“ words as weapons ”

w/paloma.

Si le rez-de-chaussée n'était pas inintéressant, Percy n'y trouvait pour l'instant pas grand chose à faire. C'est qu'il y avait toujours du monde là où il aspirait à s'isoler un petit peu, parce que oui, le meilleur moyen de s'habituer à cet environnement pour le moins différent de ce qu'il connaissait, c'était de prendre ses marques, mais sans avoir quelqu'un pour lui faire regretter de dompter son manque de patience. Il y avait toutefois un endroit où, d'après lui, il ne risquait pas d'y avoir foule, tout bonnement parce qu'il ne s'agissait pas du coin le plus attrayant du nid. La cave, qui était accessible depuis le salon, ne rencontrait pas un succès fulgurant pour le moment, très certainement parce qu'à choisir de découvrir le nid d'une certaine façon, la plupart de ses camarades préféraient le faire en profitant du charme du jardin, ou de l'originalité du musée. Une cave plongée dans le noir, assurément pas des plus propres, ça faisait déjà moins rêver. Mais lui, ça le tentait bien. Parce qu'il savait que c'était en quelques sortes le prix à payer pour ne pas avoir continuellement quelqu'un dans les pattes. Seulement voilà, au moment d'approcher de la porte, il put noter qu'une brune se tenait face à celle-ci, manifestement entrain de lire avec attention le panneau qui y était disposé. Approchant furtivement, il se plaça dans son dos pour lire partiellement ce qui s'y trouvait écrit, et fut presque amusé de constater que Cupidon les prenait vraiment pour des buses s'il s'imaginait que quiconque ici croirait à des conneries pareilles. Quoi qu'à bien y réfléchir, il pensait bien à un ou deux gus susceptibles de le prendre au mot. Quoi qu'il en soit, c'est à ce moment-là qu'il réalisa que la brune qu'il pensait lui être inconnue était en réalité celle qui avait cherché à débattre du coté plus ou moins sélect de Santorin, durant les castings. Oui, il n'avait rien oublié de l'intervention de cette chieuse, on pouvait même dire qu'il la gardait bien en tête. Mais ce qu'il voyait à cet instant, c'était qu'elle demeurait face à cette porte sans chercher à l'ouvrir, quand lui n'aurait même pas pris la peine de lire ces improbables implications. « Qui eut cru que tu sois aussi audacieuse dans certains cas, et si peu dans d'autres. » Une façon comme une autre de sous-entendre qu'elle n'avait eu aucun mal à lui rentrer dedans l'autre jour, mais qu'elle semblait ici plus réticente à se lancer. Pourtant il la sentait intrépide dans l'âme, alors qu'un peu plus tôt il aurait plutôt affirmé qu'elle se donnait un genre.

La plupart des candidats s'ébattent gaiement partout. Ils courent comme s'ils avaient la mort aux trousses, se gavent de découvertes à s'en exploser le bide et Paloma pense pouvoir affirmer qu'ils profitent de rien. Elle, elle fait l'inverse. Elle prend son temps, elle effeuille le nid lentement comme elle découvre un corps pour la première fois avant l'amour et elle décèle ainsi les moindres détails. C'est pas vraiment qu'elle soit réfléchie (ok, sans doute l'est elle un peu) c'est plutôt qu'elle a besoin de tout observer, de voir jusqu'aux moindres détails, d'être certaine de pas louper une miette qui pourrait avoir une importance capitale. Selon elle, prendre son temps est la meilleure manière de repousser la lassitude alors elle l'applique à la lettre sachant que ce sentiment finira par la frapper comme un uppercut à un moment ou à un autre dans le jeu ; c'est inévitable. Mais elle n'en est pas là, Paloma. Y'a la découverte des lieux et celles des autres, les candidats qu'elle se lasse pas d'étudier à la dérobée, de fixer sans détour et d'étonner parfois avec des questions un peu décalées, intrusives, qui n'ont pas vraiment lieu d'être. Mais elle se formalise pas de ce genre de choses, elle a une vision de la vie particulière, plus fragile et poétique qu'elle l'est en réalité qui lui permet de flotter au-dessus des convenances. Mais ce genre de caractère, ça s'accorde assez mal avec l'impulsivité. Aussi, lorsqu'elle se tient devant la porte close de la cave, Paloma suspend son geste entre le long de ses courbes et la poignée un peu rouillée. Le texte la fait sourire. C'est particulièrement débile, juste bon à effrayer les plus superstitieux d'entre eux. Elle n'a pas peur du noir, sa cécité à elle, elle était blanche, aveuglante, alors à côté de ça l'obscurité fait office d'un repos bien mérité qu'elle aurait aimé avoir parfois. Paloma va ouvrir la porte et s'y glisser, seule, quand elle sent une présence dans son dos. Elle ne la sent pas longtemps parce que déjà, elle se manifeste. Percy. Son entrée en la matière a le don de l'amuser et elle se retourne pour laisser couler ses prunelles sur son visage d'enfant qui tranche tant avec ses manières de mec sûr de lui. Sans cesser de le fixer, elle rétorque avec une indolence qui trompe pas, le genre à glisser entre les doigts comme de l'eau. « C'était pas de l'audace mais du bon sens » Une esquisse taquine mais pas mauvaise, en coin, vient se peindre sur son minois de poupée avant qu'elle ne reprenne sobrement. « L'audace n'est pas nécessairement empressée. » note-t-elle sans le quitter des yeux. C'est pas une provocation, pas vraiment, c'est plutôt une volonté d'y lire quelque chose, autre chose. Comme pour mettre un terme à une polémique qui n'a pas lieu d'être, Paloma referme ses doigts sur la poignée et l'abaisse dans un bruit de métal rouillé qui tombe comme un couperet. Il fait nuit noire, elle ne distingue rien dans la pénombre si ce n'est une volée de marches et une surface qui a l'air bien plus imposante qu'elle le croyait. Une fois de plus, elle le toise et cette fois, y'a bien une lueur de défi qui ondoie au sein de ses iris noisettes. « Tu peux encore faire demi-tour... ça restera entre nous. » souffle-t-elle à son adresse. Ses pas, à elle, légers comme ceux d'une ballerine, s'engagent prudemment dans la descente.

Oui, c'est vrai, son intervention de l'autre jour avait quelques peu irrité Percy. Pas parce qu'il n'aimait pas qu'on lui donne tort, mais parce qu'il avait eu l'impression qu'elle avait cherché à marquer des points auprès du groupe en intervenant. Ainsi il n'était pas certain qu'elle soit la meilleure compagnie sur laquelle il ait pu tomber aujourd'hui, même si l'idée de prendre la température, de voir s'ils n'étaient vraiment faits que pour tenir des discours diamétralement opposés, lui plaisait assez. C'est pourquoi il s'était approché de Paloma et n'avait pas tardé à lâcher quelques mots équivoques faisant inévitablement référence à ce qui avait été leur premier échange. Dans le fond, il l'avait trouvé presque intrépide de s'opposer si catégoriquement à ce qu'il avait avancé, mais à la voir stagner devant cette porte close l'amenait à redouter qu'elle manque un peu de courage dans certaines situations. Quoi qu'en réalité, il était certain qu'elle se serait lancée s'il n'avait pas pris la parole, ainsi elle noterait sans mal qu'il était plus question d'une provocation qu'autre chose de sa part. La brune se tourna en tous les cas vers lui, l'occasion pour l'anglais de constater que ce minois qu'il n'avait jamais vu d'aussi près était d'une beauté saisissante. Des yeux de biche, des lèvres pulpeuses et de jolies pommettes. De quoi lui faire d'emblée préférer ce second échange à celui de l'autre jour. Elle articula alors quelques mots qui eurent le mérite de lui faire esquisser un sourire, des mots auxquels il s'abstiendrait de répliquer étant donné que Santorin n'avait pas besoin qu'on lui trop de pub non plus. Et puis la suite l'intrigua davantage, tandis qu'il l'observa bientôt ouvrir la porte, qui donnait alors sur un espace complètement plongé dans l'obscurité, où presque rien n'était d'ici perceptible. Son regard croisant le sien, il y lut quelque chose qu'il ne connaissait que trop bien, et qui lui plut instantanément, tandis que bientôt un ricanement lui échappa. « Et te laisser descendre seule, pour que ton père me casse la gueule à la sortie si tu y restes ? Tu n'y penses pas. » Ouais enfin, ce qu'il aurait du dire, c'est que jamais de la vie il ne laisserait une fille sans défense s'aventurer dans cette cave qui grouillait très certainement d'esprits malins et de pièges en tous genres. Bon, c'est vrai, il ne prenait absolument pas au sérieux les conneries inscrites sur le panneau de la porte et s'attendait plus précisément à faire le tour de la cave en deux minutes montre en main, mais autant faire comme s'il croyait véritablement pouvoir croiser le diable en personne après quelques marches, hein, ça coûtait rien. Ainsi descendirent-ils, Percy à la suite de la brune. Bientôt, à perte de vue : un noir total qui le blasait presque déjà, parce que ouais, il n'avait rien contre les ambiances glauques, mais ils allaient vite se lasser des lieux si rien d'un tant soit peu croustillant ne se passait. A moins que le bruit qu'il entendit brusquement, et qui semblait provenir d'un coin un peu plus éloigné, ne soit pas anodin. De quoi le déconcentrer l'espace d'un instant et l'amener à lui rentrer dedans sans grand ménagement. « Hm, c'était pas voulu, cela dit je sais pas toi mais moi le concept me plait assez » lâcha-t-il à ce moment-là, sur un ton fripon, parce qu'en soi ni l'un ni l'autre ne risquait franchement de ressortir traumatisé de cette expérience, alors autant en profiter pour exploiter d'une manière un tant soit peu intéressante cette absence totale de lumière, qui ne risquait pas de trahir quoi que ce soit. Parce que quitte à ce que le père lui refasse le portrait, autant que ce soit pour une bonne raison.

« Je suis une grande fille » souffle Paloma, laissant volontiers la fin de sa phrase en suspens, à l'appréciation de Percy. Et puis son père, il s'est barré mais ça, elle préfère le taire. Faut le comprendre, sa cul-bénie conservatrice de mère ferait fuir n'importe qui. Bien sûr il s'est barré sans elle, une gosse quasi-aveugle qui tâtonne comme une gourde et peut rester trois jours entiers sans prononcer un mot, ça a tout d'un fardeau. Quant à son beau-père, il ploie tellement sous le poids de ses particules qu'il aurait bien du mal à casser la gueule à quiconque, Percy ne craint rien. Et elle non plus d'ailleurs. Paloma garde son intuition pour elle pour l'instant, mais elle est persuadée que la cave dissimule quelque chose et que la témérité des plus audacieux sera récompensée. Un indice, une rose, peu importe, elle y croit. Y'a forcément quelque chose qui se terre dans l'obscurité, dérobée aux yeux les moins avertis. Alors elle se promet de bien scruter les lieux plongés dans le noir quitte à revenir plus tard avec une bougie de fortune. Une jambe après l'autre, lentement, Paloma effleure les marches de la pointe des pieds et atterrit sur le sol en souplesse. Bon, elle ne voit pas grand chose pour pas dire rien mais sa bonne composition la pousse à imaginer que sa vision s'habituera à l'obscurité... Privée de la vue, elle est plus alerte sur les autres sens. Son corps gracile est tendu et elle sent très distinctement la présence de Percy derrière elle, jusqu'à son souffle chaud qui vient mourir sur sa nuque. Ca a quelque chose de déstabilisant, un peu, avancer à tâtons avec un total inconnu derrière soi, dans le noir complet. Mais c'est qu'un jeu, rien qu'un jeu et très vite on leur rappelle. Y'a un bruit qui retentit, plus loin à gauche et Paloma sursaute quand même de surprise avant de laisser échapper un léger rire un peu étranglé. « Tiens voilà qu'ils balancent les effets spéciaux » raille-t-elle d'un timbre caressant qui adoucit toujours ses dires, parfois même contre son gré. Paloma va ajouter quelque chose, autre chose, mais elle n'en a pas le temps parce que si elle s'est stoppée net en entendant les bruitages de la production, c'est pas le cas de Percy qui lui rendre dedans. Elle le sent tout contre elle l'espace d'un instant et elle sait pas si c'est la perte des repères, l'obscurité, ou l'atmosphère moite et un peu glauque de la pièce mais ça lui arrache un léger frisson. Un frisson de rien du tout, le genre qui naît pour mourir presque immédiatement mais quand même. Sa boutade (parce que ça en est une, pas vraie) lui arrache un sourire malin qu'il peut pas distinguer, même si sa proposition ressemble à du mauvais porno. Si elle en sait quelque chose ? Un peu, oui. « Ce serait dommage de se priver de la vue ; j'aime bien contempler ce que je touche... » qu'elle glisse l'air de rien dans un murmure. C'est une façon cordiale de décliner mais c'est aussi la vérité. La vue, avec le toucher, est l'un des sens les plus essentiels dans ce genre de situation. Laisser couler un regard appréciateur, pesant, sur le corps de l'autre et être témoin des conséquences de nos gestes sur sa peau... c'est grisant. Paloma poursuit son chemin, mais elle ne sait pas où mettre les pieds et la randonnée hasardeuse risque de rapidement égratigner sa patience pourtant tout à fait acceptable. « Tu fumes ? » qu'elle lance sobrement à Percy en se retournant dans sa direction. C'est pratique, ses cheveux clairs, ça tranche avec le noir corbeau de la pièce. S'il fume, il doit bien avoir un briquet. S'il a un briquet, il pourrait les éclairer juste une poignée de secondes, juste pour savoir où se diriger. « Je suis persuadée que cet endroit cache quelque chose. Y'a pas de logique à créer une pièce aussi inhospitalière si c'est pas pour forcer les candidats à se dépasser. » Et Paloma, elle va le trouver.

Si plus d'une fois le père d'une nana lui était tombé dessus à bras raccourcis, ça n'avait jamais été parce qu'il en avait abandonné une à son triste sort. Percy avait simplement toujours eu le don de se fourrer dans de sales histoires et n'avait globalement pas la figure du gendre idéal, celui à qui n'importe quel père aimerait marier sa fille. Les quelques mots qu'il reçut en tous les cas de Paloma ne tombèrent pas dans l'oreille d'un sourd. Mais plus sérieusement, tout semblait ici indiquer que Cupidon avait simplement voulu dissuader les plus froussards de s'aventurer dans la cave en inscrivant tout un tas de conneries sur le panneau à l'entrée. L'anglais était tout bonnement persuadé qu'il n'y aurait rien d'un tant soit peu intéressant à y observer, même si l'idée d'évoluer dans l'obscurité totale, qui plus est en assez charmante compagnie, avait tendance à le motiver. Ils descendirent alors les marches qui les conduisirent bientôt jusqu'à cet espace dépourvu de la moindre source de lumière. Et il dut bien avouer que le bruit qui leur parvint bientôt fut un tantinet perturbant, puisqu'il n'y avait aucun moyen de savoir ce qui en était la source. Ainsi, l'espace d'un instant, il perdit en concentration et heurta de plein fouet la brune. Ressentant le besoin de lui préciser que ça n'avait pas été intentionnel, il ne perdit pas le nord et lâcha une allusion qui lui ressemblait bien. Parce que l'obscurité avait un petit coté excitant, et il ne pouvait pas ne pas y penser alors qu'il se trouvait ici avec elle. Mais la remarque de Paloma freina ses hardeurs. Elle avait raison, toucher ce qu'on contemple est jouissif, néanmoins il fallait parfois trouver du plaisir ailleurs. « Il y a pourtant du bon à s'en remettre à son imagination. A jouer de l'inquiétude qu'engendre une perte de repères aussi perturbante qu'exaltante. » La vue n'était pas toujours le sens à privilégier selon lui. Des caresses dont on finit par oublier la source, des lèvres dont on découvre le parcours au moment de les sentir sur sa peau, c'était le genre de choses qu'il était plaisant de ressentir dans ce genre de situations. Ainsi passait-elle peut être à coté de sa chance de goûter à un plaisir inédit, mais cette cave ne disparaîtrait pas après qu'ils l'aient quitté, ainsi peut être s'y retrouveraient-ils à l'occasion. Paloma lui demanda alors s'il fumait. Sans mal, il comprit qu'elle cherchait à savoir s'il était en possession d'un briquet. « Ouais, attends » énonça-t-il tout en entreprenant de fouiller machinalement dans la poche où il foutait généralement ce qui ici leur serait effectivement d'une certaine utilité. Une fois en possession du briquet, il l'alluma et en fit sortir une maigre flamme. « Il est en fin de vie, mais ça devrait faire l'affaire. » Parce que lui, il n'avait pas prévu de camper là, au cas où ça n'était pas encore assez clair. « J'en conclus que tu fumes pas. » Ou qu'elle avait simplement laissé son briquet quelque part en haut. L'anglais l'avait toujours sur lui, même si là en l'occurrence il avait omis l'hypothèse qu'il puisse leur servir. Finalement Paloma énonça une théorie qui eut le mérite de l'amuser. Non parce que lui, vraiment, il était persuadé qu'il n'y avait rien dans cette cave. « Bien sûr, ou alors ils ont juste voulu faire des économies en 'omettant' d'éclairer la cave, hein, c'est peut être aussi con que ça. » Il aimait les choses rationnelles, les explications logiques. Pourquoi imaginer que tel mystère était à découvrir quand il pouvait tout simplement s'agir d'une histoire aussi bête ? Mais un bruit semblable à celui de tout à l'heure brisa le silence qui venait de s'installer. Un bruit faible mais inratable quand le moindre son était comme décuplé. Mouvant doucement le briquet, l'anglais tâcha d'apercevoir quelque chose. « Si cet endroit cache quelque chose, c'est peut être bien des rats. » Ils auraient un peu de compagnie que ça ne l'étonnerait pas, non. Et même si l'idée n'était pas particulièrement réjouissante, il devrait pouvoir gérer ça. C'était surtout Paloma, qui s'imaginait déjà venir à bout d'on ne sait trop quel mystère, que sa théorie risquait de contrarier.

« C'est vrai » réplique Paloma d'une voix un brin suggestive, songeuse. C'est vrai il a raison y'a quelque chose de séduisant aussi, là-dedans. Elle n'est pas comme lui, n'a pas besoin d'avoir sans cesse raison ou le dernier mot sauf si elle considère qu'il raconte des conneries plus grosses que lui et que les rectifier relève d'un devoir civique. Au moins. Le reste du temps, les conflits glissent sur Paloma sans l'atteindre et elle ne trouve pas grand plaisir à s'enliser dans les engueulades alors qu'à la place, elle pourrait apprendre à connaître la personne et réviser son jugement - ce qui est plus enrichissant. C'est pourquoi elle a aucun mal à lui donner raison quitte à le faire jubiler si elle estime que oui, Percy peut parfois raconter des choses qui valent la peine d'être entendues. Aussi c'est tout naturellement que Paloma se glisse dans la brèche et s'aventure dans une discussion qui n'aurait peut-être pas lieu d'être. Mais c'est une grande fille, elle lui a déjà dit, et il a l'air d'en être un aussi (adulte, pas fille) alors elle ne voit pas de mal à ça. L'ambiance se prête plutôt bien à ce genre de confession entre l'obscurité, la proximité et la moiteur de la pièce. « On t'a déjà bandé les yeux ? Ça t'oblige à te concentrer sur tes propres sensations » qu'elle lance sur un ton badin, mutin mais pas vraiment équivoque. Paloma ne cherche pas à l'allumer, ce sont des enfantillages tout ça et elle n'est pas ce genre de fille. Celle qui promet monts et merveilles pour le simple plaisir de voir un homme la désirer... avant de l'écarter. Elle lui pose seulement une question, une vraie question, pour comprendre un peu plus son point de vue. C'est d'ailleurs à ça qu'elle pensait en se rétractant sur sa position : les yeux bandés. Personne s'était jamais attaqué à ça avec elle malgré tout ce qu'elle a pu tenter parce qu'en réalité faudrait être un peu fou pour se priver de ses yeux. Paloma a les yeux en amande, le regard félin qui regarde par en-dessous et paraît toujours plus ou moins aguicheur même quand c'est loin d'être le cas alors forcément, c'est plutôt sympa à regarder. Mais son prof d'histoire de l'Art, lui, l'a fait. Une fois. Peut-être parce que l'admiration, presque la dévotion, qu'il lisait dans ses yeux d'étudiante le gênaient. Peut-être seulement pour elle. Pour qu'elle se réapproprie l'usage de son corps, qu'elle en fasse l'instrument de son propre plaisir et plus uniquement celui des autres. Peut-être pour remplacer le souci de la performance par celui de l'abandon, d'une réelle connexion sincère. Paloma le sait pas vraiment mais en tout cas ça a fonctionné et rien qu'en l'évoquant, son bas-ventre s'échauffe et se souvient. Du plaisir, oui, mais aussi de lui et du goût d'inachevé. Celui de leur relation qu'aurait pas du s'éteindre et du sentiment d'injustice qui lui cingle la peau. Paloma se concentre pour chasser le spleen qui risque de l'envahir, elle secoue la tête, soupire un bon coup et se repositionne. Elle est ici, dans une cave sombre, humide et très certainement sale, avec un blondinet à la tête de lutin et au mauvais caractère avéré. Et ils ont mieux à faire qu'à se regarder le nombril, voilà. Du coup, elle reprend la main et lui demande un briquet. La faible lueur chasse d'une pichenette ses souvenirs tour à tour fiévreux et tristes et Paloma scrute de son mieux. C'est pas évident, on n'y voit rien. « T'es perspicace quand tu veux » lâche-t-elle dans une esquisse mutine qui se lit aisément sur le timbre de sa voix. Non, elle fume pas. Elle a jamais fumé. Mais elle n'a eu d'histoires sérieuses qu'avec des fumeurs invétérés alors elle imagine que c'est le genre fumeuse passive, à apprécier les baisers qui sentent la clope et une odeur de tabac sur une peau d'homme. Ils avancent à tâtons, Paloma aimerait bien se tenir à quelque chose pour gagner en repère, mais n'ose rien toucher persuadé que tout est recouvert de poussière - au mieux. Elle se contente d'avancer et... de chasser le mauvais esprit de Percy qu'elle entend dans son dos. « Allons, sois pas si terre à terre, la production est blindée si c'est pas éclairé c'est qu'il y a une bonne raison. » lance-t-elle en y croyant. Un peu. C'est ça son problème, à Paloma. Elle voit le bien partout, espère toujours des trucs et en général, ses espoirs finissent au mieux écornés, froissés et au pire, pulvérisés sur un trottoir. Mais là elle n'attend rien d'exceptionnel. Juste un atout dans le jeu, c'est pas trop demandé n'est-ce pas ? « Me dis pas que t'as pas envie de tomber sur un indice ou une rose au détour d'un couloir... T'es joueur, ou pas ? » Elle le provoque gentiment, glissant sur lui un regard audacieux qu'il ne perçoit peut-être pas. La flamme du briquet s'interrompt, c'est sans doute Percy qui n'a pas envie de se crâmer les doigts mais elle leur a indiqué le chemin à suivre, celui des bruits : un long couloir qui s'enfonce jusqu'à... loin. Fallait le dire tout de suite si la cave avait des allures de souterrain, elle se serait équipée ! « Le grand Percy aurait-il peur des rongeurs ? C'est pas mon cas. » qu'elle ironise avant de se stopper net et de laisser échapper un cri de surprise. Paloma vient de buter contre un truc. « Attention à ta droite y'a un... truc un peu mou, j'sais pas ce que c'est mais je préfère pas savoir. » dit-elle en se décalant à gauche, contre lui.

[désolée c'est de plus en plus long c'est mon premier tr j'ai un peu de mal avec la longueur mais j'vais me soigner ]

Et dire que tout était parti du fait que Percy lui soit rentré dedans. A présent, il était question de confronter le point de vue de Paloma, qui disait aimer voir ce qu'elle touchait, à celui de Percy, pour qui l'obscurité était un bon moyen de stimuler l'imagination. On se croirait presque dans un débat télévisé censé aider des couples de longue date à retrouver la flamme de leurs débuts. Dans le fond, l'anglais serait très hypocrite de prétendre privilégier l'obscurité à chaque fois, mais de temps en temps, ne rien voir pouvait s'avérer très exaltant, tout comme on pouvait tirer du plaisir à voir notre partenaire réagir à l'aveugle à chacune de nos caresses, à chacun de nos baisers. Paloma sembla elle-même lui donner raison sur ce point, ce qui le satisfit raisonnablement, mais pas parce qu'il espérait toujours qu'elle change subitement d'avis quant à sa proposition de tout à l'heure. C'était juste plaisant de partager un point de vue, quand on sait que ça n'avait pas exactement été le cas pour ces deux-là par le passé. La question qu'elle lui posa eut alors le mérite de le surprendre, parce qu'il ne pensait pas qu'elle voudrait explorer davantage le sujet. Cela dit, ça n'était pas lui qui risquait de rougir à l'évocation d'une partie de ses expériences. D'ailleurs, quand bien même c'aurait été le cas, elle n'aurait a priori eu aucun moyen de le savoir. « Ouais, notamment une fille que j'ai connu et qui savait faire tout un tas de trucs avec sa langue. Elle était plus vieille que moi d'ailleurs, et je peux te dire que depuis j'ai l'esprit très, très ouvert » confessa-t-il sur un ton volontairement équivoque. Il lui épargnerait de plus amples détails, mais pas par gêne, simplement parce qu'il n'avait pas besoin de revivre la scène à ce moment précis où il essayait déjà d'oublier que cette conversation l'avait mine de rien un petit peu ... inspiré. Ainsi fut-il par la suite question du briquet que Percy avait heureusement toujours sur lui et qui ici leur serait d'un certain secours, ne serait-ce que pour éviter de se prendre un truc en pleine tronche. L'anglais put en tout cas aisément supposer qu'il n'avait pas à faire à une fumeuse. Et c'est bien ce qu'elle lui confirma, par le biais d'un commentaire sans doute un petit peu sarcastique, mais qui lui plut bien. « T'as jamais eu envie, ou besoin de commencer ? » Lui, c'avait été l'envie d'essayer qui l'avait poussé à fumer la première fois, mais certains fumaient pour déstresser ou éviter les reprises de poids. Sa question laissait en tout cas entendre que ça le surprenait un peu qu'une fille de son âge dise ne pas fumer, parce que tout encourageait à commencer un jour. Mais peut être avait-elle toujours eu assez de volonté pour ne pas tomber là-dedans, et dans le fond il trouverait ça assez honorable, parce que lui était devenu très dépendant dans son genre, et même si l'idée ne l'effrayait pas, ça le faisait quand même un peu réfléchir. Sa camarade exprima alors l'idée que la cave puisse cacher quelque chose, comme un mystère, une chose qui expliquerait qu'elle soit plongée dans le noir. Mais l'anglais, lui, penchait plutôt pour une théorie plus rationnelle. « Ou alors c'est un oubli, je sais pas, peut être qu'ils ont pensé à tout sauf à éclairer la cave, et qu'au moment de s'en apercevoir, il était un peu tard, alors ils ont juste eu le temps d'inventer une histoire de légende bien vaseuse, l'air de faire croire que tout ça c'était complètement intentionnel. » Définitivement, ses deux théories restaient bien plus plausibles que celle de la brune, qui d'ailleurs le provoqua gentiment en remettant en doute le fait qu'il soit joueur. « Ça n'a rien à voir, je pense juste que y'a définitivement plus de chances pour que la Production soit remplie de rapiats ou d'étourdis, que pour que cette cave cache quoi que ce soit d'un tant soit peu 'mystérieux'. » C'était comme ça, il n'arrivait pas à délirer aussi facilement qu'elle sur l'existence de ce genre de trucs. Finalement, un bruit semblable à celui de tout à l'heure se fit entendre, et l'anglais supposa que ça pouvait être un rat, vu qu'une cave pouvait facilement en abriter. L'ironie de Paloma l'amena à soupirer légèrement, tandis que bientôt celle-ci se mit à crier, prétextant avoir senti quelque chose de mou. « T'es la bravoure incarnée, effectivement » pouffa-t-il sans pouvoir s'en empêcher, parce que là ça n'était pas franchement la solidarité qui prenait le dessus. Pourtant il se reprit rapidement, et inspira. « J'ai compris, je me dévoue » affirma-t-il alors, en tâchant de restaurer une flamme qui lui permettrait d'y voir quelque chose. Il crut apercevoir un truc, mais pas très identifiable. Ainsi il s'accroupit et le toucha du bout du doigt. Perplexe, il décida de faire une mauvaise blague à la brune. Car profitant du fait que la maigre flamme l'empêcherait a priori de voir immédiatement la même chose que lui, il lui vint une idée bien vaseuse. « Hé, regarde, tu trouves pas qu'il ressemble à Mallaury ? Bon, faut imaginer que la tête est rattachée au reste du corps, évidemment, mais admets, c'est tout lui non ? » Parce que ouais, il n'était pas franchement fixé sur la nature de la chose, là tout de suite, fallait l'excuser.

Spoiler:

Paloma n'est pas le genre à rougir ou à refuser de parler de sexe... sauf lorsque son interlocuteur insiste sur une tranche de sa vie qu'elle qualifie bien volontiers "d'incident de parcours". Le reste du temps, pas de problème, ça la gêne pas et c'est pas la dernière à le faire sans gêne ou sans pudeur. Elle est franche, Paloma, et ça se ressent aussi dans ce genre de conversation ; elle n'a pas peur d'être directe. Aussi, la discussion avec Percy la dérange pas du tout. Ca pourrait être étrange de parler cul avec un inconnu qui, en plus, lui avait fait une très mauvaise première impression. Ca pourrait, oui, mais dans ce cadre l'idée est plutôt séduisante voire un tantinet excitante. Elle l'écoute donc évoquer en filigrane son expérience à travers une nana et c'est con mais ça la fait sourire, Paloma. Parce que Percy, c'est typiquement le genre de mec qu'elle imagine avec une femme plus âgée, à poigne, un peu castratrice sur les bords. Non pas qu'elle l'ait imaginé baiser avant mais maintenant qu'il en parle... oui, y'a des images qui se dessinent et plus il rajoute des détails, plus le puzzle qu'elle créé dans sa tête se remplit de lui-même. Paloma comble les silences comme elle le décide et visualise plutôt bien Percy ainsi ; grande gueule dans la vie et un peu dominé au lit. C'est un truc de mec friqué ça, d'homme de pouvoir. Combien ont connu des scandales parce qu'ils aimaient se faire fouetter en balbutiant des "oui, maîtresse ? pardon maîtresse" Quand ils ne tournent pas prédateurs sexuels, certes. Paloma s'amuse de ses réflexions mais les conserve pour elle. Faudrait pas que Percy prenne la mouche aussi vite, ce serait dommage, elle est certaine qu'il a encore des choses à lui confier... « Ouvert comment... ? » glisse-t-elle de sa voix naturellement suave, qui revêt volontiers un soupçon grivois, juste un peu. Mais elle sourit aussi, Paloma, et ça se retranscrit dans sa question. Elle aime bien poser des questions, c'est son défaut. Elle préfère écouter que parler, connaître que se dévoiler, c'est tout. Ils poursuivent leur expédition foireuse dans les sous-sols du nid et pour l'instant, y'a rien de folichon et si la pénombre ne décuplait pas agréablement ses sens, la brune aurait sûrement abandonné. C'est pas qu'elle est pas patiente, parce que l'est, c'est juste que sa patience est reliée à sa curiosité et que celle-ci a besoin d'être nourrie. Percy est une bonne bouffe, elle dit pas le contraire, mais elle pourrait continuer cette conversation dans un lieu moins inhospitalier. Pour autant, son instinct lui intime de poursuivre alors Paloma l'écoute et compte sur son camarade pour lui faire la conversation. Elle le sent juste derrière elle, elle l'entend même respirer et dorénavant, à l'aide de la lueur du briquet, elle pivote avec légèreté sur elle-même pour le discerner. Et lui répondre. « Jamais » clame fièrement Paloma alors qu'une esquisse triomphante sr peint sur ses lèvres charnues. Elle insiste volontiers sur chaque syllabe alors qu'elles glissent hors de sa bouche pour rejoindre la moiteur de la cave. Jamais, et c'est pas parce qu'elle est indépendante et refuse de s'enchaîner à quoi que ce soit. Après tout, n'a-t-elle pas été éperdument dépendante d'un homme ? Si, et la seule raison pour laquelle elle ne fume pas, c'est sans doute parce qu'elle n'a fréquenté que des fumeurs et que ce tabagisme passif lui suffisait largement. « Mais j'ai d'autres vices » suggère-t-elle en lui offrant un regard équivoque avant de lui tourner le dos de nouveau pour avancer. Elle plaisante, Paloma. Elle ne se connaît pas réellement de vice, elle a le malheur d'être plutôt pondérée comme fille. Sauf quand il s'agit de son premier petit ami. Percy bougonne, trépigne et elle sent l'impatience dans sa voix. Il ne croit pas en sa théorie et Paloma n'a plus qu'une envie : lui démontrer, une nouvelle fois, qu'il a tort. « Je te parle pas de mystère... on est dans un jeu et tout ce qu'il y a autour de nous l'alimente. Alors pourquoi pas ici ? » Elle est du genre à imaginer des réponses partout, à visualiser un indice dans le moindre mobilier et à s'esquinter les yeux devant n'importe quel infime détail qu'intéresse personne. Paloma est observatrice, c'est pas sa faute, et elle est persuadée que ça lui sera d'une grande aide. Néanmoins, elle pige que c'est pas le cas de Percy, qu'il est plutôt du genre impulsif et elle lui fait une promesse implicite. « On va jusqu'au bout du couloir. Si y'a rien d'intéressant, on fait demi-tour. Deal ? » susurre Paloma comme si elle proposait un pacte avec le diable. C'est pas sa faute, c'est l'obscurité qui pousse aux murmures. Ils avancent, elle se prend les pieds dans un truc qu'elle imagine moisi depuis le siècle dernier et lâche un cri que le petit lutin blond ne se gêne pas pour notifier. A l'aveugle, Paloma lance un coude et sourit lorsqu'il atteint sa cible ; les côtes de Percy. « Ca m'a surpris » se justifie-t-elle dans un sourire amusé... qui se mue rapidement en une petite moue écoeurée en le voyant se baisser pour toucher ce truc. Eurk, plutôt mourir. Paloma est assez à cheval sur l'hygiène, le genre à prendre trois douches par jour et à ne pas mettre ses mains n'importe où. Du moins, pas où elle ne peut pas les voir. Percy se met à raconter n'importe quoi et la brune s'approche. Nonchalamment elle s'avance derrière l'anglais et pose délicatement sa tête sur son épaule pour regarder par-dessus, Elle ne discerne pas grand-chose mais décide de répliquer pour la forme et aussi pour défendre un membre de son équipe parce que sa loyauté n'a pas d'égal. Du moins elle aime à le croire. « Mallaury a définitivement plus de charme » note-t-elle, indolente, sans se départir d'une esquisse en coin. « Mais si c'est un donjon sm qui se cache au bout du couloir, je ne manquerais pas de punir ton petit cul blanc pour sa défense » balance-t-elle l'air de rien, pince-sans-rire, comme si elle envisageait réellement cette éventualité et comment s'en servir.