jorah

J’ai fait la découverte du siècle. Non, en fait, ça me démontre peut-être seulement que je suis parfois un réel idiot, ou que j’ai de problème de vision comme s’amuse souvent ma partenaire à me le rappeler. Je m’explique. J’étais dans la salle de vidéo-surveillance lorsque j’ai aperçu quelqu’un faire du surf. Et moi, pendant tout ce temps, je me suis privé de faire mon sport favori parce que je ne pensais pas cela possible. Alors soit la production vient récemment d’ajouter des planches à la plage, soit je suis carrément con de ne jamais les avoir remarqué. Mais s’il y a une chose dont je suis certain maintenant, c’est ce à quoi je vais passer ma journée de demain. Et ce sera super tôt, histoire d’avoir accès aux meilleures vagues de la journée. Je met donc mon cadran aux petites heures du matins et bien que je suis un grand dormeur depuis que j’ai mis les pieds ici, je sais que demain je n’aurais aucunement de difficulté à sortir du lit. Je suis encore une fois tenté à réveiller Babou et l’entraîner avec moi jusqu’à la plage, mais elle a encore une fois l’air si paisible dans son sommeil que je n’ose pas la déranger. Ce sera pour une autre fois. Je m’extirpe du lit, enfile mon maillot de bain et prend la direction de la cuisine pour me prendre un petit déjeuner vite fait. Je suis sur le point de sortir à l’extérieur lorsque je croise quelqu’un de familier. « Jorah, je ne sais pas ce que tu fais debout à cette heure du matin, faut croire qu’on aime se croiser à des heures pas possible. Mais je sais ce que tu vas faire dans la prochaine heure. » je fixe le candidat, un sourire convainquant sur les lèvres, ne lui laissant même pas le temps de faire demi-tour, je le tire vers l’extérieur avec moi. « Toi et moi, c’est aujourd’hui que ça se passe. » j’ajoute en rigolant, prenant la direction de la plage avec le candidat. J’adore dire des phrases qui portent à confusion. « C’est ton jour de chance en fait. T’as un professeur de surf privé, juste pour toi. » Je ne suis pas un pro, je le répète, mais je suis assez bon pour avoir gagné ma vie de cette façon durant les dernières années, surtout lorsque j’habitais Bali.

Je n’aurais pas pensé tomber sur Jorah à cette heure-ci du matin. Faut dire que je ne suis pas vraiment au courant de qui se lève tôt puisque pour ma part, je ne suis souvent pas en dehors du lit avant dix heures. Peut-être que c’est dans les habitudes du jeune homme. « Ou que tu me suis, hein, c'est aussi à envisager » C’est si évident que ça, que je suis Jorah partout pour passer un maximum de temps en sa compagnie. Je me croyais discret en plus. Je lui fait un petit air gêné du genre : tu viens de trouver mon secret, petit coquin, et j’enchaîne avec une phrase légèrement douteuse qui m’amuse beaucoup. La réaction de Jorah aussi m’amuse. « Oh, euh, le prends pas mal mais t'entres pas particulièrement dans mes critères de séduction ... Allez, on reste copains ? » Passant maintenant à une petite moue sur les lèvres, je ne peux pas croire que je suis entrain de me faire dire non par le beau Jorah. Mon petit cœur se brise en mille morceaux. « Tu crois vraiment que j’aborde les filles en disant : Toi et moi, c’est aujourd’hui que ça se passe ? » Quoi que en y réfléchissant bien… « Ok, je l’ai peut-être déjà fait une fois, mais bon, je suis plus gentleman que ça habituellement, voyons… » Pas vraiment en fait. Tout dépend de la fille pour tout dire. Et il est vrai que le traditionnel : Alors on baise ? a souvent eu des résultats concluant. On élimine jamais une formule gagnante, après tout. Mais bref, ce n’est pas vraiment le sujet pour le moment. Aujourd’hui est un grand jour, celui où Jorah apprend à faire du surf. « Je suis chanceux, en effet ! Toi par contre, un peu moins, vu que t'as hérité du plus novice des novices de toute l'histoire de la novicité. Je viens certainement d'inventer un mot, mais tu m'as compris. » Mais qu’est-ce qu’il croit, que c’est la première fois que j’enseigne à quelqu’un qui n’a jamais monté sur une planche de sa vie ? « Tout ce que j’ai retenu de cette phrase, c’est que le mot novice est un de tes préférés. » je répond, en faisant l’innocent, allant chercher une planche de surf, continuant à prêter oreille à mon ami. « Je me vois donc forcé de te poser la question : es-tu sûr de vouloir passer les douze prochaines heures à m'expliquer comment tenir plus de trois secondes sur une planche ? » Je m’arrête de faire toute activité, fixant Jorah, me disant qu’il est vrai que je dois prendre du temps pour répondre à la question. « Hm… Je trouve que tu te surestimes un peu… Moi je dis que tu vas rester debout pas plus que deux secondes. » C’est évidemment une blague. Mais je ne vais pas le contredire sur le fait que ça prendra du temps. Ou pas, peut-être qu’il a un talent inné et qu’il ne le sait pas encore. « Allez, arrête de faire ta poule mouillée, et viens par ici. » Je dépose la planche sur le sable, mes deux mains sur les hanches. « On ira pas dans l’eau toute suite de toute façon, tu dois d’abord apprendre à te tenir sur une planche. » Mais il devait s’en douter de toute façon, c’est la base.

Je suis presque choqué à l’idée que Jorah me prenne pour un mec qui aborde les filles aussi directement que ça dans la vie. Sauf qu’en y réfléchissant bien, je suis bel et bien ce genre de mec. Oups. « Et moi qui allais dire "non, je suis sûr que c'est pas du tout ton genre, ça se voit que t'es un poète" ... Et ben, si je m'attendais à ça ! » Je pouffe de rire en entendant le mot poète, qui est tout à l’opposé de ce que je suis. C’est pas que je suis l’opposé de ça, mais oui en fait. Mais attention, je sais comment séduire une femme tout de même sans être un grand poète. « Je sais, c’est choquant… » j’ajoute, en rigolant légèrement. Cela ne m’empêche pas d’être un gentleman une fois de temps en temps. « Plus gentleman, plus gentleman ... Mouais hein, je suis pas convaincu du coup, tu m'excuseras. » En même temps, je le comprends de ne pas être convaincu, je ne le suis pas non plus. Heureusement que tout ceci est sous le ton de la plaisanterie. « J’étais pour te dire que je suis gentleman avec Babou, mais voilà, tu vas vraiment croire que je ne fais que parler d’elle, alors je ne dirai rien. » J’ai surtout fait exprès pour parler d’elle dans cette conversation, puisque cela m’amuse. Non, je ne fais pas que penser à Babou dans mes temps libre, gardez vos rumeurs pour vous, merci. De toute façon, on en vient au plus important lorsqu’on met enfin les pieds sur la plage. Jorah, le surf, moi comme prof. Il essaie de me convaincre de laisser tomber l’idée vu qu’il n’y connaît rien, mais ce qu’il ne comprend pas, c’est que j’ai franchement l’habitude de montrer à des personnes qui n’ont jamais vu de planche de surf de leur vie. « Très bien, tu l'auras voulu. Mais je t'interdis de me faire la gueule si on arrive à rien, moi je t'ai prévenu alors à partir de maintenant t'assumes. » Je soupire, bien qu’amusé de voir tout l’effort que met le candidat pour le mettre en garde. « J’assume de m’embarquer dans un long processus d’apprentissage. Mais ait un peu confiance en moi, avec moi comme prof, je suis certain que tu vas réussir. » Non, non, je me vante à peine de mes mérites. C’est bon, c’est juste pour le motiver un peu, vu qu’à ce niveau, ce n’est pas bien haut. Je regarde Jorah monter sur la planche et je ne peux m’empêcher de rire doucement. « Ok, bon, premièrement, tu ne vas pas apparaître comme par magie debout sur la planche. Il faut d’abord que t’apprennes à te lever. » Je dépose une main sur son épaule pour le faire descendre et se coucher sur le ventre. « Tu vas te donner un élan en poussant avec tes avant-bras, t’emmènes ton pied droit à l’avant et tu te lèves avec ton pied gauche. » Je lui explique, puis me dis que c’est toujours mieux lorsqu’on le montre concrètement. « Regarde moi faire. » Je me couche sur le sable et effectue exactement ce que je viens de lui expliquer. « C’est bon ? À toi, mon ptit Jorah ! »

« J'aurais préféré rester dans l'ignorance, tu vois, là je sais plus à quoi me fier » Pauvre Jorah, je viens de lui briser ses illusions. Benjamin le poète, ça n’arrivera franchement jamais. « Si tu veux, je peux faire un effort pour te dire des petits mots d’amour. Mais juste parce que c’est toi. » je réponds en plaisantant, pour continuer dans la même ligner de notre conversation du début. Moi tout ce que je veux, c’est de ne pas décevoir Jorah, vous comprendrez. C’est pour cette raison que je lui fais cette proposition. Et puis ça va, je sais me montrer gentleman… Avec Babou, par exemple. Sauf que je me rend compte que je suis souvent entrain de parler de ma partenaire en compagnie de Jorah. Faudrait peut-être que j’arrête, je sais pas. « Qui, moi ? Boh, je t'en prie, est-ce que je t'ai déjà fait un seul commentaire lourdingue au sujet de Babou, hein ? » Je plisse les yeux en direction du jeune homme, alors qu’il connaît déjà la réponse à son questionnement. « Bon hormis la semaine dernière, mais ça compte pas. » C’est ce qu’ils disent tous. Qu’on mette les choses aux claires, je n’ai jamais trouvé Jorah lourd avec ce genre de suppositions. En même temps, il est vrai qu’il ne m’a pas souvent fait de remarque non plus. Dans un sens, je sais que tout cela reste des plaisanteries. « Non, ça compte. » je dis, sévèrement, à l’opposé de ce que j’en pense. Pour ce qui est du surf, je suis certain qu’avec moi comme professeur, Jorah s’en sortira comme un champion. Bon, peut-être pas, mais il sera capable de se lever sur sa planche aujourd’hui, je serais prêt à gager. « N'en sois pas si sûr, l'élève Jorah est redoutable, sa mauvaise volonté est telle qu'on ne compte plus les dépressions qu'il a semé sur son passage. » C’est qu’il me ferait presque peur en me confiant une telle chose, pourtant, j’aborde toujours le même sourire confiant sur le visage. « Boh, je suis le candidat le plus torturé à ce qui paraît. Un peu plus ou un peu moins, je ne crois pas que ça fera une différence. » Je prend le tout à la blague, comme j’avais essayé de le faire sur le plateau du prime. En même temps, s’il fallait que je prenne une telle chose au sérieux, je ne serais pas en état de me remettre de bien des choses. Pour l’instant, j’explique à Jorah se qu’il doit faire sur la planche, puisque bon, il n’a pas comprit qu’on n’arrivait pas à être debout sur une planche par magie. Je lui fais même une démonstration de comment se lever sur une planche, lui disant que c’est maintenant son tour. « Bon, ça va, ça devrait être gérable. Je le sens bien là. » Je tape dans mes mains une fois et hoche la tête, histoire de l’encourager. « Mais oui, t’es capable. » Et au moment où je lui dis ça, c’est comme si je vois la scène au ralentie, Jorah qui vient se péter la gueule sur la planche. Outch. Le pire c’est qu’il était bien parti. « La vache ... Te marres pas, si ça se trouve je me suis pétée la mandibule ! » Le poing contre la bouche, je me retiens de ne pas pouffer de rire. Et j’échoue lamentablement, éclatant de rire devant le candidat. « Ok, désolé… Ça c’était beau à voir. » J’aurais du filmer. J’espère que les caméras n’ont rien ratées. « Tu veux que je t’amène à l’infirmerie ? » Y’a même pas d’infirmerie ici, maintenant que j’y pense. « Bon tu te réessaies, ou t’as trop mal et t’abandonnes ? » J’espère qu’il n’abandonnera pas aussi facilement, ce serait dommage.