donc un as en cuisine, comme vous l'aviez deviné. « Tu sais vraiment pas faire la cuisine ? Mais t'es la pire partenaire du monde en fait, j'le savais ! » ronchonnais-je, tout de même un peu amusé. « D'ailleurs, puisqu'on en parle. » bon on en parlait pas vraiment en fait « Tu sais combien c'est frustrant de voir que tu passes les trois quarts de tes nuits à dormir à moitié sur moi, alors que j'peux même pas en profiter un peu ? » en règle générale, j'aurais déjà sauté le pas depuis très, très longtemps. Mais je suis classe comme garçon, voyez, je la respecte. « C'est ma dignité de mâle dominant qu'est amochée là. » oui voilà, tout à fait.

Je me doute bien que je dois être un petit peu – mais alors un tout petit peu – responsable de son réveil. Si j’en crois ses paroles je le maltraite, mais je demande à voir quand même, hein, je peine à croire qu’il ne puisse pas me remettre à ma place. Je dois pas être bien lourde, donc il me fout un ou deux coups de pieds et ça devrait calmer mon inconscient qui se défoule sur son pauvre petit. Enfin il doit peut-être le faire vu que moi aussi j’ai quelques bleus. Ceci dit, responsable de son réveil ou non, je vais pas lui demander comment s’est passé sa nuit, oh ça non, je me doute fortement de la réponse et j’ai pas envie de partir en débat dès mon réveil. Bon puisqu’il est là, autant qu’il serve à quelque chose et qu’il me fasse à manger. Je lui demande même gentiment, en parlant de son charisme indéniable, ça devrait lui plaire ça, vu que son égo se porte très bien. Et ça marche, en plus. C’est surement parce que je suis tellement adorable qu’il ne peut rien me refuser, oui, j’aime croire ça. « J’insiste. » Que je lui dis. Bon je suis pas sûre qu’un sandwich à cette heure-ci et surtout à peine levée soit la meilleure chose au monde, mais s’il propose je vais pas refuser, surtout venant de sa part, oh ça non. « Merci ! » Que je lui dis, grand sourire aux lèvres, enjouée, tandis que je lui tends le pain. Je suis sympa quand même. Enfin, jusqu’ici, parce qu’il prend des risques là, en me traitant de pire partenaire du monde.  « Si, je suis un vrai cordon bleu, mais je suis en pause là. » Bon je suis pas vraiment un cordon bleu, mais si on me donne une recette je suis capable de la suivre, après je garantis pas que l’estomac s’en remette. Enfin bon, là on passe de la cuisine au lit, j’ai pas vraiment suivi la transition mais soit. « Compris ! Cette nuit j’opte pour un jogging trop large et un t-shirt troué qui pue la transpiration, je dois bien trouver ça quelque part chez un garçon. » Comme ça, je lui évite des pensées impures si j’en viens à nouveau à me servir de lui comme d’un matelas. « Mon pauvre … ça doit être dur, non ? » On se connait à peine, mais je suis sûre que ça lui fait mal, et ça me fait presque plaisir. « Enfin, non du coup. » Quoi que, je sais pas. « Si tu veux je peux t’aider à te trouver une nana qui te permettra de redevenir le mâle dominant, s’il y a que ça pour te faire plaisir. Ça doit se trouver, une fille facile qui dort à poil, j’en suis sûre. » Et puis comme ça il ira squatter son lit l’espace d’une nuit, et je pourrais m’étaler autant que je le souhaite. Si c’est pas le rêve, ça.