+ Ornella

J'ai trouvé un pauvre petit livre abandonné dans ma chambre. N'allez pas croire que c'est moi qui l'ait lu ou quoi, je déteste lire. Je sais pas pourquoi j'y suis autant allergique, ça doit venir de mon père. De toute façon, dès que je hais un truc ça vient de lui, pas besoin de chercher plus bien loin. Après, je ne suis pas non plus un anti-lecture, hein. Je lis les journaux quand un article m'intéresse, je lis des bandes dessinées aussi, mais globalement c'est tout ce qui est fait de papier et qui réussi à capter mon attention plus de deux secondes. Là je vais juste ranger le bouquin que j'ai trouvé, je ne fais rien d'autre. Une fois que j'arrive dans la bibliothèque la première chose que j'ai envie de faire c'est de sortir le plus vite possible, mais une candidate retient mon attention. Il en faut peu pour que ce soit le cas, mais celle-ci c'est d'une façon différente. Ah, c'est parce qu'elle fait partie des trois nouveaux de la semaine, et qu'elle m'a l'air un peu vieille aussi, genre aussi âgée que Nolene sinon plus. Je la fixe un instant du regard avant de m'avancer vers elle, le livre toujours dans la main. « C'est à vous ? » Que je lui demande en agitant le bouquin sous son nez. C'est peut-être le cas, après tout je n'en sais rien, je ne sais pas où elle dort, je ne connais même pas son prénom. Je crois que je viens l'ennuyer alors qu'elle est occupée, mais à vrai dire je n'en ai pas grand chose à faire, j'ai envie de m'imposer, de la faire un peu chier. C'est dans ma nature, je n'y peux rien.

J'avais fini par découvrir la bibliothèque, mon lieu favori en temps normal. En fait, je crois que dans le nid, c'est également mon endroit favori, mais le contexte est tout de même différent. Je lis toujours des tonnes de livres, à une vitesse folle d'ailleurs. C'est quelque chose dont je suis tout de même assez fière, ma culture en matière de livres est assez étendue pour permettre une conversation avec quelqu'un d'aussi accroc aux livres que moi. Enfin, toujours est-t-il que j'aurai du temps dans le nid pour me permettre de me perdre dans des lectures plus fantastiques les unes que les autres, parce qu'on peut dire que la bibliothèque est véritablement gigantesque et que des tonnes de livres sont mis à disposition. Et ça, c'est une bonne chose. Et puis, pendant que je suis perdue dans mes lectures, assise confortablement sur un fauteuil, quelqu'un vient finalement me déconcentrer. « C'est à vous ? », je lève les yeux, aperçoit un livre flottant que je suis du regard pendant quelques instants avant de finalement l'attraper afin de pouvoir lire le titre inscrit dessus. « Non... Navrée. » dis-je, d'une voix calme. « Il est bien ? Parce que vu le titre, ça m'intéresserai de le lire. », j'ose demander s'il l'a lu, on ne sait jamais. Peut-être l'a-t-il emprunter à quelqu'un dans le nid et ne sait plus qui c'est. Je ne sais pas. « Vous me faites penser à mon fils... »

En fait, si je demande à la nouvelle si le livre est à elle c'est que j'avais envie de faire une petite remarque désagréable en disant qu'elle aurait quand même pu le ranger. Mais non, puis que ce n'est pas à elle, je ne vais rien dire. En fait, si ça se trouve c'était celui d'un candidat et il ne provenait pas de la bibliothèque, ce qui voudrait dire que je m'apprêtais à ranger quelque chose ne m'appartenant pas et qui manquerait peut-être à quelqu'un. En même temps, il ne fallait pas le laisser traîner près de mon lit, je suis en quelque sorte allergique à la lecture. C'est que ça me donnerait presque des boutons, vous comprenez, donc je me tiens loin des bouquins en règle générale, mais je peux bien faire une exception de temps en temps, prenant mon courage à deux main pour faire face à tout un tas de livres sens grand intérêt, d'après moi. La candidate me demande si l'ouvrage est bien, rien que le titre lui donnerait envie de le lire, apparemment. Je regarde succesivement le livre et la femme un peu de travers. « Je n'en sais strictement rien, je l'ai pas lu, vous savez. Moi, je ne fais que le ramener. Mais je vous le laisse si vous voulez. » Ouais, plus rapidement de peux m'en débarrasser mieux c'est, donc je garde le bras tendu vers elle, tenant toujours le livre entre mes longs doigts. Elle me dit alors que je lui fais penser à son fils. Je lui lance un nouveau regard intrigué. « Ah oui ? Pourquoi donc ? » Nous devons sans doute être aussi charmant l'un que l'autre, ça doit être ça. Enfin, je n'en sais rien mais j'espère qu'elle n'a pas l'intention de me materner. Je n'ai jamais eu de véritable mère jusqu'à aujourd'hui et je m'en suis très bien sorti, donc je n'ai pas besoin de m'en trouver une ici, ce n'est pas ce que je suis venu chercher, à la base. Mais bon, ça peut avoir des avantages qu'elle reporte son affection pour son fils sur moi, si ça se trouve elle serait prêt à faire ma lessive et à faire la vaisselle derrière moi. Qui sait ce que l'instinct maternel peut faire faire aux mères parfois ?