Je me suis réveillée tranquillement ce matin, mon partenaire ayant été plus rapide j'avais même pu profiter un moment du lit en solitaire. C'était bien une des choses qui allait me manquer le plus si on restait tous les deux dans le nid sur le long terme, à l'échelle de l'aventure évidement : un lit deux places rien que pour moi. Je n'ai pas tendance à trop m'étaler, à prendre toute la place, mais je bouge souvent beaucoup, il m'arrive même de me retrouver la tête à l'envers le matin quand j'ouvre les yeux. Ça ne m'a pas encore fait le coup ici, mais rien ne dit que je vais en réchapper. J'aurais bien l'air ridicule en tout cas si ça devait se produire. Mais peu importe. Je suis ensuite descendue prendre un petit déjeuné complet, bien comme il faut. Le premier repas est toujours le plus copieux chez moi. J'ai bien pris mon temps, puis j'ai fait une approche de la salle de bains que je n'ai pas trouvée trop occupée. J'ai attendu mon tour un tout petit moment avant de pouvoir faire ma toilette mais j'ai essayé de faire attendre les autres le moins possible en me dépêchant, même si la rapidité n'a jamais été mon fort. D'ailleurs, un peu plus tard dans la matinée, je me fais piquer les seules toilettes de tout le nid par une nana qui m'a l'air pressé. Je suis tentée de rouspéter mais j'entends bien vite qu'elle avait plus besoin de cette cuvette que moi. Elle arrive tout de même à me conseiller d'aller me soulager dehors parce qu'elle en a pour un moment. « Heu, non, ça va, je peux attendre. Je repasserai... » Oui, je peux attendre, et puis je veux bien danser à moitié nue devant de parfaits inconnus, mais je n'irai pas jusqu'à faire mes besoins dans le jardin truffé de caméra, comme Milou le toutou. Je m'apprête à sortir mais elle me dit de rester. « D'accord. » Je ne sais pas trop pourquoi j'accepte. Peut-être parce que je sens un drôle de quelque chose dans sa voix, elle tremble je crois, normal en même temps. Enfin, je sais très bien que si je reste et qu'elle n'a pas terminé, rien que l'entendre pourrait me donner envie de rendre mon petit déjeuné. Je reste pourtant plantée là. Elle reprend la parole et se présente. Tilda. « C'est joli ça, Tilda. C'est quoi ? Espagnol, Italien ? » Ça se finit par un "a" et que je crois percevoir un petit accent quand elle parle, donc c'est à ce genre d'origines que je pense en premier. N'empêche que j'y crois vraiment qu'elle va me taper la causette au dessus des toilettes. Elle a bien commencé, alors je peux en faire de même. Et puis, parler à quelqu'un quand ça ne va pas, c'est rassurant, moi je trouve. « Je m'appelle Jessica. » J'ai le temps d'ajouter avant que ça ne la reprenne. Je plaque une main contre ma bouche, autant par dégoût que simplement parce que je crois que ça vient aussi de mon côté. Je me bouche le nez de l'autre main, mais il me reste encore le son. Je sers les dents, pour elle comme pour moi. « Tu veux que j'aille te chercher quelque chose ? » Que je lui demande en décollant la main de mes lèvres. Un cachet, je sais pas, n'importe quoi pour que ça passe peut-être, ou au moins que je puisse sortir de là, parce que je préfère avoir une raison de m'en aller que de lâchement l'abandonner à son sort tout ça parce qu'il m'arrive d'être une petite nature.