Ces temps-ci, je me suis rendu un peu de moins de fois à la plage. C’est probablement dû au temps qui est souvent changeant. Il a pas mal plu ces deux dernières semaines et quand il pleut à Hawaï, il ne vaut mieux pas se trouver dehors. Ceci étant, il fait une très belle journée aujourd’hui et les risques d’averses me paraissent peu probables. J’ai donc enfilé mon short de bain, je me suis muni d’une serviette et d’un ballon puis je squatte à présent la plage quasi-déserte. J’ai décidé de m’isoler un peu de ceux qui sont là pour jouer tranquillement. Si je les dégomme tous avec la balle, ils vont me traiter de méchant encore donc vaut mieux éviter tout affront. Je fais quelques rebonds en me prenant pour Zidane puis je décide d’aller me baigner et de délaisser le ballon sur le sable. L’eau est à une température plus qu’élevée et j’y rentre sans problème. J’enchaîne sur quelques longueurs et je reviens à l’endroit initial pour m’asseoir là où j’ai pied. Je me confronte ainsi aux vagues en espérant tout de même ne pas avoir à boire la tasse à cause d’un grand tsunami. De là, j’aperçois une candidate s’installer sur le sable un peu plus loin. Je décide alors d’agiter ma main et de prendre un air paniqué. « Vite, vite, viens voir, y’a une tortue ! » Oui, bon, d’accord, c’est pas vrai mais en même temps ça aurait pu l’être. On est hawaï quoi. J’attends ainsi que la candidate arrive avec un sourire espiègle et une idée bien en tête.

Il n’y a tellement pas souvent de soleil à Berlin, et encore moins de plages, que Tifenn ne dit jamais non à son esprit lorsque ce dernier lui proposer d’aller faire bronzette sur le sable. Elle avait un petit peu de mal au début car se mettre en maillot de bain et passer plusieurs heures entières à moitié nu devant les caméras ne l’enchantait pas des masses, mais avec le temps et en prenant sur elle, la gamine ne peut presque plus se passer de ce petit bout de paradis. C’est donc presque naturellement qu’elle décide d’aller passer un moment au soleil sur le sable chaud. Par contre il ne faut abuser des bonnes choses et il est strictement hors de question que la belle se balade en bikini de la maison jusqu’à son lieu de destination, alors elle enfile, par-dessus sa tenue de plage, un petit short en jean ainsi qu’un débardeur. Elle chausse ses lunettes de soleil et porte son panier en osier sur l’épaule avant de s’en aller tranquillement dans la foret pour enfin rejoindre la plage. Elle n’est pas toute seule. Un ballon de foot traîne dans un coin juste à côté d’une serviette et d’un bout de chiffon qui ressemble à un tee shirt. Tifenn s’arrête et observe autour d’elle. C’est sans mal qu’elle reconnait Silas au large en train de jouer les champions de natation dans l’océan. Un petit sourire accroché sur les lèvres, la brunette vient poser ses fesses non loin des affaires du jeune homme et l’observe un instant. Lui non plus ne tarde pas à la remarquer. « Vite, vite, viens voir, y’a une tortue ! » Une tortue ? Tifenn n’a jamais eu l’occasion de voir une tortue de près et comme elle est curieuse elle s’empresse de rejoindre son camarade pour voir ça de plus près. Abandonnant ses affaires sur le sable, l’allemande entre sans mal dans l’eau dont la température élevé est un régal. Elle fait quelques pas et le rejoint. Ses pupilles azures regardent autour du jeune homme. « Où c’est que t’as vu une tortue ? » qu’elle demande avec un air enfantin sur son joli petit minois. Parce que en fait elle ne voit strictement rien pour le moment, mais c’est peut-être parce que la bête s’est caché lorsque Silas a hurlé. « Tu crois qu’elle est carnivore ? » Oui c’est stupide comme question, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer. Elle peut avoir chopé la rage ou un truc dans l’genre la tortue.

Après avoir effectué quelques longueurs, je me pose au bord de l’eau histoire de reprendre mon souffle tranquillement. C’est là que j’aperçois Bagheera qui arrive à la plage et qui se pose non loin de mes affaires. Je lève mon bras aussitôt et l’attire avec une histoire de tortue. Bien évidemment, c’est une technique pour l’attraper dans mes filets et ça a plutôt l’effet escompté puisque la jeune femme semble interloquée. « Oh bah ça alors, elle a dû disparaître, c’est bizarre. » Je fais mine de la chercher de partout, en m’accroupillant, en enlevant du sable avec mes pieds, etc... Un très bon comédien en somme. Je m’étonne vraiment d’ailleurs car d’habitude, je sais pas trop mentir. Et Tifenn se rapproche évidemment pour chercher l’animal à mes côtés. Manquerait plus qu’on tombe vraiment sur une tortue, ça serait drôle tiens et j’aurai l’air bête pour le coup. Elle me demande alors si je pense que l’animal est carnivore. Je vois bien qu’elle est intriguée par tout ça et qu’elle a baissé sa garde. Du coup, j’en profite pour lui sauter dessus et la faire couler à mes côtés. J’vois bien qu’elle ne s’y attendait pas et c’est ça qui est génial. Pour le coup, j’ai bien réussi mon coup. Bagheera est trempée et elle semble rechigner. « En fait c’était moi la tortue et oui, je suis carnivore. » Autant tout lui avouer maintenant. Histoire qu’elle continue pas ses recherches pour rien. Voyez comme je suis sympa, je lui fais gagner du temps. « Et moi j’ai affaire à quoi ? Une anguille ? Une baleine ? » Oui, bon, je me rends compte que l’un comme l’autre c’est pas très flatteur.

« Oh bah ça alors, elle a dû disparaître, c’est bizarre. » Bizarre ? Pas tant que ça. La belle comprend la supercherie lorsqu’elle se retrouve les quatre fers en l’air dans l’eau. Elle râle un petit peu, mais ne peut pas s’empêcher de rigoler en même temps. Mine de rien, c’est toujours amusant ce genre de situation. Heureusement que l’eau a une température idéale sinon elle serait un peu moins contente la gamine. Silas ne tarde pas à répondre à ses questions précédentes tout en gardant encore un petit peu son corps de crevette sous l’eau. « En fait c’était moi la tortue et oui, je suis carnivore. » Ce n’est pas très rassurant tout ça. C’est même carrément flippant. Un sourire amusé vient prendre place sur le visage de la jeune femme. « T’es peut-être une tortue carnivore, mais j’suis certaine que tu ne peux pas me manger. » Elle est peut-être un petit peu trop sûre d’elle d’ailleurs la nana. Son visage se transforme en un rien de temps et elle lui balance son plus beau minois de petite fille. « J’suis trop adorable pour finir dans ton estomac. » Trop adorable pour qu’on puisse lui faire du mal tout simplement. « Et moi j’ai affaire à quoi ? Une anguille ? Une baleine ? » Tifenn fait semblant de réfléchir un court instant puis, à force de gigoter dans tous les sens, réussit à libérer ses mains pour venir attraper les épaules de son camarade, et avec une force qu’elle ne se connaissait pas jusqu’à présent, et très certainement aussi grâce à l’eau qui a fait perdre l’équilibre au garçon, voilà qu’elle arrive à renverser la situation et à lui rendre la monnaie de sa pièce. « Ni l’un ni l’autre. » Sourire espiègle sur les lèvres, elle passe une main dans ses longs cheveux bruns et vient s’asseoir dans l’eau, les fesses dans le sable. « Juste un puissant tsunami que tout le monde redoute. » Ou pas. Ses pupilles se perdent un instant sur l’horizon puis viennent se poser sur Silas. Elle l’observe quelques secondes. « Je … te pensais pas comme ça au début. » Pour tout dire, elle ne l’aimait pas du tout en début d’aventure. Elle était certaine qu’il voulait jouer un rôle et passer pour le mec inaccessible et macho. En fait, pas tant que ça. Ou alors, elle est juste naive la p’tite. La belle ponctue sa confidence par un énième sourire.

Je me dévoile donc après avoir entraîné Bagheera dans l’eau. Et hop, une panthère mouillée. La situation semble plus l’amuser qu’autre chose. Bon, c’est pas comme si l’eau était froide ou que j’avais l’intention de la tuer. Rien de bien méchant en somme. « Je suis carnivore, pas cannibale. » Ce qui signifie que je mange de la viande mais pas de la viande d’humain, n’importe quoi. C’est ignoble de manger de la chair humaine. Non, vraiment, j’aime juste la volaille, le bœuf, le cochon et l’agneau. C’est déjà pas mal. Après, j’ai pas vraiment goûté les trucs exotiques du genre autruche ou kangourou mais dis comme ça, ça me donne pas vraiment envie. D’ailleurs, y’a pas des tribus aborigènes qui mangent des tortues ? Berk. « En plus t’as pas de graisse. » Je tapote aussitôt les bras frêles de la jeune femme qui m’attaque par surprise en me coulant quelques secondes. Bon, c’est qu’elle a quand même un peu de muscle. Je l’ai peut-être sous-estimée. En attendant, celle-ci prend retraite et part s’asseoir sur le sable. Je la suis en écoutant ce qu’elle s’estime être. Un tsunami, tiens donc. Je rigole alors, un brin moqueur. « Un jour, tu feras des ravages. » C’est pas pour être méchant mais ce jour n’est pas encore arrivé. Ceci étant, la candidate a tout le potentiel pour et je sais qu’elle va évoluée et devenir ce tsunami que tout le monde redoute. J’en ai l’intime conviction. « Comme quoi ? J’ai pas changé. » J’arque un sourcil, plisse les yeux avant de concentrer mon regard sur l’horizon. Peut-être que si en fait, j’ai changé. J’sais pas trop à vrai dire. « Tu comptes le revoir ton copain à ta sortie ? » Joakim ? Joan ? Un truc comme ça. Le candidat m’a pas particulièrement marqué. Je me souviens même pas de sa tête. Tout ce que je sais, c’est que Tifenn en était très proche.

« Je suis carnivore, pas cannibale. » Oui bon ça va, si monsieur se met à jouer sur les mots maintenant ils ne sont pas prêt de sortir de l’auberge. En tout cas il arrive à mettre la demoiselle mal à l’aise et elle devient aussi rouge qu’une tomate. Finalement, elle se trompe peut-être. Il n’est pas toujours gentil. Bien qu’il reste tout de même bien plus sympathique qu’au début de l’aventure. « En plus t’as pas de graisse. » qu’il dit en venant tapoter l’un des bras de la demoiselle qui vient presque aussitôt attraper un peu de son ventre entre deux de ses doigts. « Tu rigoles, j’suis aussi grosse qu’une baleine, regardes. » Elle en rajoute bien évidemment, mais ce n’est pas non plus comme s’il disait vrai en disant que la belle n’a absolument pas de graisse sur elle. La brunette profite d’un moment d’inattention de la part de Silas pour se jeter sur lui et lui faire boire la tasse quelques secondes. Elle trouve ça drôle. D’autant plus que c’est bien la toute première fois qu’elle a le dessus sur lui. C’est rare qu’elle ait le dessus sur un garçon. Surtout un garçon comme Silas. Elle s’en va ensuite rejoindre le sable pour s’y installer. Son camarade la rejoint. « Un jour, tu feras des ravages. » Parce qu’en plus il doute du potentiel de la gamine. Elle tourne la tête et le toise d’un regard faussement aguicheur. « Mais c’est déjà l’cas mon lapin. » Ou pas. En fait, elle ne fait rien bouger du tout pour l’moment, mais ça peut être drôle de lui faire croire le contraire. Enfin, si seulement il y croit bien entendu. Elle lui fait alors une confidence. Elle l’aime bien. Plus qu’au début. « Comme quoi ? J’ai pas changé. » Si, mais il ne s’en rend pas compte. On a tous changé. « Si. Tu n’es pas pareil qu’au début. Tu es plus … doux et sympathique. » Il n’est surtout pas en train de la blâmer parce qu’elle a eu l’occasion de le voir à moitié nu et ça c’est bien. C’est alors qu’il vient poser une question tout à fait inattendue. « Tu comptes le revoir ton copain à ta sortie ? » Joanès. « Ce n’est pas mon copain. » C’est bien plus que ça. Elle parle à voix basse et plutôt timidement. « Et je n’sais pas encore. Tout va dépendre de s’il m’a oublié ou non. » Elle hausse les épaules et pose ses pupilles sur l’horizon. « Pourquoi ? » Une autre question lui brûle les lèvres, mais elle n’ose pas la poser. Pourtant, elle en meurt d’envie. Finalement, après quelques secondes de silence, elle se lance. « Je … peux savoir pourquoi tu … m’a embrassé lors de la dernière soirée ? » La pauvre devient à nouveau toute rouge. Ce n’est pas comme si elle avait souvent l’occasion de poser la question. Surtout à un garçon comme Silas. Elle baisse la tête et laisse ses doigts mouillés jouer avec le sable.