esteban

J’ai été enfermé toute la semaine. Je crois que j’ai à peine vu les rayons du soleil depuis les cinq derniers jours. C’est horrible de dire ça, pour un homme qui passe beaucoup plus de temps à l’extérieur qu’à l’intérieur dans la vraie vie. Ce n’est pas de ma faute en même temps si je me suis fait refiler une grippe monstre qui m’a clouée au lit. Reste qu’aujourd’hui je me sens mieux. En même temps, avec tous les médicaments que j’ai prit, j’espère bien que je me sens mieux. Le soleil frappe fort, mais ce n’est pas pour me déplaire. Ça fait tellement de bien. Je dépose mes lunettes de soleil sur le bout de mon nez, et marche en direction du jardin. Je ne sais pas trop ce que je vais y faire, mais ça ne me préoccupe pas vraiment. J’ai du temps à tuer, après tout. On a rien de mieux à faire ici. J’allume une clope et vient finalement me poser sur une des balançoires, de façon nonchalante. Les yeux qui fixent le vide, je laisse mon esprit s’activer, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Je ne sais pas trop ce qui me prend, mais voilà que je perds l’équilibre vers l’arrière et qu’en moins d’une seconde, je me retrouve le dos contre le sol, le mal se faisant ressentir dans chacun de mes os. « Criss… » Je murmure les dents serrées, incapable de bouger sur le coup. Un ombre vient me couvrir et j’ai à peine besoin de lever les yeux pour me rendre compte qu’un candidat est présent et qu’il a fort probablement assisté à la scène. Un certain blond en plus de ça. « T’as rien vu. C’est un tour de ton imagination qui t’a fait croire que comme un maladroit, j’ai perdu l’équilibre sur une balançoire pour enfant. » Mon visage se contorsionne face à la douleur que je ressens encore, alors que j’essaie tant bien que mal de me redresser. « Esteban… Je te vois déjà rire de ma gueule. Gardes toi une petite gêne. » Mais oui, qu’il m’évite les répliques qui se veulent supposément drôle mais qui servent franchement qu’à me ridiculiser.

Bizarrement, je n'ai pas encore trop faim pour le moment, pourtant je ne me suis pas levé si tard que ça. J'ai peut-être tout simplement trop mangé ce matin, du coup j'ai encore assez de choses dans le ventre pour me passer du second repas de la journée. De toute façon, je prendrais surement un bon goûté si j'ai un petit creux pendant l'après-midi. Mais du coup, comme je ne suis pas dans la cuisine en train de chercher quoi ingurgiter ce midi, je m'ennuie. Je marche tranquillement dans le nid, je n'ai pas besoin de me presser, je n'ai rien de particulier à faire, sinon je ne me ferais pas autant chier. J'arrive rapidement dans le jardin, je m'attarde quelques instants devant chaque fleur que je scrute scrupuleusement pour vérifier que tout va bien. On dirait pas que je suis tant attachée à la santé des plantes, mais c'est qu'elles me sont utiles. Les fleurs ça marche toujours avec les femmes, hm. Ou alors c'est que je me sens un peu coupable d'en avoir arraché une l'autre jour. Mais peu importe, puisque de toute façon je finis par continuer mon chemin. J'aperçois alors un candidat sur la balançoire. La semaine dernière j'avais sauvé la vie de Babou qui allait bien trop vite sur cet engin de malheur, et là c'est Benjamin que je crois reconnaître. Je m'avance vers lui quand ce dernier se casse la gueule par terre. Il se balançait même pas et il tombe comme ça. D'accord. Je vous dis pas comment je me marre intérieurement, je vais pas rire aux éclats devant lui, je suis sûr qu'il serait capable de me refaire le portrait rien que pour ça. Je me penche un peu vers lui alors qu'il me dit que ce n'est que le fruit de mon imagination, que jamais il n'aurait réussi à se gameler alors qu'il était sur cette balançoire d'enfant. « Hm, oui, bien sûr. » Que je dis d'un air presque sérieux. Non mais il a cru que j'étais con ou quoi ? J'ai très bien vu ce qu'il vient de se passer, mais bon, il doit avoir assez honte comme ça, et puis il a pas l'air d'aller super bien donc autant ne pas jouer au con pour ce coup-là. Je lui tends même une main pour l'aider à se relever alors qu'il me dit de me garder de toutes moqueries. « Moi ? Rire de toi ? Jamais de la vie. » Que je dis d'un ton catégorique. Je serais même presque outré qu'il puisse penser ça de moi. Ce n'est absolument pas mon genre de me moquer des gens, ça se saurait si c'était le cas, hm. Je suis tout à fait capable de contenir mes petites piques, de temps en temps.  « Et donc si tu n'as pas bêtement perdu l'équilibre sur une balançoire d'enfant, comme t'en ai arrivé là ? T'as fait un malaise ? » Bah ouais, j'aimerais bien savoir, c'est que je m'inquiète un peu, moi maintenant. Si ça se trouve c'est grave et il faut l'emmener à l'hôpital, on plaisante pas avec la santé. On dirait pas comme ça mais je me sens vraiment concerné par l'état de mes petits camarades, principalement parce que s'ils sont malades je préfère me tenir le plus loin possible d'eux, par pure précaution. Je n'ai pas envie d'être malade pendant l'émission, ce ne serait pas le bon moment, ça ne l'est jamais, mais particulièrement pas dans une télé-réalité où tous le monde peut nous voir dans le pire état qui soit .

Je me suis planté. Et pas qu’un peu. Si au moins, j’avais été seul sur place, cela aurait été ni vu, ni connu. Mais non. Il fallait qu’Esteban soit dans le coin et ne manque rien de ma petite maladresse. Je le vois bien qu’il va se payer ma gueule, c’est bien son genre. Alors je lui demande de faire comme s’il n’avait rien vu. Je saisi la main qu’il me tend, même si pour le coup, j’ai mal à l’orgueil. Sauf que je ne vais pas rester couché sur le sol toute la journée. « Moi ? Rire de toi ? Jamais de la vie. » C’est qu’il est presque crédible pour le coup. « Je te croirais presque… Mais non, j’ai beau essayé, non. » Je répond, de mauvaise humeur, essayant la terre qui s’est retrouvé sur mes jeans en quelques coups de main. « Et donc si tu n'as pas bêtement perdu l'équilibre sur une balançoire d'enfant, comme t'en ai arrivé là ? T'as fait un malaise ? » Je lui offre un jolie sourire forcé d’abord comme première réponse. « Ouais j’ai des problèmes de cœur, tu ne savais pas ? Ah merde, c’est mon secret, je ne devais pas le dire… c’est vrai. » Je ne suis pas vraiment crédible pour le coup, moi non plus. « Sérieux je sais pas comment j’ai fait pour tomber… Une perte d’équilibre, je pensais aux jolies filles dans le nid et bang, j’en suis tombé à la renverse. » Ça arrive à tout le monde ce genre de chose. Et voilà que j’ai envie de pousser la confession, aussi fausse qu’elle soit, un peu plus loin. « En fait, je pensais à Jasmine… Elle est tellement canon. » J’ai cru comprendre qu’il y avait quelque chose entre les deux, alors je provoque un peu, juste pour voir comment il réagira.