TENUE / Il doit être approximativement dix heures lorsque je décide qu’il serait peut-être temps que je me lève, une bonne fois pour toute. Je n’ai plus sommeil depuis un bon moment, mais ça ne m’empêche pas de continuer à me prélasser au beau milieu des draps, d’autant plus que Dash a quitté le navire hâtivement, ce matin-là, mais laissant tout le loisir d’en profiter. L’irrésistible envie de passer le reste de la journée ici me traverse rapidement l’esprit. Mon estomac me ramène pourtant sur le droit chemin, me rappelant qu’il serait peut-être temps que je m’occupe de lui. Repoussant les couvertures, je m’assoie au bord du lit afin de m’étirer un peu, cherchant à dérider mon corps toujours un peu engourdi. Et alors qu’un bâillement me décroche presque la mâchoire, j’attrape l’élastique qui traine sur la table de chevet et je m’affaire à coiffer mes cheveux en un chignon dont la stabilité est… précaire. Chaussette aux pieds, c’est vers la cuisine que je me dirige, afin de me faire un petit déjeuner rapido-presto. Une boîte de céréales traine d’or et déjà sur le comptoir, et je décide d’en faire mon encas matinal. Bol dans une main, banane dans l’autre, je quitte les lieux en direction de la salle à manger aux apparences d’un salon de thé. Évidemment, je ne suis pas seule, puisqu’une autre candidate est installée d’un côté de la table. J’avise la place vacante face à elle, et m’y installe. – Bon matin. – que je me contente de lui dire, plus par politesse que par réelle envie de discuter.

Je ne suis pas une personne matinale. Et c’est encore pire depuis que le décalage horaire a décidé de ne pas me laisser tranquille. Jusqu’à combien de temps on est supposé vivre la contrainte du décalage et du sommeil irrégulier qui vient avec? Je suis pourtant quelqu’un qui s’acclimate bien à un nouvel environnement, un nouveau lit. Je n’arrête pas de le dire, je vais finir par m’habituer. Je ne veux pas m’en faire avec ce détail et surtout laisser celui-ci me miner le moral. Je me trimballe encore ma bonne humeur, même lorsque je me lève du lit, le toupet rebelle et les yeux petits. Il faut me laisser un certain temps pour me replacer les esprits en général. Me parler directement lorsque j’ouvre les yeux n’est pas la meilleure des idées, ni même avant que je ne boive mon premier café. Sauf que je me souviens de mon prix du loto, que je n’ai même pas utilisé le premier soir en compagnie de Maze, et je décide que ce matin je donne une chance à mes thés aromatisés. Yolo. Je suis assise dans mon coin, je contemple mon petit trésor, hésitant sur la sorte que je devrais trouver en premier. « Pêches en folie ou Chaï Citrouillé? » je me questionne à voix haute jusqu’à temps de voir une candidate qui vient de s’installer face à moi. « Oh, bon matin. » j’ajoute avec un entrain modéré, lui offrant tout de même un sourire bienveillant. Je prends finalement un sachet au hasard, parce qu’il ne faut pas exagérer, je ne vais pas me casser la tête pour un simple thé qui n’aura finalement aucun effet sur mon éveil. Je vais finir par aller me chercher un café à la cuisine. « Les filles elles le font mieux? » Je la questionne, en référence à ce qui est écrit sur son chandail. « Et dis-moi, qu’est-ce qu’elles font mieux? » Il y a un nombre de bonnes réponses infinies à cette question, mais je veux bien connaître sa perspective sur le sujet.

La candidate semble aux prises avec un terrible dilemme, Lina, elle le remarque au trait qui plisse ce front, partiellement dissimulé derrière une intense chevelure frisottée. Une chevelure qu’elle lui envie presque, sur le moment, tant la sienne est dénué de tout volume et bouclette quand elle les laisse au naturel. Déposant son encas matinal sur la table, elle ne tarde pas elle-même à s’y installer, saluant au passage la candidate, qui malgré son intense réflexion, lui rend la pareille d’un air légèrement enjouée. À croire qu’elle supporte mieux le matin que la française d’adoption qu’elle prétend être. Savourant avec une certaine retenue son propre petit déjeuner, l’interprète ne peut s’empêcher de relever la tête vers son interlocutrice, lorsqu’elle la questionne sur ce que les filles font de mieux. Lina, la tête toujours aussi ensommeillée, mets quelques secondes avant de réaliser que ce ne sont là que les propos inscrits sur son haut de pyjama. Une citation à laquelle elle s’identifie, et à laquelle elle accorde une grande importance, peu importe la signification qu’on peut bien en faire. – Tout? Une fille qui le désire peut exceller dans ce qu’il lui plait, du moment qu’elle croit en elle, et qu’elle s’en donne les moyens.  – Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses à cette question. Et si la vision de Lina est plutôt ouverte sur une multitude de possibilité, elle ignore si celle de Penny diverge de la sienne, ou pas. – Ce n'est pas ton avis? – qu’elle l’interroge, un brin curieuse de découvrir son point de vue sur la question.