Paloma est sereine cette semaine et ça change. Elle dit pas que Percy lui manque pas ici, elle dit pas que son coeur est soudainement libéré des barbelés qui l'enserrent, elle dit pas que tout va bien. Mais ça va mieux. Elle est comme ça, Paloma. Y'a des jours où elle pourrait gravir le mont Everest et d'autres où sortir de ses draps lui semble insurmontable mais cette semaine gravir une montagne n'a pas l'air d'être une montagne justement et ça fait juste beaucoup de bien. Elle se sent plus légère au fur et à mesure que les semaines passent et que la fin du jeu approche. L'épreuve du feu des nominations est passée et si Paloma sait qu'elle les vivra de nouveau dès le lendemain, elle le vit plutôt bien. Dans sa glorieuse bonne humeur, elle a envie de poster sur twitter pour le dépoussiérer. La technologie, elle a rien contre et pourtant ça fait bien un mois et demi que son blog se meure à tout petit feu au même rythme que son iPad - introuvable. Elle a longtemps cru que quelqu'un lui avait chipé sans faire attention mais plus les semaines défilent et moins cette théorie fumeuse n'a de sens. Alors elle essaye une autre théorie qui veut que l'objet qu'on cherche est exactement où il devrait être. Pour elle c'est dans la salle de contrôle. Les cheveux encore humides de chlore et la peau chaude gorgée de soleil, Paloma abandonne la piscine où elle lisait sur un matelas gonflable pour chercher son précieux iPad et essayer de se reconnecter avec l'internet mondial. La belle foule le sol jusqu'à destination et avise une salle plongée dans la pénombre. Bien, c'est vide. Y'a pas à dire depuis qu'ils sont en effectif bien réduit les aventures croustillantes sont loin et les voyeurs... aussi. Machinalement Paloma enclenche l'interrupteur et manque sursauter en repérant une silhouette recroquevillée, prostrée dans un coin. C'est Mallaury et la vision lui arrache un tressautement douloureux. Elle oublie son iPad, sa lecture, la piscine à température idéale et avale en un clin d'oeil la distance qui la sépare de son camarade. Elle a vu qu'il était pas serein sur le prime, qu'il s'isolait et parlait peu. Elle a tenté de lui parler, de le réconforter à travers la première mission mais l'échec fut retentissant. Qu'importe cette fois elle le laissera pas tranquille même si c'est ce qu'il souhaite. Mallaury précise qu'il couve une petite déprime et elle s'agenouille à ses côtés pour l'entourer de ses bras filaires, tout frêles, sans lui laisser le choix ou l'initiative de refuser. Paloma le presse contre elle de toutes ses maigres forces et laisse une bercer tendrement son dos. Elle reste comme ça longtemps, en silence, et puis finalement son minois de poupée décolle de son cou pour avoir le loisir de détailler ses traits. Mallaury est comme elle ; quand ça va pas, ça se lit partout sur son visage et là il a l'air d'un chien battu. Ca flingue un peu sa bonne humeur et elle décide d'essayer d'apaiser sa peine, du mieux qu'elle le peut. Paloma, elle aimerait l'absorber, purement et simplement. La bouffer à sa place, sauf que c'est pas possible. Alors elle s'assoit en tailleur à ses côtés, contre le mur, son bras frôlant le sien. Elle le regarde pas et fixe plutôt le mur d'en face parce que c'est parfois plus facile de se livrer quand y'a pas une paire d'yeux pour regarder fixement. Même s'ils sont bien intentionnés. « Qu'est-ce qui va pas ? » qu'elle demande tout en caressant distraitement son avant-bras dans un geste fugace qui s'veut réconfortant. « C'est à cause de ton mauvais pressentiment c'est ça ? Comment on peut l'estomper Mallaury ? » Elle dit on parce qu'elle va l'aider, elle veut l'aider et elle croit savoir que lui, il acceptera son aide sans la ressentir comme une intrusion. Paloma elle désire rien de plus qu'il aille mieux, Mallaury. Mais elle peut pas accomplir des miracles et il pourra jamais aller mieux s'il met pas des mots sur ce qui lui fait mal. Elle est bien placée pour le savoir.