joanès

Avec le budget alloué pour le nid, la production aurait quand même pu penser à investir dans une femme de ménage. Ou plutôt son salaire, mais c’est du pareil au même. Parce que quand je vois le foutoir qu’est le dressing, ça me rend malade. Je suis pas la nana la plus maniaque du monde, mais sérieux, c’est chiant d’essayer de trouver ses affaires dans un bordel comme ça. Bien évidemment, je suis bordélique, mais je suis bordélique dans ma zone, voyez, je m’étale pas chez les autres comme certains. Et là je dois dire que je ferais bien sa fête à celui qui s’est étalé dans mon coin, parce que je retrouve plus la moitié de mes fringues, et la moitié de ceux qui sont dans ma pile ne m’appartienne pas. Ce sera un miracle si je ressors du nid avec toutes mes fringues dans ma valise. Mais là n’est pas la question, puisque je ne vais pas m’occuper de l’ordre pour aujourd’hui. Je suis à la recherche d’un vêtement bien particulier, mais je crois bien que j’ai pas emporté un spécimen similaire dans ma valise. J’ai bien prévu un jogging, mais il est au sale. Du coup, dans mes affaires propres, je n’ai rien qui ressemble de près ou de loin à un jogging, à un bas de pyjama ou n’importe quoi. Faut que je me trouve un vêtement suffisamment épais pour faire barrière avec Silas, il bouge autant qu’un boxeur en plein combat, faut que je me protège comme je peux, je peux plus laisser mes jambes nues. Je fouille dans mes affaires, jusqu’à ce qu’un autre candidat fasse son apparition dans le dressing. « Hey, Joanès ! » Maintenant que j’ai rencontré Jouko et Jorah, je les confonds plus, grande avancée, on applaudit. « Dis-moi, t’auras pas genre un pyjama super épais ? Ou un jogging ? Ou n’importe quoi du genre, qui fasse barrière entre deux corps ? » Ça vaut la peine de demander. Ouais, bon, je dois lui paraitre bizarre, on se parle à peine et la première fois qu’on a une ‘’vraie’’ discussion, je lui parle de faire barrière entre deux corps. Mais tant pis, en fait, au pire il me prendra pour une folle, ça me va. Et puis, il n’est pas dans ma situation, il peut pas juger. Qu’il dorme avec un Silas ne serait-ce qu’une nuit, on verra bien s’il fuit pas en hurlant.

Clairement, on en serait pas là si j’étais un peu plus sportive. J’aurais eu certainement quelques joggings à portée de mains, et ça m’aurait bien arrangée, mais voilà, fallait que je sois une grosse flemmarde qui n’a qu’un jogging, acheté pour se donner bonne conscience. Je pourrais piquer ni vu ni connu les affaires de quelqu’un, mais je suis pas comme ça, je suis gentille, je demande. Et le candidat qui vient d’arriver tombe bien, je peux ainsi lui demander. Sa réaction me surprend pas tant que ça, faut dire que je m’attendais pas vraiment à autre chose. « Pas d’un viol, non… » Quand même, Silas n’en serait pas capable, il a un bon fond si on cherche bien, j’en suis persuadée. « Disons que ce serait plus dans l’idée de me protéger de quelques coups. » Genre une couche de protection de plus, mais comme j’ai pas pensé à amener une camisole, faut bien que je trouve une alternative. Et comme mes affaires sont soit prête pour la lessive, soit ensevelie sous le tas d’affaires qu’un candidat a jugé bon d’empiler dans mon coin, j’ai plus trop la motivation de chercher plus loin si je trouve une fringue pouvant faire l’affaire. Du coup, Joanès tombe très bien, je compte sur lui pour me sauver, il va quand même pas me laisser en pleine détresse. Il croit qu’il a ça. « Tu serais mon sauveur. » Il a pas l’air très motivé à chercher, ceci dit. Bon, au pire, je trouverais bien quelqu’un d’autre pour faire mon bonheur, ça doit être monnaie courante par ici de se prêter les fringues, non ? Je souris légèrement à sa remarque. Une ceinture de chasteté pourrait m’être utile avec Silas s’il se montrait trop entreprenant, mais j’ai pas trop ce souci, merci. « Encore faut-il en trouver une. T'as ça, toi ? » Si ça se trouve j’en aurais besoin à un moment ou à un autre, haha. Je crois qu’il y a un candidat puceau par ici, peut-être qu’il doit avoir ça sous la main, sait-on jamais, il s’est peut-être paré à toute éventualité. J’ai pas le temps d’ajouter grand-chose que Cupidon se ramène avec sa désormais légendaire musique. « Si ça peut te rassurer, je suis pas malade. » Que je dis en haussant les épaules. Puis, sans lui demander son avis, je fais les quelques pas qui nous séparent et posent mes lèvres sur les siennes, durant quelques secondes. Un simple baiser, le minimum exigé quand Cupidon me fait le coup. Je préfère en garder pour quand j’ai sincèrement envie d’embrasser quelqu’un, et pas quand je suis forcée. Enfin, forcée c’est vite dit, mais clairement, j’ai pas envie de perdre de l’argent pour un malheureux baiser, après le coup que la roulette russe m’a fait en début de semaine, j’ai pas trop intérêt à perdre du fric. « J’espère que ta copine va pas venir m’égorger pour ça durant mon sommeil. Elle est pas ainsi, hein ? » Je dis avec un léger sourire. Je parle de Tifenn, je crois qu’il se trame un truc entre eux, mais j’ai pas trop suivi, je suis pas au point concernant les amours du nid.