"À l'origine? De la fecondation de l'ovule de ma mère, par le spermatozoïde de mon père, enfin je l'espère, de mon père, mais ce n'est peut-être pas assez précis, alors..." Elle sourit, avant de se reprendre. "Hm... de France. Toi?" Il est vrai que c'est étonnant de se trouver un point commun avec un sombre inconnu, surtout tel que lui. Avec ses allures d'adolescent attardé, qui finalement a beaucoup trop de repartie. Aure se doit bien de se l'avouer, elle qui aime discuter, elle est décontenancée de voir au moins un candidat de son envergure. Elle ne s'y attendait franchement pas. Comme elle s'y attendait, il la reprend à nouveau. "Si c'est la dernière fois, je te pardonne." Elle papillonne des yeux, un sourire satisfait sur le visage. Ca l'amuse plus qu'autre chose il faut bien le dire: un échange plutôt vivant comme celui-ci vaut et dépasse largement tout échange volant aussi haut qu'un champ de paquerrette. Il devrait être d'accord, lui qui en face, joute plutôt bien verbalement. La première pimbêche devrait couler avec lui. Elle, elle rit avec lui plutôt. "Oh non je ne préfère pas. Il existe une classe sociale entre riche et pauvre..." Elle est loin d'être riche, elle n'est pas pauvre non plus. Elle se que l'on dit "moyen", mais elle n'est moyenne qu'au niveau financier. Une évidence. "Et presque un compliment, ça ne compte pas... Tu es beau, mais quand même pas trop, faut pas rêver... C'est ça un "presque compliment"" Qu'elle ajoute avec un sourire amusé, pleine d'esprit. On complimente quelqu'un ou on ne dit rien. Son explication n'est sérieusement pas valable. En tout cas pas pour la femme qu'est Aure. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il pourrait voir sur elle, mis à part le fait qu'elle semblerait riche, mais que seul dans ses rêve elle l'est. S'il peut lui dire quoique ce soit sur ce qu'elle pourrait être d'autre, elle peut très bien s'arranger pour prendre cinq minutes. "Et bien je te les laisse. J'avoue bien aimer savoir ce que l'on pense de moi... En bien... En mal... En très mal..." Qu'elle avoue, toujours ce sourire en coin. Elle ne se vexe pas, elle a conscience de ce qu'elle est. Elle est franche et elle aime la franchise. Elle se tait alors, défiant simplement de son regard bleu perçant le jeune homme en face, trop peureux pour venir s'asseoir à côté d'elle. "Et est-ce que tu es déjà passé devant le jury?" Demande-t-elle soudainement. C'est un peu pour ça qu'ils sont ici, non?

Ghika sourit, c'est une marrante celle-là. Il passera sur le détail que le spermatozoïde était forcément celui de son père -qu'elle considère ou non cette personne comme son père parce que c'est celui qui l'a élevée ou pas- car sans père pas de fécondation sur le plan purement biologique. Mais il comprend la blague et attend la réponse. C'est peut-être la cinquième personne d'origine française qu'il croise aujourd'hui, ce qu'il trouve assez perturbant. Pas qu'il ait quoi que ce soit contre les Français, c'est simplement qu'il ne s'attendait pas à les voir aussi fortement représenté dans un jeu largement anglo-saxon. Quand elle lui retourne la question Ghika lâche, mollement, un « Etats-Unis. » qui n'appelle pas à un plus ample questionnement sur ses racines, il n'est pas là pour parler de sa famille et même s'il lui est venu de le partager avec d'autres candidats ce n'était que sommairement, sans rentrer dans les détails.

Entre personnes à la langue bien pendue il existait souvent un terrain d'entente instantané, une espère de capacité à trouver des running-gags et autres comiques de répétition, tel qu'elle le démontrait avec cette réflexion sur le fait de se faire reprendre. « Je ne peux rien te promettre, évite de me donner matière à correction et ce sera la dernière. » plaisante-t-il d'un ton de professeur. Cette fois-ci c'est elle qui vient à le reprendre, qui le corrige sur sa perception de sa personne et de sa classe sociale. Donc, elle n'est pas aussi riche qu'il le soupçonnait, voilà qu'il devient perplexe, la société dans laquelle ils évoluent est franchement barbare avec les gens ne faisant pas partie des extrêmes. « Je pense que cette classe sociale est en train de mourir, m'enfin je vois ce que tu veux dire. » Son raisonnement capillotracté ne le convainc pas du tout, parce qu'il est caricatural d'abord mais aussi parce qu'il nie tout bonnement la notion d'intention et d'interprétation. Mais il faut reconnaître qu'il ne sait pas trop quoi répondre à cette affirmation. « Je trouve ça plutôt insultat ton « presque compliment » en fait... » Pas qu'il se soit senti visé, et encore que ce serait plutôt vrai, il était beau mais pas trop.

Quand elle lui demande s'il est déjà passé il hésite à être honnête ou à mentir pour essayer de la cerner un peu plus. Les choix sont simples, elle est passée et lui aussi et ils peuvent estimer ensemble leurs chances, aucun d'eux n'est passé et ils ne peuvent rien tirer l'un de l'autre, ou l'un d'eux seulement est passé et l'autre peut tenter de tirer parti de son expérience. « Je suis passé il y a un peu moins d'une heure. Et toi ? » répond Ghika en la jaugeant du regard. La question en suspens demeure : va-t-elle dévoiler son jeu ou non ?