danica

J’ai fait un mauvais rêve. Rien de nouveau. Au moins, cette fois-ci, je n’ai pas réveillé Babou en état de panique. Je ne veux pas lui faire subir ce genre de choses à répétition. Délicatement, je sors du lit, recouvrant les épaules de ma partenaire pour ne pas qu’elle ait froid et me dirige à l’extérieur de la chambre en essayant de me faire le plus subtile possible. Je suis en simple boxer, mais à cette heure là, je ne pense pas croiser quelqu’un de toute façon. Et puis, qui n’a pas déjà vu un mec en boxer. Rien de bien impressionnant. Sauf que finalement je me suis trompé, quelqu’un est bien debout à cette heure-ci puisque lorsque je mets le pied dans la cuisine pour venir me chercher un verre d’eau je remarque toute suite une brune qui me fait dos. Danica. « T’avais pas besoin de te lever pour m’accompagner dans mon insomnie, tu sais. » C’est évident qu’elle est ici seulement pour moi, quoi. Malheureusement, je doute que ce soit le cas, vu notre dernière discussion et le fait que je pense avoir vexé la demoiselle à propos d’une histoire d’alcool. Ça n’avait jamais été mon intention, je l’aime bien moi Danica et je ne pensais pas que mon commentaire de l’autre jour l’aurait froissé. On a pas tous le même humour, ça je l’ai compris depuis plusieurs années. J’ouvre une armoire et mets la main sur une boite de biscuits. J’étais venu pour un verre d’eau, mais finalement je crois que j’ai un petit creux. Et puis, la nuit tout est permis. « Tu m’en veux encore pour l’autre fois ? » Je préfère le savoir. J’avais réglé mon malentendu avec Titi la semaine dernière, je crois qu’il était temps que je règle celui avec Dani. « Hey, au moins je t’ai dis à quel point tu es belle… Je peux même te le redire, si tu le désires » j’ajoute, un sourire prenant naissance aux coins de mes lèvres.

Je ne pensais pas croiser quelqu’un à deux heures du matin, mais bon, pourquoi pas. En plus, il s’agit de Danica, ce qui me dérange encore un peu moins. Je l’ai toujours apprécié, bien que nous nous connaissions peu. « Je sais, je sais, mais on m'a déjà dit la semaine dernière que je devrais être canonisée à ma mort pour tant de bonté, » Je souris face à cette remarque, m’installant au bout du comptoir, ma boîte de biscuits en main. « Autant de bonté te perdra, je te le jure. Regarde moi ! » Mais oui, comme si j’étais l’incarnation de la bonté incarné. N’importe quoi. Avant de continuer dans les conneries, je ressens le besoin de savoir si Danica m’en veut toujours pour ce que je lui ai dis il y a maintenant deux semaines. Je crois que ça va, mais je préfère m’en assurer. « Pas vraiment, dans d'autres circonstances je t'aurais juste ri au nez et levé le coude pour appuyer tes propos, j'avoue, » Ça a quelque chose de rassurant, bien que je me demande encore pourquoi elle l’a si mal prit sur le coup. « Bien. Je préfère m’excuser, tout de même. » C’est la moindre des choses. Et puis, je n’étais pas vraiment dans mon assiette ce soir là, mais ça n’excuse en rien l’insinuation que j’ai fait. Et si elle veut, je peux lui redire encore une fois à quel point elle est belle. « Oh, oui, redis-le encore, s'il-te-plaît. Je déconne, mais merci pour le compliment, tu perds pas le Nord, même à deux heures du mat', » C’est sur que comme ça, toute suite, avec plein de chocolat dans la bouche, elle est pas à son meilleur, mais elle reste très jolie. Je ris faiblement, ne voyant pas pourquoi je ne la complimenterais pas. « Moi je ne fais que dire la vérité. Il n’y a pas d’heure pour dire à une femme qu’elle est désirable. » j’annonce, en haussant les épaules, l’air de rien. « Insomnie ou sommeil léger ? » Je finis d’avaler le biscuit que je viens de me mettre dans la bouche avant de répondre. « Mauvais rêve… C’est fréquent, rien d’inquiétant. » Je ne m’en fais plus avec ça, bien que j’en ressors souvent bouleversé pour un petit moment. Ce soir, c’est moins pire. « Et toi ? » Elle doit bien avoir une raison d’être dans la cuisine à cette heure de la nuit.

Oui, je viens de dire à Danica qu’elle est désirable, ce qui semble presque la surprendre. Pourtant, je ne fais que dire la vérité. J’ai toujours été une personne très franche à ce sujet. « D'habitude les mecs qui me disent ça à cette heure-ci sont tous sévèrement imbibés, et moi aussi, d'ailleurs, » Elle est une habituée des bar, ça elle me l’avait déjà confié, je suis donc plus ou moins surpris de cette révélation. Pourtant, je sens le besoin de répondre. « Ils sont idiots s’ils ont besoin d’être saouls pour te le dire. Et je te rassure, je suis complètement sobre ce soir. » Ce n’est donc pas l’alcool qui me fait parler. Je la suis des yeux lorsqu’elle se lève pour nettoyer son assiette alors qu’elle m’indique qu’elle faisait de l’insomnie, ce que j’aurais facilement pu deviner. « j'ai essayé de regarder un film, mais ça a pas vraiment marché, et en plus, il était nul, » Je hoche la tête à mesure qu’elle parle, alors que je me dis que ce n’est pas la meilleure idée que de regarder un film. « Il paraît que la télévision nuit au sommeil, donc il ne faudrait pas la regarder lorsqu’on a des épisodes d’insomnie. Enfin, c’est ce que j’ai entendu dire. » Mais je ne l’ai jamais vraiment testé, vu que je ne regarde jamais la télévision, ce n’est donc pas un réflexe de le faire lorsque je n’arrive pas à dormir. « Du coup tu tombes bien, je me faisais chier, au moins maintenant on est deux pour discuter et passer le temps, » Toujours là pour se rendre utile. « raconte-moi quelque chose, n'importe quoi, genre, tu voyages ? » Les voyages. Ce qui semble capturer l’attention de plusieurs personnes ici. C’est vrai que l’inconnu fait rêver, je suis bien placé pour le savoir. « Oui, je voyage. En fait, c’est tout ce que j’ai fait, depuis les dix dernières années. Voyager, m’établir quelque part durant un certain temps, puis repartir. » Rien de bien excitant pour moi, mais je peux comprendre que ça semble fascinant pour d’autres. « Tu veux que je te parle de quel pays ? La Colombie, le Vénézuela, le Brésil ? Sinon, le Vietnam, l’Australie, l’Indonésie, la Chine… Vas-y, demande, la liste est encore longue. » je rajoute, en lui souriant, venant jouer distraitement avec une mèche de ses longs cheveux. Ouais, je suis le genre à se permettre un tel geste. J’espère que ça ne lui dérange pas.