J'en étais encore à me perdre dans le nid. Parce qu'il fallait bien l'avouer, il était bien plus grand que mon petit appartement bordelais. Ça faisait quelque temps que j'habitais dans le sud de la France, donc je m'étais fait à l'idée que je n'aurais jamais les moyens d'évoluer dans des bâtiments si luxueux que ceux du nid. C'était vraiment n'importe quoi en y repensant, autant d'espace. Moi, je pouvais me contenter d'une chambre, d'une salle de bain et de toilettes. Oui, non parce que j'avais tout de même pas mal de difficultés avec les wc dans les salle d'eau, je trouvais ça vraiment gênant. Et puis ça bloquait tout le monde, et j'avais pas franchement envie qu'on me regarde entrain de hm... "popoter" (?) pendant que le gars se brossait les dents. Alors oui, forcément, sur ce côté là, le nid me plaisait plutôt bien. De toute façon il n'y avait pas de caméras dans les toilettes, alors que celles de la salle de bain étaient probablement bien importantes, pour capturer les candidats à moitié nu. Cette idée me foutu un frisson. Moi qui n'était pas vraiment du genre à s'exhiber à tous vas, j'allais quand même avoir du mal à me faire à celles ci, mais je supposais que ça n'était pas impossible, puisqu'aucun candidat n'avait l'air de fuir à tout prix le jet d'eau. Ou du moins, personne ne puait le chacal, ce qui n'était déjà pas mal, hm. J'avais décidé de personnaliser un petit peu ma table de nuit, en ce début d'après midi, histoire de me sentir un peu plus à mon aise. C'était plutôt compliqué de prendre ses marques dans un jeu où tout le monde -enfin plus ou moins- se connaissait. Mais au moins, personne ne semblait avoir d'apriori sur moi, ce qui n'était déjà pas une mauvaise chose. Je ne savais encore pas comment se déroulait le début de jeu de mes deux consoeurs, mais espérais tout au fond qu'elles ne faisaient pas trop de bêtises. Après tout, si l'un de nous devait plonger, il entrainerait les deux autres avec lui et je l'aurais peut-être un peu mauvaise d'être sorti du jeu sans en être la cause. M'enfin, c'était les règles, alors je les acceptais. D'habitude, c'était plutôt moi qui les fixais, vu que j'étais instituteur, mais ça n'était clairement pas de ce genre là. Non, c'était plutôt du "ne cours pas trop vite, ne grimpe pas aux arbres, ne tourne pas le tourniquet trop vite, ne te cache pas sous le placard"... Enfin, vous voyez. C'était dans l'espoir de commencer à faire mes valises, ou du moins, ranger mes vêtements, que je m'étais rendu dans le dressing. Après tout, je voulais être prêt pour un possible départ, histoire de ne pas avoir à tout faire au dernier moment. A vrai dire, je n'étais même pas sûr d'en avoir le droit. Ce serait cruel de renvoyer quelqu'un chez lui alors qu'il n'avait pas préparé ses affaires, non ? Je ne m'attendais cependant pas à trouver Jorah ici. « On devrait appeler un ouragan à ton nom. » plaisantais-je alors que je notais le bordel qu'il venait de mettre. Bon, je pouvais bien parler, mais je n'étais franchement pas mieux dans mon genre. Mais bon, tant qu'il ne le savait pas, ma blague était encore valable, hm. Je me penchais donc pour détailler de plus près les divers caleçons du candidat. Non pas que j'étais un adepte du reniflage intempestif de calbut, oh ça non, mais j'avais dans l'idée de l'aider à ranger. Sauf que voilà. Je crois que je venais de trouver le caleçon le plus multicolore au monde. j'étais comme omnibulé par cette explosion de couleurs, me demandant bien comment il était possible de porter ce genre de sous-vêtements. Enfin, ça ne devait pas aller avec grand chose, non ? Parce que oui, figurez vous que mes boxers étaient toujours assortis avec mes vêtements du jour, voilà, vous le saviez maintenant. « Tu vas rire, mais j'avais jamais vu ce caleçon avant aujourd'hui ! » se justifia-t-il en planquant ledit caleçon un peu n'importe où, histoire que mes yeux ne soient plus hypnotisés par celui ci. « C'est pour ça que je fais un peu de rangement, on a vite fait de se retrouver avec les affaires des autres, hein, quand en plus certaines sont particulièrement … douteuses » oh bah oui, évidemment. Un sourire orna mes lèvres alors que je me relevais pour croiser mes bras contre ma poitrine. « Oh ça va, tu peux le dire que c'est le tien tu sais, je saurais gérer. Je fais face à des culottes barbie tous les matins avec ma fille, alors crois moi, y'a bien pire. » les petites filles et leurs sous-vêtements, toute une histoire « Je suis presque certain qu'elle les montre à ses copines en plus. » repris-je pensif. Ouais, les gamines faisaient ça à ce qu'il parait, hm. « Cela dit, j'espère que tu ne t'y amuses pas toi, pas sûr que tes copains apprécient le geste. » ironisais-je finalement, quelque peu amusé à l'idée de le voir porter cette vieillerie, et de l'exhiber à tous ses proches. Boh, il faisait encore ce qu'il voulait après tout.

Mes vêtements étaient toujours plus ou moins classiques. Ni trop ni trop peu, enfin, vous voyez le genre. J'étais un adepte des tee shirts amples, des jeans, des baskets, enfin, je n'étais pas franchement un garçon qui se prenait la tête devant sa garde robe. J'aimais être présentable, mais n'étais pas non plus excessif. Mon seul petit point faible était justement envers les baskets, j'adorais en avoir beaucoup. Oui, et je changeais presque tous les jours. J'en avais un peu de toutes les couleurs et de toutes les marques. C'était d'ailleurs les seules choses que j'avais réellement pris le temps de ranger dans le dressing, histoire qu'elles ne s'abiment pas. Je les aimais comme ma propre fille. Bon, d'accord, peut-être pas, ou alors j'allais éviter de le dire à voix haute, hm. Toujours est-il que contrairement au jeune homme, je n'étais pas franchement du genre à avoir des caleçons dont j'avais particulièrement honte. Mes boxers étaient d'ailleurs plutôt cools, ouais. J'en avais des Calvin Klein, blancs, noirs, enfin, vous voyez, des trucs classiques. Bon, après j'en avais d'autres avec quelques fantaisies, mais ça n'était pas franchement folichon. Dans tous les cas, j'espérais qu'il ne portait pas cette abomination lorsqu'il devait tout enlever devant une femme, non parce que j'étais presque certain qu'elle partirait en courant. Enfin, hormis si c'était la fameuse fille qui s'était mangée un feu d'artifice dans la crinière, là encore, je la voyais bien folle de ce genre de caleçon. Pourquoi pas après tout, hm. « Attends, rembobine » marquant une légère pause, je tentais donc de revenir sur mes paroles « Erip neib a'y iom siorc srola... Ouais non, trop compliqué. » soufflais-je, sur un ton vaincu. J'aurais essayé, mais au final, j'étais presque certain qu'il allait vite oublier ce jeu de mots -c'est le cas de le dire- et sauter directement au but. Je supposais qu'il avait une question à poser, c'était souvent le cas. Ou une remarque ? Enfin, une remarque était souvent suivie d'une question, non ? Oui, tais-toi Junior. « T'as une fille, c'est vrai ? Je te parie que je suis le seul qui n'était pas encore au courant ... Faut dire que j'ai toujours six trains de retard pour ce genre de trucs, c'est affreux. » un léger rire s'échappa de mes lèvres alors qu'il reprenait la parole « Tu m'as dit que t'avais été marié, en plus. Mais ... tu fais pas ton âge ou quoi ? » Je ne savais pas bien si je faisais mon âge ou non, à vrai dire personne ne m'avait posé la question depuis mon entrée dans le jeu. Enfin, ça n'avait pas l'air de troubler qui que ce soit, hm. « J'ai trente cinq ans... Et si tu pouvais dire que je fais plus jeune, ce serait franchement sympa de ta part. » ironisais-je en un sourire avant de reprendre « J'espère pour toi qu'ils vont couper ce passage à l'écran d'ailleurs... Non parce que ma fille serait capable de se lancer à tes trousses pour n'avoir pas deviné son existence. » Sept ans et déjà exigeante, autant vous dire que son adolescence ne me tardait pas particulièrement, haha. Je lui avais donc conseillé d'éviter de montrer ses petites culottes à ses copains, histoire de ne pas les faire partir en courant. Faut dire qu'à cinq ans c'était mignon, mais à trente, c'était tout de suite bien plus gênant, hm. C'était comme embrasser les filles derrière les poubelles. Dans la cours de récrée, c'était un point stratégique, mais dans la vraie vie, ça te faisait passer pour un clodo. « Je suis resté longtemps sans avoir beaucoup de copains, tu sais, alors je prendrais pas la risque de faire fuir ceux que j'ai en exhibant ce caleçon de la honte ! » Ces paroles m'étonnèrent. Ce gars avait l'air drôlement sympa, ça m'étonnait qu'il n'ait pas toujours été populaire. Bon d'accord, sa coupe était franchement étrange, du genre à se coiffer en foutant deux doigts dans la prise, mais bon, ça n'était pas tout ce qui faisait un homme après tout. Et puis ça lui allait bien. Bon, et si j'arrêtais de détailler ses tifs, hein ? Ce serait pas mal, hm. « D'ailleurs, contrairement aux apparences, c'est pas ma mère qui me l'a offert pour mon seizième anniversaire, mais une ex qui m'en a fait cadeau pour mes vingt-cinq ans ! » je ne pu retenir un rire. Une ex ? Pourquoi ça ne m'étonnait qu'à moitié ? « Et laisse moi deviner, le lendemain, elle t'avait quitté non ? » ouais, parce que si c'était un cadeau, ça, c'est qu'elle s'était clairement foutue de sa tronche. Ou alors, c'était lui qui l'avait quitté pour faute grave. Enfin c'était tout de même étrange qu'il ait choisi de l'amener ici, si il ne l'appréciait pas. Cela dit, j'avais bien une poupée dans mes affaires, alors je n'allais pas trop la ramener... Oui je sais, tout mon potentiel de mâle venait de s'envoler en fumée là. « Bon et toi, c'est quoi le truc le plus honteux de ton dressing ? » le truc le plus honteux ? Franchement, j'étais plutôt clean de ce côté là, enfin, j'avais pas l'impression d'être particulièrement gêné d'avoir quoi que ce soit, ou alors, je m'étais bien gardé de l'amener, hm. « Je vénère mes paires de baskets. » pas sûr qu'elles soient honteuses en elle même, c'était plutôt mon addiction qui l'était. Poussant le placard coulissant, je dévoilais donc mon sanctuaire de chaussures, il devait bien y en avoir une vingtaine de paires, et encore, elles n'étaient pas toutes là. « Y'en a de toutes les couleurs tu vois... Comme ça je peux les assortir à tout ce que je porte. » la classe non ? « J'avais expressément demandé qu'elles soient conservées dans un coffre plaqué or, avec mes initiales gravées dessus, histoire que personne n'y touche, mais apparemment ça n'était pas faisable. » des amateurs, vous dis-je ! Un sourire étira mes lèvres pour marquer la plaisanterie. « Donc ouais, on peut dire qu'il s'agit d'un plaisir dont je pourrais avoir honte. » attrapant l'une d'entre elle, une bleue électrique, je l'agitais devant le visage du candidat. « Regarde... Elle par exemple, un gamin de ma classe a dégueulé dessus, mais elle est toujours parfaite, tu vois. Pu-re qua-li-té ! » Pas certain qu'il apprécie l'anecdote avec la gaudasse sous le nez, mais c'était juste pour lui expliquer à quel point je les entretenais comme la prunelle de mes yeux.