Pourquoi de la boue ? Ça sert strictement à rien ce truc. Non mais c'est vrai. C'est dégoûtant, moche, gluant, puant, ça glisse. C'est nul. Avec tout l'argent que la production devait avoir pour faire bâtir un nid digne de ce nom, on aurait pu nous éviter la plaine de boue. Si nous étions tous des porcs, je veux dire par là que j'ai déjà repéré quelque bordéliques ou morfales qui en mettent partout, je veux bien, mais ce n'est le cas de tout le monde. Alors je ne vois vraiment pas l'utilité de toute cette boue. Il paraît que ça a des propriétés vivifiantes ou tonifiantes, mais moi je n'y crois pas trop à tout ça, et pourtant j'aime prendre soin de moi au maximum dans la mesure du possible, mais je n'ai ni le temps, ni la motivation nécessaire pour qu'on m'enduise le corps d'un truc couleur caca et qui le sens presque. Je poursuis ma route en espérant trouver quelque chose de plus intéressant dans le coin. Je tombe sur une espèce de circuit de karting, je crois. Il y a une fille. Elle m'interpelle en me demandant si je veux essayer. Je fais une petite moue dubitative, haussant une épaule, totalement indécise. Elle dit que c'est facile. « Facile à dire, oui. » Que je râle. Non mais c'est vrai, moi je ne suis pas très douée avec les voitures dans la vraie vie, j'en ai une vieille mais dont je ne me sers que pour aller rendre visite à mon père, donc pour les longs trajets, et je suis nulle à Mario Kart, mes demi-frères et sœurs me battent à chaque fois. Enfin, il faut dire aussi qu'ils ont à peu près dix ans de moins que moi et qu'ils doivent bien plus s'y entraîner. Moi je n'ai pas de console de jeux chez moi, c'est superflu. Enfin bref. Elle se présente, je crois. Taylor, donc. Elle me tend une main toute sale que je boude un peu. Elle m'appelle princesse, ce qui me fait sourire, et dit aimer en avoir plein les mains. « Pas moi, enfin ça dépend. » Oui, ça dépend de ce que j'ai sur les mains. Si c'est de la crème ou du gel douche, j'aime bien, mais dès que ça commence à être gluant et à sentir, non merci, très peu pour moi. « Moi, c'est Jessica. » Je dis alors, balançant mes cheveux dans mon dos à la manière d'une fille dans une pub l'Oréal. La demoiselle me repose sa première question, différemment, mais c'est pareil. « Heu, non, enfin je sais pas. Je suis une très, très mauvaise conductrice. » Comme beaucoup de femmes dans le monde à ce qu'il paraît. J'imagine que ça n'est pas tellement gênant quand il s'agit de karting, mais n'oublions pas que si je sors de la route et que je finis par terre, c'est la boue qui me réceptionnera. Bah.