J'ai visité le nid de cupidon avec beaucoup de soin lors de la première semaine et ayant plutôt bonne mémoire il n'a pas été difficile pour moi de retenir l'emplacement exact de chaque pièce. Je pourrais guider n'importe quel candidat égaré les yeux fermés. Pour ma part, c'est la salle de vidéo surveillance que je cherche à atteindre ce soir et comme je viens de terminer de manger, je trouve que c'est l'activité idéale pour digérer en toute tranquillité tout en cherchant des infos sur mes camarades et leurs secrets. Je me déplace avec rapidité et précision dans les couloirs et ne prend pas l'ascenseur, lui préférant les escaliers de secours même si je dois montrer quatre étages. Je croise quelques candidats mais ne m'arrête pas pour autant, de toute façon, ils ne semblent pas vouloir que je discute avec eux à tout prix. Puis, finalement arrivé, je pousse la porte. Une silhouette se dessine devant moi, celle d'une jeune femme, une candidate. Elle est dans mon équipe je crois. Je m'apprête à la saluer mais je n'en ai point le temps puisqu'elle ouvre la bouche plus rapidement que moi pour déverser un flot de paroles très importants. Je la regarde, un peu étonné qu'elle déballe tout cela en si peu de temps. C'est un talent de parler comme ça non ? Je suis pas sûr d'avoir tout retenu mais la candidate semble veiller au comportement des autres. « Et toi, tu fais partie de la police de la politesse et de la courtoisie? » que je lui demande alors avec un léger sourire au bord des lèvres. Cela n'a rien de méchant, elle devrait comprendre qu'il s'agit d'une sorte d'humour bien entendu. Je ne la vouvoie pas, j'ai retenu que les candidats qui vivent à mes côtés ne sont pas franchement adeptes de cette façon de parler. Bon, bien sûr je prends un peu sur moi pour masquer cette habitude mais je m'y acclimate. Elle me propose de m'asseoir pour épier les autres et je m'exécute en prenant place sur la chaise à côté de la sienne. Mon regard se fixe sur l'un des écran tandis qu'elle me dit que rien ne lui échappe. « J'ai cru comprendre oui. Tu m'as déjà espionné moi ?» Je suis curieux de savoir si j'ai fais quelque chose qui lui a déplu ou pas ? Peut-être que la jeune femme passe toutes ses journées enfermées ici, j'sais pas. « Je ne veux pas te vexer ou quoi que ce soit mais, tu pourrais me rappeler ton prénom s'il te plait ?»

La jeune femme a de l'humour et c'est une qualité que j'apprécie beaucoup. J'aime les femmes qui ont du répondant et qui n'ont pas peur de s'affirmer. Elle prétend avoir oublié son badge de policière en venant ici. « Tu sembles aussi avoir oublié ta tenue de policière sexy, dommage. » A mon tour, je me permets de l'humour. Il faut bien l'avouer, les policières sont à notre époque devenues le fantasme de nombreux hommes. C'est sans aucun doute la faute de certaines strip-teaseuses mais moi, je ne suis pas là pour m'en plaindre. Babou me donne l'autorisation de m'asseoir à côté d'elle et j'en profite donc pour accepter sa proposition et me poser à côté d'elle. Cette pièce me paraît assez sympa lorsque l'on y vient à deux, nous pouvons ainsi converser tout en essayant de déchiffrer le comportement de nos colocataires. Curieux, j'avais demandé à la candidate si elle avait l'audace ou l'envie de m'observer lorsqu'elle se trouvait devant ces écrans. La réponse est non. Elle n'avait donc pas encore pu décrypter mon comportement et c'était quelque chose de positif à mes yeux, nous partions donc d'un même pied d'égalité. « Peut-être oui, si j'arrive à me montrer suffisamment intéressant.» Parce qu'il n'y avait qu'en captivant la curiosité de la jeune femme que celle-ci pourrait avoir envie de m'espionner. Et j'aime savoir que les gens me trouvent intéressant, qu'ils cherchant à en savoir plus à mon sujet. Babou est le prénom que me donne la candidate lorsque poliment, je le lui demande. Je préfère l'entrer dans mon esprit dès maintenant pour ne pas l'oublier une nouvelle fois. Bien que cela ne risque pas trop d'arriver. En général, lorsque je parle à la personne une fois, je parviens sans trop de difficultés à lui attribuer le bon prénom par la suite. Elle par contre, a retenu mon prénom grâce au docteur glamour  que tout le monde connait. Il est quand même sacrément célèbre le mec.  Ni vu ni connu, elle me glisse un compliment. Il est sorti tellement naturellement de sa bouche, je ne suis même pas sûr qu'elle se soit rendue compte qu'elle me disait que je n'avais rien à envier au docteur Sloan. « la plupart des temps, c'est de cette façon que les gens se rappellent de mon prénom. Enfin, depuis que la série existe en tout cas. Puis, merci pour euh, pour ce que tu viens de dire. » Cela me paraissait normal de la remercier non ? C'est ce que tout le monde fait. « Je suis trader. C'est un peu moins charmant que docteur n'est-ce pas? Et toi, que fais-tu dans la vie ? » Bien entendu, je lui retournais la question puisque je n'avais aucune idée sur ce sujet. « Et il vient d'où ton prénom ? Je n'ai jamais rencontré de Babou.»