the angels sang a whiskey lullaby
ft. Silas & Maxence

Je crois que c'était un peu ça mon souci cette semaine, je trainais trop. Sans but je veux dire, sans savoir quoi faire mais surtout sans n'avoir rien envie de faire .... C'était souvent dans ces moments là qu'on se retrouvait à faire les choses les plus incongrues. Ce qui expliquait donc peut-être que je me retrouve là, tout seul, à envoyer des fléchettes sur une cible, assis sur le comptoir du Jack Rabbit Slim's avec un verre à moitié plein à côté de moi et la bouteille de Bourbon assortie de l'autre côté. Pas même de Danica ce soir pour me tenir compagnie, la dernière fois que j'avais mis les pieds ici pourtant elle était avec moi, aujourd'hui ce n'était que moi, la bouteille et les fléchettes. Sauf que bien sûr la tendance s'était inversée et si au début je visais le centre plus que je ne buvais mon verre, désormais c'était plutôt le contraire et les fléchettes peinaient à atteindre leur cible ... Ou alors c'était juste que je m'en lassais, de ça aussi. D'ailleurs, descendant du comptoir et m'étirant un instant j'étais allé ramasser ces babioles pour les ranger, et passant devant le jukebox j'avais lancé un titre au hasard, pour essayer de combler le silence assourdissant de la pièce. Le My way de Sinatra me convenait tout à fait, et ceci fait j'étais retourné m'asseoir sur le comptoir. Pourquoi pas sur un des tabourets je ne sais pas, parce que j'avais l'esprit de contradiction sans doute ; Si Cupidon en avait assez il se chargerait bien de me le faire savoir, hm. Les pieds balançant dans le vide j'avais réapprovisionné mon verre devenu vide, marmonnant les paroles de la chanson avant qu'un bâillement ne m'interrompe. Étirant mes bras au dessus de ma tête en fermant les yeux, j'avais eu un mouvement de surprise en les rouvrant et en découvrant un candidat sur le pas de la porte « Je t'ai pas entendu arriver, t'as été ninja dans une autre vie ou bien ? » Reprenant mon verre je l'avais porté à mes lèvres tout en fixant Silas. Je ne lui avais jamais vraiment parlé, en fin de compte ; C'était le nouveau partenaire de Rowan, ça s'arrêtait là. Elle avait bien tenté de me faire croire un instant que si je ne l'avais pas croisée la semaine passée c'était parce qu'il l'avait saucissonnée et séquestrée sous leur lit mais enfin, soyons sérieux, Rowan n'était pas le genre à se laisser faire et en plus de ça elle rendait les coups, alors j'aurais plutôt tendance à croire que c'était elle qui le maitrisait, le bonhomme.

Nouvelle soirée et pas grand-chose de prévue. J’essaye tant bien que mal de me distraire. Nager à la piscine m’aura occupé un peu. C’était cool en plus, j’étais seul et j’avais le bassin entièrement pour moi. Mais voilà, j’ai fini par me lasser et j’suis sorti. A présent, j’pense me réfugier au Jack Rabbit. Je m’y sens comme chez moi. La présence du bar ne doit pas y être anodin. Travailler me manque presque. Je rentre aussitôt dans la pièce qui visiblement a déjà trouvée client. C’est le mec au chat. Maxime je crois ou non, Maxence. Il a pas bonne mine. Je repère illico le Bourbon sur le bar puis m’adosse côté coulisse de celui-ci face au candidat qui ne s’est visiblement pas aperçue de ma présence. Il s’endormait faut croire. « Si j’avais été un ninja, crois moi, j’aurais déjà nexté la chanson du jukebox. » Du Sinatra ? Sérieusement ? C’est tellement old school. D’accord, un jukebox par principe c’est à l’ancienne mais là la chanson fait limite clichée. J’aurai espéré mieux. Et puis, elle est déprimante aussi. « Alors quoi ? Tu vas te contenter de finir ta nuit avachi sur le comptoir à pleurer ton existence ? » Non, vraiment, ça me blase plus qu’autre chose ce genre de type qui finissent allongés sur le comptoir à tituber et que j’suis obligé de virer du bar à sa fermeture. Le pire, c’est que c’est en partie ma faute, c’est moi qui leur sert à boire et qui les rend ivres mais je ne peux rien faire. Je ne peux pas les arrêter et j’suis obligé de les servir tant qu’ils payent et d’écouter leur malheur. J’trouve ça minable. J’aime l’alcool mais pas au point de m’en rendre malade et de me faire vomir. Le candidat devant moi semble être un de ces types. Puisque je ne suis pas le barman ce soir, j’suis obligé d’exprimer le fond de ma pensée et en quelques sortes de prendre ma revanche sur tous ces types à qui je ne peux habituellement rien dire. « En tout cas, comptes pas sur moi pour écouter tes misères. J’ai assez donné. » Moi aussi j’ai vécu des choses terribles et je m’en plains pas ni ne broie mon malheur dans l’alcool. Ça ne résout rien au final. « Ton chat n’est pas mort ? » J’ai un doute quand même. J’avoue que ça me ferait un peu de peine si la petite bête y était passée. Bon, après, j’l’avouerai pas. Je jouerai les durs et insensibles, comme toujours.

Je sais bien que tout cela ne tenait qu'à la demande de Sido pendant la période de castings, mais tout de même je continuais de penser que cet endroit faisait tâche au milieu du reste. Pas qu'il soit désagréable, mais avouez que cela n'avait rien à foutre au milieu d'une forêt, sur une île du Pacifique ... Je suis certain que si je m'étais un peu concentré j'aurais pu totalement oublier où j'étais, pas juste le décor mais aussi l'émission. Mais ce n'était pas le moment d'oublier justement. Je m'étais juste assez perdu dans mes pensées pour ne pas avoir entendu arriver Silas, que j'avais retrouvé face à moi au moment où j'avais rouvert les yeux. « Si j’avais été un ninja, crois moi, j’aurais déjà nexté la chanson du jukebox. » J'avais légèrement roulé des yeux, avant de terminer mon verre et de m'en verser un autre ; J'avais le bout des oreilles qui commençait à chauffer, je pense que ça serait mon dernier. De verre, j'entends. « Alors quoi ? Tu vas te contenter de finir ta nuit avachi sur le comptoir à pleurer ton existence ? » Encore un qui avait trop regardé de séries B, ou trop trainé dans les bars, au choix. C'était pourtant pas un adjectif que j'aurais associé au bonhomme, de base : rabat-joie. « Je suppose que je te propose pas un verre, du coup ? » Que j'avais simplement demandé d'un ton blasé tout en refermant la bouteille. Non parce que ça serait quand même le comble qu'il me fasse une réflexion pour s'y mettre aussi ensuite. La musique n'était pas à son goût, la boisson non plus, c'était à se demander ce qu'il était venu foutre ici en définitive. « En tout cas, comptes pas sur moi pour écouter tes misères. J’ai assez donné. » Oh bah oui, je ne voudrais pas gâcher la soirée de monsieur non plus, déjà qu'il devait être déçu de ne pas trouver l'endroit vide pour venir y faire tranquillement ce qu'il avait prévu d'y faire ... Peu importe ce que c'était, d'ailleurs. « Je bois pas quand le moral ne suit pas. C'est un mauvais plan. » Du moins c'était mon avis, après qu'on soit d'accord avec moi ou pas ce n'était pas vraiment mon souci. « Je m'ennuyais, et dans un bar y'a pas trente-six choses à faire pour s'occuper comme tu dois t'en douter. » Surtout dans un bar vide, quoi. Les fléchettes c'était gentil deux minutes mais voilà, c'était pas non plus la folle rigolade. Quoi que boire non plus vous me direz, de toute façon vu l'heure qu'il était il allait bien falloir que je me fasse à l'idée de trainer mon ennui jusqu'au moment d'aller me coucher. Ô joie. Mais je ne niais pas espérer qu'un peu d'alcool m'aiderait à m'endormir plus facilement, cela faisait une semaine que je dormais par intermittences et ça commençait à doucement me pomper l'air. « Ton chat n’est pas mort ? » Je m'étais arrêté au milieu de mon geste pour porter à nouveau le verre à mes lèvres. Fronçant les sourcils j'avais scruté Silas pendant une ou deux secondes ... Pourquoi elle serait morte, ma Tixy ? Maintenant que cette chipie de Dior était partie il n'allait pas prendre le relai j'espère ? « Pas que je sache ... Sauf si tu as un meurtre à me confesser ? Mais je te préviens je suis un peu rancunier. » Un peu oui. Et surtout j'avais promis lors de la première semaine de jeu que ce qu'on ferait à mon chat je le rendrais à l'identique, alors valait mieux espérer pour lui qu'il n'ait rien prévu de trop mauvais à cette boule de poils. Je ne tenais pas vraiment à devoir lui rendre la pareille malgré tout, hm. C'était sans doute pas le moment d'avouer à Silas que Rowan rêvait de prendre Tixy la nuit pour la laisser faire ses griffes sur lui du coup ? Non ? Bon, j'allais éviter d'en parler alors.

C’est vrai que j’aurai espéré finir ma soirée tranquillement et seul dans le bar. Je me serai entraîné, j’aurai mis la musique que je souhaité avec et voilà, j’aurai été bien. Mais bon, y’a déjà un candidat qui squatte les lieux. Je vais devoir faire avec et attendre qu’il s’en aille. Quoi que visiblement, il a l’air complétement fait puisqu’il semble à moitié endormi et qu’il est presque avachie auprès du bar. Bon, j’exagère peut-être un peu mais avec son verre à la main, il a pas vraiment bonne mine. Du coup, ça me fait penser qu’il cherche à boire jusqu’à en vomir et qu’il passera la nuit ici allongé sur le comptoir. Je lui fais savoir à ma manière que c’est triste et je me moque même de lui et de tous ces gars misérables qui s’apitoient sur leur sort. « Proposer un verre à un barman, c’est drôle quand même. Mais non, merci. » Il a de la chance, j’suis poli ce soir. Ça doit être l’effet bar et l’impression que là je taf et qu’il est mon client. Mais non, et heureusement, j’écouterai pas ses malheurs et je le lui fais savoir. Mais visiblement, le type me fait comprendre qu’il ne boit pas quand son moral ne va pas bien, ce qui signifie que je me serai trompé à son sujet. J’en suis fort étonné. « Excuses, je pensais que t’allais bientôt vomir tes tripes sur le comptoir. J’t’ai vu bailler, chanter comme un ivrogne et ouais, les signes m’ont trompé. » J’me suis peut-être un peu emballé à son sujet, en même temps, quand t’arrives devant un mec qui chante faux, qui pue l’alcool, verre à la main et qui semble dormir, y’a de quoi s’imaginer des trucs. « Tu crois ça. » Ouais, j’suis pas vraiment d’accord sur le fait que dans un bar y’a pas trente-six choses à faire. Moi je suis plutôt du genre à penser le contraire et j’vais le lui prouver. Je me dirige vers le jukebox, change deux-trois fois la musique afin de tomber sur une chanson un minimum rythmée puis je repars derrière le bar, m’empare de sa bouteille, d’un verre en inox et commence la démo. J’fais particulièrement attention à pas faire tomber sa bouteille et a pas tenté le diable vu que je sais qu’elle est à moitié pleine. Puis vient un peu plus tard la conversation sur son chat. Il est pas mort ? Non, visiblement. « J’suis pas violent. Et encore moins avec les boules de poils. » Je lui dis ça sur un ton froid et limite agressif. Pour changer. En même temps, ça m’agace qu’on pense que, sous prétexte que j’ai un fort caractère, j’sois méchant et aux yeux de certains un monstre. « Tu devrais plutôt de méfier d’Ulysse. Il a failli l’assommer à coup de parasol une fois. » Heureusement que je suis arrivé à temps, qui sait comment ça se serait terminé.

Je crois que dans un sens Silas n'aurait pas à me supporter longtemps, je m'emmerdais déjà comme un rat en ayant de quoi boire pour m'occuper, alors maintenant que j'avais décidé que ce verre serait mon dernier je ne m'éterniserais sans doute pas dans le coin ... Il allait pouvoir laisser libre court à toute activité qui lui faisait envie dans le coin. Puisque de toute évidence il ne voulait pas d'un verre. « Proposer un verre à un barman, c’est drôle quand même. Mais non, merci. » Il était barman, tiens donc ? Ceci expliquait cela. Et par là je veux dire que je comprenais mieux l'air blasé qu'il m'avait aussitôt servi en me voyant, craignant sans doute d'avoir affaire à un ivrogne ... Mais non, qu'il se rassure, d'autant plus que même au bout de six semaines je n'oubliais pas le fait que j'avais une fille, dehors, qui regardait sans doute l'émission. Est-ce que j'avais envie qu'elle voit son père s'aviner pour le plaisir de la déprime alcoolisée ? Assurément non. « Excuses, je pensais que t’allais bientôt vomir tes tripes sur le comptoir. J’t’ai vu bailler, chanter comme un ivrogne et ouais, les signes m’ont trompé. » Ouais, ouais, j'avais compris le topo c'est bon. J'avais fini par hausser les épaules, pour lui signifier qu'il en fallait bien plus que ça pour me vexer ou je ne sais quoi ; Au lieu de ça j'avais porté mon verre à mes lèvres en le suivant des yeux, puis j'avais tout de même répondu « Je bois rarement, c'est mal vu dans les pays où je travaille. Alors un verre ou deux quand je suis en congés, y'a pas mort d'homme. » Enfin là c'était plutôt quatre ou cinq mais c'était pour le principe, hm. Surtout que je ne voyais pas trop ce qu'on pouvait faire dans un bar si ce n'était boire ou essuyer des verres ... Et j'avais assez donné en tant que garçon de café avec l'essuyage de verres, voyez-vous. « Tu crois ça. » que me fait en tout cas remarquer Silas d'un air visiblement déterminé, à me prouver que j'avais tort et à me démontrer le contraire de toute évidence. Il change la musique, bon, de toute façon il arrivait et j'allais partir alors si ça pouvait lui faire plaisir ... Et le voilà maintenant qui jonglait avec ma bouteille. Enfin la bouteille, c'était pas non plus comme si j'avais développé un attachement et tout ... « Impressionnant. » avais-je commenté tout en le regardant exécuter sa prestation. « Tu fais ça pour vivre donc, si je comprends bien ? » Ou alors c'était que son job de barman devait lui laisser beaucoup de temps libre et que son boss ne se préoccupait pas de la vaisselle et des boissons qui pourraient terminer en miettes par terre, parce que hey, avant de se débrouiller comme ça il avait du en casser de la vaisselle, à mon avis. Il m'avait finalement demandé si mon chat était mort, comme ça sans transition, l'espace d'un instant j'avais presque eu peur qu'il ne m'avoue que oui, maintenant il l'était. Moi qui pensait être tranquille maintenant que l'autre cinglée de Dior était partie. « J’suis pas violent. Et encore moins avec les boules de poils. » Ça va, relax, pas la peine de monter sur ses grands chevaux de cette façon ... De toute évidence il avait un peu de mal avec la notion de second degré. « Tu devrais plutôt de méfier d’Ulysse. Il a failli l’assommer à coup de parasol une fois. » Ulysse, oui, c'est vrai qu'entre l'animal et le blondinet ça n'avait pas excessivement bien commencé. Heureusement la production avait eu pitié et accepté de fournir à Ulysse de quoi l'empêcher d'éternuer jusqu'à la fin de son séjour ... Faut dire que ça n'aurait pas été marrant pour lui. « Je te faisais marcher. » J'avais cru bon de le préciser finalement, en même temps il me mettait chat et mort dans la même phrase, il m'avait un peu tendu la perche. « Et puis, elle et Ulysse se sont rabibochés depuis, c'était hm ... un malentendu. » Ouais on va dire ça comme ça, hein.