“ If you wanna buy me flowers
and if you'd like to talk for hours ”

w/krisjana

Il était particulièrement agréable de se balader dans un tel jardin, surtout quand on pouvait profiter d'après-midis aussi ensoleillées. Jorah s'était dit qu'il n'aurait aucune raison de rester enfermé alors qu'il avait l'occasion de se dégourdir un peu les jambes, et d'explorer des coins du nid du coté desquels il n'avait pas encore vraiment traîné. Il s'était donc mis en route dudit jardin, avait longuement marché au sein de celui-ci et avait fini par s'y enfoncer suffisamment pour apercevoir une majestueuse fontaine, qu'il n'avait pas le souvenir d'avoir réellement approchée. C'est donc ce qu'il fit, tandis qu'au fil de ses pas se dessinait la silhouette de plus en plus précise d'une certaine brune qu'il connaissait bien. Krisjana était là, à faire on ne sait trop quoi, peut être à formuler un vœu, parce qu'après tout il n'était pas dit que les apparences ne soient pas trompeuses, et que la moins disposée à croire au pouvoir d'une telle fontaine ne soit pas finalement celle qui se laissait le plus facilement convaincre par ce genre de choses. « Entre nous, j'ai toujours su que j'étais ton genre » qu'il énonça d'un seul coup, après s'être approché et en ayant pris un air exagérément convaincu, faisant bien évidemment référence au détecteur de mensonge et au fait qu'elle ait répondu 'oui' à une question le concernant, et portant sur le fait qu'elle se serait ou non retournée sur lui dans la rue. Parce que oui, il avait envie de donner vachement d'importance à la question, et encore plus à la réponse. Parce que c'était une occasion en or, une occasion de partir dans un sacré délire, évidemment. « Maintenant, reste à savoir si toi t'es le mien » qu'il ajouta, en hochant doucement la tête et en portant son regard vers le ciel, comme si la réponse allait y apparaître. « A ton avis ? » qu'il conclut, en reposant les yeux sur elle. Ouais, c'était tellement existentiel qu'il préférait d'abord savoir ce qu'elle en pensait. Et non, il ne prenait pas du tout la confiance. Il avait juste d'autant plus de mal à être sérieux quand il était avec la brune.

Je profite pour prendre l'air, pour m'éloigner des autres. Mes yeux se vrillent sur les pièces dans la fontaine alors que je me demande qui les a mis au fond de l'eau. Jorah arrive. Il a toujours su que j'étais son genre, ouais, ouais, c'est ça ! C'est vraiment. Il me demande si je pense que je suis le sien ! Mais quelle question ! C'est vraiment ridicule, Jorah me déçoit presque. « Bien sur que oui » je réponds alors comme s'il s'agissait d'une évidence. Je suis le genre de tout le monde, modestement, il faut vraiment être difficile pour que je ne lui convienne pas. Franchement si son genre c'est la brune à l'esprit déviant, je suis au top. « Je suis ton idéale » je souffle alors, parce que tout le monde le sait. Il n'a d'yeux que pour moi, et j'en ai conscience, c'est beaucoup de pression de savoir qu'il met tous ses espoirs en moi. Je fais un vague geste de la main. Il me faut que quelques secondes pour comprendre de quoi il parle. Le fameux détecteur de mensonge. Juste une question et une réponse, elle doit surement lui avoir fait plaisir. Je rêve. « Quand je disais me retourner sur toi » je commence alors en sifflotant avant de braquer mes prunelles sur sa petite personne, en reprenant le début de ma question. D'ailleurs j'espère que ce n'est pas lui qui m'a posé indirectement cette question, sinon c'est très très bas. Non, ce n'est pas son genre, pas vrai ?  « Je pensais dans le genre te lancer une pièce ou alors te donner un ticket restaurant, tu vois ? » je siffle alors en me marrant, parce qu'en vrai, cela serait tout à fait mon genre, en plus on peut dire que Jorah est assez sec comme garçon, pas un seul gramme de graisse, j'en suis sûre et certaine !« Alors ne t'emballe pas mon amour » je finis par lui susurrer à son oreille, moqueuse, en m'approchant de lui, claquer un baiser sur sa joue, bien bruyant, volontairement, avant de m'écarter de lui. Mes doigts frôlent la surface de l'eau avec une certaine rapidité avant de lui envoyer un léger jet d'eau sur lui. Histoire d'être sûre de le refroidir, il ne faut jamais laisser passer cette occasion. Franchement, je vise super bien, je m'épate de jour en jour.

La question posée à Krisjana par le biais du détecteur de mensonges aurait pu venir de Jorah, c'est vrai, mais en l'occurrence ça n'était pas le cas, et c'est très certainement pour cette raison qu'il avait bonne conscience de remettre le sujet sur la table. Le fait est que la question en elle-même avait eu de quoi le faire sourire, mais que la réponse de la brune, qui n'avait même pas cherché à mentir, l'avait d'autant plus satisfait. Oh il ne prenait pas tout ça avec autant de sérieux qu'il le faisait croire, mais à cet instant, il ne pouvait décemment pas laisser passer une occasion d'être bien lourd. Alors oui, aussitôt s'était-il approché qu'il avait insinué avoir toujours su qu'il était son genre. Puis, il avait cherché à savoir si Krisjana pensait qu'elle était quant à elle son genre à lui. Sa répartie l'amusa. « C'est même à se demander si j'ai seulement déjà été attiré par une autre. Parce que finalement, mon genre, c'est toi et uniquement toi. » Bon mais voilà que la brune ressentit le besoin de revenir sur la fameuse question qui lui avait été posée, pour en préciser l'interprétation qu'elle en avait justement faite, et qui l'avait incitée à répondre de cette façon-là. Autrement dit, il se prit son petit commentaire en pleine tronche, mais garda le sourire étant donné qu'il savait pertinemment quoi répondre à ça. « Ouh, mais c'est qu'elle n'assume déjà plus ! » qu'il souffla, en mouvant la tête, riant au fait qu'elle lui dise de ne pas s'emballer, et prenant un air conquis lorsqu'elle déposa un baiser sur sa joue. Il se prit même un peu de flotte, mais ne fut pas pour autant découragé à persister dans cette voie tumultueuse. « Est-ce qu'on t'a déjà dit que tes narines ont tendance à trembloter quand tu mens ? » qu'il énonça finalement, prenant un air suspicieux, maintenant son regard avant de pousser un doux soupire. Là, il adopta un comportement plus fataliste, et s'assit sur le bord de la fontaine. « Bien sûr, je pourrais faire comme si j'ignorais que j'étais tout à fait à ton goût, mais tu crois vraiment que ça t'aiderait ? » Oui, il avait envie d'aller très loin, décidément. M'enfin, elle n'y était pas allée de main morte non plus avec son histoire de ticket restaurant, alors c'était de bonne guerre. « Ouvre-moi ton cœur une bonne fois pour toutes, Krisjana ! » qu'il ajouta, des fois qu'il ne lui ait pas donné suffisamment envie de le noyer.

Je suis du même avis que lui, il n’a jamais été attiré par personne d’autres que moi. « Tout à fait, il n’y a que moi dans ton esprit » Je confirme alors parce qu’il ne faut pas se voiler la face. « Je te suis prédestinée, tu comprends ? » je demande alors d’une voix moqueuse. Alors qu’il enchaine, je n’assume pas, mais bien sûr puis ... « Menteur » je réponds simplement en cachant tout de même mon nez. « Tu sais que tu es flippant » Je réponds pour sa remarque précédente.  Il veut que j’ouvre mon cœur, et mon premier réflexe est de lever les yeux au ciel. Tu paaarles. « Je te chanterais bien une chanson de Roméo  et Juliette mais maintenant qu’on est séparé, ça me semble déplacé, tu vois» je siffle alors parce que j’ai moi-même du mal à me souvenir de nos historiques amoureux, ça va trop vite, il y a trop de rebondissements entre nous. Malheureusement. D’après ce que nous a dit notre thérapeute, Simon Junior, notre couple est très instable mais que notre dynamique est ainsi, c’est pour cela qu’il dure. Jorah enchaine, m’arrachant un rictus mauvais. Faire comme s'il ne savait pas qu'il était à mon goût.  « Oui » je lance simplement, au moins, c’est clair comme cela. « La seule fois où je t’ai offert mon cœur, la seconde d’après tu le brisais en mille morceaux » je fais mine de lui rappeler avant de retirer mes ballerines. Oui, c’est un évènement encore marquant et douloureux –surtout- pour moi, je ne m’en remets toujours pas. « Alors tu as laissé passer ta chance, tu ne peux que t’en prendre à toi-même » Je râle alors, pour rester dans le rôle. Je relève le bas de mon jean, et prenant appui sur son épaule, j’escalade le rebord de la fontaine pour finir les deux pieds dans l’eau. Je me courbe et mes deux mains formant une coupelle recueillent une quantité non négligeable de flotte que je réussis à amener à bon port : c’est-à-dire le sommet de la tête de Jorah. J’écarte brutalement mes mains, laissant couler l’eau fraîche. Je me divertis comme je peux et aujourd’hui j’ai décidé que j’allais aider le candidat à prendre sa douche. Du coup, je répète mon opération une nouvelle fois

Oui, Jorah n'aimait qu'un seul genre de femmes, et c'était précisément Krisjana. Elle était son genre, oui, dans le sens où elle le représentait le plus fidèlement du monde. Hochant donc la tête à son commentaire, il ne put que lui donner raison lorsqu'elle laissa entendre qu'elle lui était tout bonnement prédestinée. « Si je comprends ? Mais ma belle, c'est pour moi l'évidence même » qu'il acquiesça alors, très formellement, avant de laisser entendre que puisqu'elle cherchait à interpréter la question qui lui avait été posée d'une façon un peu particulière - en insinuant qu'elle l'aurait pris pour un clodo, en somme - elle n'assumait pas de s'être laissé aller à pareille confidence par le biais du détecteur. Pire, il alla jusqu'à préciser que lorsqu'elle mentait, ses narines tremblotaient. Il s'amusa de sa réplique avant d'entendre la brune lui parler de Roméo et Juliette. « Au contraire, t'aurais bien choisi. A notre image, ils font office d'amants maudits. On ne peut que se reconnaître en eux. » Et il donna l'air de croire dur comme fer à sa petite théorie, ça va sans dire. En tout cas, qu'on lui permette de douter que ça aiderait franchement Krisjana de faire comme s'il n'était pas au courant qu'elle avait un faible pour lui. Il afficha une moue perplexe, puis sourit au fait qu'elle remette toute la souffrance de leur "rupture" sur la table. « T'es encore là-dessus, toi ? Mais y'aura jamais prescription à tes yeux, ou quoi ? » qu'il fit mine de s'indigner, parce qu'elle avait l'air décidée à lui donner le sale rôle jusqu'au bout. Soupirant, il arqua un sourcil lorsqu'elle se débarrassa de ses chaussures, qu'elle retroussa son jean et qu'elle mit les pieds dans la fontaine. Mais plus encore, c'est vrai, lorsqu'il comprit qu'il se prendrait pas mal d'eau sur la tête d'ici un quart de secondes. Pourtant, il ne bougea pas, préférant la laisser initier un petit jeu qui finirait par se retourner contre elle. Ainsi, le crâne trempé, il étouffa un rire tandis qu'elle entreprit de recommencer, mais qu'il se décida cette fois-ci à répliquer. Ainsi il se tourna pour se retrouver les pieds dans l'eau, se fichant bien de ne s'être pas déchaussé, toujours en étant assis sur le rebord, cette fois vers l'intérieur de la fontaine. Là, il bondit vers la brune pour l'attraper par la taille, et se maintenir avec elle sous le jet d'eau. « Excuse-toi maintenant et tu nous éviteras à tous les deux une pneumonie » qu'il énonça, suffisamment fort pour qu'elle l'entende, en exagérant bien sûr très légèrement. « T'imagines, on serait obligés de dormir ensemble pour ne pas tousser à la tronche de nos partenaires. L'angoisse ! » Il lui lança pourtant un regard lubrique, l'air de dire que si vraiment c'était inévitable, bah, lui il devrait quand même pouvoir survivre, hein.

Il confirme une nouvelle fois ce que je pensais: il ne voit que la vie à travers moi/ « Mais j'espère bien » je lâche d'un ton pseudo-sévère, je suis sa muse, son idéale, son inspiration, son tout et rien ne peut être autrement. J'évoque rapidement les amants maudits, apparemment, il est tout à fait d'accord. Où voyez vous la malédiction dans notre relation ? Oui, je me le demande moi aussi. « Y a n'y a pas à dire, je ferais une belle Juliette mais bon toi, je ne suis pas sûre que tu sois au niveau du grand et mythe Roméo » je fais mine de déplorer en poussant un long soupir. On s'en remettra, j'imagine. Il me reproche de remettre notre rupture en jeu, c'est vrai, lui, il oublie tout. Comme si je devais passer l'éponge comme cela, goujat ! « je savais bien que tu t'en foutais de ce que je ressens, de mon mal être constant » je me plains alors, une main sur le coeur. Je tiens à le répéter, dans cette histoire, je suis la victime, victime de mon amour ... Bref, j'en étais où déjà ? Je lui verse une nouvelle fois que l'eau lorsqu'il se rebelle, j'arque un sourcil, franchement, il est plutôt un rapide, lui qui se disait déjà condamné à un être un papy, je suis presque surprise. Il me maintient sous le jet d'eau. Il faut que je m'excuse, premier réflexe: je ricane. Je voulais juste le rafraichir, je ne pensais pas à mal, je ne vais pas m'excuser d'avoir de bonnes attentions, tout de même, cela serait le monde à l'envers. Je pense qu'il connait déjà ma réponse et que c'est même pour cela qu'il fait exprès de nous mettre dans une position inconfortable. Tant mieux, tant qu'il prend la flotte avec moi, ça me va, je ne suis pas bien difficile comme fille, il faut croire. « Jamais, jamais » je siffle alors parce qu'il peut toujours crever pour que je m'excuse. Ce n'est pas dans ma nature, je n'y peux rien, je subis. Il insinue qu'on sera obligé de dormir ensemble pour ne pas filer nos microbe à nos partenaires. Personnellement je m'en fous s'il tombe malade à cause de moi, je ne le connais pas alors j'aurais bonne conscience et j'arriverais bien à dormir. J'ai même envie de dire que cela serait un honneur pour lui d'être contaminé par ma grandiose personne, ce n'est pas tous les jours que ça doit lui arriver. « Je sais que tu n'attends que ça » je sifflote alors en levant les yeux au ciel. « Qu'on se réchauffe mutuellement grâce à la chaleur de nos corps » je réplique donc, moqueur, bah ouais, faut pas croire, si on cherche bien, un lit double c'est assez étroit. Plus le temps passe et plus je commence à ressentir la morsure du froid en fait, j'imagine qu'au bout d'un moment il finira bien par me relâcher et nous libérer.

Bien sûr qu'ils étaient les nouveaux Roméo et Juliette. C'était si flagrant, tant leurs histoires se rapprochaient. La brune, en tout cas, saisit l'occasion pour le rabaisser. « Tu te fiches de moi ? Je lui ai tout appris, moi, à ton Roméo ! » qu'il s'offusqua alors, parce que bon, quand même, y'avait pas de raison qu'elle ait le profil et pas lui. En tout cas, Krisjana avait la dent dure, vu qu'elle remettait leur rupture sur la table, et l'accablait toujours un peu plus. Certes, il avait tout fichu par terre, mais ça on allait tous finir par le savoir, vu qu'elle le répétait à longueur de journées. « Maintenant que tu le dis, c'est vrai que ça m'atteint pas plus que ça, en fait » qu'il confessa, pour l'embêter, et peut être pour voir ce que ça faisait d'être comme elle, l'espace d'un instant. La vilaine se permit alors de lui renverser de l'eau sur la tête, sans doute sans imaginer qu'il oserait répliquer. Pas en l'éclaboussant de la même manière, plutôt en s'arrangeant pour qu'elle se retrouve sous le jet d'eau de la fontaine. Bon okay, son plan n'était pas si exceptionnel que ça, étant donné qu'il prenait la flotte lui aussi, vu qu'il fallait bien qu'il la tienne, mais c'était mieux que rien et ça constituait un semblant de vengeance. Cela dit, le mieux serait d'obtenir d'elle des excuses. Mais mademoiselle ricana, et refusa catégoriquement de s'y plier. Ah non mais, elle n'avait pas le choix en réalité, ils n'allaient pas pouvoir rester comme ça trois plombes. Jorah, en tout cas, avait d'autres projets que d'attraper la crève et de passer les six prochains jours à moitié mort au fond d'un lit. Cela dit, s'il le partageait avec Krisjana, ça pourrait se négocier. Parce que s'ils tombaient malades, il ne faudrait pas qu'ils toussent à la figure de leur partenaire respectif, alors dormir ensemble serait tout indiqué. Sans surprise, Krisjana tourna la situation de façon à insinuer que c'était ce qu'il attendait. « Ah bah, c'est sûr qu'on dormirait pas beaucoup » qu'il souffla alors, dans un regard insistant qu'il balada le long de la brune, tel le gros lourdeau qu'il savait être, parfois, quand ça s'avérait nécessaire. « Cela dit, on a pas besoin d'être dans un lit pour se réchauffer, d'autant qu'ici, on en aurait bien besoin ... » qu'il ajouta, en se pinçant la lèvre pour ne pas rire, parce que bon, que tout le monde se rassure, il draguait un peu mieux que ça, quand même, généralement. En tout cas, il approcha son visage du sien, avant de chuchoter quelques mots à son oreille. « Moi aussi, je me serais retourné sur toi, dans la rue. Et pas pour te lancer une pièce. » Il le précisait, pour qu'elle sache que lui n'avait pas peur de dire qu'il n'était pas insensible à ce qu'elle dégageait. Et c'est vrai que d'un coup, son sérieux contrastait avec le reste.

Il n'en n'a rien à foutre, ça ne m'étonne pas, je le sentais ! «Tu n'as vraiment pas de coeur, tu es d'un égoïsme monstre, tu n'es plus l'homme que j'ai aimé » je déplore alors, l'âme en peine, il faut que je surmonte ce moment douloureux pour aller vers l'avant, essayer de l'oublier un peu. La vie continue. On va choper la crève à cause de lui, aussi, il le vient bien, ça va ? Pas trop de remords ? Je ne m'excuse pas, cela serait mal me connaitre. Il m'annonce qu'on ne dormirait pas beaucoup. J'esquisse un léger sourire, très léger avant de lever les yeux au ciel. Puis ... je fais comme si je venais tout juste de piger le sous-entendu de cette phrase. « Quoi, tou-te la nuit ? » je fais mine d'articuler en prenant un air choqué, écarquillant une demi-seconde les yeux, puisqu'on est dans les sous-entendu, allons-y, j'en ai la masse en stock, j'en ai à revendre. «Je ne te savais pas si sportif » je lâche, faussement pensive, un index posé sur mon menton avant de faire semblant de le détailler de la têtê aux pieds, comme quoi, c'est bien vrai ce que l'on dit, les apparences sont trompeuses. Il ajoute même qu'on pourrait commencer cela ici.  «Compte là dessus et bois de l'eau » je souffle alors, c'est une façon très polie de lui dire d'ailleurs voir ailleurs, voyez comme je mets les formes avec lui, comme je suis si délicate et prévenante.  «Oh j'oubliais, tu le fais déjà » je commente pour lui rappeler qu'à cause de lui et de sa foutue détermination, on est sous la flotte, là ! Il se serait retourné sur moi dans le rue. En même temps, je le comprends, moi aussi, si je pouvais, je me retournerais sur moi sans hésiter une seule seconde. J'attends une suite qui ne vient pas. C'est vrai qu'il a presque l'air de vraiment penser ce qu'il vient de dire. « Il n'y a pas de chute ? » je murmure alors en fronçant les sourcils me demandant s'il est sérieux ou non. Car franchement, vu notre débit de connerie -qu'on se lance à la minute- très élevé avec Jorah, la limite du sérieux ou de la plaisanterie est assez floue pour moi. « Tu sais que si tu sors ce compliment à tout le  monde, il s'annule » je précise tout de même avec un sourire narquois car je m'en fous des phrases toutes faites qu'il pourrait sortir aux autres aussi, ça n'a aucune valeur à mes yeux, qu'on se le dise.

A entendre Krisjana, Jorah était un sans-cœur. Et ça parce qu'il avait osé lui avouer que ses états d'âmes ne le perturbaient pas plus que ça. C'est fou comme l'honnêteté était bien récompensée, hein. Soupirant à son élan dramatique, il ne put bientôt faire autrement que de se placer en sa compagnie sous le jet d'eau de la fontaine, initialement pour qu'elle soit tentée de s'excuser histoire de rester là-dessous le moins longtemps possible, mais sans surprise ses menaces n'eurent pas franchement d'effet sur la brune. Alors ils resteraient comme ça, et tant pis s'ils attrapaient la crève. Vu que de toute manière, c'était ce que Jorah attendait. Être seul avec elle, dans un lit, bien sûr que c'était ce qu'il désirait par dessus tout. Parce qu'il ne serait pas question de se reposer, mais plutôt de se réchauffer d'une façon bien particulière. Là, quiconque prendrait la conversation en route le trouverait certainement pervers sur les bords, mais il ne prenait pas la situation suffisamment au sérieux pour s'en inquiéter. Krisjana sembla alors s'étonner de ses grands projets. « Il y a des femmes qui valent la peine qu'on se dépense pour elles ... » qu'il souffla, malicieusement, pas franchement étonné d'avoir droit à ce genre de commentaires. « ... et des sports dans lesquels les cartes sont redistribuées, et où l'on peut avoir quelques surprises » qu'il ajouta, l'air de rien. Il avait beau dire tout ça avec second degré, il n'empêche qu'il pensait que le sport en lui-même et celui qu'on pratiquait généralement dans un lit, avec quelqu'un, étaient très dissociables. Lui, c'est vrai qu'il était sportif comme une planche à pain pour ce qui était de la course ou de la gymnastique, mais il n'avait pas le souvenir qu'on ait critiqué sa façon de pratiquer "l'autre sport". En tout cas, ils pourraient tout aussi bien commencer dès maintenant, vu que justement ils avaient froid. Sauf que non, mademoiselle ne semblait pas plus partante que ça, et lui servit un jeu de mot qui eut le mérite de le faire sourire. Il saisit alors l'occasion pour lui souffler quelque chose qu'il voulait lui confier depuis dimanche. Le fait est que lui, il assumait de le dire. Et non, il n'y avait pas de chute, comme il le fit comprendre par un haussement d'épaules innocent. La suite fit naître chez lui une moue amusée. « Alors là, t'abuses, j'ai expressément personnalisé la fin pour que la tienne soit unique. Les autres, elles n'ont pas eu la référence à la pièce, hein » qu'il souffla, pour rentrer un instant dans le jeu qu'elle pensait apparemment être le sien, avant de pousser un doux soupire. « Bon mais, qu'est-ce qui te laisse penser que c'est mon genre, de sortir ça à 'tout le monde', comme tu dis ? » C'est que du coup, il était curieux. Est-ce qu'il passait pour un beau parleur ? Ça lui ferait mal, honnêtement. Il n'était pas parfait, mais il respectait les femmes, donc ça l'embêterait un tout petit peu qu'on le pense capable de sortir la même chose à toutes celles qu'il croiserait, oui.

Je suis surprise par la résistance et la pseudo endurance de Jorah, je le lui fais savoir, bien évidemment, j'ai du mal à tout garder pour moi. Le début de la phrase de Jorah m'arrache un sourire avant que je ne roule des yeux. Je ne préfère quand même pas surenchérir, on va s'en arrêter là, je pense que c'est bien. J'ai le droit quand même à un compliment, dans la foulée. Je lui demande s'il sort cela à toutes les candidates de l'aventure. Apparemment ma fin est unique, je sais qu'il fait exprès alors je fais mine de soupirer longuement. La vie est dure. « Tous les mêmes » je fais mine de souffler d'un air désabusé, en parlant des hommes en général en plagiant le refrain d'une chanson d'un chanteur belge.  Il m'interroge à son tour sur les indices qui pourraient me laisser penser cela. « Je n'ai jamais dis que c'était ton genre, je voulais simplement savoir, c'est définitif, tu as vraiment du mal avec les nuances »je souffle alors, moqueuse en levant les yeux au ciel. Mais que vais-je faire de lui ? Le vendre ?  « Un jour, quand tu seras grand, je t'apprendrais » je laisse entendre, bien sûr, il faut occulter le fait que Jorah a quelques années de plus que moi, pour qu'il y ait une certaine crédibilité mais sinon, ça passe plutôt bien. Mes vêtements gorgés d'eau me paraissent très lourds, maintenant et je commence à presque avoir froid. Je décide qu'il est temps qu'on se déplace maintenant, pour notre "santé". Je recule brutalement de quelques pas, me défaisant avec une facilité déconcertante de l'emprise de Jorah, je mets cela sur l'effet de surprise. « Bon sinon, on peut bouger ? » je finis par lui demander parce que je gèle. J'esquisse quelques pas pour le contourner pour pouvoir me hisser sur son dos, bras autour de son cou, jambes autour de son bassin. Oui, c'est lui qui va faire tout le boulot, autant le dire tout de suite.  « Et tu vas me réchauffer, je te préviens, mais armé d'un simple sèche-cheveux » je le menace alors. Il faut mieux que je précise car je crains un gros malentendu après et dès fois qu'ils s'amusent à repasser cette séquence pendant le prime ou je ne sais quoi. « Aller, aller, on s'active » je siffle alors sur un ton pseudo autoritaire. C'est moi qui commande maintenant !